WAGNER était féru de légendes antiques (sa bibliothèque personnelle à Bayreuth est assez impressionnante) et il a eu l’idée d’utiliser le personnage de Parsifal dès 1845, à l’époque où il écrivait Lohengrin (qui se trouve être le fils de Parsifal). Plus tard, en 1856, il a aussi songé à faire apparaître Parsifal dans une scène de Tristan und Isolde, en opposant ainsi l’amour profane et l’amour divin. Finalement il écrira le livret de son Parsifal en 1877, d’après Parzival et le conte du Graal de CHRÉTIEN de TROYES, et en composera la musique de 1877 à 1882.
Parsifal a été créé en 1882 à Bayreuth, et Wagner ne voulait pas qu’on le joue ailleurs. Ce sont les États-Uniens qui ont jugé que cet interdit n’était pas valable pour l’Amérique (déjà !) et qui l’ont monté sur scène à New York en 1903. Il faudra attendre 1913 pour que l’exclusivité tombe pour le reste du monde.
Le pitch : Dans le château de Montsalvat où a été recueilli le calice contenant le sang du Christ crucifié, et la lance qui a provoqué sa blessure, les chevaliers du Graal veillent sur ces reliques. Le magicien Klingsor, un prétendant à cette confrérie qui en a été rejeté veut s’emparer du Graal. Pour ce faire, il a créé au pied du château un jardin enchanté peuplé de ses créatures, les filles-fleurs, qui vampent les chevaliers. Ça a été le cas du roi Amfortas, qui s’est laissé séduire par Kundry, une femme à l’effrayante beauté sous l’emprise maléfique de Klingsor. Klingsor en a alors profité pour voler la lance sacrée et en frapper Amfortas. Depuis, celui-ci souffre d’une blessure qui ne guérit pas et répugne à diriger son office. Seul un innocent au cœur pur pourra récupérer la lance et le guérir. Cet innocent, ce sera Parsifal.
Le personnage de Kundry est intéressant. Au naturel, elle ne rêve que de servir les chevaliers, mais quand elle est sous l’emprise magique de Klingsor, c’est à leur perte qu’elle se voue.
Prélude de l’acte I : Dans son prélude, Wagner expose les principaux leitmotivs de son drame sacré : la Cène, le Graal, la Foi et la Lance.
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Acte I : Dans la forêt entourant le château du Graal, auprès d’un lac, Gurnemanz et deux écuyers attendent l’arrivée d’Amfortas, leur roi, qui vient prendre son bain. Les chevaliers du Graal ont comme mission de veiller sur le Saint-Graal, un vase qui contient le sang du Christ, et sur la lance qui a percé le flanc du Christ sur la croix.
Kundry, une femme inquiétante au service des chevaliers, apparaît. Elle apporte une fiole d’un baume censé apaiser les douleurs d’Amfortas. Autrefois, Amfortas a succombé à ses charmes, et Klingsor en a profité pour lui voler la lance sacrée, lui causant au passage une blessure qui ne peut pas guérir. Arrive le cortège des chevaliers accompagnant Amfortas au bain, censé soulager ses douleurs. Gurnemanz lui présente le baume de Kundry. Il explique aux écuyers que Klingsor est un ancien prétendant à la confrérie des chevaliers du Graal, mais que ne pouvant respecter le vœu de chasteté qu’exige cette charge, il s’est mutilé et a été rejeté par les chevaliers. Pour se venger, il a créé un jardin magique, peuplé de belles femmes vouées à détourner les chevaliers de leur mission sacrée afin de les perdre. Un seul homme pourra récupérer la lance sacrée : un innocent au cœur pur.
Un jeune homme apparaît, poursuivant un cygne. Il tue le cygne, animal sacré, devant l’assemblée effarée qui le conduit devant Gurnemanz. Le jeune homme ne sait pas répondre aux questions de Gurnemanz, il ne connaît même pas son propre nom. La seule chose qu’il peut dire, c’est qu’il a grandi seul dans la forêt. Kundry raconte son histoire. Le jeune homme a été élevé par sa mère pour éviter qu’il ne suive son père, un ancien chevalier du Graal parti en quête d’aventure, et qui est mort au combat. Parsifal a grandi comme un innocent, sans éducation. Un jour, voyant des chevaliers en armure brillante, il les a suivis. Kundry est alors prise d’une étrange torpeur. Le roi revient du bain et Gurnemanz propose à Parsifal de les accompagner au château du Graal, Montsalvat.
À Montsalvat, les chevaliers entrent solennellement pour la cérémonie. Titurel demande à son fils Amfortas de dévoiler le Graal, comme sa fonction l’y oblige. Ceci réveille sa blessure et il résiste. Il finit par célébrer la Cène et au cours de la cérémonie, le Graal remplit de vin les verres des chevaliers, et dépose à côté un pain, symbole de la manne nourricière. Parsifal a assisté en silence, apparemment inconscient de la symbolique de ce qu’il voit. Mécontent de ce comportement, Gurnemanz le chasse du château.
Cliquez sur les chevaliers recevant le vin et le pain (Wein und Brot)
Acte II : Dans son château, Klingsor tire Kundry de son sommeil pour qu’elle séduise Parsifal, qui se dirige vers son château. Parsifal se bat contre la garde de Klingsor, composée des chevaliers qu’il a détournés de leur devoir. Devant la bravoure au combat de Parsifal, la garde s’enfuit. Le château de Klingsor s’enfonce alors sous la terre, faisant place à un magnifique jardin peuplé des créatures de Klingsor, les filles-fleurs. Elles entourent Parsifal et cherchent à le séduire, mais Parsifal leur résiste.
Cliquez sur les filles-fleurs
Kundry apparaît à son tour, et lui raconte son histoire. Elle lui donne son nom « Fol si pur » (Parsifal) qui lui rappelle que sa mère l’appelait ainsi. Elle lui annonce alors que sa mère est morte quand il est parti. Elle profite du trouble de Parsifal pour lui donner un baiser, mais ce baiser dissipe l’enchantement et Parsifal, revivant la scène du Graal, revit également les souffrances d’Amfortas et le baiser qu’il a reçu de Kundry et qui a provoqué sa chute et sa blessure. Il la repousse. Kundry explique qu’elle a été condamnée pour avoir ri du Christ dans sa Passion, et que le baiser de Parsifal la délivrera de son sort. Parsifal refuse encore, car accepter, ce serait les condamner tous les deux.
Cliquez sur Parsifal
Kundry appelle Klingsor à l’aide. Celui-ci apparaît, porteur de la lance sacrée. Il la jette vers Parsifal, mais elle s’arrête en l’air sans l’atteindre au-dessus de la tête de Parsifal. Parsifal s’en saisit alors, et traçant un signe de croix, fait ainsi disparaître le château de Klingsor et tous ses enchantements.
Acte III : Gurnemanz vit en ermite au pied du Burg de Montsalvat. Entendant des gémissements dans un fourré, il tire Kundry d’un long sommeil magique, et celle-ci ne pense plus qu’à une chose, servir.
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Un chevalier en armure noire apparaît. Gurnemanz lui demande de baisser les armes en ce lieu sacré et en ce jour du Vendredi saint. Le chevalier s’exécute et Gurnemanz reconnaît Parsifal, qui le salue. Il dit qu’il vient voir Amfortas, persuadé qu’il est de pouvoir le sauver. Gurnemanz explique alors que depuis le départ de Parsifal, Amfortas, voulant mourir, n’a plus assuré le service du Graal, tarissant la source qui leur apportait la manne céleste qui les protégeait de la vieillesse. Titurel vient d’ailleurs d’en mourir. Quand Gurnemanz reconnaît la lance sacrée dans les mains de Parsifal, il sait qu’il a en face de lui l’innocent au cœur pur, seul capable de cet exploit. Kundry lave les pieds de Parsifal et Gurnemanz ses cheveux, puis il oint Parsifal, le sacrant nouveau prêtre du Graal. Parsifal donne le baptême à Kundry et tous trois entrent dans le château du Graal. C’est le Vendredi saint (l’enchantement du Vendredi saint).
Cliquez sur Kundry, Gurnemanz et Parsifal
Dans la grande salle, les chevaliers entrent en un double cortège. Les uns portent la dépouille mortelle de Titurel, les autres Gurnemanz sur sa couche. Les chevaliers demandent à Amfortas de dévoiler le Graal, mais celui-ci refuse. Parsifal entre alors, et, touchant la blessure d’Amfortas de la pointe de la lance, le guérit. Il demande alors que l’on dévoile la châsse où se trouve le Graal. Celui-ci s’illumine et une colombe descend du plafond de la coupole et vole au-dessus de la tête de Parsifal. Les chevaliers et des chœurs célestes rendent hommage au nouveau roi. Kundry, délivrée, tombe à terre et meurt.
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