Elle voulait qu'on l'appelle..., Grandes villes, Histoire de l'opéra

ELLE VOULAIT QU’ON L’APPELLE NAPLES…

… comme ne l’a pas chanté Julien Clerc !

J’ai eu l’idée de cet article en assistant à un concert de Cristina Pluhar et son ensemble l’Arpeggiata, dont le titre était « Alla napoletana », concert composé d’airs savants et d’airs traditionnels, notamment de tarentelles, ces danses qui étaient censées guérir les morsures de tarentules.

Ce concert s’ouvrait par l’air anonyme « Homo fugit velut umbra ».

Cliquez sur Marco Beasley

Il comportait aussi quelques tarentelles.

Cliquez sur la tarentelle

Naples est la troisième ville italienne, après Rome et Milan. Elle occupe une place importante dans l’histoire musicale.

À la création de l’opéra, au début du XVIIe siècle, ce genre a connu rapidement un grand succès, et dès le milieu du siècle, des foyers d’opéra s’ouvrent à Venise, à Rome, à Naples ou à Milan.

Vers la fin du XVIIe siècle, Naples va devenir le foyer de l’opéra italien, avec la création de l’opera seria (opéra sérieux) dont le principal représentant est Alessandro Scarlatti (1659-1725).

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À Naples, qui est la patrie de la commedia dell’arte, on avait pris l’habitude d’insérer aux entractes des opéras des intermèdes légers ou des ballets. Ces intermèdes ont fini par prendre leur autonomie avec la création de l’opera buffa (opéra bouffe).

Nicola Porpora naît le 10 août 1686 à Naples. Fils d’un libraire, Nicola suit ses études musicales au conservatoire de Naples. Il commence sa carrière de compositeur avec l’opéra Basilio re di Oriente.

En 1706, Haendel part en Italie, patrie de l’opéra, où il triomphe à Florence, Naples, Rome et Venise. Après ses classes en Italie, il rentre en Allemagne avant de partir achever sa carrière en Angleterre où il écrira des opéras en italien.

La Servante maîtresse (la Serva padrona) est un intermezzo de Pergolèse datant de 1733. Un intermezzo, ou intermède, est une petite pièce qui était jouée à Naples pendant l’entracte d’un opéra sérieux (opera seria). C’est la reprise à Paris en 1752 qui a déclenché la querelle des Bouffons.

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Au XVIIIe siècle, des compositeurs comme Leonardo Leo ou son élève Piccinni donnent à Naples une série d’opéra seria. En 1737, Leo écrit l’Olimpiade (1737) sur un livret de Métastase.

Cosi fan tutte de Mozart se passe à Naples.

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La tradition opératique se poursuit au XIXe siècle. Ainsi, de 1815 à 1822, Rossini dirige le théâtre royal de Naples, tout en continuant à alimenter les scènes de Rome ou de Milan. C’est pour Naples qu’il écrit la Dame du Lac (La Donna del Lago) d’après le roman du même nom de Walter Scott en 1819.

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Vincenzo Bellini suit ses études au Conservatoire de Naples. Il commence sa carrière en écrivant de la musique religieuse, mais aussi une dizaine de symphonies aujourd’hui bien oubliées. C’est dans le domaine de l’opéra qu’il se distingue avec, en 1826, la création de son opéra Bianca e Fernando, une commande du Théâtre San Carlo de Naples.

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En 1834, Donizetti est nommé professeur au conservatoire de Naples, où il donne Marie Stuart (1834) d’après Schiller et Lucia di Lammermoor (1835) d’après Walter Scott. Dès les répétitions, la censure très active à cette époque à Naples demande des modifications, et la pièce est interdite dès le lendemain de la générale par le roi de Naples. En 1835, Donizetti réussit à la faire jouer à la Scala de Milan, mais son opéra est à nouveau interdit début 1836.

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histoire

LES POÈMES SYMPHONIQUES

Je vous ai déjà parlé de poèmes symphoniques, notamment de ceux de Liszt, ceux de Richard Strauss, ou ceux de Saint-Saëns, mais qu’est-ce donc au juste qu’un poème symphonique?

Le poème symphonique est une forme musicale apparue au XIXe siècle. L’article de la Philharmonie de Paris sur les poèmes symphoniques définit ce genre comme « une œuvre généralement pour orchestre symphonique, en un seul mouvement, et pour laquelle le compositeur s’inspire d’un sujet non musical ».

On a souvent coutume de dire que Liszt est l’inventeur de ce genre. Pourtant, il avait été précédé par César Franck, qui avait écrit le poème symphonique Ce qu’on entend sur la montagne d’après un poème de Victor Hugo, en 1846, soit un an avant celui de Liszt.

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Un autre grand compositeur de poèmes symphoniques était Camille Saint-Saëns, avec Le Rouet d’Omphale en 1871, Phaéton en 1873 d’après les Métamorphoses d’OVIDELa Danse Macabre en 1874…

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Entre Franck et Saint-Saëns, n’oublions pas Augusta Holmès, une élève de Franck dont les poèmes symphoniques n’ont rien à envier à ceux de ses collègues masculins. Citons notamment les poèmes symphoniques Irlande (1881), Pologne (vers 1881) et Andromède (vers 1883).

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En Russie, Borodine nous a gratifiés de son poème Dans les Steppes de l’Asie centrale, dédié à Liszt.

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On trouve encore des poèmes symphoniques au début du XXe siècle, notamment avec l’Apprenti sorcier de Paul Dukas.

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Et quels peuvent être les précurseurs de cette forme. On peut considérer, pour l’aspect « musique à programme », la Symphonie pastorale de Beethoven comme étant un prototype du poème symphonique puisque, même si Beethoven a gardé la structure de la symphonie, l’aspect programme est pour la première fois développé en correspondance avec la musique qu’elle illustre. À ce titre, la Symphonie fantastique de Berlioz, ainsi qu’Harold en Italie, peuvent également être considérés comme des poèmes symphoniques avant la lettre.

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Histoire de l'opéra

LISZT LE TRANSCRIPTEUR

Au XIXe siècle, on ne disposait pas des moyens modernes d’enregistrements et de diffusion de masse de la musique. Bien souvent, la musique parvenait dans les petites villes, qui n’avaient pas forcément de théâtre ou de salles de concert par le biais de transcriptions.

La plupart de ces transcriptions étaient réalisées sur commande des éditeurs de musique, mais quelques « grands » compositeurs se sont prêtés au jeu et c’était pour eux l’occasion de briller dans les salons ou au concert. Franz Liszt, le brillant pianiste, a ainsi transcrit un grand nombre d’airs d’opéra. Il était coutumier du fait puisqu’à l’âge de onze ans, il avait déjà transcrit les neuf symphonies de Beethoven pour le piano!

C’est ainsi qu’on peut entendre :

La Flûte enchantée de Mozart :

Mozart Liszt La Flûte enchantée (transcription)Cliquez sur les deux génies

Norma de Bellini

Bellini Norma transcription LisztCliquez sur la pianiste

La mort d’Isolde de WAGNER

Wagner Liszt Tristan und Isolde mort d'Isolde (transcription)Cliquez sur la pianiste

Le final d’Aïda de Verdi

Verdi Liszt Final d'Aïda

La Esmeralda, de Louise Bertin.

Mais Liszt ne s’est pas contenté de transcrire des opéras, il a aussi transcrit, pour le piano seul, des lieder, notamment de Schubert

Schubert Liszt Gretchen am Spinnrade (transcription)Cliquez sur la pianiste

ou encore de J.-S. Bach.

Cliquez sur le pianiste

(P.S. je ne suis pas pianiste, mais quand j’entends la difficulté de ces pièces, je ne suis pas certain qu’elles aient réellement aidé à diffuser la musique dans les salons pour lesquels elles étaient destinées.)

Histoire de l'opéra, Sciences

MUSIQUE ET MATHÉMATIQUES – 2 – LES RYTHMES ET LA MESURE

Nous avons vu dans le premier article consacré aux rapports entre la musique et les mathématiques les notions de hauteur de notes et d’harmonie.

Voyons à présent quelques notions sur la mesure du temps en musique, et sur les rythmes.

Une musique donnée peut être jouée plus ou moins vite, selon les vœux du compositeur ou au bon vouloir des interprètes. Avant l’invention du métronome au début du XIXe siècle, on se basait sur des phénomènes corporels naturels pour donner la pulsation musicale, comme le pouls. Cette mesure est donc éminemment subjective.

Après l’invention du métronome, appareil mécanique permettant d’indiquer de façon objective la pulsation, par exemple 60 pulsations à la minute, les compositeurs ont pu noter de manière beaucoup plus précise à quelle vitesse devaient être jouées leurs œuvres. Beethoven a été un des premiers à s’en servir pour indiquer les vitesses qu’il souhaitait.

Une fois réglé ce problème du tempo (de la vitesse), étudions celui du rythme.

Sur une partition, les notes se suivent sur la portée musicale. Il est d’usage de regrouper les notes en mesures, chaque mesure devant avoir une durée et correspondre à un certain nombre de pulsations.

Le rythme le plus simple est le rythme binaire, il suffit de compter 1 – 2 – 1 – 2 – 1 – 2… C’est le rythme de la marche.

Cliquez sur la marche des pèlerins

À peine plus compliqué est le rythme ternaire, pour lequel il faut compter jusqu’à 3 :

1 – 2 – 3 – 1 – 2 – 3 – 1 – 2 – 3… C’est le rythme de la valse.

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Viennent ensuite des rythmes à quatre temps, à cinq temps, etc.

Dans un genre rarement exploré par la musique dite « classique », le blues a un rythme à 12 temps.

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Une fois fixé le nombre de temps par mesure, on peut décomposer la durée des notes dans cette mesure. Ainsi une mesure à deux temps, par exemple deux noires si le temps de référence est la noire, peut comporter deux noires, ou encore quatre croches (une noire vaut deux croches), ou encore quatre doubles croches (une noire vaut quatre doubles croches), ou encore deux triolets (une noire vaut les trois notes égales du triolet), etc.

Ceci peut être illustré par le schéma suivant :

Et si vous en voulez un peu plus, cliquez donc sur le bonus surprise mystère :

Cliquez donc sur le bonus surprise mystère si vous en voulez encore un peu plus
Cinéma, Histoire de l'opéra

L’ART DÉGÉNÉRÉ

Il y a au moins un point sur lequel les régimes nazi et stalinien étaient d’accord dans les années 1930-1940, c’était sur l’exclusion des formes d’art trop contemporaines, qualifiées de dégénérées par les nazis (« Entartete Kunst », soir « l’Art dégénéré »).

Côté austro-allemand, nombreux sont les musiciens, compositeurs ou instrumentistes, communistes ou d’origine juive, qui ont été chassés par le régime nazi comme des artistes dégénérés. Ne pouvant exercer leurs talents, presque tous ont dû fuir l’Allemagne.

Ainsi, Zemlinsky (1871-1942), digne héritier de Richard Strauss, Schönberg (1874-1951), Korngold (1897-1957) et Krenek (1900-1991) ont dû migrer aux USA, et leur production musicale, pourtant reconnue avant 1933, est aujourd’hui pratiquement inconnue.

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En 1933 Kurt Weill, dont l’œuvre a été victime des autodafés nazis, se réfugie en France. En 1935, il part aux États-Unis où il mourra en 1950.

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Quant à Schreker (1878-1934) et Berg (1885-1935), ils ont également eu à subir la censure nazie, mais ils sont morts trop tôt pour avoir à fuir le régime.

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Le cas du Hongrois Bartok est également intéressant. Quand le régime hongrois s’est rallié à l’idéologie nazie, Bartok a demandé à ce que ses œuvres fassent partie de l’art dégénéré, et a refusé toute compromission avec le régime en place. En 1940, il part aux États-Unis, où il mourra presque dans la misère en 1945, vivant des commandes que ses amis, comme Yehudi Menuhin, lui passaient.

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Mis à part Schönberg, Berg et Bartok, la plupart de ces compositeurs ne sont jamais ressortis du purgatoire, alors que leurs productions comportent de vraies richesses musicales.

Côté soviétique, le Russe Rachmaninov (1873-1943) et l’Ukrainien Prokofiev (1891-1953) ont fui la Russie en 1917. Rachmaninov mourra en exil en 1943 alors que Prokofiev retournera en Russie en 1933. Pour autant, son art est qualifié de formalisme bourgeois est sa musique mise sur liste noire, avec celle de Chostakovitch (1906-1975) qui a dû louvoyer avec la censure pour pouvoir faire jouer certaines de ses œuvres.

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L’opéra de Chostakovitch Lady Macbeth de Mzensk a été créé avec succès en 1934 avant que Staline ne l’entendre et le fasse interdire pour « chaos musical ».

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La musique de Prokofiev sera réhabilitée grâce à son formalisme socialiste (cf. son oratorio la Garde de la Paix). Il participera aussi aux efforts de mettre en lumière l’héroïsme du peuple russe avec ses musiques composées pour le cinéaste Einsenstein (Ivan le Terrible, Alexandre Nevski).

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Dans l’Italie fasciste de Mussolini, la situation semble avoir été moins difficile pour les compositeurs et les instrumentistes d’origine juive, du moins jusqu’au début de la guerre. Mais on peut noter que le compositeur juif Mario Castelnuovo-Tedesco (1895-1978) à dû fuire aux USA en 1939, pays où il mourra en 1978.

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histoire

MARIE-ANTOINETTE ET LA MUSIQUE (1755-1791)

La reine Marie-Antoinette est née le 2 novembre 1755 à Vienne, en Autriche. C’était la fille de Marie-Thérèse d’Autriche et de l’empereur François 1er de Lorraine. Son destin est tracé toute jeune, on la destine à être l’épouse du futur roi de France, Louis le seizième, pour nourrir les liens d’amitié entre l’Autriche et la France.

À Vienne, dans son éducation de princesse, elle est l’élève de Gluck et apprend la musique dans le goût italien. Elle chante et joue du clavecin, mais son instrument de prédilection est la harpe. Bien évidemment, elle est appelée à rencontrer le jeune Mozart alors qu’ils sont tous deux âgés de six ans.

À quatorze ans, on l’envoie en France pour se marier au dauphin Louis (le petit-fils de Louis XV).

En 1771, on crée devant les jeunes gens Zémire et Azor de Grétry. La jeune fille de seize ans est émue devant le sort de Zémire, l’héroïne qui est obligée de quitter son pays et sa famille.

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En 1773, elle appelle à Paris son compatriote Gluck, qui cherchait à venir triompher dans cette ville.

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En 1774, elle devient reine de France lorsque Louis XVI accède au trône. Après huit ans de doutes, elle donnera quand même quatre enfants au roi.

En 1776, on propose le Chevalier de Saint-Georges pour la direction de l’Académie royale de musique (l’actuel Opéra de Paris), mais Marie-Antoinette s’y oppose, jugeant que la couleur de sa peau est plus importante que ses qualités musicales.

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Marie-Antoinette mène grand train (on l’accuse d’ailleurs de dilapider l’agent de la France) et elle aime particulièrement les fêtes et les opéras-comiques, qu’elle fait jouer au petit Trianon. Elle y fera une place au compositeur Grétry, qui deviendra en outre son professeur de clavecin.

En 1778, quand le Duc de Guisnes a commandé un Concerto pour flûte et harpe à Mozart, on le joue devant la reine, mais Mozart qui était à Paris à cette époque, n’était pas présent à ce concert.

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Trop naïve ou pas assez diplomate, elle se fait vite détester par la Cour qui l’accuse de viles turpitudes, comme dans l’affaire du collier, qui inspirera à Alexandre Dumas père le roman Le collier de la reine, ou encore ses amours supposées avec le Chevalier de Fersen.

En 1780, Fabre d’Églantine introduit dans l’opéra-comique Laure et Pétrarque, sa chanson « Il pleut, il pleut, bergère ». Cet avertissement d’un orage qui gronde et dont la bergère doit se méfier est considéré comme un signe avant-coureur de la Révolution française.

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Après la première période révolutionnaire, Marie-Antoinette devient reine des Français de 1791 à 1792, mais en août de cette année, après une défaite contre l’Autriche avec qui la France était entrée en guerre, Marie-Antoinette est accusée de trahison au profit de son pays natal. Marie-Antoinette est enfermée à la prison du Temple. Louis XVI est exécuté en janvier 1793. Plus tard, Marie-Antoinette est transférée à la Conciergerie, et elle est exécutée à son tour le 16 octobre 1793.

D’une manière amusante, on retrouve Marie-Antoinette au XXe siècle, dans the Ghosts of Versailles (1991), une commande du MET à John Carigliano, où le librettiste invente une histoire d’amour entre Beaumarchais et la reine.

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Compositrices, Histoire de l'opéra

UNE BRÈVE HISTOIRE DE L’OPÉRA

Tout a commencé par un mariage royal, celui d’Henry IV et Marie de Médicis à Florence en 1600. Lors des fêtes données à cette occasion par les Médicis on a fait représenter un grand spectacle musical, l’Euridice de Peri. À son retour à Mantoue, le duc de Mantoue demande à son compositeur de cour, Monteverdi, de monter un spectacle au moins aussi fastueux que celui auquel il a assisté à Florence. La réponse de Monteverdi à cette commande sera l’Orfeo. Orphée, ce chanteur dont l’art pouvait émouvoir les dieux de l’enfer eux-mêmes, et Eurydice, qui de mieux pour créer un genre musical, l’opéra ?

monteverdi orfeo savallCliquez sur la symphonie d’ouverture du premier opéra de l’histoire

À cette époque, les femmes avaient le droit d’écrire de la musique et c’est ainsi que Francesca Caccini, une contemporaine de Monteverdi, s’est trouvée être la première femme compositrice d’opéra.

Caccini Francesca La liberazione di Ruggiero dall' isola d'Alcina Ahi, MelissaCliquez sur le premier opéra écrit par une compositrice

Ce nouveau genre musical se développera très vite en Italie, où des foyers d’opéras se montent à Venise, Rome, Naples ou Milan. Mazarin introduit l’opéra en France avec une représentation de l’Orfeo de Rossi à Paris en 1647, et pour le mariage de Louis XIV en 1660, il commande à Cavalli un opéra, Ercole amante (Hercule amoureux). Mais c’est quelques années après que le genre s’implante durablement en France, avec un Italien venu en France, Lully, qui régnera sans partage sur la musique de Loulou XIV.

Lully Atys songes funestesCliquez sur Atys de Lully

À la même époque en Angleterre, une tradition de spectacles chantés et dansés par les nobles, les masques élisabéthains, donnera des semi-opéras, représentés par Purcell, mais ce genre périclitera après la disparition de celui-ci.

Purcell Didon NormanCliquez sur Didon

Dès lors, toute l’Europe sera sous la coupe des opéras chantés soit en italien, soit en français. C’est ainsi que l’Allemand Haendel, après avoir fait ses classes en Italie, est parti en Angleterre écrire des opéras en italien.

À la fin du XVIIe siècle, Naples devient le foyer de l’opéra italien, avec l’opera seria (opéra sérieux), mais dans cette patrie de la commedia dell’arte, on s’est mis à insérer pendant les entractes de courtes pièces légères ou bouffonnes. Ces pièces prendront leur indépendance en devenant l’opera buffa (opéra bouffon).

En France, où les codes de la tragédie lyrique avaient été fixés par Lully, on s’est mis à introduire des ballets et divertissements, donnant naissance à l’opéra-ballet, représenté par Campra (l’Europe galante).

Sur les foires de Paris, les comédiens italiens donnaient des pastiches, c’est-à-dire des paroles nouvelles placées sur des airs connus. Après différents déboires liés aux privilèges de l’académie royale de musique et de la comédie française, les forains obtiennent en 1714 le privilège de donner des comédies parlées ET chantées. L’opéra-comique était né et le théâtre de la Foire devient le théâtre de l’Opéra-comique.

Au milieu du XVIIe siècle, le principal successeur de Lully est Rameau, qui s’est mis sur le tard à différentes formes d’opéra, y compris l’opéra-ballet avec les Indes galantes.

indes galantes 4Cliquez sur les Indes galantes

Une génération après Haendel, l’Autrichien Gluck fera comme lui. Après avoir appris son métier en Italie, et écrit des opéras en italien pour Vienne, Gluck vient à Paris écrire (ou réécrire) des opéras en français pour la cour royale. L’hégémonie italo-française était toujours en place, puisque des musiciens comme Haydn et Mozart écrivent leurs opéras en italien, même si Mozart écrit des singspiels (sortes d’opéras comiques en allemand). Opéra classique.

Flûte enchantée Reine de la nuitCliquez sur la reine de la Nuit

Cette tentative d’écrire des opéras en allemand a été suivie par Beethoven avec son Fidelio (1814), mais les tentatives de créer un opéra allemand, avec des commandes passées à Weber ou à Schubert, se trouvent confrontées à la vague Rossini qui balaye toute l’Europe à cette même époque. C’est l’époque des opéras romantiques, représentée en France par Berlioz.

freischutz harnoncourtCliquez sur le chœur

Autour des années 1820 – 1830, un événement va changer les codes pour presque tout le XIXe siècle. C’est l’apparition du Grand opéra à la française, le GoF, et Paris devient le centre de l’Europe, où il faut réussir, voire triompher. C’est ainsi qu’après Rossini qui s’était installé à Paris, deux autres Italiens, Donizetti et Bellini, viennent y terminer leur carrière, pourtant brillamment commencée en Italie. Wagner et Verdi aussi devront écrire pour l’Opéra de Paris.

Wagner et Verdi, parlons-en. Ces presque jumeaux, ils sont nés tous les deux en 1813, vont faire évoluer le genre de l’opéra.

Wagner va faire éclater le découpage traditionnel des opéras en airs, duos, etc. et va développer les notions de mélodie continue et de leitmotivs.

Wagner Die Walküre la chevauchée (MET 2019)Cliquez sur la chevauchée des Walkyries

Verdi représente l’émergence d’un nationalisme musical, préfigurant l’éveil des écoles nationales avec Glinka ou Smetana.

Verdi nabucco va pensieroCliquez sur le 2e hymne national italien

Ou encore le groupe de cinq en Russie, incluant Moussorgski.

Moussorgski Boris Godounov Scène du couronnementCliquez sur le couronnement de Boris Godounov

En France, une nouvelle génération voit le jour avec Gounod, Bizet ou Saint-Saëns et Massenet, tandis qu’Offenbach invente l’opérette.

la belle HélèneCliquez sur le couplet des rois de la Belle Hélène

Bizet Carmen habaneraCliquez sur Carmen

L’opéra a toujours suivi l’évolution des mouvements littéraires. C’est ainsi qu’à la fin du XIXe siècle, le naturalisme d’un Zola donnera naissance au vérisme en Italie, avec son plus fameux représentant Puccini. Pendant ce temps en Allemagne on peut parler du post-wagnérisme de Richard Strauss.

Puccini Butterfly Un bel di vedremo CallasCliquez sur Madama Butterfly

Strauss Rosenkavalier METCliquez sur le Chevalier à la rose (Rosenkavalier)

Après le naturalisme, le symbolisme d’un Maeterlinck donnera lieu à plusieurs opéras, dont Pelléas et Mélisande de Debussy.

Arrivée des percées de la psychologie dans les livrets d’opéra avec Berg ou Janacek.

Après la Seconde Guerre mondiale, réveil de l’opéra anglais avec Britten alors qu’en France on a Poulenc et aux États-Unis, Gershwin ou Bernstein. Apparition de la comédie musicale voire des opéras rocks.

Britten Peter Grimes 4 interludesCliquez sur les interludes marins de Peter Grimes

Gershwin Porgy and Bess Summertime (film)Cliquez sur Bess

Et l’opéra est toujours vivant et on continue à en créer tous les ans dans le monde entier, comme Like Flesh de Sivan Eldar à Lille début 2022.

Eldar Like Flesh Teaser Opéra de LilleCliquez sur la bande-annonce de Like Flesh

Et en forme de résumé, retrouvez l’arbre phylogénétique de l’opéra.

Compositrices, histoire

CLÉOPÂTRE

Cléopâtre, dont on connaît la vie par Plutarque, donne l’image d’une des plus anciennes femmes fatales de l’histoire. Grande amoureuse, à la vie un peu sulfureuse, il n’est pas étonnant que les musiciens se soient attachés à mettre de la musique à ses pieds.

Cléopâtre, reine d’Égypte, est née à Alexandrie en 69 av. J.-C. Quand César (Jules) débarque dans cette ville en -48, elle s’offre à lui. Pendant une croisière fastueuse sur le Nil, ils font un enfant, Césarion. Puis César rentre à Rome, et appelle Cléopâtre à ses côtés en -45.

Une partie de cette partie de la vie de Cléopâtre nous est narrée par Haendel dans son Jules César en Égypte.

Haendel Jules César Se pieta di me sentiCliquez sur le nez de Cléopâtre

Après l’assassinat de Jules César en -44, son successeur Antoine fait venir Cléopâtre, et tombe à son tour sous son charme. Il la suit en Égypte où il passe l’hiver -41 -40. Antoine reparti à Rome, Cléo s’arrange pour faire mourir ses frères et sœurs et ainsi garder seule le pouvoir.

Antoine reviendra en Égypte vivre avec Cléopâtre, répudiera sa femme Octavie, mais ne se mariera pas avec Cléopâtre. Ils auront pourtant trois enfants ensemble.

Antony and Cleopatra (Antoine et Cléopâtre) est une pièce de Shakespeare qui relate, à sa façon, cette période de la vie de notre héroïne. Elle servira de trame à pas mal d’œuvres lyriques.

Quand Octave (rival d’Antoine) se présente devant Alexandrie, Cléo fait courir le bruit de sa mort. Désespéré, Antoine se donnera la mort. Elle essaiera ensuite de séduire Octave, mais n’y réussissant pas, elle se donnera la mort, à l’âge de 39 ans.

Avec la cantate Cléopâtre, plus connue sous le nom de la Mort de Cléopâtre, qu’Hector Berlioz n’obtiendra pas le grand prix de Rome en 1828. Il devra attendre l’année suivante pour obtenir, enfin, ce grand prix.

Berlioz la mort de CléopâtreCliquez sur Véronique « Cléopâtre » Gens

Théophile Gautier écrira la nouvelle Une nuit de Cléopâtre, qui sera adaptée à l’opéra par Victor Massé en 1885.

En 1909, Mel Bonis écrit dans ses Femmes de légende la pièce Cléopâtre.

Bonis CléopâtreCliquez sur l’image

Massenet aussi s’est frotté à Cléopâtre avec un « drame passionnel » qui porte ce nom (1914) sur un livret de Louis Payen.

Massenet Cléopâtre J'ai versé le poisonCliquez sur l’image

Et en 1920, c’est Florent Schmitt qui écrit une musique de scène pour la pièce de Shakespeare.

Schmitt Antoine et CléopâtreCliquez sur l’image

Et plus près de nous, Kamel Ouali a écrit une comédie musicale sur le personnage de Cléopâtre.

(Source principale, pour la partie historique : Dictionnaire des personnages, Laffont-Bompiani, collection bouquins Laffont, 1960).

Et si vous voulez une petite surprise, vous pouvez toujours cliquer sur le bonus mystère.

point-dinterrogationCliquez donc sur le bonus mystère si vous voulez une petite surprise.

Histoire de l'opéra, Maria Callas

LE BEL CANTO

J’ai souvent parlé sur ce blog de bel canto, notamment au sujet de Rossini, Donizetti et Bellini. Mais qu’est-ce donc que ce fameux bel canto ?

Étymologiquement, le bel canto vient de l’italien « bel canto », qu’on peut traduire littéralement par « beau chant ». À ce titre, toute l’histoire de l’opéra pourrait donc baigner dans le bel canto. En fait, on réserve ce terme à une manière de chanter qui cherche une certaine beauté de l’interprétation.

Donc, quand vous écoutez ce lamento d’Ariane, de Monteverdi, c’est du bel canto.

Monteverdi lamento d'ArianeCliquez sur le bel canto d’Ariane

Malheureusement, la définition de cette soi-disant beauté varie à travers les âges et les pays. Très vite les castrats, et les autres interprètes, ont cherché à mettre en valeur leur technique vocale, souvent virtuose, au détriment de la beauté de la musique (l’orchestre étant alors réduit à une simple mise en valeur des moyens vocaux des chanteurs).

Parmi les compositeurs du XVIIIe siècle encore connus de nos jours, c’est chez Vivaldi et Haendel qu’on peut entendre ces airs de bravoure.

Haendel Sémélé No no, I'll take no lessCliquez sur Sémélé

Vivaldi Orlando furioso nel profundoCliquez sur l’image

Il faudra un Gluck pour essayer de revenir à la primauté de la musique sur l’art purement vocal.

Gluck j'ai perdu mon Eurydice imageCliquez sur l’image pour retrouver la primauté de la musique sur l’art purement vocal

Le bel canto jettera ses derniers feux avec une trilogie de compositeurs italiens : Rossini, Donizetti et Bellini. Rossini est certainement le dernier compositeur à s’être plié aux exigences de ses interprètes.

rossini una voce poco faCliquez sur Rosine

Bellini Norma Casta Diva (Yoncheva)Cliquez sur Norma

Donizetti Lucia di Lammermoor Il dolce Suono dessayCliquez sur Lucia

Puis viendront Verdi et Wagner, qui sonneront définitivement le glas du bel canto. Verdi assurera la transition entre une écriture encore bel cantiste dans sa jeunesse (Rigoletto) et l’écriture beaucoup plus dramatique à laquelle il arrivera avec Otello.

Verdi Rigoletto Caro nomeCliquez sur Gilda

otello ave mariaCliquez sur Desdemona

Wagner, lui, dynamitera les codes du découpage traditionnel de l’opéra en airs, duos, récitatifs, chœurs… et en développant la mélodie continue. Si on trouve encore de grands airs chez Verdi, on n’en trouve plus guère chez Wagner, surtout dans ses œuvres de la maturité.

Wagner Lohengrin Mon cygne aimé (Georges Thill)Cliquez sur l’image

Divers, Fantaisie, Histoire de l'opéra, Mes opéras préférés, Nature, Premier avril, Sciences

LE CANTIQUE DES QUANTIQUES

L’événement semble passer largement inaperçu, c’est pourtant ce soir (1er avril 2023) que sera créé, en direct du CERN sous les yeux des spectateurs, le dernier opéra de Stephen HAWKING, et le premier opéra quantique de l’histoire.

On se souvient de la catastrophique production de l’Opéra de Paris, convoquant Stephen Hawking dans une mise en scène de la Damnation de Faust de BERLIOZ (avec l’approche simpliste suivante, Faust = savant et savant = Hawking).

Berlioz la Damnation de Faust final (Hawking)Cliquez sur l’image

Mais ce n’est pas de cet « hommage » raté que je vais vous parler aujourd’hui, mais bien de la création du premier opéra quantique de l’histoire, sous-titré « Des Trous de vers au cœur des trous noirs« .

Suivant le classement de G.B.SHAW, nous sommes ici dans une configuration originale (S+B / TdV ), puisqu’une étoile (soprano) est attirée par un trou noir (basse), alors qu’un trou de vers (TdV) cherche à les séparer.

Le pitch : Les trous noirs sont des régions singulières de l’espace-temps, créées par l’effondrement d’une étoile supermassive sur elle-même, créant un champ gravitationnel si intense que la matière qui l’approche ne peut s’en échapper. Mieux, la lumière elle-même, composée de photons, est attirée inéluctablement par le trou noir. Dès lors, aucune lumière ne peut en provenir, d’où le nom de trou noir.

Ligo Gravitational Wave ChirpCliquez sur la coalescence de deux trous noirs

Acte I : En 1974, le physicien Stephen Hawking, dans le cadre de ses travaux sur la thermodynamique des trous noirs a suggéré que les trous noirs détruisent l’information contenue dans les objets qu’ils absorbent, ce qui est contraire aux lois les plus élémentaires de la physique quantique.

Monty Python Galaxy Song, by Stephen HawkingCliquez sur Stephen Hawking interprétant le Galaxy song des Monthy Python

Acte II : Hawking a montré que les trous noirs ne sont pas si noirs que ça. En fait, ils s’évaporent suivant le « rayonnement de Hawking », jusqu’à disparaître complètement (bon, d’accord, le temps qu’ils s’évaporent, l’univers aura largement eu le temps de disparaître, donc on n’est pas près d’observer ce phénomène.) Il a aussi montré que lors de la création de deux particules virtuelles de part et d’autre de l’horizon du trou noir, une de ces particules reste en dehors alors que l’autre est absorbée par le trou noir. Là où ça se complique, c’est que ces particules sont physiquement intriquées, c’est-à-dire que toute l’information de l’une est partagée par l’autre, alors que l’une des deux est phagocytée par le trou noir, et que son information est donc perdue.

Waksman Protonic GamesCliquez sur l’accélérateur du CERN

L’œuvre précédente s’appelle Protonic Game, de Fabien WAKSMAN. Ce compositeur a également écrit un cycle de 9 mélodies intitulées Hawking Songs, sur des poèmes de Jean-Philippe UZAN. Vous pouvez en entendre 3 d’entre eux en cliquant sur le lien suivant (de la minute 24 à la minute 39,5) :

Waksman Hawking SongsCliquez sur l’émission de France Musique

Acte III : Pour résoudre cet amusant paradoxe, les physiciens en sont venus à l’idée que deux trous noirs pouvaient être reliés entre eux par un « trou de vers », et que de l’information pouvait ainsi circuler d’un trou noir à l’autre. Ils ont nommé l’île la région intérieure du trou noir pouvant ainsi être échangée.

Varèse IonisationsCliquez sur Ionisations

(Source : Une île au cœur des trous noirs, Pour la Science n°542, décembre 2022.)

Le livret ayant été écrit en partie à partir de la Petite Cosmogonie portative de Raymond QUENEAU, il n’est pas surprenant que l’Opéra de Saint-Glinglin ait d’ores et déjà planifié une reprise de cette œuvre le 1er avril 2024.

P.S. J’avais déjà bien avancé sur la préparation de ce billet quand je suis tombé sur le podcast « Astrophysique et musique avec Jean-Pierre Uzan« , qui m’a permis de trouver quelques idées supplémentaires. Vous pouvez cliquer pour arriver sur le podcast complet.

Et si vous voulez un peu plus de zizique, vous pouvez toujours cliquer sur le bonus surprise mystère.

point-dinterrogationCliquez donc sur le bonus surprise mystère si vous voulez un peu plus de zizique

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