Grandes maisons d'Opéra, Histoire de l'opéra

LE BAYERISCHE STAATSOPER DE MUNICH S’INVITE CHEZ VOUS

Comme bien d’autres grandes maisons d’Opéra, fermées pour cause de coronavirus, le Bayerische Staatsoper de Munich nous propose ses spectacles gratuitement en ligne, sur sa chaîne TV, disponibles ici :

https://www.staatsoper.de/stream.html

Le menu est alléchant :

Lucia di Lammermoor, de DONIZETTI, du 25 mars au 8 avril.

Donizetti Lucia di Lammermoor BSOcliquez sur l’image

Il Trovatore de VERDI du 14 mars au 28 mars.

Verdi Il trovatore BSOCliquez sur l’image

Parsifal, de WAGNER du 28 mars au 11 avril.

Wagner Parsifal BSOCliquez sur la merveilleuse scène finale de PArsifal

Plus une série de « concerts du lundi », du 18 mars au 1er avril, du 25 mars au 8 avril, usw…

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Prestigieuse maison d’Opéra, l’opéra d’état de Bavière a vu de nombreuses créations comme Idoménée (1781) de MOZART,

Mozart Idoménée BSM

Abu Hassan (1811) de WEBER,

Weber Abu Hassan Ouverture WSM

ou encore les opéras de WAGNER représentés sur ordre de Louis II de Bavière : Tristan und Isolde (1865), les Maîtres chanteurs de Nüremberg (1868), L’Or du Rhin (Rheingold) (1869) la Walkyrie (Die Walküre) (1870), et encore Capriccio de Richard STRAUSS en 1942.

Strauss Capriccio Sextuor (pour WSM)

Après guerre, cette tradition de créations perdure avec Lear (1982) de REIMANN ou Lou Salomé de Giuseppe SINOPOLI.

Reimann Lear BSM

 

Cinéma, Grandes maisons d'Opéra, Histoire de l'opéra

LE ROYAL OPERA HOUSE S’INVITE CHEZ VOUS

Pendant la période de confinement lié à l’épidémie mondiale de coronavirus, le Royal Opera House (ROH), également connu sous le nom de Covent Garden, s’invite chez nous via les réseaux sociaux sur Facebook ou sur Twitter.

Retrouvez ici la page d’accueil de ce programme du ROH :

https://www.roh.org.uk/news/the-royal-opera-house-launches-a-programme-of-free-online-content-for-the-culturally-curious-at-home

  • Pierre et le loup, de PROKOFIEV, The Royal Ballet, 2010 – 27 March 2020, 7pm GMT
  • Acis and Galatea, de HAENDEL, The Royal Opera, 2009 – 3 April 2020, 7pm BST
  • Così fan tutte, de MOZART, The Royal Opera, 2010 – 10 April 2020, 7pm BST
  • The Metamorphosis, The Royal Ballet, 2013 – 17 April 2020, 7pm BST

Depuis 1732, date de l’ouverture du premier, l’emplacement actuel du Royal Opera House a vu trois bâtiments se succéder. 

C’est à Covent Garden que HAENDEL, qui avait pourtant fondé la Royal Academy of music, a créé en 1735 Ariodante et Alcina.

En 1809, après l’incendie de la première salle, le Royal Italian Opera est confié à l’acteur Charles Kemble. C’est pour cette salle que WEBER écrira Oberon (1826).

Weber Oberon ouvertureCliquez sur l’orchestre

Un second incendie ayant détruit ce Royal Italian Opera, l’édifice actuel ouvrit ses portes en 1858. La totalité des opéras était donnée en italien jusqu’en 1888, puis en langue originale. Le théâtre a été élevé au rang d’Opéra royal en 1862.

Depuis ses débuts dans ce théâtre en 1888, la diva australienne Nellie MELBA règne sans partage sur les lieux où elle triomphe en Mimì (La Bohème de Puccini) ou en Juliette (Roméo et Juliette de Gounod).

Gounod Roméo et Juliette Ah lève toi soleilCliquez sur l’image

Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale fera taire l’Opéra, transformé en salle de danse jusqu’en 1945, jusqu’à sa réouverture en 1946.  

Les créations d’œuvres nationales y témoigneront du dynamisme renouvelé de la musique lyrique anglaise. On citera par exemple le Billy Budd de BRITTEN (1951).

Britten Billy Budd pour ROHCliquez sur l’image

En 2263, on a encore pu voir le Royal Opera House dans le film Le cinquième Élément de Luc BESSON, puisque c’est dans cette salle que l’humanoïde Plavalaguna chante le fameux air de la folie de Lucia di Lammermoor, de DONIZETTI.

donizetti Lucia air de la folie le 5e élémentCliquez sur Plavalaguna

(Source principale : Encyclopaedia Universalis 2017.)

Contes et légendes, histoire, littérature, Mes opéras préférés

TANNHAÜSER, de WAGNER

Il existe deux versions de l’opéra Tannhaüser. La première, écrite en 1845, est créée à Dresde. Wagner s’est inspiré pour le livret de vrais personnages, Wolfram von ESCHENBACH étant un vrai troubadour, qui a écrit un Parzifal que l’on retrouvera dans la geste wagnérienne, et de légendes anciennes. Cette légende avait été reprise notamment par Heinrich HEINE, qui avait déjà fourni l’argument du Vaisseau fantôme.

Une seconde version est composée pour l’Opéra de Paris en 1859, pour répondre aux canons de l’Opéra de Paris, et donnée en 1861. Les membres du Jockey Club avaient en effet l’habitude de venir voir leurs petites amies danser. WAGNER rajoute donc une scène entre l’ouverture et le premier acte, représentant une bacchanale chez Vénus. Mais les membres du Jockey Club qui avaient l’habitude d’arriver au deuxième acte, après avoir soupé, sont furieux de ne pas voir leurs petites amies du ballet danser, et montent une cabale contre lui. Malgré le soutien de Napoléon III, cette production fut un échec (il n’y eut que trois représentations), mais c’est elle qui fera découvrir Wagner aux artistes parisiens (BAUDELAIRE & Co). C’est cette version « rallongée » qui est le plus souvent donnée.

Ouverture : L’ouverture présente les principaux leitmotivs (motifs conducteurs) de l’opéra, soit le thème des pèlerins, puis le Vénusberg, suivi du chant passionné de Tannhaüser, accompagné de la menace des chevaliers.

Wagner Tannhaüser OuvertureCliquez sur l’image

Acte I : Au Vénusberg (mont de Vénus), le poète Tannhaüser a cédé aux voluptés de Vénus, rompant avec l’amour courtois qu’il chantait auparavant.

Wagner Tannhauser VenusbergCliquez sur la bacchanale

Mais au bout d’un an passé près de Vénus, il se rappelle le charme du printemps revenant sur terre, et songe à partir. Vénus essaie de l’en empêcher, mais finalement, face aux charmes de Vénus, il choisit la vierge Marie. À cette invocation, le Vénusberg disparaît.

Dans un frais vallon, au pied d’une statue de la Vierge, un pâtre chante le printemps tandis qu’une procession de pèlerins implore la protection de Marie sur le chemin qui les conduira à Rome, où ils vont chercher la rémission de leurs pêchés. Après leur départ Tannhaüser reste au pied de la statue. Des chevaliers et des chanteurs arrivent et le trouvent en prière. Ils le reconnaissent. Alors qu’il cherche à partir, Wolfram von Eschenbach lui parle d’Elisabeth, et lui apprend que depuis qu’il les a quittés, Elisabeth s’est isolée, et qu’elle ne participe plus aux tournois de poésie. Tannhaüser demande qu’on le conduise auprès d’Elisabeth.

Acte II : Elisabeth, ayant appris le retour de Tannhaüser, retrouve la joie qu’elle avait perdue.

Wagner Tannhaüser dich, teure HalleCliquez sur Elisabeth

Quand ils se retrouvent, Tannhaüser explique ce qui faisait le prix de ses poèmes lors des joutes poétiques qui avaient lieu : il chantait son amour pour Elizabeth. Celle-ci en est enchantée, mais Wolfram, qui a tout entendu, l’est moins. Le père d’Elizabeth, heureux de voir celle-ci revenir dans la grande salle des concours qu’elle avait désertée, lui demande ce qui lui arrive. Elle ne peut répondre. Il espère alors que le chant va permettre de révéler son secret. Il a en effet organisé un concours de chant. Ses invités arrivent pour le tournoi, dont le thème sera : dévoiler le mystère de l’amour.

Wagner Tannhaüser marche 2e acteCliquez sur les invités

Wolfram commence, célébrant une vision courtoise de l’amour, ce à quoi Tannhaüser répond par une célébration de l’amour voluptueux. Devant le scandale que son chant provoque, Tannhaüser va plus loin, et révèle que pendant son absence, c’est chez Vénus qu’il était parti. Tous se récrient, et veulent le tuer, mais Elisabeth s’interpose. Elle aime Tannhaüser. Le père bannit Tannhaüser et lui demande de se joindre aux pèlerins qui se rassemblent pour aller à Rome demander le pardon de leurs péchés.

Acte III : Quelques mois plus tard, Elisabeth prie au pied d’une statue de la Vierge, quand les pèlerins reviennent de Rome (« deuxième chœur des pèlerins »).

Wagner Tannhaüser 2e chœur des pélerinsCliquez sur l’image

Tannhaüser n’est pas avec eux. Wolfram, qui observait Elisabeth, supplie l’étoile du berger de veiller sur elle (« Romance à l’étoile ».)

Wagner Tannhaüser Oh du mein holder AbendsternCliquez sur Wolfram

Tannhaüser paraît. À Wolfram qui lui demande ce qu’il vient faire, puisqu’ il n’a pas obtenu le pardon, il répond qu’il vient chercher le chemin qui le ramènera au Vénusberg. Après avoir raconté comment la grâce lui a été refusée (son espérance de rédemption ne refleurira pas plus que son bâton de pèlerin,) il persiste dans son souhait de revoir Vénus. Vénus vient alors le chercher. Il est sur le point de succomber lorsqu’on apprend qu’Elisabeth est morte pendant qu’elle priait pour lui. On apporte son corps, et Tannhaüser s’écroule devant elle et meurt. Un miracle a eu lieu, son bâton de pèlerin a refleuri, signe qu’il est pardonné.

Wagner Tannhaüser finalCliquez sur l’image

Cette fin est une rédemption par l’amour, un thème cher à Wagner, que l’on trouvait déjà dans son premier « grand » opéra, le Vaisseau fantôme (der Fliegende Höllander), et qu’on retrouvera jusqu’à son dernier opéra, Parsifal.

Divers, Grandes maisons d'Opéra, histoire, Histoire de l'opéra

L’OPÉRA DE PARIS S’INVITE CHEZ VOUS

Après le MET, c’est l’Opéra de Paris qui met à disposition du public une sélection d’opéras et de ballets sur le site https://www.france.tv/spectacles-et-culture/

Avec ses 351 ans, l’Opéra de Paris est une des plus anciennes maisons d’opéras en activité. En effet, c’est en 1669 que l’abbé PERRIN obtient le privilège royal d’établir une Académie d’Opéra pour « y représenter et chanter en Public des Opera & Représentations en Musique & vers François, pareilles & semblables à celles d’Italie ». Le nouveau théâtre est inauguré en 1671, mais dès 1672, après une faillite frauduleuse de ses promoteurs, Lully rachète ce privilège et,  rebaptisant l’Opéra « Académie royale de musique », règne désormais en maître absolu sur l’opéra français.

Après 1687, à la mort de Lully, une nouvelle forme d’opéras apparaît, l’opéra-ballet, qui représente des sujets plus légers que ceux de la tragédie lyrique lullienne. Comme son nom l’indique, la présence de la danse se fait plus forte, et il n’y a plus forcément de continuité dramatique entre les différents actes (que d’ailleurs on appelle entrées). De nos jours, une des comédies-ballets encore largement représentées est Les Indes galantes, de RAMEAU.

En 1697, la Comédie Italienne, qui faisait concurrence à la Comédie Française, ferme. Les comédiens italiens s’installent alors sur les foires parisiennes de Saint-Germain et Saint-Laurent, au Théâtre de la Foire. On y donnait des pastiches, c’est à dire des paroles nouvelles placées sur des airs connus, ou sur des airs à boire. Mais la Comédie Française, défendant son privilège royal de spectacle dialogué, empêche la représentation de spectacles parlés, d’où l’apparition des dialogues écrits, présentés sur des cartons ou des écriteaux descendus des cintres. De même, l’Académie royale de musique, forte de son privilège de musique chantée, limitait à deux le nombre de voix dans les spectacles. En 1714, le théâtre de la Foire prend le nom de théâtre de l’Opéra-Comique, et les forains obtiennent le privilège de Louis XIV de donner des spectacles parlés et chantés, ce qui donnera naissance à la forme opéra-comique. Après une succession d’interdictions et de relances, l’Opéra-Comique est relancé en 1752, le chansonnier Favart faisant partie de ses fondateurs.

À cette même époque, la rivalité entre les écoles italienne et française, rivalité qui a duré près de deux siècles, prend une tournure originale avec la querelle des Bouffons.

En 1774, GLUCK, soucieux de se faire reconnaître en France arrive à PARIS. C’est l’occasion d’une nouvelle querelle franco-italienne, entre les partisans de Gluck, qui cherche l’équilibre entre les airs et les récitatifs, et les partisans de l’école italienne de l’opera seria, favorisant la mélodie (et les excès de certains divos ou certaines divas.)

À l’aube de la révolution, l’existence de l’Opéra, qui accumule les déficits, est menacée, si bien que Louis XVI cède l’Opéra à la ville de Paris en 1790. Mais la Révolution française, qui met fin au système des privilèges, entraîne l’ouverture de nombreux théâtres. Finalement, le premier gouvernement révolutionnaire sauve l’Opéra de Paris.

Au XIXe siècle, il se crée même un nouveau genre, le GOF, le grand Opéra à la Française, qui tire ses livrets de sujets historiques, avec ballet imposé et décors fastueux. Dès lors, il devient important pour les compositeurs de toute l’Europe de triompher à Paris, et l’Opéra de Paris passe des commandes à des composteurs tels que VERDI ou WAGNER.

Au XXe siècle l’opéra continue cette politique de commandes aux compositeurs contemporains. (C’est comme ça que j’ai eu la chance d’assister, pour mon premier opéra à Garnier à la création de Saint-François d’Assise, de MESSIAEN.)

En 1989, une nouvelle salle est inaugurée pour les représentations, l’opéra Bastille.

L’Opéra de Paris, actuellement fermé pour cause de confinement lié au COVID-19, a décidé de mettre un certain nombre de ses spectacles en ligne gratuitement (offre réservée à la France) :

Manon de MASSENET, du 17 au 22 mars

Massenet Manon ODP

Don Giovanni de MOZART, du 23 au 29/03

Mozart Don Giovanni ODP

Le Lac des Cygnes de TCHAÏKOVSKI du 30 mars au 05 avril 

Le Barbier de Séville de ROSSINI du 06 au 12 avril 

Rossini le barbier de Séville ODP

Soirée Jérôme ROBBINS du 13 au 19 avril 

Les Contes d’Hoffmann d’OFFENBACH du 20 au 26 avril 

Offenbach Les contes d'Hoffmann ODP

Carmen de BIZET du 27 avril au 03 mai

Bizet Carmen ODP

Elle voulait qu'on l'appelle..., Grandes villes, Histoire de l'opéra, littérature, Shakespeare

ELLE VOULAIT QU’ON L’APPELLE VIENNE…

… comme ne l’a pas chanté Julien CLERC.

Après Venise et Prague, place à une autre grande ville d’opéra, Vienne !

Vienne (Wien), capitale de l’Autriche, peut être considérée comme une capitale de la musique, avec ses deux « écoles viennoises ».

Déjà, le librettiste italien MÉTASTASE (METASTASIO) (1678 – 1782), dont les livrets ont inspiré plus de mille opéras (!) a passé 50 ans à la cour impériale de Vienne.

GLUCK, après avoir fait son apprentissage de l’opéra à Milan, reviendra à Vienne créer Semiramide (1748), Orfeo ed Euridice (1762) ou Alceste (1767). Plus tard, il ira à Paris continuer sa carrière. Il y reprendra, en français, certains opéras écrits pour Vienne.

Gluck Orfeo ed Euridice Danse des furiesCliquez sur la danse des furies

Une partie de la vie de MOZART se passe à Vienne, et c’est pour cette ville qu’il écrit l’Enlèvement au sérail (1782), les Noces de Figaro (1786), Cosi fan Tutte (1789) et la Flûte enchantée (1791).

La première école viennoise est constituée par HAYDN (1732 – 1809), BEETHOVEN et son Fidélio (1803 – 1814) et SCHUBERT (1797 – 1828).

Schubert Fierrabras duoCliquez sur l’image

En 1822, un théâtre de Vienne passe commande d’opéras écrits en allemand (des singspiels), à WEBER Euryanthe et Schubert (Fierrabras). Malheureusement, le passage de la tempête ROSSINI sur l’Europe à cette époque balaie tout sur son passage, et ces opéras ne connaîtront aucun succès (voire ne seront même pas montés).

En 1892, c’est à Vienne que MASSENET réussit à faire jouer son Werther, qui avait été refusé à Paris.

Massenet Werther les larmes qu'on ne pleure pasCliquez sur Charlotte

Au début du siècle suivant, c’est encore pour Vienne que PUCCINI écrit son opéra La Rondine (1917).

Puccini la rondine Chi il bel sognoCliquez sur l’image

C’est à peu près à la même époque que Richard STRAUSS occupe la direction de l’opéra de Vienne, de 1919 à 1925. Il avait rendu hommage à la Vienne impériale dans son Chevalier à la Rose (1911).

Et nous arrivons à la seconde école viennoise, celle constituée par SCHÖNBERG, BERG et WEBERN. Arnold Schönberg (1874 – 1951), qui a libéré la musique du carcan de la tonalité, a d’abord pratiqué l’atonalisme (autrement dit, plus de tonalité) et le sérialisme avant de développer une méthode plus radicale, le dodécaphonisme.

Schoenberg Verklärte NachtCliquez sur l’image

Ses deux élèves les plus célèbres ont été Alban BERG (1885 – 1935), l’auteur de deux opéras phares du XXe siècle, Wozzeck et Lulu, et Anton WEBERN (1883 – 1945).

Berg Wozzeck 2Cliquez sur l’image

Bien sûr, Vienne c’est aussi la valse et l’opérette viennoise, avec la dynastie des Strauss, mais j’y reviendrai.

Compositeurs, Contes et légendes, histoire

François-Adrien BOÏELDIEU (1775 – 1834)

Le petit François-Adrien BOÏELDIEU (en France, n’oubliez pas le tréma sur le I) naît à Rouen le 16 décembre 1775. Il suit ses premières études musicales à la cathédrale de Rouen où il est enfant de chœur.

image d'oreille pour liste de lectureCliquez sur l’oreille pour accéder directement à la liste de lecture

Il compose son premier opéra-comique, la Fille coupable en 1793, à l’âge de 17 ans. Cette œuvre est montée au Théâtre des Arts de Rouen. (Le théâtre des Arts à Rouen était une des seules scènes à donner encore des spectacles lyriques pendant la Terreur.) L’année suivante, Boïeldieu publie ses premières romances.

En 1796 il s’installe à Paris et commence à écrire des opéras-comiques pour la Salle Favart.

En 1798, il devient professeur au tout nouveau Conservatoire de musique de Paris (créé en 1795), tout en assurant une abondante production d’opéras, comme le Calife de Bagdad (1800), d’après les Mille et une nuits.

Boïeldieu le Calife de Bagdad OuvertureCliquez sur le portrait de Boïeldieu

En 1803, il devient directeur de l’opéra français à la cour impériale de Saint-Pétersbourg où il reste jusque fin 1810. Ses œuvres de l’époque, comme les Voitures versées, sont donc créées là-bas. Certaines seront adaptées ultérieurement pour les scènes françaises.

Boïeldieu Les Voitures verséesCliquez sur l’image

En 1808, il écrit une musique de scène pour Athalie, de Jean RACINE.

En 1815, il devient musicien de la Cour, et en 1818, il succède à MÉHUL à l’académie des Beaux-arts. En 1818, il écrit un Petit Chaperon rouge, d’après le conte de PERRAULT.

En 1825, il compose Pharamond à l’occasion du couronnement de Charles X, mais surtout son œuvre la plus célèbre (encore aujourd’hui), la Dame blanche, sur un livret de l’incontournable SCRIBE, d’après Walter SCOTT. La Dame blanche est ainsi considéré comme un des premiers opéras gothiques.

Boïeldieu la Dame blanche Viens, gentille dameCliquez sur l’image

Les plus tintinophiles d’entre vous se souviendront que c’est un air de la Dame blanche que Tintin, enivré par les vapeurs d’alcool, chante dans l’album « le Crabe aux pinces d’or ».

Tintin et Boïeldieu

Vers la fin de sa vie, Boïeldieu a de sérieux ennuis de santé, doublés par la perte de ses revenus après la faillite de l’Opéra-comique et la chute de la royauté en 1830 (Charles X lui versait une pension). THIERS décide de lui faire verser une pension en remplacement.

Il meurt le 8 octobre 1834.

Outre son abondante production d’opéras comiques et de romances, Boïeldieu est aussi l’auteur de deux concertos pour harpe que l’on joue encore de nos jours.

Boïeldieu Concerto pour harpe en UtCliquez sur l’image

Contes et légendes, Divers, histoire, littérature

L’ORIENTALISME À L’OPÉRA

On le sait (ou pas), il y a eu une vague d’orientalisme en art et en littérature aux XVIIe et XVIIIe siècles. On pense par exemple à la turquerie du Bourgeois gentilhomme (1670) de MOLIÈRE, ou aux Lettres persanes (1721) de MONTESQUIEU. Il faut voir aussi l’accueil prodigieux qui a été réservé à la traduction en français des Mille et une nuits au début du XVIIIe siècle. (Je traite dans un billet spécifique les adaptations en musique [occidentale] de ces Mille et une nuits.) En 1747 – 1748, c’est VOLTAIRE qui place Zadig, un de ses contes philosophiques, dans un Orient inventé.

L’opéra, toujours prompt à suivre les modes littéraires, s’est donc emparé de ce thème illustrant un certain choc des cultures.

Je ne reviendrai pas ici sur les opéras qui se passent en Égypte, un billet leur ayant déjà été consacré (cf. l’Égypte et l’opéra.)

Parmi les œuvres qui participent de ce genre orientaliste, une des premières est donc la comédie-ballet Le Bourgeois gentilhomme de LULLY et Molière.

Lully le Bourgeois gentilhomme marche turqueCliquez sur l’image

Dans les Indes galantes (1735) de RAMEAU, la première entrée s’intitule « Le Turc généreux ». C’est l’histoire classique d’Occidentaux échoués sur un rivage exotique après une tempête. Osmine, le turc s’éprend de la belle occidentale mais finit par la laisser partir avec son amoureux.

Rameau Indes galantes Turc généreuxCliquez sur l’image

Cinquante ans plus tard, c’est MOZART avec son Enlèvement au sérail (1782) qui se soumet à la loi du genre. On y trouve Constance, capturée par des pirates et vendue au pacha Selim. Belmonte, son fiancé veut la délivrer du sérail où elle est enfermée, sous la garde d’Osmin. À la fin, Selim, généreux leur accorde pardon et liberté.

Mozart l'enlèvement au sérail ouvertureCliquez sur l’image

Mozart est aussi l’auteur d’une autre « turquerie » célèbre : sa fameuse Marche turque.

Mozart marche turqueCliquez sur la pianiste

Trente ans après, ROSSINI, qui marque la fin d’une époque, est un des derniers à se livrer à l’orientalisme, avec l’Italienne à Alger (1813) et le Turc en Italie (1814).

Dans l’Italienne à Alger, les rôles sont inversés et c’est Isabella qui part à Alger chercher son fiancé, prisonnier du bey d’Alger.

Rossini l'Italienne à Alger ouvertureCliquez sur l’image

Dans le Turc en Italie, nouveau changement de rôle, puisque l’action se passe cette fois en Italie. Fiorilla tombe amoureuse d’un Turc, Selim, et ils projettent de s’enfuir ensemble. Mais c’est sans compter sur Zaïda, une bohémienne autrefois maîtresse du turc. En effet, celle-ci s’arrange avec le mari de Fiorilla pour récupérer son ancien amant et reformer ainsi les couples.

Anniversaire, Histoire de l'opéra

LES ANNIVERSAIRES DE 2020

Après les anniversaires de 2019, voyons quels anniversaires nous pourrons célébrer en 2020 (ou quelques événements que nous pourrons commémorer) :

À tout seigneur, tout honneur, l’année 2020 sera avant tout une année BEETHOVEN, dont on fêtera le 250e anniversaire de la naissance.

LE TASSE (1544 – 1595)

Il y a 350 ans, en 1670, naissait BONONCINI (1670 – 1747), un compositeur rival de HAENDEL à Hambourg puis à Londres.

Bononcini Stabat MaterCliquez sur le Stabat Mater

Cette même année, LULLY et MOLIÈRE ont travaillé ensemble pour la création du Bourgeois gentilhomme (1670).

Lully Molière Le Bourgeois gentilhommeCliquez sur l’orchestre

En 1695, il y a 325 ans, disparaissait Henry PURCELL (1659 – 1695). Cette année-là, il laissait inachevé The Indian Queen, révélé cette saison à l’opéra de Lille.

Purcell The Indian QueenCliquez sur l’image

Platée (1745) de RAMEAU

Il y a 250 ans, en 1770, mourrait Francesco ARAJA (1709 – 1770), appelé à la cour du tsar de Russie pour écrire des opéras en russe, dont un Céphale et Procris, sujet tiré des Métamorphoses d’OVIDE, et qui est le premier opéra écrit dans cette langue. C’est aussi l’année de la création de Mithridate, de MOZART.

Mozart Mitridate Nel grave tormentoCliquez sur l’image

1795 est l’année de la création du Conservatoire de Paris, dont nous fêtons donc les 225 ans. MÉHUL en sera le premier directeur.

En 1820, Beethoven, déjà cité, posera les dernières pierres du monument que constituent ses sonates pour piano, avec les opus 109, 110 et 111.

Beethoven opus 111 PolliniCliquez sur le pianiste

1845 est une année importante pour Richard WAGNER, année qui a vu la création de Lohengrin et Tannhäuser. C’est aussi l’année de naissance de Gabriel FAURÉ (1845 – 1924) dont nous célébrerons donc le 175e anniversaire.

Il y a 150 ans, en 1870, naissait Franz LEHAR (1870 – 1948), un des rois de l’opérette viennoise. 1870 est aussi l’année de la composition d’Aïda de VERDI, du Rondo capricioso de SAINT-SAËNS et aussi de la création de la Walkyrie de Wagner et d’Alfred, le premier opéra de DVORAK.

Saint-Saëns Rondo capriciosoCliquez sur le Rondo capricioso

1895 fut l’année de la création de Cendrillon de MASSENET et de La Bohème de PUCCINI.

Il y a un siècle, Puccini commençait son dernier opéra, Turandot (1920 – 1924). S’il vous arrive de regarder la tévélision et ses longs tunnels de pub, il y a gros à parier que vous reconnaîtrez l’air suivant :

Puccini Turandot Nessun dormaCliquez sur Calaf

Plus près de nous, il a 75 ans, a eu lieu la création de Peter Grimes (1945) de BRITTEN.

Et il y a 50 ans, Olivier MESSIAEN écrivait La fauvette des jardins (pièce créée en 1972.)

Messiaen la Fauvette des jardinsCliquez sur l’image

Retrouvez ici les anniversaires de 2021.

Animation 1, Compositeurs, Histoire de l'opéra

LE GROUPE DES CINQ

Dans le cadre de l’éveil des écoles nationales, des compositeurs russes se sont fédérés autour de BALAKIREV (1836 – 1910) pour former ce qu’on a appelé le Groupe des Cinq. Leur motivation était d’écrire de la musique russe, en se détachant des canons imposés de la musique occidentale. (TCHAÏKOVSKI, très influencé par cette musique occidentale, ne faisait pas partie de ce groupe dont il ne comprenait pas, au début, la musique.)

Ces compositeurs étaient :

Autodidacte pour la musique, Borodine a poursuivi des études scientifiques et devient docteur en médecine. À côté de ses études, il compose néanmoins et a l’occasion de rencontrer Moussorgski. C’est Balakirev qui le fait entrer dans le groupe des cinq en 1862. L’œuvre la plus connue (chez nous) de Borodine est certainement le poème symphonique Dans les Steppes de l’Asie centrale, dédié à Franz LISZT.

Borodine dans les steppes de l'Asie centraleCliquez sur l’image

Il a également écrit de la très belle musique de chambre, ainsi que l’opéra le Prince Igor, célèbre pour ses « Danses polovtsiennes ».

  • César CUI (1835 – 1918)

Ingénieur en génie civil, il rencontre Balakirev en 1856, et c’est à son contact qu’il se met à écrire de plus en plus de musique. Parmi les opéras écrits par César Cui on peut noter un Mademoiselle Fifi (1900) d’après Guy de MAUPASSANT ainsi que deux opéras pour enfants Le petit Chaperon rouge (1911) et le Chat botté (1913).

Cui MagnificatCliquez sur le magnificat

Moussorgski est célèbre pour son opéra Boris Godounov, mais aussi pour les Tableaux d’une exposition ou encore la Nuit sur le Mont Chauve, rendue populaire par Walt DISNEY dans son dessin animé Fantasia.

Moussorgski Une nuit sur le mont chauve FantasiaCliquez sur l’image

Si le club groupe des cinq s’est formé autour de l’autodidacte Balakirev, Rimski-Korsakov en était le véritable ciment, et il a aidé, orchestré, voire complété les œuvres de ses camarades.

Rimsky-korsakov ouverture sur 3 thèmes russesCliquez sur l’image

Compositeurs, Histoire de l'opéra, littérature

Nicolas RIMSKI-KORSAKOV (1844 – 1908)

Nicolas RIMSKI-KORSAKOV est né en 1844, dans une famille de l’aristocratie russe.

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Passionné de musique dès son plus jeune âge, il fait des études militaires sous la pression de sa famille. Après ses études, il entre dans la marine impériale. À 17 ans, son professeur de piano, avec qui il apprend la musique presqu’en cachette, le présente à BALAKIREV. Celui-ci le pousse à profiter de ses missions maritimes pour découvrir d’autres musiques. Il trouve le temps d’écrire une symphonie que Balakirev crée en 1865. Rimski-Korsakov vient saluer sur scène en uniforme d’officier de marine, comme le voulait le règlement de la marine impériale.

Affecté à l’État-major, il a du temps à consacrer à la composition. Il fait la connaissance de BORODINE et MOUSSORGSKI. En 1868, il fait également la connaissance de TCHAÏKOVSKI, alors professeur au conservatoire de Moscou. La musique de ce dernier, encore sous forte influence occidentale, n’entraîne pas chez lui une adhésion sans faille.

Avec Borodine, CUI, Moussorgski et Balakirev, il forme ce qu’on appelle le groupe des cinq, qui se destinait à écrire de la musique russe, détachée des canons occidentaux.

En 1871, il entre comme professeur au conservatoire de Saint-Pétersbourg, ce qui l’oblige à parfaire ses connaissances théoriques. Il s’installe dans un appartement où il a Moussorgski comme colocataire. Il écrit son premier opéra, La Jeune Fille de Pskov. Fin 1871, il se marie et a Moussorgski comme témoin à son mariage.

En 1873, il devient inspecteur des orchestres de la marine impériale. À ce poste, il est amené à étudier de près l’utilisation des différents instruments de musique, ce qui le conduit à écrire un manuel de composition. En 1878, il écrit un opéra d’après La Nuit de mai, de GOGOL. En 1881, c’est Snegourotchka (La Fille de neige), d’après le dramaturge OSTROVSKI.

Rimski Korsakov SnégourotchkaCliquez sur l’image

En 1884, le poste d’inspecteur des musiques de la marine impériale est supprimé et Rimski-Korsakov se trouve alors en retraite de la marine. Il devient adjoint de Balakirev, directeur de la Chapelle du palais impérial, et s’intéresse à la musique orthodoxe. Il rencontre un mécène grâce auquel il fondera les concerts symphoniques russes, pour lesquels il écrit quelques-unes de ses œuvres les plus connues : Shéhérazade, d’après les Mille et une nuits, Le Capriccio espagnol, La Grande Pâque russe.

Rimski Grande paque russeCliquez sur l’image

Il orchestre La Nuit sur le Mont Chauve, de Moussorgski. À partir de 1893, il se met à écrire des opéras avec une belle régularité, dont Sadko (1896), Le Conte du tsar Saltan (1899), célèbre pour son « Vol du bourdon » et La Légende de la ville invisible de Kitèje (1904), ainsi qu’un Mozart et Salieri d’après POUCHKINE.

Rimski-Korsakov le Tsar SaltanCliquez sur l’image

Lors de la révolution de 1905, il défend l’esprit révolutionnaire, ce qui lui vaut d’être licencié du conservatoire. Mais le soutien d’intellectuels, de musiciens et de ses étudiants lui permet d’être réintégré à la fin de l’année. En 1906 – 1907, il écrit son dernier opéra, Le Coq d’or, créé en 1909, un an après sa mort des suites d’une angine de poitrine contractée dès 1890.

Rimski-Korsakov le Coq d'orCliquez sur l’image

Il faut souligner à propos de Rimski-Korsakov son activité de passeur musical. Il a ainsi contribué à l’édition des œuvres complètes de son aîné GLINKA, le père de la musique russe. Il a recueilli et publié de nombreuses musiques populaires, et au sein du groupe des cinq, il a terminé le Prince Igor de Borodine, aidé Moussorgski dans l’écriture de l’acte polonais de Boris Godounov, (œuvre qu’il remaniera encore après la mort de Moussorgski), orchestré la Khovantchina, et il a aussi orchestré certaines œuvres de Cui. Enfin, au conservatoire, il a eu comme élève PROKOFIEV et STRAVINSKY.

Et pour finir sur une note plus légère, je vous propose d’écouter une version alternative du « Vol du bourdon » :

Rimski Vol du bourdon Canadian BrassCliquez sur le Canadian Brass