Grande émotion en ce mois de janvier 2022 à l’Opéra de Lille avec la création mondiale de l’opéra Like Flesh, de la compositrice israélienne Sivan ELDAR, sur un livret de la Britannique Cordelia LYNN. L’équipe artistique était complétée par la metteuse en scène italienne Silvia COSTA et le chef d’orchestre français Maxime PASCAL.
Cliquez sur Caroline SONRIER, directrice de l’Opéra de Lille
Commandé par les opéras de Lille, Montpellier et Nancy en 2018, Like Flesh est donc l’aboutissement de plus de 3 ans de travail, pour lequel la compositrice a dû mettre en musique les mots de la librettiste, alors que la metteuse en scène a dû pour une fois, non pas déconstruire une histoire déjà connue de tous (ou presque) pour en proposer une autre lecture, mais au contraire nous proposer une scénographie nous permettant de comprendre une histoire que nous ne connaissons a priori pas déjà. Pour cela, elle s’est appuyée sur les avancées permises par la technologie, notamment avec un dispositif s’appuyant sur une intelligence artificielle pour animer les vidéos qui accompagnent le déroulement de l’action.
Cliquez sur l’image pour entendre Silvia COSTA
La musique est composée pour un orchestre de chambre amplifié (sonorisé) et un second « orchestre » de 64 haut-parleurs disséminés dans la salle pour permettre au public d’être immergé dans le son des arbres.
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Les personnages principaux de Like Flesh sont la Forêt, le Forestier (qui coupe les arbres), sa femme et une étudiante venue dans la forêt pour apprendre.
Le pitch : La Femme est malheureuse en mariage et aspire à un monde au-delà des frontières de la chair. L’arrivée dans la forêt de l’étudiante va lui faire découvrir un autre amour, et la poussera à se métamorphoser en arbre. Mais le monde est dur même pour les arbres, et après sa métamorphose, elle sera encore convoitée par le forestier pour l’argent qu’il pourra tirer de son bois et par l’amante qui continue à l’aimer.
Le thème de la métamorphose en arbre est librement inspiré des Métamorphoses d’OVIDE, et notamment de la légende de Daphné qui, poursuivie par Apollon, se transforme en laurier pour lui échapper.
Cliquez sur la bande-annonce de l’Opéra de Lille
La construction narrative se fait suivant une alternance de scènes où la forêt (représentée par le chœur) s’exprime et d’autres où les humains parlent.
I : Ce que savait la forêt. La forêt nous raconte son passé depuis les temps immémoriaux.
II : Les oiseaux ne viennent plus ici. Pendant que le forestier expose sa vision de la forêt : du capital, la femme se désole de voir tout bétonné et la vie – plantes, insectes et oiseaux – qui s’en va.
III : Ce qu’ont fait les arbres. Les arbres annoncent la désertification de la Terre.
IV : La couleur rouge. L’étudiante arrive pour essayer de comprendre la vie, les arbres, la communion entre tous les arbres.
V : Leçons qu’apprend la gentillesse. La femme demande à son mari ce que ressentent les arbres quand il les coupe.
VI : Ce qu’a fait l’humain. L’humain est venu dans la forêt avec une hache, et nous avons crié de joie : « Regardez, le manche est des nôtres ! ».
VII : Le troisième rêve. La femme et l’étudiante découvrent leur amour naissant. La femme se métamorphose en arbre.
VIII : Ce qu’a fait l’humain après. Dans un crépitement de mots, la forêt égrène une litanie de tous les objets que créent les humains.
IX : Donc. Ta femme s’est changée en arbre. L’étudiante a appris au forestier que sa femme s’est changé en arbre. L’homme voit déjà le bénéfice qu’il pourra en tirer.
X : Regrets. Le forestier et sa femme discutent. Il se demande comment il aurait dû faire pour que leur amour perdure.
XI . Ce qu’a vu la forêt. La forêt sait la violence dont sont capables les hommes. Elle a la mémoire des juifs pendus à ses branches.
XII : Un arbre se souvient. L’étudiante et l’arbre discutent. Le forestier dit que l’étudiante dort dans les branches de son arbre. Mais les machines humaines arrivent , qui vont tout dévaster.
XIII : Entrelacement. Dans ce duo forêt, femme/arbre, la femme répond à la forêt que l’étudiante l’a blessée en voulant graver son amour sur l’écorce.
XIV : Comportement du bois. Le forestier et l’étudiante échangent leur perception de la femme devenue arbre.
XV : L’hiver, à nouveau. Le forestier et l’étudiante concluent. L’étudiante a cherché à devenir arbre, comme son aimée, mais n’a pas réussi, alors elle en a fendu le tronc pour venir s’y loger/lover alors que le forestier, lui, ne cherche qu’à entretenir ce bois qu’il pourra un jour couper pour le vendre.
La forêt a le dernier mot : Écoutez. La vie, pleine d’espoir se forme dans les failles. Nos racines poussent en chantant, trouvent d’étranges fossiles : un arbre, un squelette, une hache.
(Sources principales : le dossier de presse de l’Opéra de Lille, la présentation par l’équipe artistique le 12 janvier, et bien sûr la création le 21 janvier 2022.)
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