Cinéma, Compositrices

Germaine TAILLEFERRE (1892-1983)

image Tailleferre

Germaine TAILLEFERRE est née le 19 avril 1892 à Saint-Maur-des-Fossés, près de Paris. (Son nom de famille était Taillefesse, mais elle a préféré en changer).

Elle commence l’étude du piano avec sa mère à l’âge de deux ans et écrit ses premières pièces musicales à cinq ans. Mais dans le milieu bourgeois de sa famille, il n’est pas convenable pour une femme de s’adonner à la musique, et son père refuse qu’elle entre au Conservatoire.

C’est pourtant ce qu’elle fait en 1904, avec la complicité de sa mère. Elle obtient sa médaille de solfège en 1906 (à 14 ans, donc.) En 1912, elle y rencontre Darius MILHAUD, Georges AURIC et Arthur HONEGGER.

Elle fréquente les milieux artistiques parisiens et rencontre APOLLINAIRE, Marie LAURENCIN. En 1917, elle fait la connaissance de PICASSO et MODIGLIANI et c’est chez eux que début 1918 est donné le premier concert des « nouveaux jeunes », comprenant aussi Francis POULENC (qu’elle appelait « Poupoule ») et Louis DUREY. Au programme était donné Jeux de plein air de Germaine Tailleferre, une œuvre pour deux pianos qu’elle jouait avec Erik SATIE.

En 1920, un critique musical renomme le petit groupe « Groupe des six » par analogie au célèbre « Groupe des cinq » russe. En 1921, elle participe à la création des Mariés de la Tour Eiffel, une œuvre collective pour laquelle elle écrit « Quadrille » et « la Valse des dépêches ».

Groupe des six les Mariés de la Tour EiffelCliquez sur la toile de CHAGALL

En 1921 encore, elle écrit pour son ami Jacques THIBAUD sa première Sonate pour piano et violon, sonate qui sera créée l’année suivante par le duo Cortot Thibaud. En 1923, elle écrit le ballet le Marchand d’oiseaux.

Tailleferre le Marchand d'oiseauxCliquez sur l’image

Germaine reçoit des conseils de composition de la part de RAVEL et a séjourné plusieurs fois à Hendaye chez son aîné. En 1924, elle écrit l’adagio pour violon et piano.

Tailleferre adagio violon pianoCliquez sur l’image

En 1926, elle se marie à un dessinateur américain, et part vivre avec lui à Manhattan. Elle y rencontre Charlie CHAPLIN, mais son mari, jaloux du sccès de son épouse, refuse qu’elle écrive de la musique pour Chaplin (c’eût été pour le Cirque !). Elle dédie néanmoins son Concertino pour harpe et orchestre à son mari.

En 1927, le couple revient à Paris mais en 1929, le couple se sépare (son ex-mari se suicidera en 1931.) En 1929, elle écrit Six chansons françaises.

En 1931, elle travaille à un opéra-comique, Zoulaina, dont il ne reste que l’ouverture. 1931 est aussi l’année de naissance de son seul enfant, issu de sa liaison avec un juriste qu’elle épousera l’année suivante. Las, une fois encore, son mari n’apprécie guère de la voir composer de la musique. Elle commence à également à écrire de la musique de film.

En 1937, elle travaille avec Paul VALÉRY pour la Cantate du Narcisse.

Pendant l’occupation, Germaine quitte la France pour les États-Unis. Elle revient en France en 1946.

En 1949, Germaine Tailleferre écrit un ballet, Paris-Magie, et un opéra-comique Il était un petit navire qui ne connaîtra pas de succès.

En 1951 elle écrit la comédie musicale Parfums et en 1953 le ballet Parisiana ainsi que sa Sonate pour harpe.

Tailleferre sonate pour harpeCliquez sur la harpiste

En 1955, elle écrit pour la radio sa Petite histoire lyrique de l’art français : du style galant au style méchant, une commande de Jean TARDIEU pour la RTF. Germaine et son mari se séparent et le divorce est prononcé l’année suivante. Germaine se retrouve « libre ».

Tailleferre la Fille d'opéraCliquez sur la Fille d’opéra

En 1957, elle compose l’opéra la petite Sirène sur un texte de Philippe SOUPAULT et un peu plus tard le Maître sur un texte de IONESCO. Cette même année, Louis MALLE fait appel à elle pour la musique de son film Ascenseur pour l’échafaud, mais Miles DAVIS, à qui Louis Malle avait montré ce qu’il avait tourné improvise en une nuit ce qui sera l’une des musiques de film les plus marquantes.

En 1963, Germaine Tailleferre écrit l’Adieu du Cavalier, un hommage à Poulenc sur un texte d’Apollinaire.

Sur la fin de sa vie, sous l’impulsion de Désiré DONDEYNE, le chef de l’orchestre d’harmonie des gardiens de la Paix, elle écrit plusieurs œuvres pour ces orchestres d’harmonie.

Sa dernière œuvre est une commande du ministre de la Culture, le Concerto de la fidélité (1981).

Tailleferre Concerto de la fidélité (pour voix élevée)Cliquez sur l’image

Germaine Taillefer meurt le 7 novembre 1983 à Paris, à l’âge de 91 ans.

Films, Mes opéras préférés

WEST SIDE STORY, de BERNSTEIN (1957)

Le compositeur Léonard BERNSTEIN et le chorégraphe Jérôme ROBBINS ont eu une première collaboration en 1944, avec l’opérette Fancy Free. Dès 1949, ils ont l’idée d’adapter Roméo et Juliette de SHAKESPEARE dans les quartiers de New York. Leur idée à l’époque était d’évoquer une rivalité entre chrétiens et juifs.

Ce n’est qu’en 1955 qu’ils relancent le projet d’une comédie musicale sur ce thème, où l’on verrait s’affronter des bandes de jeunes d’origines italo-polonaises et portoricaines.

Il leur faudra encore deux ans pour arriver à la création de la pièce à Broadway, en s’adjoignant les services de Arthur Laurents pour le texte, et Stephen Sondheim pour les lyrics.

West Side Story a fait l’objet d’une adaptation cinématographique sortie en 1961, qui raflera 10 oscars, et d’une plus récente par SPIELBERG.

Le pitch : Roméo et Juliette à New York.

Acte I : Dans l’Upper West Side de New York, deux bandes de jeunes s’affrontent pour contrôler le territoire, les Jets, d’origine étrangère mais nés en Amérique et les Sharks, immigrés d’origine portoricaine, qui sont donc considérés comme moins américains. Riff, le chef des Jets, veut chasser de son quartier les Sharks, menés par Bernardo. Il demande à Tony, un ancien Jet qui a quitté la bande pour entrer dans la vie active, de l’aider. Il compte profiter du bal du soir pour lancer un défi aux Sharks. Tony pressent qu’il va se passer quelque chose pour lui ce soir (Air : « Something’s coming »).

Bernstein West side Story Something's comingCliquez sur Tony

Dans un atelier de robes de mariées, Maria et Anita discutent. Anita est la fiancée de Bernardo. Maria est la sœur de Bernardo et vient d’arriver à New York. Bernardo et son ami Chico entrent. Bernardo voudrait marier sa sœur Maria avec Chico.

Le soir au bal, Tony et Maria se rencontrent et tombent immédiatement amoureux.

Bernstein West side Story le bal (Mambo)Cliquez sur le bal et criez « Mambo »

Bernardo les sépare et renvoie Maria à la maison, lui rappelant qu’ils ne sont pas du même camp. Puis les deux bandes mettent au point le détail de l’affrontement qui doit avoir lieu le lendemain.

Tony se rend à l’appartement de Maria et l’appelle doucement dans la nuit (Air : « Maria »).

Bernstein West side Story MariaCliquez sur Tony

Maria sort et ils se retrouvent, pendant que ses parents dorment. Ils se promettent de se retrouver le lendemain à l’atelier où travaille Maria. Plus tard, les Portoricains chantent sur les toits (Air : « America »).

Bernstein West side Story AmericaCliquez sur Anita

Pendant ce temps, Tony va sous la fenêtre de Maria, et les deux jeunes gens se retrouvent (Duo : « Tonight ».)

Bernstein West side Story TonightCliquez sur Tony et Maria

Peu après, les Jets et les Sharks se retrouvent, et se mettent d’accord pour un duel le lendemain, chaque camp envoyant son « champion » se battre à mains nues.

Le lendemain, quand Tony et Maria se retrouvent, celle-ci demande à Tony de faire en sorte que le duel n’ait pas lieu. Puis, laissant libre cours à leurs rêves, ils improvisent une cérémonie de mariage.

Le soir, chacun se rend vers son destin (extraordinaire quintette : « The rumble », où viennent se superposer et se mélanger les thèmes des Jets, des Sharks, d’Anita, de Maria, de Tony et des femmes des deux groupes).

Bernstein West side Tonight (the Ramble)Cliquez sur Maria

Enfin, l’affrontement a lieu, mais il dégénère, et Bernardo tue d’un coup de couteau Riff, l’ami de Tony. Fou de douleur, celui-ci qui était venu pour calmer le jeu, ramasse le couteau de Riff, et tue Bernardo.

Acte II : Pendant que le drame a lieu, Maria se fait belle pour Tony (Air : « I feel pretty »).

Bernstein West side Story I feel prettyCliquez sur l’image

Mais Chino arrive et raconte à Maria ce qui vient de se passer. Pendant qu’elle prie, seule, Tony entre par la fenêtre et lui demande pardon. Maria pardonne, et lui demande de rester avec elle. Tous deux chantent leur rêve d’un endroit où la paix régnerait (Air : « Somewhere »).

Bernstein West side Story SomewhereCliquez sur l’affiche du film

Dans la rue, le policier Krupke essaie de savoir ce qui s’est passé, mais les jeunes se moquent du lui, et de la société qu’il représente. Anybody, une jeune fille garçon manqué qui rêve d’entrer dans la bande vient prévenir que Chino a juré de tuer Tony.

Anita arrive chez Maria. Elle devine qu’ils ont passé la nuit ensemble, et lui reproche d’aimer le meurtrier de son frère (Air : « A boy like that, to kill a man »), mais quand Maria lui répond, elle comprend que l’amour de Maria pour Tony est le même que son amour à elle pour Bernardo (Air : « I have a love »).

Bernstein West side Story A boy like thatCliquez sur Maria et Anita

Elle la prévient que Chino recherche Tony pour le tuer, aussi quand un officier de police vient l’interroger, Maria demande à Anita d’aller prévenir Tony à sa place.

Au drugstore où se cache Tony, les Jets empêchent Anita d’entrer. La situation dégénère et ils tentent de la violer. Quand Doc, le patron du drugstore, arrive et les calme, Anita, pleine de haine, transmet à Tony un autre message que celui de Maria. Elle annonce que Chino l’a tuée.

Fou de douleur, Tony erre dans la ville et appelle Chino. Soudain, il voit arriver Maria qui se rend à son rendez-vous avec lui au drugstore. Mais le temps qu’ils se retrouvent, on entend un coup de feu. C’est Chino qui a tué Tony. Maria ramasse l’arme et menace Chino, les Jets, les Sharks. Incapable de tirer, elle fait passer un message de paix. Les Jets et les Sharks ramassent le corps de Tony, et l’escortent dans un dernier convoi funèbre.

Bernstein West side Story finalCliquez sur Maria

(Sources principales : la bonne dizaine de fois [au moins] que j’ai vu le film, en salle ou en DVD, et/ou la comédie musicale).

Et si vous voulez encore un peu de West Side Story, cliquez donc sur le bonus surprise mystère.

point-dinterrogationCliquez donc sur le bonus surprise mystère si vous voulez encore un peu de West side Story

Cinéma

IN MEMORIAM JEAN-LUC GODARD (1930-2022)

Jean-Luc GODARD, né à Paris le 3 décembre 1930, était un cinéaste franco-suisse ou helvético-français, suivant le côté de la frontière où on se trouve.

D’abord critique de films aux Cahiers du cinéma, avec Éric ROHMER et François TRUFFAUD, il est un des fondateurs du mouvement appelé Nouvelle Vague avec son film À bout de souffle (1959). Pour ce film, il a confié la partition au pianiste de jazz Martial SOLAL.

En 1960, ce sera le petit Soldat, un film sur la guerre d’Algérie qui sera censuré pendant trois ans.

En 1963, il tourne le Mépris, avec Michel PICCOLI et Brigitte BARDOT, et une musique de Georges DELERUE.

Delerue le Mépris thème de CamilleCliquez sur l’image

En 1966, il tourne Made in USA, d’après le grand sommeil de Raymond CHANDLER, film dont les musiques sont signées Robert SCHUMANN, BEETHOVEN, J.-L. Godard, Keith RICHARDS et Mick JAGGER.

En 1967, il sort deux de ses chefs-d’œuvre, Alphaville et Pierrot le fou, ainsi que la Chinoise, avec une musique de Michel LEGRAND, VIVALDI, SCHUBERT et STOCKHAUSEN.

Godard la Chinoise VivaldiCliquez sur l’affiche

Pour Passion, (1981 mais sorti en 1982), il convoque MOZART, DVORAK, Beethoven, RAVEL et FAURÉ pour la musique.

En 1983, il met en scène la nouvelle de MÉRIMÉE Carmen, avec une musique empruntée à Beethoven.

Godard Prénom Carmen (Beethoven)Cliquez sur l’image

En 1987, il participe à Arias (1987), un film collectif commandé par le Festival de Cannes basé sur des extraits d’opéra, où il met en scène Armide de LULLY.

Lully Armide (Godard)Cliquez sur l’image

Dans les années 1990, il tourne pour Canal + ses Histoire(s) de cinéma.

Jean-Luc Godard est mort à Noyon en Suisse le 13 septembre 2022.

(Sources : Jean-Luc GODARD, cinéaste acousticien, Louis-Albert SERRUT, L’Harmattan 2014, ainsi que quelques émissions de France-Musique.)

Cinéma, Mes opéras préférés

THE WALL, by PINK FLOYD (1979)

The Wall (le Mur) est le onzième album du groupe inclassable PINK FLOYD. Il a été composé en 1979 et fera l’objet de nombreux concerts, avec une mise en scène et des décors grandioses (un peu comme pouvait l’être l’opéra au XVIIe siècle, ou le GOF au XIXe siècle.) Après l’album et ces concerts, the Wall fera l’objet d’une version filmée par Alan PARKER.

Après la chute du mur de Berlin en 1989, une version scénique particulièrement impressionnante a été jouée (et filmée) en 1990 (The Wall live in Berlin.)

Il existe même une version lyrique écrite pour l’opéra.

Le pitch : L’histoire est assez proche de celle de Tommy des WHO. Un petit garçon qui a perdu son père à la guerre et, victime d’une mère castratrice, se renferme en lui-même.

Pink est une star du rock qui revoit sa vie. Son père est mort pendant la Seconde Guerre mondiale et il a été élevé par sa mère. (« The thin Ice »). Pour combler l’absence de son père, il commence à se construire un mur mental le protégeant du monde cruel. (« Another Brick in the Wall part I »).

Pink Floyd The Wall Thin IceCliquez sur l’album culte

Il se souvient de ses années au collège, avec les professeurs sadiques qui tourmentaient les enfants (« We don’t need no education »).

Pink Floyd The Wall We don't no educationCliquez sur l’image (et mangez vos haricots si vous voulez avoir du pudding, car comment voudriez-vous avoir du pudding si vous ne mangez pas vos haricots ?)

Devenu adulte, il se souvient de sa mère abusive (« Mother ») et de ses années d’enfance pendant le blitz (Goodbye Blue Sky).

Pink Floyd The Wall MotherCliquez sur l’image

Pink se marie, mais lors d’une tournée en Amérique, il se laisse séduire par une groupie (Young Lust). Dans sa chambre d’hôtel, il est pris d’un accès de rage dévastatrice et il casse tout dans sa chambre. Puis, déprimé, il pense à sa femme, qui le trompe et qu’il a laissée à Londres, et qui ne répond pas au téléphone (« Don’t leave me now »). Son mur symbolique est désormais achevé et Pink se sent coupé du monde humain (« Goodbye Cruel World »). Il repense à sa jeunesse (« Vera ») avant de revenir à la Seconde Guerre mondiale (« Bring the Boys back home »).

Le manager et son équipe trouvent Pink affalé dans sa chambre d’hôtel, complètement shooté. Ils le droguent pour qu’il puisse remonter sur scène et l’emmènent sur les lieux où il doit donner son concert (« Confortably numb »).

Pink Floyd The Wall Confortably numbCliquez sur ce pauvre Pink complètement shooté dans sa chambre d’hôtel

Complètement camé, Pink s’imagine en dictateur fasciste ordonnant des ratonnades (« Run like Hell »).

Pink Floyd The Wall Run like HellCliquez sur l’image

Son hallucination cesse et il hurle pour que tout s’arrête (« Stop »). Il se remet en question, et son moi profond lui ordonne de casser ce mur qu’il a construit pour se protéger (« Outside the Wall »).

Point d'interrogationCliquez sur le cadeau bonus pour avoir une chouette version alternative d’un des titres phares

(Sources principales : The Wall l’album de 1979, The Wall le film de 1982, The Wall live in Berlin de 1990.)

Animation 1, Cinéma, Mes opéras préférés

GUILLAUME TELL, de ROSSINI (1829)

Dernier opéra de ROSSINI, écrit d’après la pièce de SCHILLER et créé à l’Opéra de Paris en 1829. La longueur de cette œuvre (presque 4 heures) en a empêché un succès pareil à ceux auxquels Rossini était accoutumé. Son Ouverture est un des morceaux les plus utilisés au cinéma, de Walt DISNEY à Stanley KUBRICK.

Rossini Guillaume Tell Ouverture par DisneyPlease, click on the Overture from Willima Tell

Le pitch : Arnold, le fils du pasteur, aime Mathilde, la fille du bailli Gessner, l’occupant autrichien. Un soldat de Gessner ayant été tué par un pâtre, le bailli veut se venger. Il demande aux villageois de se prosterner devant son chapeau, ce que Guillaume Tell refuse de faire. Dès lors, Gessler voudra faire mourir Guillaume qui prend la fuite avec Arnold.

Ouverture : La célèbre ouverture de Guillaume Tell est composée de quatre parties évoquant une scène bucolique suivie d’un orage, le ranz des vaches et enfin la bataille contre l’occupant autrichien.

Rossini Guillaume Tell OuvertureCliquez sur l’ouverture

Acte I : Regardant un pêcheur qui songe à sa belle, Guillaume Tell pense à sa patrie, occupée par l’Autriche, ce qui inquiète sa femme Hedwige et son fils Jemmy. Le chœur des paysans annonce la fin du jour.

Rossini Guillaume Quel jour serein le ciel présageCliquez sur l’image

Le vieux Melchtal descend de la montagne, avec son fils Arnold. Hedwige, la femme de Guillaume, lui demande de célébrer trois mariages à l’occasion de la fête des pasteurs. Guillaume offre l’hospitalité à Melchtal et Arnold. Melchtal demande à Arnold quand il va se décider à se marier. Resté seul, Arnold chante son amour pour Mathilde, la fille du bailli Gessner, c’est-à-dire de l’ennemi. Guillaume demande à Arnold ce qui l’agite. S’en suit un duo entre Guillaume et Arnold où ce dernier est déchiré entre son amour pour Mathilde et son amour pour sa patrie.

Rossini Guillaume Tell Où vas-tu, quel transport t'agiteCliquez sur Arnold et Guillaume

Arrivent Melchtal, Hedwige et le chœur venu chercher les trois fiancées. Pendant que Melchtal bénit les trois couples, on entend Gessler arriver. Arnold s’enfuit, suivi de Guillaume. Le chœur se réjouit et honore Jemmy, le fils de Guillaume, qui a remporté le prix de tir à l’arc. Mais un pâtre arrive, qui explique que pour défendre sa fille de la soldatesque gesslerienne, il a tué un soldat et qu’il est poursuivi. Il veut traverser le lac pour trouver refuge de l’autre côté. Le pécheur refuse. Guillaume revient, sans Arnold. Le pâtre quémande son secours et Guillaume lui fait traverser le lac. Les soldats de Gessler arrivent, conduits par le capitaine de la garde, Rodolphe. Celui-ci demande qui a aidé le pâtre, mais le peuple refuse de répondre. Melchtal déclare que cette terre ne connaît pas de délateur. Rodolphe ordonne qu’on l’arrête.

Acte II : Dans la montagne, à un chœur de chasseurs répond un chœur de pâtres. Mathilde, qui s’est isolée du groupe, sent qu’Arnold n’est pas loin. Dans le fond de son cœur, c’est lui qu’elle aime (Air : Sombre forêt…).

Rossini Guillaume Tell Sombre forêtCliquez sur Mathilde

Arnold paraît, et lui avoue son amour, auquel elle répond (Duo : Oui vous l’arrachez à mon âme).

Rossini Guillaume Tell Oui, vous l'arrachez à mon âmeCliquez sur Arnold

Mais on vient, il faut se séparer. C’est Guillaume accompagné d’un de ses compagnons, Walter. Guillaume et Wlater rappellent à Arnold que Mathilde est leur ennemie, et lui apprennent que Gessler a fait mourir son père (Trio : « Quand l’Helvétie est un champ de supplices ».)

Rossini guillaume Tell trioCliquez sur le trio

Il l’appelle à prendre la tête de la révolte contre le bailli. Les délégués des trois cantons arrivent. Arnold fédère leur révolte.

Acte III : Alors que Mathilde attend un doux adieu d’Arnold, celui-ci révèle qu’il doit venger son père. Elle lui dit de fuir.

Rossini Guillaume Pour notre amour plus d'espéranceCliquez sur l’image

Sur la place du village, on dresse une estrade. Gessler paraît et ordonne que l’on se prosterne en passant devant son chapeau accroché à un poteau. Sous la contrainte des soldats, tout le monde se prosterne devant le chapeau. Guillaume arrive avec Jemmy. Rodolphe lui ordonne de s’incliner. Guillaume refuse. Gessler le fait arrêter. Guillaume demande à Jemmy d’aller prévenir sa mère afin qu’elle lance le signal de la révolte, un feu allumé, mais Gessler ordonne que l’on place une pomme sur la tête de Jemmy, et demande à Guillaume de l’atteindre d’une flèche. Guillaume résiste, puis cachant une flèche sous son habit, il tire et atteint la pomme, ne cachant pas que s’il avait raté, la deuxième flèche aurait été pour Gessler. Celui-ci demande qu’on arrête Guillaume et son fils. Mathilde les prend sous sa protection, mais déjà Gessler a une autre idée pour faire disparaître Guillaume et l’entraîne sur le lac pour le mener en prison.

Acte IV : Arnold pleure la perte de son père quand les confédérés arrivent, cherchant des armes pour secourir Guillaume. Arnold leur dit où trouver les armes que son père et Guillaume avaient cachées en vue de la révolte. De son côté, Edwige décide de tuer Gessler. Mathilde se présente et lui rend Jemmy (Trio : « Je rends à votre amour ».)

Rossini Guillaume Tell Je rends à votre amourCliquez sur le trio

Malgré la tempête, Guillaume réussit à regagner le rivage. Il demande à sa femme pourquoi sa maison brûle. Elle répond qu’elle y a mis le feu pour donner le signal de la révolte. Poursuivi par les soldats, Guillaume tue Gessler.

Arnold arrive après avoir libéré le château de l’occupant autrichien. Il peut retrouver Mathilde !

Rossini Guillaume Tell FinalCliquez sur Arnold, Guillaume et Mathilde

Cinéma, littérature, Théâtre

Patrice CHÉREAU ET L’OPÉRA

Alors que le film Les Amandiers de Valeria BRUNI-TEDESCHI vient d’être présenté à Cannes, film où il est question de la promotion d’acteurs sous la direction de Patrice CHÉREAU, il m’a semblé intéressant de raconter quel grand metteur en scène d’opéras Chéreau a été.

Patrice CHÉREAU (1944 – 2013) était un homme de scène complet. Acteur, metteur en scène de théâtre et d’opéra, scénariste et réalisateur de films.

Son goût pour le théâtre s’est manifesté très tôt puisqu’il date de ses années de lycéens où, jouant dans la troupe du lycée, il se met très vite à la mise en scène et à la direction d’acteurs.

Il prend la direction du théâtre de Sartrouville en 1996, à seulement 22 ans. C’est à Sartrouville qu’il rencontrera le décorateur Richard PEDUZZI, avec qui il signera quelques-uns de ses plus beaux spectacles.

En 1969, il part au piccolo théâtre de Mila, où il a l’occasion de travailler avec Giorgio STRELER, en qui il reconnaîtra un maître.

De 1971 à 1977, il dirige le TNP de Villeurbanne avec Roger PLANCHON.

De 1982 à 1990, il dirige le théâtre des Amandiers à Nanterre.

Il réalise son premier film, la Chair de l’orchidée d’après J.H.CHASE, en 1974. Suivront d’autres films comme la Reine Margot (1994) ou Ceux qui m’aiment prendront le train (1998).

Son travail de metteur en scène d’opéra commence dès 1969 avec l’Italienne à Alger de ROSSINI, suivi quelques années plus tard par les Contes d’Hoffmann. Mais son grand « truc », celui qui le fera connaître dans le monde entier, c’est le Ring de WAGNER, monté à Bayreuth en 1976, pour le centième anniversaire du festival voulu par Wagner pour la représentation de ses œuvres. C’est Pierre BOULEZ qui l’a appelé pour cette production, où Chéreau transpose l’action dans l’Allemagne industrielle du début du XIXe siècle. Cette production a causé un immense scandale dans le milieu plutôt conservateur qui fréquentait le festival. Au lever de rideau du dernier acte du Crépuscule des dieux, le public s’est mis à siffler et à hurler, couvrant complètement l’orchestre ! Boulez ne s’est pas démonté, et a continué à diriger, et au bout de quelques minutes, on a pu entendre la musique qui s’élevait de la fosse d’orchestre. (Il m’en souvient parfaitement, j’assistais en direct à ce brouhaha qui était retransmis dans le monde entier, et sur France Musique pour la France.) En raison des coûts importants, les productions sont souvent jouées plusieurs années de suite. C’était le cas pour le Ring, qui a été monté de 1976 à 1980. Cinq ans plus tard, le public s’était habitué à cette mise en scène, certes non conventionnelle, mais très respectueuse du texte, et en 1980, pour la dernière représentation, l’équipe artistique a eu droit à 101 levers de rideau et 85 minutes de rappel !

image Patrice ChéreauCliquez sur Chéreau racontant son expérience à Bayreuth

Wagner Rheingold prélude BoulezCliquez sur le prélude de l’Or du Rhin

En 1979, l’Opéra de Paris confie à Boulez la direction de la version intégrale de Lulu de BERG. (Lulu est une œuvre laissée inachevée à sa mort par son auteur, et c’est un autre compositeur, Friedrich SERRA, qui a terminé le 3e acte.) Tout naturellement, c’est à Chéreau que Boulez pense pour cet événement.

Berg Lulu PrologueCliquez sur le prologue de Lulu

En 1992, il monte Wozzeck de Berg sous la direction de BARENBOÏM pour le théâtre du Châtelet à Paris, production qui sera reprise à Berlin et à Tokyo.

Berg Wozzeck le CapitaineCliquez sur Wozzeck et le capitaine

De MOZART, il monte Don Giovanni, toujours avec Barenboïm et un Cosi fan Tutte extraordinaire d’intelligence avec Daniel Harding à la direction pour le festival d’Aix-en-Provence.

Mozart Cosi fan Tutte E amore un ladroncelloCliquez sur Dorabella

En 2007, il travaille de nouveau avec Boulez pour de la Maison des morts de JANACEK à Vienne et Aix, et avec Barenboïm pour Tristan und Isolde de Wagner à la Scala de Milan.

Janacek De la maison des morts acte I arrivé de GorantchovCliquez sur les prisonniers

Wagner Tristan und Isolde (Chéreau)

Sa dernière mise en scène (last but not Liszt comme disent les musiciens) est celle d’Elektra de STRAUSS à Aix-en-Provence.

Strauss Elektra AlleinCliquez sur Elektra

Pour être un peu plus complet, Chéreau a également mis en scène l’opéra de jeunesse Lucio Silla, de Mozart, mais je n’en ai pas trouvé trace sur le net.

Artistes, Cinéma, Grandes voix

IN MEMORIAM TERESA BERGANZA

La grande soprano espagnole Teresa BERGANZA nous a quittés le 13 mai 2022 à Madrid.

Née à Madrid le 16 mars 1933, c’était une des plus grandes sopranos du XXe siècle.

Elle fait ses débuts dans le rôle de Dorabella de Cosi fan Tutte de MOZART au Festival d’Aix-en-Provence, dans la production légendaire de 1957.

Mozart Cosi fan Tutte Dorabelle (Berganza)Cliquez sur Dorabella Berganza

En 1958, la jeune femme a l’occasion de chanter Médée de CHERUBINI, aux côtés de Maria CALLAS, ce qui lancera sa carrière aux États-Unis.

Cherubini Medea Solo un pianto (Berganza)Cliquez sur Neris Berganza

Dans ses rôles de prédilection, à côté de l’inoubliable Carmen qu’elle interprétera, on la trouve aussi dans ROSSINI (La Cenerentola ou le Barbier de Séville).


Bizet Carmen Près des remparts de Séville (Berganza)Cliquez sur Carmen Berganza

Rossini Il Barbiere di Siviglia (Berganza)Cliquez sur Rosina Berganza

On peut également la voir interpréter la Zerline du Don Giovanni de Mozart dans le film de LOSEY.

Mozart Don Giovanni La ci darem la mano (Berganza)Cliquez sur Zerlina Berganza

Espagnole, elle ne cessera de défendre les musiques de son pays, comme dans ces chansons populaires espagnoles de DE FALLA.

De Falla Sept chansons populaires espagnoles (Berganza)Cliquez sur l’image

Cinéma, Woody Allen

TO ROME WITH LOVE, de Woody ALLEN (2012)

To Rome with Love (2012) est un film de la période européenne de Woody ALLEN. Après Match Point et Scoop (Angleterre), Vicky Cristina Barcelona (Espagne) et Minuit à Paris (France), Woody pose donc ses caméras en Italie.

Il y a quatre histoires qui se passent en parallèle dans ce film.

Allen To Rome with love (bande annonce)Cliquez sur la Bande annonce

Celle de Hayley et Michelangelo. Hayley est une jeune touriste américaine qui tombe amoureuse d’un beau romain. Ses parents dont Jerry, le personnage joué par Woody Allen, un impresario et metteur en scène d’opéras à la retraite, prennent l’avion pour rencontrer la famille de leur futur gendre. Il se trouve que le père de Michelangelo, un croque-mort, a un talent inné pour l’opéra, mais il ne chante que sous sa douche.

Celle de Antonio et Milly, deux provinciaux venus passer leur voyage de noces à Rome. Pendant que Sally se perd dans Rome et croise un de ses acteurs favoris, Jack est victime d’une méprise, une call-girl faisant irruption dans sa chambre d’hôtel pour satisfaire tous ses désirs. Sa famille les trouvant ensemble dans la chambre d’hôtel, il se résout à faire passer la call-girl pour sa femme légitime.

Celle de John, un architecte âgé revenu à Rome retrouver le quartier de sa jeunesse, et qui croise Alec un jeune romain qui lui servira de guide. Alec vit avec Sally, qui a invité chez elle Monica, une jeune femme un peu paumée qui draguera Jack.

Et enfin, celle de Pisanello, un employé au quotidien bien ordinaire, qui se retrouve sous les feux de l’actualité télévisée, et qui devient célèbre du jour au lendemain, sans comprendre ce qui lui arrive, dans une satire féroce de la télévision des années Berlusconi.

Jerry, donc, ce metteur en scène d’opéra qui se vante d’avoir monté Rigoletto de VERDI dans une production où les personnages étaient des souris blanches, a l’occasion d’entendre Giancarlo, le père de Michelangelo, chanter sous sa douche. Il réussit, non sans mal, à le convaincre de passer une audition, qui échoue lamentablement. Il invente alors une douche sur roulettes où le ténor peut s’exprimer avec ses dons innés pour l’opéra. Dès lors, le succès arrive pour celui qui s’ignorait ténor.

Avec une telle histoire, il ne faut pas s’étonner que la BOF soit riche en airs classiques.

Le personnage de Giancarlo est chanté par un vrai ténor, Fabio Armiliato, et il interprète « E lucevan le stelle » de Tosca de PUCCINI.

Puccini Tosca E lucevan le stelleCliquez sur Cavaradossi

« Nessun Dorma » de Turandot du même Puccini.

Puccini Turandot Nessun dormaCliquez sur Calaf

Il y a toute la scène où l’on voit une représentation de Paillasse de LEONCAVALLO.

Leoncavaloo Pagliacci Son qua, son quaCliquez sur l’image

Bien sûr, l’air « Vesti la giubba »

Leoncavaloo Pagliacci Vest la giubbaCliquez sur Paillasse

On peut aussi entendre « Amor ti Vieta », extrait de l’opéra vériste  Fedora de GIORDANO.

Giordano Fedora Amor ti vietaCliquez sur l’image

Et si voulez encore un peu de musique extraite de To Rome with Love, cliquez donc sur le bonus qui pourrait vous réserver une surprise.

point-dinterrogationCliquez donc sur le bonus surprise si vous voulez encore un peu de musique

Elle voulait qu'on l'appelle..., Grandes villes, Maria Callas, Woody Allen

ELLE VOULAIT QU’ON L’APPELLE ROME…

Voleva essere chiamata Roma…

… comme ne l’a pas chanté Julien CLERC.

L’opéra est né en Italie à l’aube du XVIIe siècle, avec l’Orfeo de MONTEVERDI (1607). Très vite, ce genre se répand dans toute l’Italie. À Rome on ouvre des théâtres dès les années 1620. On y donne des représentations où les chœurs prennent une grande importance, notamment à la fin des actes, et où les airs solistes permettent d’exprimer l’émotion des personnages. Parmi les compositeurs romains, citons LANDI (1586 – 1639) avec la morte d’Orfeo (1619) et Il San’ Alessio (1632) et ROSSI (1597 –1653). L’opéra romain disparaît vers les années 1660, supplanté par l’opéra vénitien.

Landi Il Sant'AlessioCliquez sur l’image

En 1642, Monteverdi écrit le Couronnement de Poppée (L’incoronazione di Poppea) dont l’action se passe dans la Rome antique de Néron et Poppée.

monteverdi couronnement de Poppée SénèqueCliquez sur Sénèque à l’heure de sa mort

Durant ses années de « formation », HAENDEL se rend en Italie, et c’est à Rome qu’il écrit, en 1707, son fameux Dixit Dominus.

Haendel Dixit DominusCliquez sur l’exubérant Dixit Dominus

Environ un siècle plus tard, c’est à Rome qu’a lieu en 1816 la création d’un des opéras les plus connus du répertoire, le Barbier de Séville (Il Barbiere di Siviglia) de ROSSINI.

rossini largo al factotumCliquez sur le factotum

Retour à la Rome antique en 1831 avec Norma de BELLINI, œuvre qui se déroule sur le conflit des Gaulois et des Romains, avec une histoire d’amour entre Norma, la prêtresse gauloise et Pollione, un soldat romain.

callas casta divaCliquez sur Norma Callas

En 1837, c’est encore à Rome que se déroule le Benvenuto Cellini de BERLIOZ, qui relate les relations difficiles entre le génial sculpteur Benvenuto Cellini et le pape, qui lui a commandé une statue. Une des pages les plus célèbres de cet opéra est le Carnaval romain.

Berlioz le Carnaval romainCliquez sur l’image

En 1845, WAGNER envoie son héros Tannhäuser faire pardonner ses péchés par la pape à Rome, avec d’autres pèlerins

Wagner Tannhäuser Chœur des pélerinsCliquez sur l’image

VERDI a écrit pour à peu près tous les opéras d’Italie (et d’Europe) et c’est Rome qu’il a créé le Trouvère (Il Trovatore) en1853.

Verdi Il trovatore Vedi le fosche notturneCliquez sur l’image

Même chose en 1859 pour Un ballo in maschera (Un Bal masqué).

L’action de Tosca (1899) de PUCCINI se passe à Rome pendant l’occupation napoléonienne. Cet opéra est doublement romain, puisqu’il a été créé à Rome en 1900. Le prélude du 3e acte nous permet d’écouter l’extraordinaire lever du soleil sur la ville éternelle, avec les sonneries des cloches des différentes églises.

Puccini Tosca prélude acte IIICliquez sur l’image

Le compositeur Ottorino RESPIGHI (1879 – 1936) a été inspiré par Rome dans ses œuvres symphoniques les Pins de Rome (Pini di Roma) ou les Fontaines de Rome (Fontane di Roma.)

Respighi Fontane di RomaCliquez sur l’image

Retour dans la Rome antique avec le Viol de Lucrèce (The Rape of Lucrecia) (1946) de BRITTEN. Dans cet opéra, les soldats de Tarquin en campagne doutent de la fidélité de leurs femmes restées à Rome. Seule Lucrèce serait restée chaste. Tarquin le dépravé viole Lucrèce à son retour à Rome. Accablée par la honte, Lucrèce se suicide.

Britten le Viol de LucrèceCliquez sur l’image

J’aurais aussi pu vous parler du « Prix de Rome », mais je crois que, vu les compositeurs ayant obtenu ce prix, et donc le droit de vivre à la villa Médicis pendant 3 ans, ce Prix de Rome mérite à lui seul un billet complet (à suivre donc…)

Woody ALLEN a situé un des films de sa période européenne à Rome. Dans To Rome with love, un des héros est un chanteur prodigieux, mais qui n’est capable de chanter que sous sa douche. Aussi, son impresario est obligé d’inventer un système de douche à roulettes sur la scène des opéras où le chanteur se produit, pour qu’il puisse exprimer tout son talent. On peut l’entendre dans l’air « Vesti la giubba » de Paillasse de LEONCAVALLO.

Allen To Rome with loveCliquez sur le ténor sous sa douche

Retrouvez une autre grande ville musicale avec Leipzig.

Cinéma, Compositeurs, Compositrices, Divers

QUELQUES COMPOSITEURS SUISSES

On connaît généralement peu de ce côté des Alpes les compositrices et compositeurs suisses. Pourtant, on gagne à écouter leurs musiques. Je vous en propose ici une petite sélection.

Caroline BOISSIER-BUTINI est née à Genève en 1786. D’abord pianiste, sa réputation dépasse vite les frontières de la Suisse. En 1818, elle se rend à Londres et à Paris et a l’occasion de se confronter aux meilleurs pianistes de sa génération. Son œuvre est essentiellement pianistique, mais elle a également écrit des concertos (pour piano) et des symphonies. Elle meurt près de Genève en 1836.

Boissier-Butini Sonate pour piano n° 2Cliquez sur la pianiste

Louis NIEDERMEYER est né en 1802 à Nyon. Après des études à vienne et à Rome, il compose son premier opéra pour Naples en 1820, à l’âge de 18 ans. Il s’installe à Paris en 1836, ville où il écrit encore trois opéras, avant d’écrire une Messe solennelle et de se tourner vers la musique sacrée. Il dirige ainsi l’école de musique religieuse de Paris, dont la mission était de séparer la musique religieuse et la musique profane, école plus connue aujourd’hui d’école Niedermeyer de Paris. Parmi les professeurs qui y ont enseigné figure SAINT-SAËNS, qui y a eu comme élèves FAURÉ et MESSAGER.

Niedermeyer le Lac (de Lamartine)Cliquez sur le Lac (de Lamartine)

Émile JAQUES-DALCROZE est né en 1865. Il suit ses études musicales au Conservatoire de Genève avant de les poursuivre à Paris, auprès de FAURÉ et DELIBES, et à Vienne auprès de BRUCKNER. Il est l’inventeur d’une méthode d’enseignement de la musique basée sur l’étude physique de la rythmique, méthode toujours en vigueur aujourd’hui et qui porte son nom. Il meurt à Genève en 1950.

Jaques-Dalcroze la VeilléeCliquez sur l’image

Ernest BLOCH est né à Genève en 1880. Il suit ses études à Genève, notamment avec Jaques-Dalcroze, puis à Bruxelles, Francfort et Paris. En 1904, il compose un opéra, Macbeth, d’après SHAKESPEARE. En 1913, il s’installe aux États-Unis où il enseigne la composition à Cleveland, avant de prendre la direction du Conservatoire de San Francisco. Son œuvre est nourrie d’inspirations juives, comme dans la suite hébraïque Schelomo. Il meurt à Portland en 1959.

Bloch SchelomoCliquez sur le célèbre violoncelliste.

Franck MARTIN naît à Genève en 1890. Il travaille la musique en cachette de ses parents et en 1926, il fonde la Société de musique de chambre de Genève. Il enseigne aussi à l’institut Jaques-Dalcroze et au Conservatoire de Genève. Parmi ses œuvres, on peut noter des pièces religieuses, mais aussi un opéra Der Sturm, d’après la Tempête de Shakespeare. Il meurt aux Pays-Bas en 1974.

Martin Messe pour double chœur a capellaCliquez sur l’image

Arthur HONEGGER, né en 1892 au Havre et mort à Paris en 1955 est le plus français des compositeurs suisses. Il étudie la musique à Zurich avant d’entrer au Conservatoire de Paris. Il fait partie du groupe des Six. Plus tard, il enseignera au Conservatoire de Paris où il aura comme élève notamment Olivier MESSIAEN. Il est l’auteur de musique symphonique, d’oratorios, d’opéras (l’Aiglon d’après ROSTAND), mais aussi de nombreuses musiques de film, dont le Napoléon d’Abel GANCE ou Regain de PAGNOL, et de l’opérette le Roi Pausole.

Honegger l'AiglonCliquez sur l’image

Willy BURCKARD est né dans le canton de Berne en 1900. Il poursuit ses études de musique à Leipzig, Munich et Paris, avant d’enseigner lui-même la composition et le piano à Berne. Il meurt en 1955 à Zurich.

Burckard Concertino pour violoncelleCliquez sur l’image

Heinrich SUTERMEISTER naît en 1910 et commence ses études de musique à Bâle. Plus tard, il travaillera à Paris et à Munich, où il rencontrera Carl ORFF. Sutermeister est surtout connu pour ses opéras, dont Raskolnikov d’après DOSTOÏEVSKI, Madame Bovary d’après FLAUBERT, ou encore Romeo und Julia d’après Shakespeare. Il meurt en 1995 à Sorges.

Sutermeister Romeo und JuliaCliquez sur l’image

Bernard REICHEL est né en 1901 à Neuchâtel. Après des études au Conservatoire de Bâle, il suit l’enseignement de Jaques-Dalcroze à Genève, puis passe un an à Paris. Il enseigne ensuite la musique au Conservatoire de Genève où il côtoie Franck Martin. Son œuvre comporte de la musique pour orgue (il était organiste), de la musique de chambre et de la musique religieuse. Il meurt en 1922 à Lutry.

Reichel MagnificatCliquez sur l’image

On pourrait encore citer dans cette liste Rolf LIEBERMANN (1910 – 1999) qui, outre ses fonctions de directeur de l’Opéra de Paris de 1973 -1980, a lui-même composé des opéras. C’est lui qui a convaincu Messiaen d’écrire son opéra Saint-François d’Assise.

(Un grand merci à Béatrice et Christiane, mes deux amies choristes [et suisses] de l’ensemble « Les Vocalistes européens », qui m’ont aidé à établir cette liste.)

(merci également à Sergio Belluz pour m’avoir suggéré quelques corrections ou ajouts https://www.sergiobelluz.com/ )