Histoire de l'opéra, Maria Callas

LE BEL CANTO

J’ai souvent parlé sur ce blog de bel canto, notamment au sujet de Rossini, Donizetti et Bellini. Mais qu’est-ce donc que ce fameux bel canto ?

Étymologiquement, le bel canto vient de l’italien « bel canto », qu’on peut traduire littéralement par « beau chant ». À ce titre, toute l’histoire de l’opéra pourrait donc baigner dans le bel canto. En fait, on réserve ce terme à une manière de chanter qui cherche une certaine beauté de l’interprétation.

Donc, quand vous écoutez ce lamento d’Ariane, de Monteverdi, c’est du bel canto.

Monteverdi lamento d'ArianeCliquez sur le bel canto d’Ariane

Malheureusement, la définition de cette soi-disant beauté varie à travers les âges et les pays. Très vite les castrats, et les autres interprètes, ont cherché à mettre en valeur leur technique vocale, souvent virtuose, au détriment de la beauté de la musique (l’orchestre étant alors réduit à une simple mise en valeur des moyens vocaux des chanteurs).

Parmi les compositeurs du XVIIIe siècle encore connus de nos jours, c’est chez Vivaldi et Haendel qu’on peut entendre ces airs de bravoure.

Haendel Sémélé No no, I'll take no lessCliquez sur Sémélé

Vivaldi Orlando furioso nel profundoCliquez sur l’image

Il faudra un Gluck pour essayer de revenir à la primauté de la musique sur l’art purement vocal.

Gluck j'ai perdu mon Eurydice imageCliquez sur l’image pour retrouver la primauté de la musique sur l’art purement vocal

Le bel canto jettera ses derniers feux avec une trilogie de compositeurs italiens : Rossini, Donizetti et Bellini. Rossini est certainement le dernier compositeur à s’être plié aux exigences de ses interprètes.

rossini una voce poco faCliquez sur Rosine

Bellini Norma Casta Diva (Yoncheva)Cliquez sur Norma

Donizetti Lucia di Lammermoor Il dolce Suono dessayCliquez sur Lucia

Puis viendront Verdi et Wagner, qui sonneront définitivement le glas du bel canto. Verdi assurera la transition entre une écriture encore bel cantiste dans sa jeunesse (Rigoletto) et l’écriture beaucoup plus dramatique à laquelle il arrivera avec Otello.

Verdi Rigoletto Caro nomeCliquez sur Gilda

otello ave mariaCliquez sur Desdemona

Wagner, lui, dynamitera les codes du découpage traditionnel de l’opéra en airs, duos, récitatifs, chœurs… et en développant la mélodie continue. Si on trouve encore de grands airs chez Verdi, on n’en trouve plus guère chez Wagner, surtout dans ses œuvres de la maturité.

Wagner Lohengrin Mon cygne aimé (Georges Thill)Cliquez sur l’image

Divers, Fantaisie, Histoire de l'opéra, Mes opéras préférés, Nature, Premier avril

LE CANTIQUE DES QUANTIQUES

L’événement semble passer largement inaperçu, c’est pourtant ce soir (1er avril 2023) que sera créé, en direct du CERN sous les yeux des spectateurs, le dernier opéra de Stephen HAWKING, et le premier opéra quantique de l’histoire.

On se souvient de la catastrophique production de l’Opéra de Paris, convoquant Stephen Hawking dans une mise en scène de la Damnation de Faust de BERLIOZ (avec l’approche simpliste suivante, Faust = savant et savant = Hawking).

Berlioz la Damnation de Faust final (Hawking)Cliquez sur l’image

Mais ce n’est pas de cet « hommage » raté que je vais vous parler aujourd’hui, mais bien de la création du premier opéra quantique de l’histoire, sous-titré « Des Trous de vers au cœur des trous noirs« .

Suivant le classement de G.B.SHAW, nous sommes ici dans une configuration originale (S+B / TdV ), puisqu’une étoile (soprano) est attirée par un trou noir (basse), alors qu’un trou de vers (TdV) cherche à les séparer.

Le pitch : Les trous noirs sont des régions singulières de l’espace-temps, créées par l’effondrement d’une étoile supermassive sur elle-même, créant un champ gravitationnel si intense que la matière qui l’approche ne peut s’en échapper. Mieux, la lumière elle-même, composée de photons, est attirée inéluctablement par le trou noir. Dès lors, aucune lumière ne peut en provenir, d’où le nom de trou noir.

Ligo Gravitational Wave ChirpCliquez sur la coalescence de deux trous noirs

Acte I : En 1974, le physicien Stephen Hawking, dans le cadre de ses travaux sur la thermodynamique des trous noirs a suggéré que les trous noirs détruisent l’information contenue dans les objets qu’ils absorbent, ce qui est contraire aux lois les plus élémentaires de la physique quantique.

Monty Python Galaxy Song, by Stephen HawkingCliquez sur Stephen Hawking interprétant le Galaxy song des Monthy Python

Acte II : Hawking a montré que les trous noirs ne sont pas si noirs que ça. En fait, ils s’évaporent suivant le « rayonnement de Hawking », jusqu’à disparaître complètement (bon, d’accord, le temps qu’ils s’évaporent, l’univers aura largement eu le temps de disparaître, donc on n’est pas près d’observer ce phénomène.) Il a aussi montré que lors de la création de deux particules virtuelles de part et d’autre de l’horizon du trou noir, une de ces particules reste en dehors alors que l’autre est absorbée par le trou noir. Là où ça se complique, c’est que ces particules sont physiquement intriquées, c’est-à-dire que toute l’information de l’une est partagée par l’autre, alors que l’une des deux est phagocytée par le trou noir, et que son information est donc perdue.

Waksman Protonic GamesCliquez sur l’accélérateur du CERN

L’œuvre précédente s’appelle Protonic Game, de Fabien WAKSMAN. Ce compositeur a également écrit un cycle de 9 mélodies intitulées Hawking Songs, sur des poèmes de Jean-Philippe UZAN. Vous pouvez en entendre 3 d’entre eux en cliquant sur le lien suivant (de la minute 24 à la minute 39,5) :

Waksman Hawking SongsCliquez sur l’émission de France Musique

Acte III : Pour résoudre cet amusant paradoxe, les physiciens en sont venus à l’idée que deux trous noirs pouvaient être reliés entre eux par un « trou de vers », et que de l’information pouvait ainsi circuler d’un trou noir à l’autre. Ils ont nommé l’île la région intérieure du trou noir pouvant ainsi être échangée.

Varèse IonisationsCliquez sur Ionisations

(Source : Une île au cœur des trous noirs, Pour la Science n°542, décembre 2022.)

Le livret ayant été écrit en partie à partir de la Petite Cosmogonie portative de Raymond QUENEAU, il n’est pas surprenant que l’Opéra de Saint-Glinglin ait d’ores et déjà planifié une reprise de cette œuvre le 1er avril 2024.

P.S. J’avais déjà bien avancé sur la préparation de ce billet quand je suis tombé sur le podcast « Astrophysique et musique avec Jean-Pierre Uzan« , qui m’a permis de trouver quelques idées supplémentaires. Vous pouvez cliquer pour arriver sur le podcast complet.

Et si vous voulez un peu plus de zizique, vous pouvez toujours cliquer sur le bonus surprise mystère.

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Retrouvez d’autres articles publiés un 1er avril :

Havre & Caumartin.

Arnoldo Poivrieri.

La fée nommée mène au logis (de l’esprit).

Contes et légendes, histoire

MAZEPPA

image Mazeppa

Ivan Stepanovitch Mazeppa (1644-1709) est un héros ukrainien qui a inspiré bien des écrivains, et pas des moindres, puis bien des compositeurs, et pas des moindres (et pour être complet, bien des peintres, et pas des moindres.)

Issu d’une famille noble ukrainienne, il est élevé à la cour du roi de Pologne. Quand il séduit la jeune épouse d’un voïvode, ce dernier, pour se venger, le fait attacher nu sur un cheval sauvage qu’il libère dans la steppe. La chevauchée fantastique dure trois jours, accompagnée par les corbeaux et les loups. Au bout de trois jours, Mazeppa fourbu, moulu, rompu, tombe au sol. Il est recueilli par des cosaques qui le soignent et font de lui leur chef. Il est présenté à la cour de Pierre le Grand, qui fait de lui un « hetman ». Mais Mazeppa décide alors de se retourner contre le tsar et de s’allier à Charles XII de Suède pour rendre l’Ukraine indépendante. Il est battu à la bataille de Poltava en 1709 et doit se réfugier en Turquie, où il finit par mourir.

Dès 1731, VOLTAIRE nous raconte l’épopée de Mazeppa dans son Histoire de Charles XII.

Mais c’est au siècle suivant que ce héros, amant, guerrier et libérateur, suscitera l’intérêt des romantiques.

Ainsi Lord BYRON qui en tirera un de ses poèmes, Mazeppa, en 1819. Ce poème a fait l’objet d’une mise en musique par Carl LOEWE entre 1828 et 1832.

Loewe MazeppaCliquez sur le pianiste

Victor HUGO, lui, nous décrit dans un de ses poèmes des Orientales (1829), la chevauchée de Mazeppa. Pour VH, Mazeppa est le symbole du génie qui, lancé dans une course effrénée, « court, vole, tombe, et se relève roi ».

Ce thème a particulièrement inspiré Franz LISZT, qui s’y est pris à quatre reprises pour traduire le poème en musique, en insistant sur le symbole final. Les trois premières versions correspondent aux trois versions des Douze études, redoutablement difficiles.

La première version, Études en douze exercices, date de 1826 (et donc antérieure au poème d’Hugo !) et est l’œuvre d’un prodige alors âgé de 15 ans! La seconde, Douze grandes études, date de 1839. La troisième et dernière, enfin, date de 1852 et est connue sous le nom de Douze études d’exécutions transcendentales.

Liszt Mazeppa (Piano)Cliquez sur la partition

La quatrième version enfin est un poème symphonique de 1851, structuré en trois parties : la course folle sur le dos du cheval, la chute, le réveil et le triomphe.

Liszt Mazeppa (Orchestre)Cliquez sur Liszt

Et POUCHKINE prendra le relais avec Poltava (1828), qui inspirera TCHAÏKOVSKI pour son opéra Mazeppa (1881-1884).

Tchaïkovski Mazeppa BerceuseCliquez sur l’image

Compositeurs, Compositrices, Histoire de l'opéra, littérature

IL EST LÀ, IL EST LÀ, IL EST LÀ

Qui donc, quoi donc, qu’est-ce qui est là ?

Mais mon livre sur les compositeurs et les compositrices, voyons !

Soit une cinquantaine de compositeurs et compositrices, de Claudio MONTEVERDI à Benjamin BRITTEN, en passant par Francesca CACCINI ou Pauline VIARDOT, recueillis en un joli volume. Pour chaque compositeur, j’ai inséré un QR Code qui vous permettra, en l’activant, d’arriver sur la page idoine de mon blog, et donc d’écouter toutes les jolies musiques que je cite dans le livre.

Vous pouvez le commander par le formulaire de contact de mon blog.

À très bientôt pour des nouvelles de ce livre !

Divers, Histoire de l'opéra, Instruments

SONNEZ TROMPETTES

J’aurais pu appeler ce billet « TROMPEZ SONNETTES », mais je serais arrivé à un tout autre texte, déplorant la dérive journalistique observée depuis quelques années, où l’important n’est plus d’informer, mais de faire coûte que coûte du buzz, et ceci au mépris de la vérité et de l’information.

Eh bien, il ne sera ici question ni de sonnettes ni de sornettes mais bel et bien de trompettes.

La trompette est certainement un des instruments de musique les plus anciens, avec la flûte (à partir d’os ou de roseaux), et les percussions.

L’Égypte antique en attribue l’invention au dieu Osiris, les Hébreux la font dériver du schofar, une corne de bélier où l’on soufflait à l’approche des ennemis. Plus tard, ils en réservent l’usage à leurs prêtres. Chez les Romains ou les Grecs, c’est l’aspect martial qui prédomine, pour mener les armées au combat.

Tout d’abord, et ce n’est pas anodin, je vous propose la toccata d’ouverture de l’Orfeo de MONTEVERDI, le premier opéra de l’histoire (1607).

monteverdi orfeo savallCliquez sur l’image

Ce n’est qu’au XVIIe siècle que l’antique instrument commence à ressembler à celui que l’on connaît aujourd’hui.

La musique baroque nous apporte ainsi de très beaux concertos pour trompette (et même pour deux, voire quatre trompettes).

Ainsi de celui de VIVALDI (pour deux trompettes.)

Vivaldi concerto pour 2 trompettesCliquez sur l’image

Ou de celui de CORELLI (pour 4 trompettes.)

Corelli Concerto pour 4 trompettesCliquez sur l’image

On peut aussi noter l’air, accompagné de la trompette, du Messie de HAENDEL « The Trumpet shall sound ».

Haendel Messiah The Trumpet shall soundCliquez sur le trompettiste

Quoi de mieux que la trompette pour ouvrir un Te Deum (une œuvre d’action de grâces jouée pour célébrer un événement, mariage ou victoire militaire).

Charpentier (Marc-Antoine) Te DeumCliquez sur l’ouverture du Te Deum de M.-A. CHARPENTIER et reconnaissez un air connu.

Au début du XIXe siècle, la trompette se dote de pistons, qui permettent toute une gamme de sons supplémentaires.

Hummel concerto pour trompetteCliquez sur l’image

Dans notre musique classique, les trompettes peuvent aussi représenter le Jugement dernier, et c’est l’usage que l’on trouve dans certains Requiems notamment dans les « Tuba mirum ».

Berlioz requiem tuba mirumCliquez sur les trompettes du jugement dernier (version Berlioz)

Verdi Requiem Tuba mirumCliquez sur les trompettes du Jugement dernier (version Verdi)

À l’opéra, on entend souvent les trompettes quand il y a une fanfare ou un défilé militaire. Les plus célèbres sont celles d’Aïda de VERDI.

aida illustr 2Cliquez sur la célèbre marche triomphale de l’armée égyptienne au son des trompettes

WAGNER confie aux trompettes le puissant motif de la Foi dans son drame sacré Parsifal.

Wagner Parsifal Ouverture la FoiCliquez sur le leitmotiv de la Foi dans l’ouverture de Parsifal

Peut-être sont-ce ces trompettes tout haut d’or pâmées sur le vélin que chante Mallarmé dans son Hommage à Richard Wagner, mais bien plus probablement sont-ce ces appels de fanfares qui appellent le public quand la représentation va commencer. (À Bayreuth, ce n’est pas une bête sonnerie qui avertit le public qu’il doit rejoindre ses places, mais une fanfare de l’orchestre, qui joue les principaux thèmes qui seront joués.)

Wagner Parsifal fanfare de BayreuthCliquez sur les cuivres de l’orchestre du Festival de Bayreuth

Au XXe siècle, on écrit encore pour la trompette, notamment JANACEK qui glisse 14 trompettes dans l’instrumentation de sa Sinfonietta.

Janacek SinfoniettaCliquez sur la vidéo

André JOLIVET a écrit son Concertino pour trompette en 1948.

Jolivet Concertino pour trompetteCliquez sur la partition

Bien entendu, la trompette est aussi un instrument important dans le jazz, de Louis ARMSTRONG à Winston MARSALIS, ou de Miles DAVIS à Ibrahim MAALOUF, mais il y aurait un billet à écrire rien que pour cette thématique.

Et si vous voulez encore un peu de trompette, cliquez donc sur le bonus mystère.

point-dinterrogationCliquez donc sur le bonus mystère si vous voulez encore un peu de trompette

Et si vous avez aimé la trompette, peut-être aimerez-vous la flûte ?

Divers, Histoire de l'opéra, Mallarmé

LE SILENCE EN MUSIQUE

« Le silence déjà funèbre d’une moire » ainsi commence l’hommage à Richard WAGNER que MALLARMÉ a composé en 1865.

Liszt la gondole funèbreCliquez sur la gondole

En solfège, le silence représente une pause dans la musique, un moment où aucune note n’est jouée, pause qui prend la valeur d’une ronde. Il existe des subdivisions du silence, dont le soupir dont la valeur correspond à une noire, soit le quart d’un silence.

De tout temps donc, le silence est consubstantiel à la musique. Il faut laisser des pauses pour laisser résonner la musique précédemment jouée.

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’aphorisme de Sacha GUITRY, quand il déclarait « Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de MOZART, le silence qui lui succède est encore de Mozart« .

Mozart Requiem LacrimosaCliquez sur l’image

Selon Wladimir JANKELEVITCH dans la Musique et l’ineffable, l’évolution musicale de LISZT va du tumulte romantique des années de sa jeunesse à un effacement progressif : C’est ainsi que l’œuvre de Liszt, toute bruissante d’héroïsme, d’épopées et d’éclats triomphants, se voit aux approches de la vieillesse envahie peu à peu par le silence… de longues pauses viennent interrompre le récitatif, des mesures blanches espacent et raréfient les notes: la musique de la Messe basse, des Valses oubliées, de la Gondole funèbre et du poème symphonique Du berceau à la tombe devient de plus en plus discontinue, les sables du néant envahissent la mélodie et en tarissent la verve.

Liszt Valse oubliée n° 3Cliquez sur l’image

L’étape suivante de la néantisation de la musique est signée Alphonse ALLAIS. Déjà inventeur, bien avant MALEVITCH, des monochromes, comme ses tableaux Combat de nègres pendant la nuit (1882) ou Première communion de jeunes filles par temps de neige (1883), il a aussi composé la première musique entièrement silencieuse, avec sa Marche funèbre composée pour les funérailles pour un grand homme sourd (1897).

Allais Marche funèbre composée pour les funérailles d'un grand homme sourdCliquez sur la partition

Il faudra attendre presque 70 ans pour que ce concept soit repris par John CAGE avec sa pièce pour piano en trois mouvements intitulée 4 mn 33 s. En fait, Cage avait eu l’occasion de visiter une chambre anéchoïde, c’est à dire qui absorbe tous les bruits extérieurs, et s’attendait à trouver le silence absolu. Il avait été frappé de se trouver confronté à tous les bruits provoqués par son propre corps, des battements de cœur au souffle de sa respiration. Et donc la musique sous-tendue par 4 mn 33s, durée pendant laquelle le pianiste ne produit pas une seule note, est en fait le bruit provoqué par le public même, et par le pianiste, pendant cette attente interminable de 4 minutes et 33 secondes. Il existe des transcriptions de cette œuvre pour orchestre ou pour chœur. Vous ayant déjà présenté ce morceau par ailleurs, c’est la version orchestrale que je choisis de vous faire entendre aujourd’hui.

Cage 4 mn 33 s version pour orchestreCliquez sur l’image

« Musicienne du silence », ainsi se termine le poème Sainte, écrit par Mallarmé en 1886 sur un vitrail représentant Sainte Cécile, patronne des musiciens.

Gounod Messe de Sainte Cécile Sanctus (Alagna)Cliquez sur le Sanctus de la messe de Saint Cécile de GOUNOD

Et pour prolonger le son du silence, je vous propose de cliquer sur le bonus surprise.

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Histoire de l'opéra, Religion

LES LEÇONS DE TÉNÈBRES

Les leçons de Ténèbres correspondent à un genre musical très particulier, réservé aux trois jours précédant Pâques. Le texte biblique est tiré des Lamentations de Jérémie et évoque la destruction du temple de Jérusalem à cause des péchés d’Israël.

Même si ce genre a préexisté à la période baroque française, notamment en Italie, c’est en France et sous Louis XIV que ce genre s’est développé.

À l’origine, donc, on les chantait aux matines des trois jours précédents Pâques, mais sous Louis XIV, ces matines étant célébrées au milieu de la nuit, donc trop tard pour beaucoup de gens, on a pris l’habitude de les donner l’après-midi précédent, soit les mercredi, jeudi et vendredi saints.

Sur trois jours, chaque office comprend trois nocturnes qui comportent chacun trois psaumes, les lamentations étant chantées pendant le premier nocturne.

Ces leçons sont vite devenues un événement mondain de la cour du roi, pour devenir un style de musique typiquement français. En effet, pendant la semaine sainte, on ne pouvait pas donner de représentations théâtrales ou d’opéras. Les chanteurs et instrumentistes en vogue à l’époque se tournaient donc vers ces musiques religieuses. Pendant le déroulement de ces pièces, on éteignait les chandelles au fur et à mesure, et l’office se terminait donc dans le noir complet. Plutôt théâtral comme effet, non ?

Les principaux auteurs de Leçons de Ténèbres sont Michel LAMBERT, Sébastien BROSSARD, François COUPERIN, Marc-Antoine CHARPENTIER ou encore Michel-Richard DELALANDE.

(Source principale : Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, sous la direction de Marcelle BENOIT, éditions Fayard, 1997)

Voici donc une petite sélection de leçons de Ténèbres.

Marc-Antoine Charpentier Réponse de la seconde leçon du Mercredy

Charpentier Deuxième leçon de Ténèbres du mercredi Tristis est anima meaCliquez sur l’image

Charpentier Troisème leçon de Ténèbres du mercredi

Sébastien Brossard Première leçon du Vendredy

Brossard Première leçon des mortsCliquez sur l’image

François Couperin Troisième leçon de Ténèbres à 2 voix

Couperin Troisème leçon de Ténèbres à 2 voixCliquez sur l’image

Michel Lambert Première leçon de Ténèbres du Jeudy

Lambert Première leçon de Ténèbres du Jeudi saint

Cliquez sur l’image

Michel-Richard Delalande Troisième leçon du Jeudy

Delalande Troisième leçon de Ténèbres du Jeudi saintCliquez sur l’image

Cliquez sur le bonus surprise si vous voulez encore des leçons de Ténèbres.

point-dinterrogationCliquez sur le bonus surprise si vous voulez plus de leçons de Ténèbres

Compositrices, Histoire de l'opéra, littérature

MOZART ÉTAIT UNE FEMME, de Aliette de LALEU (2022) – partie 1

Aliette de Laleu à la librairie Place ronde, à Lille, le 25 février 2022

Cette année, mon sujet pour la journée internationale des femmes (en France, on dit la journée internationale des droits de la femme) est tout trouvé. En effet, la journaliste musicale Aliette de LALEU, que j’ai déjà citée sur ce blog, vient de sortir un essai passionnant sur la place des femmes dans la musique classique : Mozart était une femme.

Je vous propose donc de le lire ensemble, et en musique.

Chapitre 1 : « Des noms et des visages ». Ce premier chapitre est consacré aux premières femmes musiciennes, en commençant par Sappho (Sapho). Poétesse, et donc musicienne, ayant vécu sur l’île de Lesbos six siècles avant J.-C., elle a été surnommée la dixième muse par PLATON. Elle a fondé un temple dédié à Aphrodite. Son nom est resté dans l’histoire de la littérature et de la poésie et, à l’époque romantique encore, a continué faire parler d’elle. Ne pouvant vous faire entendre sa musique, je vous propose ici un air de l’opéra Sapho, que GOUNOD a écrit en 1851 pour la cantatrice Pauline VIARDOT (que l’on retrouvera plus loin dans le livre d’Aliette.)

Gounod Sapho Ô ma lyre immortelleCliquez sur l’image

Montons dans notre chronoscaphe et faisons un bond dans le temps pour admirer Hildegarde von BINGEN (1098-1179). Musicienne, religieuse, herboriste (et donc guérisseuse), Hildegarde a occupé une place très importante à son époque.

Hildegard von BingenCliquez sur l’image

Chapitre 2 : « Les stars du baroque »

Le chapitre commence à Venise au XVIIe siècle, avec ses hospices consacrés aux nécessiteux et aux enfants orphelins ou abandonnés. C’est dans un de ces hospices réservés aux jeunes filles qu’œuvrait VIVALDI, et une grande partie de sa musique a donc été écrite pour des femmes, chanteuses ou instrumentistes. On peut se faire une idée de l’atmosphère qui régnait dans ce milieu dans le roman Consuelo de George SAND.

Aliette développe ensuite ses stars du baroque avec Barbara STROZZI, Francesca CACCINI et Elizabeth Jacquet de la Guerre.

Strozzi Che si puo fareCliquez sur l’image

Chapitre 3 : « Les révolutionnaires du classique »

Au début de ce chapitre, Aliette nous apprend qu’il y a eu une très grande production d’opéras écrits par des femmes en France autour de la période révolutionnaire puisque ce sont 54 opéras écrits par 23 compositrices ou librettistes qui ont été recensés entre 1770 et 1820.

Gail N'est-ce pas d'elleCliquez sur l’image

Elle nous parle ensuite du remplacement progressif des castrats, surtout en France, par des femmes. C’est le cas de La MALIBRAN (Maria), la grande sœur de la cantatrice et compositrice Pauline VIARDOT.

Chopin Viardot Mazurka Hai LuliCliquez sur l’image

Elle évoque aussi la figure d’Hélène de MONTGEROULT, grande pianiste et auteure d’une méthode de piano dont on se demande pourquoi elle n’est pas plus connue.

de Montgeroult par Aliette de LaleuCliquez sur Aliette de Laleu nous parlant d’Hélène de Montgeroult dans sa chronique sur France Musique

La partie consacrée à Maria Anna MOZART, dite Nannerl explique le titre de ce livre.

Chapitre 4 : « Les guerrières romantiques »

Dans ce chapitre, Aliette de Laleu évoque quelques figures de femmes compositrices dont le talent a été empêché par des hommes, pères frères ou maris.

Tout d’abord Fanny MENDELSSOHN, la grande sœur de Félix. Très proche de son frère, c’est son père qui a freiné son envie de faire de la musique. On sait que certaines des mélodies publiées par Félix sont en fait de Fanny, ce qui le faisait souffrir dans son orgueil quand on le complimentait pour des musiques qui n’étaient pas de lui. Je reviendrai sur Fanny le 14 mai prochain pour le 175e anniversaire de sa mort.

Fanny Mendelssohn ItalienCliquez sur l’image

Ensuite, Clara SCHUMANN, la femme de Robert, qui a sacrifié sa carrière de compositrice pour mieux servir son mari, même si ses talents de pianiste étaient reconnus (c’était souvent grâce à eux qu’elle faisait « bouillir la marmite », les revenus de Robert n’étant pas suffisants pour faire vivre la famille.)

Clara Schumann Trio opus 17 AndanteCliquez sur l’image

Enfin Alma MAHLER, la femme de Gustav, qui par contrat a dû s’engager à cesser d’écrire de la musique quand elle s’est mariée, pour ne pas faire d’ombre à son mari.

Alma Mahler HymneCliquez sur l’image

Il m’aurait fallu aussi parler de Louise FARENC, Louise BERTIN et Mel BONIS, mais je vais m’arrêter là pour l’instant (j’ai déjà été un peu long par rapport à mes billets habituels), mais rassurez-vous, il y a ici la suite des Aventures d’Aliette au pays des femmes dans la musique classique. Et puis si vous n’avez pas la patience d’attendre, courez donc chez votre libraire préféré(e) acheter le livre !

Cinéma, Géographie, histoire, opéra russe, Politique

UKRAINE – RUSSIE, QUAND MOUSSORGSKI NOUS DONNE UNE LECON DE GÉOPOLITIQUE

La récente agression de l’Ukraine par l’armée russe nous a désemparés et sidérés. C’est pourtant un classique de l’histoire que ces annexions de pays voisins par l’ogre russe, que MOUSSORGSKI aborde par deux fois dans ses opéras, Boris Godounov et la Khovantchina.

Dans Boris Godounov, c’est à la frontière avec la Lituanie que se passe le tableau central, quand Grigori pourchassé par la police du tsar cherche à passer cette frontière pour échapper à la police. (Rappel Boris Godounov se passe vers 1600.)

Moussorgski Boris Godounov prologue scene 1Cliquez sur le peuple russe se lamentant sur son triste sort

Dans la Khovantchina, les troubles intérieurs à la Russie fomentés par la politique du tsar Pierre le Grand en 1682 ont des répercussions sur les peuples satellites, tatars ou ukrainiens. Ainsi au début du second acte, le prince Golitsine se glorifie-t-il d’avoir « abattus les Polonais pleins de morgue, et arrachés de la gueule des Ukrainiens avides les terres où l’histoire (de la Russie) est née ».

Moussorgski la Khovantchina bande annonceCliquez sur l’image

Pour savoir se qui s’est passé dans ces régions, je vous propose d’aller visiter le site de John Duff, l’éminent vexillologue. https://touslesdrapeaux.xyz/ukraine.html. Il nous rappelle que l’actuel drapeau bleu et jaune vient de l’Etmanat cosaque qui de 1649 à 1764 s’est battu contre ses puissants voisins, avant de n’être absorbé dans l’empire russe qu’en 1764. Mais avant cette période, il y avait un pouvoir très important à l’époque de la Pologne Lituanie, vaste région qui s’étendait sur les actuels pays baltes, la Pologne et l’Ukraine. Ce bloc coupait (déjà) l’accès aux principaux ports à la Russie, vaste bloc continental.

Dans ses Tableaux d’une exposition, un des plus beaux tableaux (mais ils sont tous beaux) est « la grande porte de Kiev ».

Moussorgski Tableaux d'une exposition la grande porte de KievCliquez sur la pianiste

La Symphonie n°2 de TCHAÏKOVSKI est aussi surnommée « Petite Russie » comme on appelait aussi l’Ukraine à cette époque. Elle porte ce surnom car Tchaïkovski y a incorporé plusieurs mélodies du folklore ukrainien.

Tchaïkovski Symphonie n°2 petite RussieCliquez sur l’orchestre

PROKOFIEV est né en Ukraine, et la célèbre marche de l’Amour des trois oranges a certainement des origines folkloriques ukrainiennes.

Prokofiev 3 oranges marcheCliquez sur l’image

En 1938, il signe la musique d’Alexandre Nevski, un film d’EISENSTEIN commandé par STALINE évoquant la force du peuple russe se défendant contre le danger nazi. L’histoire se passe à l’époque du prince Alexandre Nevski qui écrase la coalition des Teutons et des Livoniens, la Livonie correspondant peu ou prou à l’Ukraine de l’époque. Mais autant l’Histoire nous aide à comprendre ces efforts pour battre les nazis, autant la rhétorique du président démocratiquement élu de la Russie actuelle, justifiant l’intervention de son armée pour « dénazifier » l’Ukraine, est nauséabonde et révoltante.

Prokofiev Alexandre NevskiCliquez sur l’image

Et puis, puisque je suis en Ukraine aujourd’hui, ce sera l’occasion aussi de vous parler de Rheinhold GLIERE (1874-1956), important compositeur ukrainien pas très connu chez nous, malgré une production relativement intéressante.

Glière concerto pour harpe mvt 1Cliquez sur l’image

Et pour savoir ce que je pense de tout ça, cliquez donc sur le bonus surprise.


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Divers, Histoire de l'opéra

RHAPSODES ET RHAPSODIES – Partie 2 – le XXe siècle

Je vous ai proposé récemment sur ce blog quelques rhapsodies du XIXe siècle. Place maintenant au XXe siècle.

Le XXe siècle a commencé en 1901. Cette année-là, ENESCO écrit sa Rhapsodie roumaine n° 1.

Enesco (Enescu) rhapsodie roumaineCliquez sur l’orchestre

En 1907 – 1908, c’est RAVEL qui écrit sa Rapsodie espagnole (sans h).

Ravel Rapsodie espagnole (Munch)Cliquez sur cet autre enregistrement de légende

En 1921, JANACEK écrit une pièce d’inspiration russe, Tarass Boulba, rhapsodie pour orchestre.

Janacek Tarass BoulbaCliquez sur l’image

En 1924, c’est GERSHWIN qui écrit sa Rhapsodie in blue pour piano et orchestre.

Gershwin Rhapsody in blue (Yuja Wang)Cliquez sur la pianiste

En 1934 RACHMANINOV écrit sa Rhapsodie sur un thème de Paganini opus 34 pour piano et orchestre.

Rachmaninov Rhapsodie sur un thème de Pagananini op 43 variation 18Cliquez sur le piano et l’orchestre

Et si vous voulez une rhapsodie bonus, cliquez sur le point d’interrogation.

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Voilà, rendez-vous à la fin du siècle, pour faire un point sur les rhapsodies qui auront été écrites dans les années 2000?