Divers, Maria Callas

DUR DUR D’ÊTRE UN BÉBÉ (À L’OPÉRA)

Je pensais il n’y a guère, en écrivant mon billet sur Pelléas et Mélisande, qu’il ne faisait pas toujours bon être bébé à l’opéra. En effet, à la fin de ce drame, la malheureuse Mélisande a tout juste le temps de voir son nouveau-né avant que de mourir. Le sort de ces bébés est en effet souvent tragique. Dès lors, me suis-je demandé, quel sort est réservé aux bébés à l’opéra ?

Fierrabras de SCHUBERT s’ouvre sur un chœur de femmes qui tissent, chantant l’allégorie de la vie, telles les Parques. Pour elles, leur ouvrage représente les langes du bébé, le voile de la mariée et le linceul du mort (ou de la morte).

Schubert Fierrabras Der runde SilberfadenCliquez sur l’image

Dans le Trouvère (Il Trovatore) de VERDI, Azucena raconte à son fils Manrico, blessé, qu’elle a voulu venger sa mère, brûlée par le père du comte, en enlevant le fils de celui-ci, mais dans un accès de folie, c’est son propre fils qu’elle a jeté au feu (Air: « Condotta ell’era in ceppi »).

Verdi Il trovatore Condotta ell'era in ceppiCliquez sur Azucena Callas

Dans le Conte du tsar Saltan, de RIMSKI-KORSAKOV, la tsarine et le tsarévitch nouveau-né sont placés dans un tonneau et jeté dans le fleuve.

Dans la Femme sans ombre de STRAUSS, on entend les cris des enfants non nés.

Strauss die Frau ohne Schatten Schweigt doch, ihr Stimmen (début acte III)Cliquez sur l’image

Le sort du bébé de Jenufa de JANACEK est particulièrement cruel, puisque la belle-mère de Jenufa profite de la forte fièvre qui cloue l’héroïne au lit pour lui voler son bébé, est le noyer dans la rivière gelée.

Janacek Jenufa Co chvila et fin acte IICliquez sur la marâtre Kostelnicka

Finalement, l’enfant de L’enfant et les sortilèges de RAVEL, que sa mère appelle bébé bien qu’il ait déjà sept ans, a un sort beaucoup plus enviable, puisqu’après sa grosse colère destructrice, il se repent et sa maman lui pardonne.

Ravel l'enfant et les sortilèges finalCliquez sur Bébé et sa maman

Malgré le sort tragique de sa mère, le bébé dans Porgy & Bess de GERSHWIN a bien de la chance aussi d’être endormi au son de Summertime.

Gershwin Porgy and Bess SummertimeCliquez sur Clara chantant pour son bébé

Enfin dans Tommy des WHO, le pauvre Tommy a bien du mal à vivre sa vie après sa naissance (Air : « it’s a boy »).

The Who Tommy It's a boyCliquez sur la mythique pochette de l’album

Enfin, dans On purge bébé de Philippe BOESMANS, opéra créé en 2022 au théatre royal de la Monnaie (De Munt), les adultes n’ont qu’une envie de purger l’enfant, que sa mère appelle bébé bien qu’il ait déjà sept ans.

Boesmans On purge bébéCliquez sur la bande annonce

Enfin, si vous n’avez pas peur, vous pouvez toujours cliquer sur le bonus surprise mystère (mais vous n’êtes pas obligés).

point-dinterrogation

Si vous n’avez pas peur, vous pouvez toujours cliquer sur le bonus surprise mystère

Divers, Maria Callas

LES ANNIVERSAIRES DE 2023 – Les écrivains et librettistes, et les œuvres que c’est pas de l’opéra

Après les anniversaires de 2023, voyons quels anniversaires nous pourrons célébrer en 2023 (ou quelques événements que nous pourrons commémorer). Comme pour 2022, devant l’abondance de dates à commémorer, j’ai décidé de faire cette présentation en deux parties. Les compositeurs et les opéras, puis les écrivains et les œuvres classiques.

Il y a 375 ans, en 1648, SCHÜTZ nous livrait un de ses chefs-d’œuvre : les Geistliche Chormusik.

Schütz Gesitliche ChormusikCliquez sur le chœur

Il y a 350 ans, en 1673, mourait MOLIÈRE. Après avoir travaillé avec LULLY, puis s’être brouillé avec celui-ci, il a collaboré avec CHARPENTIER. Cette année-là Molière a écrit et interprété le Malade imaginaire.

Charpentier Molière le Malade imaginaireCliquez sur l’image

1673 est également l’année ou RACINE a écrit sa tragédie Mithridate, qu’un certain MOZART portera à l’opéra un siècle plus tard.

Il y a 325 ans, en 1698 naissait Pietro METASTASIO, dit MÉTASTASE (1698-1782). Des 27 livrets qu’il a écrits naîtront plus de 1000 opéras.

Salieri Semiramide Sento l'amica spemeCliquez sur l’image

Il y a 225 ans, en 1798, a eu lieu la création de la Création (die Schöpfung) de HAYDN.

Haydn die SchöpfungCliquez sur l’image

Il y a 200 ans, en 1823, naissait Alexandre OSTROVSKI. dont les pièces ont été mises en musique par TCHAÏKOVSKI ou JANACEK.

Janacek Katia Kabanova Acte 3 scène 1 la tempêteCliquez sur l’image

Il y a 175 ans, en 1848, SCHUMANN (Robert) mettait en musique le poème Manfred de Lord BYRON.

Schumann Manfred ouvertureCliquez sur l’orchestre

Il y a 150 ans, en 1873, avait lieu la création de Phaëton de SAINT-SAËNS.

Saint-Saëns PhaëtonCliquez sur l’orchestre

Cette même année, Tchaïkovski créait sa 2e symphonie, dite « Petite Russie ».

Tchaïkovski Symphonie n 2 Petite RussieCliquez sur l’orchestre

Il y a 125 ans, en 1898, Richard STRAUSS écrivait son poème symphonique une Vie de héros (ein Heldenleben).

Strauss une Vie de hérosCliquez sur l’image

Cette même année, ENESCO publiait son opus 1, le poème roumain.

Enesco Poème roumainCliquez sur l’image de l’orchestre

Et toujours en 1898 disparaissait le prince des poètes Stéphane MALLARMÉ.

Il y a 100 ans, en 1923, étaient créés deux ballets pour les ballets russes, Noces de STRAVINSKY (1917-1923) et Les Biches de POULENC.

les biches poulencCliquez sur le décor de Marie LAURENCIN

Cette même année 1923 disparaissait Pierre LOTI, « l’inventeur » de l’histoire de Madame Butterfly.

Puccini Butterfly Un bel di vedremo CallasCliquez sur l’image de la grande chanteuse

1923 est aussi l’année d’ouverture « française » de l’Opéra de Lille (après une période allemande pendant l’occuâtion de la guerre 14-18.)

Il y a 75 ans, en 1948, Strauss nous livrait son chant du cygne avec les 4 derniers lieder de Strauss alors que MESSIAEN achevait sa Turangalila symphonie (1946-1948).

Strauss Vier letzte lieder SeptemberCliquez sur une autre image de grande chanteuse

Messiaen Turangalîla symphonie Joie du sang des étoilesCliquez sur la Joie du sang des étoiles

Je vous souhaite à toutes zet à tous mes meilleurs vœux pour une année 2023 de musique et de littérature.

Divers, Maria Callas

SEPT CENTIÈME BILLET DU BLOG

Eh oui, ce billet est le 700e que je publie sur ce blog consacré, de manière très ouverte, à l’opéra et à la littérature !

À ce jour, vous avez été plus de 66 000 visiteurs cumulés, venus de 145 pays, pour regarder plus de 125 000 vues sur ce blog, en presque quatre ans et demi.

J’ai consacré 110 billets à mes opéras préférés, de l’Orfeo (1607) de MONTEVERDI à Like Flesh (2022) de Sivan ELDAR, ou de Aïda de VERDI à Zoroastre de RAMEAU.

monteverdi orfeo savallCliquez sur l’acte de naissance de l’Opéra

Le plus regardé est toujours celui consacré aux Contes d’Hoffmann d’OFFENBACH, devant Le Barbier de Séville de ROSSINI.

barcarolleCliquez sur l’image

J’ai également consacré 71 billets à des compositeurs, dont 8 à des compositrices, de Monteverdi à BRITTEN. Le compositeur qui vous a le plus intéressé reste Franz SCHUBERT. 57 d’entre eux ont été sélectionnés pour mon premier livre « Compositeurs et compositrices », que je vous conseille d’acheter si ce n’est pas déjà fait.

Une autre catégorie pour laquelle j’ai créé un métabillet vous permettant de vous y retrouver facilement est celle des écrivains liés au monde de l’opéra ou de la musique. Il y a à ce jour 54 écrivains passés à ma moulinette, de ESCHYLE à ECHENOZ, le plus consulté étant celui consacré à Victor HUGO. Une cinquantaine d’entre eux feront l’objet de mon second livre « les Écrivains et la musique », livre qui devrait sortir prochainement.

couverture-du-livre-image

Voilà, il y a encore bien d’autres catégories, consacrées à l’histoire, au cinéma, à la nature, à la bande dessinée, à la poésie, à l’OuLiPo, au dessin animé… Une de mes (petites) joies est l’accueil réservé à mes fantaisies sur le nom de MALLARMÉ (Mallarmuche pour les intimes 🙂), qui cumulent plus de 3400 vues !

Dans ces catégories moins conventionnelles, les billets les plus regardés restent « Magical Maestro (Tex Avery) » « Des opéras pour les enfants« , « les Onomatopées« , et « ils ou elles ont écrit des Ave Maria« .

Fin 2020, j’ai commencé une nouvelle série sur l’emploi de musique classique par les réclamiers et, à ma grande surprise, cette série marche très fort puisque le premier billet, toutes catégories confondues, est celui qui vient en tête avec déjà plus de 2600 vues !

Une des vidéos les plus regardées (si j’excepte les réclames) est Camille jouant les quatre Saisons de VIVALDI.

Vivaldi les 4 saisons l'étéCliquez sur Camille

Elle est suivie de près par l’Ave Maria de BACH chanté par Maria Callas.

Voilà, j’espère que vous serez encore nombreux à venir partager ma curiosité pour tous ces thèmes qui gravitent autour de la musique et de la littérature !

Et pour finir ce billet, un grand classique, interprété par une des plus grandes cantatrices de tous les temps.

callas casta divaCliquez sur l’une des plus grandes cantatrices de tous les temps

C’est tout pour aujourd’hui. Si vous aimez la musique et la littérature, parlez de mon blog à vos amis, et si vous n’aimez pas, parlez-en à ceux que vous n’aimez pas ! 🙂

Maria Callas, Mes opéras préférés

LA SONNAMBULA (LA SOMNAMBULE), de BELLINI (1831)

La Somnambule est un des opéras majeurs de BELLINI, créé en 1831 à Naples, et très vite joué partout en Europe. Le livret est tiré d’un vaudeville de SCRIBE datant de 1819.

Suivant la classification de G.B.SHAW, on peut lui appliquer la formule (S+T/A), puisqu’une soprano et un ténor s’aiment, alors qu’une alto les en empêche.

Le pitch : Alvino et Amina vont se marier. Jalouse, Lisa profite d’une crise de somnambulisme d’Amina pour la faire accuser. Le comte Rodolfo la sauve.

Acte I : Sur la place d’un village de Suisse, on prépare les noces d’Elvino et Amina. L’aubergiste Lisa est jalouse d’Amina. Amina paraît et exprime son bonheur et sa gratitude envers les villageois, et spécialement à Teresa qui l’a élevée lorsqu’elle est devenue orpheline (Air : « Come per me sereno »). Le notaire apparaît, suivi d’Elvino. Elvino donne à Amina une bague qu’il tenait de sa mère (Duo : « Prendi, l’anel ti dono »).

Bellini la Sonnambula Prendi l'anel ti donoCliquez sur Amina et Elvino

Un étranger paraît, qui semble connaître bien le village. En apercevant Amina, il est frappé par sa ressemblance avec un grand amour qu’il a eu dans sa jeunesse. Il commence à faire des avances à Amina, ce qui rend jaloux Elvino. À l’approche de la nuit, Teresa explique à l’étranger qu’un fantôme hante le village (Ensemble & chœur : « A fosco cielo »). L’étranger se retire, et Elvino jaloux fait une scène à Amina, avant de se réconcilier (Duo : « Son geloso del zefiro errante »).

Bellini la Sonnambula Son geloso del zeffiro erranteCliquez sur Elvino et Amina

Lisa reconnaît l’étranger, qui la trouve à son goût : c’est Rodolfo, l’héritier de l’ancien comte du pays. Du bruit se fait entendre : Lisa se cache dans un placard mais laisse tomber son mouchoir. Amina entre en marchant dans son sommeil. Elle se demande si Elvino est toujours jaloux, et prend le comte pour son fiancé. Ému, Rodolfo la laisse se coucher innocemment sur son lit, mais c’est le moment où les villageois décident de rendre hommage au comte. Lisa est allée chercher Elvino pour qu’il surprenne Amina et le comte. Tout le monde est choqué de trouver Amina couchée sur le lit de celui-ci. Réveillée par le bruit, Amina clame son innocence, mais emporté par sa colère, Elvino annule son mariage avec Amina. (Quintette : « D’un pensiero e d’un accento »)

Bellini la Sonnambula D'un pensiero e d'un accentoCliquez sur Amina

Acte II : Les villageois se rendent au château du comte Rodolfo afin de lui demander de défendre Amina. Amina qui se souvient des bons moments passés avec Elvino demande à Teresa de la défendre. Elles entendent Elvino se lamenter, mais quand Elvino entend que le comte vient rejoindre Amina, sa colère le reprend et il lui arrache sa bague de fiançailles. Les villageois reviennent du château, en confirmant l’innocence d’Amina, mais Elvino refuse de se confronter à celui qu’il prend pour son rival (Air : « Ah, perché non posso odiarti »).

Bellini la Sonnambula Tutto è sciolto... Ah Perché non posso odiartiCliquez sur Elvino

Elvino a décidé d’épouser Lisa. Comme il la conduit à l’église, Rodolfo paraît et répète qu’Amina est innocente, en expliquant ce qu’est le somnambulisme. On ne le croit pas, mais Teresa surgit et explique la situation. Lisa joue les Saintes-Nitouches, mais Térésa sort le mouchoir que Lisa a fait tomber chez Rodolfo en se cachant, et demande au comte de confirmer. Elvino constate que Lisa a menti.

Soudain, Amina fait une apparition, en pleine crise de somnambulisme, elle marche sur une corniche en haut d’une tour. Les villageois n’osent pas la réveiller. Dans son sommeil, Amina pleure d’avoir perdu Elvino, et cherche son anneau perdu (Air : « Ah, non credea mirarti »).

Bellini la Sonnambula Ah non credea mirartiCliquez sur Amina

Alors convaincu de son innocence, Elvino lui glisse à nouveau son anneau au doigt. Amina se réveille et se réjouit quand elle voit que son rêve de retrouver Elvino s’est réalisé. Tout le monde se réjouit, le mariage peut avoir lieu (Air & chœur : « Ah ! non giunge uman pensiero ».)

Bellini la Sonnambula Ah non giunge uman pensieroCliquez sur l’image

littérature, Maria Callas, Oulipo, Poésie

« CHANSON D’AUTOMNE », de VERLAINE

Après Art Poétique de Paul VERLAINE, je vous propose un autre poème traité à la sauce OuLiPo. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et je mets en correspondance les images évoquées par ce poème avec des images musicales qui me viennent à l’esprit.)

Aujourd’hui, donc, je vous propose Chanson d’automne, un poème datant de 1866 paru dans les Poèmes saturniens.

Les sanglots longs
Des violons

De l’automne

Ravel KaddishCliquez sur l’image

Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.

Verdi la Traviata Addio del passato (Callas)Cliquez sur l’image

Tout suffocant
Et blême
, quand
Sonne l’heure,

Thomas Hamlet Spectre infernalCliquez sur l’image

Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Gluck Orfeo e Euridice Che faro senza EuridiceClqiuez sur l’image

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Chausson la dernière FeuilleCliquez sur l’image

Citations musicales :

Les sanglots longs des violons : Maurice RAVEL, Kaddish, pour violon et piano.

D’une langueur monotone : Giuseppe VERDI, la Traviata « Addio del Passato ».

Tout suffocant et blême : Albert THOMAS, Hamlet, scène du spectre.

Je pleure : GLUCK Orfeo ed Euridice « Che faro senza Euridice » (« J’ai perdu moin Eurydice »)

La feuille morte : Ernest CHAUSSON la dernière feuille.

Et si vous en voulez un peu plus, cliquez donc sur le bonus surprise.

point-dinterrogationCliquez donc sur le bonus surprise si vous en voulez un peu plus

Divers, Maria Callas

LES FANTÔMES À L’OPÉRA (1ère série)

Je vous parlais il n’y a guère de Hamlet, d’Ambroise THOMAS, pièce où le fantôme du père d’Hamlet intervient auprès de son fils pour réclamer vengeance. Il m’est apparu intéressant d’aller chercher quelques autres apparitions de fantômes à l’opéra.

Un des premiers spectres à apparaître est celui du Commandeur dans le Don Giovanni de MOZART en 1788. Le Commandeur, qui s’est fait tuer au début de l’opéra par Don Giovanni revient à la fin le chercher pour le conduire en enfer.

Don Giovanni finalCliquez sur le fantôme du Commandeur

Une trentaine d’années plus tard, on est passé de l’opéra classique à l’opéra romantique, et WEBER fait intervenir des fantômes dans son célèbre Freischütz (1821). Notamment, dans la fantastique scène de la gorge aux loups où, à minuit, le diable négocie l’âme de Max en échange de balles magiques, apparaissent de fort effrayants fantômes.

Weber Freischütz scène de la gorge aux loups (début)Cliquez sur les fort effrayants fantômes

Encore quatre ans plus tard, en 1825, c’est BOÏELDIEU qui fait intervenir une étrange apparition dans sa très gothique Dame blanche. En effet, dans ce château en Écosse, le fantôme d’une dame blanche veille sur le domaine s’arrange pour que les affaires de la famille aillent bien.

Boïeldieu la Dame blanche D'ici voyez ce beau domaineCliquez sur la Dame blanche

Suivra un beau trio de fantômes dans les opéras belcantistes de DONIZETTI et BELLINI, avec la Somnambule (1831), Marie Stuart (1834) et Lucia di Lammermoor (1835).

Donizetti Lucia di Lammermoor Il dolce Suono callas

Détour en Italie avec Macbeth (1847) de VERDI. À la fin de l’acte II, Macbeth est hanté par le spectre du roi Duncan, qu’il a contribué à assassiner.

Verdi Macbeth Final acte IICliquez sur Macbeth qui devient fou en voyant le spectre de Duncan lui apparaître

En 1868 et en France, dans Hamlet d’Ambroise THOMAS, il y a évidemment le spectre du père du héros qui vient réclamer vengeance.

Thomas Hamlet Spectre infernalCliquez sur l’image

Pour la Russie, dans Boris Godounov (1869) de MOUSSORGSKI, le tsar Boris est hanté par le fantôme du tsarévitch Dimitri qu’il a fait assassiner pour prendre sa place.

Boris mort de BorisCliquez sur la mort de Boris

Heureusement pour nous, les apparitions de fantômes n’ont pas cessé avec le XXe siècle.

En 1954 avec The Turn of the screw de BRITTEN.

Britten The Turn of the screw Duo Quint - JesselCliquez sur la gouvernante et le fantôme de Quint

Ou plus près de nous encore avec The Ghost of Versailles (1991) de CORIGLIANO.

Corigliano The ghosts of Versailles (MET)Cliquez sur l’image

J’aurais pu aussi vous parler de la légende du Fantôme de l’opéra, mais je l’ai déjà traitée sur ce blog.

À bientôt pour une deuxième série de fantômes à l’opéra.

littérature, Mallarmé, Maria Callas, Oulipo, Poésie

« LE PITRE CHÂTIÉ », de MALLARMÉ

Après M’introduire dans ton histoire de Stéphane MALLARMÉ, je vous propose un autre poème traité à la sauce OuLiPo, choisi dans le riche corpus mallarméen. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport avec ces images.)

Aujourd’hui, donc, je vous propose Le Pitre châtié, un poème datant de 1866 paru seulement en 1887.

Yeux, lacs avec ma simple ivresse de renaître

rossini la dame du lac trioCliquez sur la dame du lac

Autre que l’histrion qui du geste évoquais

Leoncavallo Paillasse (Pagliacci) Vesti la giubbaCliquez sur l’histrion

Comme plume la suie ignoble des quinquets

J’ai troué dans le mur de toile une fenêtre.

De ma jambe et des bras limpide nageur traître,

À bonds multipliés, reniant le mauvais

Hamlet ! c’est comme si dans l’onde j’innovais

Mille sépulcres pour y vierge disparaître.

Thomas Hamlet être ou ne pas êtreCliquez sur Hamlet

Hilare or de cymbale à des poings irrité,

Tout à coup le soleil frappe la nudité

Qui pure s’exhala de ma fraîcheur de nacre,

Schubert An die Sonne D. 439Cliquez sur l’hymne au soleil

Rance nuit de la peau quand sur moi vous passiez,

Ne sachant pas, ingrat ! que c’était tout mon sacre,

Ce fard noyé dans l’eau perfide des glaciers.

Thomas Hamlet Air de la folie (Callas)Cliquez sur Ophélie au moment où elle va se noyer

Citations musicales :

lacs : ROSSINIla Donna del lago (la Dame du lac)

l’histrion : LEONCAVALLO – Paillasse – « Vesti la giubba »

Hamlet : Ambroise THOMASHamlet – « Être ou ne pas être »

le soleil : SCHUBERT – « An die Sonne » (« Au Soleil« )

fard noyé : Thomas – Hamlet – « Air de la folie »

Et si vous voulez relire ce poëme sans avoir à subir mes élucubrations musicales, le voici dans toute sa splendeur mallarméenne :

Mallamré le Pitre châtié

Agenda Ironique, Maria Callas

DOMICILE À SOL FACILE À CIRER

L’Agenda Ironique de Juillet a pris ces quartiers sur ce blog. Le thème en était le suivant :

Je vous propose d’écrire un texte en sept parties, dont chacune devra commencer par une note de musique, dans l’ordre composé par Guido d’Arezzo en 1050.

Si ça peut vous aider, voici le texte latin écrit par Guido pour nous permettre de retenir le nom des notes :

« UT queant laxis / Pour que puissent
« REsonare fibris / résonner des cordes
« MIra gestorum / détendues de nos lèvres
« FAmili tuorum, / les merveilles de tes actions,
« SOLve polluti / ôte le péché,
« LAbii reatum, / de ton impur serviteur,
« Sancte Iohannes. / ô Saint Jean.

Donc, si vous voulez remplacer le DO par un UT, vous avez toute liberté de le faire. Comme petite contrainte supplémentaire, je vous demanderai d’employer quelques termes musicaux simples, tels que silence, soupir, croche ou ouverture et portée.

Il n’y a pas d’autre contrainte, sinon celle de nous surprendre et de nous faire sourire. Votre texte pourra être un poème, une nouvelle, une recette de cuisine… Ce que vous aurez envie d’écrire, en bref.

Domicile à sol facile à cirer, la hutte (Si, si !)

indes galantes 4Cliquez sur les sauvages d’Amérique

mi l’adorait, Mimi, la docile amie, là ! (soupir)

Puccini la Bohème Mi chiamani Mimi (Callas)Cliquez sur Mimi, la docile amie

Mimi l’assit là, Rémi l’ado : au dodo, là ! (en clé de Sol)

Brahms WiegendliedCliquez sur la berceuse, là

Facile à mirer, Rémi l’a mis à dorer, la sole (en clé de Fa)

Bobby Lapointe Leçon de guitare sommaireCliquez sur l’accord de Si

Sole facile à dorer, l’ami

L’amie Mimi l’a dorée, la raie

Si Sido adorait Sissi, Sissi adorait la raie du dos (silence consterné)

Berlioz La Damnation de Faust Ange adoréCliquez sur « ange adoré »

Verdi Nabucco Va pensiero (Sissi l'impératrice)Cliquez sur Sissi

Citations musicales :

La hutte : RAMEAU, les Indes galantes, (entrée : les sauvages d’Amérique.)

Mimi : PUCCINI La Bohème, (Air : mi chiamano Mimi.)

Au dodo : BRAHMS Wiegenlied (berceuse)

La clé : Boby LAPOINTE Leçon de guitare sommaire.

Adorait : BERLIOZ La Damnation de Faust (Air : « Ange adoré ».)

Sissi : VERDI Nabucco (Chœur « Va Pensiero »).

Et si vous en voulez encore un peu plus sur ce ton là, cliquez donc sur le bonus surprise mystère.

point-dinterrogationCliquez donc sur le bonus surprise mystère si vous en voulez un peu plus

Compositrices, littérature, Maria Callas, Oulipo, Poésie

« ART POÉTIQUE », de VERLAINE

Le poème « mis en musique » de ce mois sera Art poétique, de Paul VERLAINE. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport avec ces images.)

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Schubert An die MusikCliquez sur la musique

Il faut aussi que tu n’ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l’Indécis au Précis se joint.

Hahn Chansons grises L'Heure exquiseCliquez sur la chanson grise

C’est des beaux yeux derrière des voiles,
C’est le grand jour tremblant de midi,
C’est, par un ciel d’automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Debussy Nuit d'étoiles (Véronique Gens)Cliquez sur les claires étoiles

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Bonis Mel Nocturne pour flûte, Cor et PianoCliquez sur l’image

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L’Esprit cruel et le Rire impur,

Qui font pleurer les yeux de l’Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Verdi Rigoletto Ch'io gli parliCliquez sur l’image

Prends l’éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d’énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l’on n’y veille, elle ira jusqu’où ?

Ô qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d’un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

Gounod Faust Bijoux CallasCliquez sur l’image

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée
Vers d’autres cieux à d’autres amours.

Berlioz Les Nuits d'été Au cimetière (Crespin)Cliquez sur « l’âme éveillée »

Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym…
Et tout le reste est littérature.

Citations musicales:

De la musique : SCHUBERT An die Musik

la chanson grise : HAHN Chansons grises : « l’Heure exquise »

des claires étoiles : FAURÉ Nuit d’étoiles

et la flûte au cor : Mel BONIS Scènes de la Forêt, « Nocturne pour Flûte, Cor et Piano »

la Pointe assassine, l’Esprit cruel et le Rire impur : VERDI Rigoletto. Dans Rigoletto, le héros, bouffon du duc, exerce son esprit acerbe contre les courtisans avec ses piques cruelles.

ce bijou d’un sou : GOUNOD Faust « Air des bijoux »

une âme en allée : BERLIOZ Les Nuits d’été « Au Cimetière (Clair de lune) »

littérature, Mallarmé, Maria Callas, Oulipo, Poésie

LE CORBEAU (THE RAVEN), d’Edgar Allan POE (1845)

Le Corbeau est un long poème (18 sizains) écrit par Edgar Allan POE, et publié pour la première fois en 1845. En France, on le connaît par les traductions de BAUDELAIRE et de MALLARMÉ. Si j’apprécie celle de Baudelaire, qu’il me soit permis de préférer celle de mon pote Mallarmuche.

C’est donc des extraits de cette traduction que je vais « mettre en musique » par association d’idées, entre les images poétiques et les remémorations musicales que ces images peuvent faire surgir chez moi.

Une fois, par un minuit lugubre,

Auber Gustave III minuit

tandis que je m’appesantissais, faible et fatigué, sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié,

Berlioz la Damnation de Faust Sans regretsCliquez sur le docteur Faust méditant sur maint curieux et bizarre volume de savoir

— tandis que je dodelinais la tête, somnolant presque, soudain se fit un heurt, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre, — cela seul et rien de plus.

Ah ! distinctement je me souviens que c’était en le glacial Décembre : et chaque tison, mourant isolé, ouvrageait son spectre sur le sol. Ardemment je souhaitais le jour ; — vainement j’avais cherché d’emprunter à mes livres un sursis au chagrin — au chagrin de la Lénore perdue — de la rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore, — de nom ! pour elle ici, non, jamais plus !

Beethoven Ouverture de Léonore n 3Cliquez sur l’image

Loin dans l’ombre regardant, je me tins longtemps à douter, m’étonner et craindre, à rêver des rêves qu’aucun mortel n’avait osé rêver encore ; mais le silence ne se rompit point et la quiétude ne donna de signe : et le seul mot qui se dit, fut le mot chuchoté « Lénore ! » Je le chuchotai — et un écho murmura de retour le mot « Lénore ! » purement cela et rien de plus.

Gluck Écho et Narcisse finalCliquez sur l’image

Au large je poussai le volet, quand, avec maints enjouement et agitation d’ailes, entra un majestueux corbeau des saints jours de jadis. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta ni n’hésita un instant : mais, avec une mine de lord ou de lady, se percha au-dessus de la porte de ma chambre, — se percha sur un buste de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre — se percha, siégea et rien de plus.

Alors cet oiseau d’ébène induisant ma triste imagination au sourire, par le grave et sévère décorum de la contenance qu’il eut : « Quoique ta crête soit chenue et rase, non ! dis-je, tu n’es pas pour sûr, un poltron, spectral, lugubre et ancien Corbeau, errant loin du rivage de Nuit — dis-moi quel est ton nom seigneurial au rivage plutonien de Nuit. »

Gluck Alceste divinités du StyxCliquez sur l’image

Le Corbeau dit : « Jamais plus. »

Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée : « Sans doute, dis-je, ce qu’il profère est tout son fonds et son bagage, pris à quelque malheureux maître que l’impitoyable Désastre suivit de près et de très près suivit jusqu’à ce que ses chansons comportassent un unique refrain ; jusqu’à ce que les chants funèbres de son Espérance comportassent le mélancolique refrain de : « Jamais — jamais plus. »

Purcell Musique pour les funérailles de la reine MaryCliquez sur l’image

L’air, me sembla-t-il, devint alors plus dense, parfumé selon un encensoir invisible balancé par les Séraphins dont le pied, dans sa chute, tintait sur l’étoffe du parquet. « Misérable ! m’écriai-je, ton Dieu t’a prêté — il t’a envoyé, par ces anges le répit — le répit et le népenthès dans ta mémoire de Lénore ! Bois ! oh ! bois ce bon népenthès et oublie cette Lénore perdue ! » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Que ce mot soit le signal de notre séparation, oiseau ou malin esprit », hurlai-je en me dressant. « Recule en la tempête et le rivage plutonien de Nuit ! Ne laisse pas une plume noire ici comme un gage du mensonge qu’a proféré ton âme. Laisse inviolé mon abandon ! quitte le buste au-dessus de ma porte ! ôte ton bec de mon cœur et jette ta forme loin de ma porte ! » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

Et le Corbeau, sans voleter, siège encore, — siège encore sur le buste pallide de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve, et la lumière de la lampe, ruisselant sur lui, projette son ombre à terre : et mon âme, de cette ombre qui gît flottante à terre, ne s’élèvera — jamais plus.

Citations musicales :

un minuit lugubre : Quel minuit plus lugubre que cette scène de Gustave III roi de Suède de AUBER, où la devineresse a donné rendez-vous à la jeune Amélie pour cueillir à minuit des plantes maléfiques au pied d’un gibet destinées à faire un philtre.

Sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié : BERLIOZ début de la Damnation de Faust, quand Faust se rend compte qu’il a passé sa vie à l’étude de vieux livres, mais peut-être en passant à côté des joies simples de la vie et de l’amour.

Lénore : BEETHOVEN, Ouverture n° 3 de Léonore (premier nom de son opéra Fidelio.)

un écho : GLUCK final de l’opéra Narcisse et Écho.

le rivage plutonien de nuit : GLUCK Alceste « Divinités du Styx ».

les chants funèbres : PURCELL Musique funèbre pour l’enterrement de la reine Mary.

Retrouvez le texte complet du Corbeau, en anglais et en français, avec les illustrations de MANET, sur le site de la BNF.