Couleurs, Divers, Jazz, Nature

BLEU

Carré bleu sur fond bleu, d’après Malevitch

Un récent commentaire sur le blog de Lazuli Biloba sur les aspects debussystes de ses magnifiques photos de fleurs bleues m’a amené à me poser la question de la représentation du bleu en musique.

Dans la nature, le bleu est la couleur du ciel (le jour) et de l’eau, soit symboliquement, une couleur rattachée à l’air et à l’eau. Dans la religion chrétienne, on associe le bleu aux vêtements de Marie.

Rachmaninoff Ave MariaCliquez sur l’Ave Maria de Rachmaninov

Bien sûr, en musique quand on dit bleu, on pense assez vite au Beau Danube bleu de Johann STRAUSS, ou encore à la Rhapsody in blue, de Georges GERSHWIN.

Strauss An der schönen blauen DonauCliquez sur la version chantée du beau Danube bleu

Gershwin Rhapsody in bluePuis cliquez sur la rhapsody in blue

Un peu moins évidentes sont les références à Barbe bleue, et donc aux cinq opéras (au moins) mettant en scène ce personnage, dont la légende nous vient de Gilles de RAY, maréchal de France, compagnon de guerre de Jeanne d’Arc et zigouilleur de petits enfants.

Aboulker douce et Barbe-bleueCliquez sur Douce et Barbe-bleue

Maurice RAVEL, dont on connaît le goût pour les sonorités nouvelles du jazz intitulera le deuxième mouvement de sa sonate pour violon et piano « Blues ».

Ravel Sonate violon piano bluesCliquez sur la violoniste et le pianiste

Pour Olivier MESSIAEN, qui était synesthète (il associait des couleurs aux accords sonores), le bleu s’apparente à la sonorité de la flûte. Il a par ailleurs écrit, dans son catalogue d’oiseaux, le Merle bleu.

Messiaen le Merle bleuCliquez sur Yvonne Loriod

Autre synesthète, Alexandre SCRIABINE et son « clavier à lumière », sorte d’orgue qui projetait des couleurs pendant qu’on exécutait son œuvre, telle que Prométhée ou le poème du feu.

À propos de Scriabine, ce compositeur qui associait musique et peinture faisait partie du mouvement « Der Blaue Reiter » (« le Cavalier bleu »), mouvement artistique fondé autour de KANDINSKY et de l’expressionnisme en 1911 et 1912. Un autre compositeur a fait partie du « Blau Reiter », c’est Arnold SCHÖNBERG, qui était aussi peintre et a écrit un article et une partition pour ce groupe, sur un texte du poète MAETERLINCK.

Schönberg Herzgewächse op 20Cliquez sur l’opus 20 de Schönberg

Bien entendu, le blues, c’est aussi une part important de la musique de jazz (dont je ne suis pas spécialiste). Parmi les grands classiques du jazz figure Kind of Blues de Miles DAVIS.

Miles Davis Kind of BlueCliquez sur un album de légende du jazz

Dans le Sonnet des voyelles de RIMBAUD, le « O » est associé à la couleur bleu. Pour le caractériser dans la suite du poème, il écrit : « O, suprême Clairon plein des strideurs étranges, ».

Bizet Carmen clairons qui sonnent la retraiteCliquez sur les strideurs étranges du suprême clairon

Et si vous avez eu le courage d’arriver jusqu’ici, je vous propose un bonus surprise.

Point d'interrogationCliquez sur le bonus surprise si vous avez eu le courage d’arriver jusqu’ici

Après le bleu, retrouvez ici la notion de BLANC de ROUGE et de VERT en musique.

Ainsi que le ROSE.

Compositeurs, Jazz, littérature, Mythologie

Igor STRAVINSKY (1882 – 1971)

Il y a 50 ans ce 6 avril 2021 disparaissait Igor STRAVINSKY, une des figures majeures de la musique du XXe siècle.

Je dois avouer que quand j’ai commencé mon travail sur l’opéra, le nom de STRAVINSKY ne s’est pas spontanément imposé à moi. Et pourtant, ses compositions dans le domaine des histoires racontées en musique sont importantes.

image d'oreille pour liste de lectureCliquez sur l’oreille pour accéder à la liste de lecture

Compositeur né en Russie, élève de RIMSKI-KORSAKOV, il vient à Paris en 1910 où il se fait très vite reconnaître par ses musiques écrites pour les ballets russes de DIAGHILEV. Dès 1910, c’est l’Oiseau de feu,

Stravinsky l'Oiseau de feuCliquez sur la danse infernale du roi Katscheï

suivi en 1911 par Petrouchka, et surtout en 1913 le Sacre du Printemps, qui provoque un énorme scandale lors de sa création au Théâtre des Champs-Élysées tout récemment inauguré.

Stravinsky le Sacre du prinyemps (Béjart)Cliquez sur le ballet

Contemporain de ces ballets qui sont peut-être les œuvres les plus connues de Stravinsky, il écrit un conte lyrique, Le Rossignol (1908 – 1914).

Outre ces trois classiques, Stravinsky a eu par ailleurs dès 1910 un projet de ballet avec COCTEAU, David, ballet qui deviendra finalement Parade, mais avec une musique de SATIE.

Après ses « années de jeunesse » où le bouillant Stravinsky a révolutionné la manière d’aborder les rythmes, le compositeur prend un virage pour revenir à des musiques qualifiées de néo-classiques. C’est ainsi que pour Pulcinella (1920), il s’inspire d’un thème de PERGOLÈSE (1710 – 1736.)

Stravinsky PulcinellaCliquez sur l’image

Après la révolution russe de 1917, il vit en France et en Suisse, et il écrit l’Histoire du soldat (1918) d’après RAMUZ, les Noces (1917 – 1923), un opéra-bouffe : Mavra (1922) d’après POUCHKINE, Oedipus Rex (1927) d’après SOPHOCLE et sur un livret de Cocteau, et Perséphone (1934) sur un livret de GIDE.

Pour les chœurs, il écrit la majestueuse Symphonie de Psaumes (1929 – 1930).

Stravinsky Symphonie de PsaumesCliquez sur l’orchestre

En 1940, il émigre aux États-Unis comme beaucoup de compositeurs européens, et il prendra d’ailleurs la nationalité américaine. En musique symphonique, il écrit la délicieuse Symphonie en trois mouvements (1945).

Stravinsly Symphonie en trois mouvementsCliquez sur le first movement

Cette même année, il écrit pour le clarinettiste de jazz Woody HERMAN le Concerto pour clarinette « Ebony concerto ».

Stravinsky Ebony concertoCliquez sur le chef d’orchestre et le clarinettiste

Sa période néoclassique s’achève vers 1950, après The Rake’s Progress (1948) sur un livret de W.H.AUDEN, un des librettistes de BRITTEN.

Stravinsky The Rake's ProgressCliquez sur Tom Rakewell et Ann Trulove

Il commence alors sa troisième période, plus formelle, où il se rapproche d’un sérialisme à la WEBERN.

Stravinsky meurt le 6  avril 1971 à New York.

Compositrices, Jazz, Mythologie, Nature

DES ÉTOILES À L’OPÉRA (6 JANVIER)

L’épiphanie est une fête chrétienne qui a lieu, traditionnellement, le 6 janvier (ou le premier dimanche de janvier). Dans la culture populaire, ce sont les rois mages, venus d’Orient et guidés par une étoile, pour saluer l’Enfant-Jésus qui vient de naître.

Ce qu’on appelle l’étoile du berger, un des objets célestes les plus brillants du ciel nocturne, est en fait une planète. Il s’agit de Vénus, la deuxième planète du système solaire. Sa proximité avec le soleil fait qu’on ne la voit qu’au lever et au coucher de celui-ci. Au milieu de la nuit, étant proche du soleil, elle est donc cachée en même temps que lui, et au milieu du jour, sa clarté est éclipsée par celle du soleil.

Vénus, c’est évidemment la déesse de l’Amour (Aphrodite chez les Grecs). C’est pour s’être réfugié chez elle que Tannhäuser, dans l’opéra de WAGNER, est rejeté par les hommes. Amusamment, dans cet opéra, on retrouve à la fois son côté pécheresse dans la « bacchanale » qui ouvre le premier acte, et son côté poétique dans la « romance à l’étoile » que Walter chante au 3e acte.

Wagner Tannhaüser BacchanaleCliquez sur la bacchanale au mont de Vénus

Wagner Tannhaüser Romance à l'étoileCliquez sur l’image

Mais revenons aux rois mages suivant leur étoile. BIZET s’est inspiré d’un vieux chant provençal pour sa « Marche des Rois », dans la musique qu’il a composée pour la pièce L’Arlésienne de DAUDET.

Bizet l'Arlésienne (Stutzmann)Cliquez sur l’orchestre et sa cheffe

Pour rester sur le thème de l’épiphanie, écoutons l’opéra jazz de COSMA Marius et Fanny, d’après PAGNOL.

Cosma Marius et FannyCliquez sur Marius et pis Fanny

Le ciel d’hiver se caractérise dans l’hémisphère Nord par la constellation d’Orion, et par une étoile très brillante, Sirius. Orion était un chasseur géant et redoutable. Artémis s’intéressait à lui, mais Apollon, le frère d’Artémis, craignant pour sa sœur, s’arrangea pour le faire mourir d’une flèche de la chasseresse. Quand elle comprit qu’elle venait de tuer Orion, elle le plaça dans le ciel, en compagnie de ses chiens, Sirius et Procyon.

Le mythe d’Orion a inspiré bien des compositeurs, de Louis de LA COSTE (1728) à Kaija SAARIHAO (2002).

Orion de de LA COSTE (1728)

de La Coste OrionCliquez sur la partition

Saariaho OrionCliquez sur les percussionnistes

Retrouvez prochainement d’autres histoires liées aux étoiles, constellations et héros de la mythologie, mais en attendant, je ne peux résister au plaisir de vous offrir « E lustevan le stelle », de la Tosca de PUCCINI. Le héros, Cavaradossi, au matin qui précède son exécution, voit le jour se lever sur Rome, et les étoiles s’éteindre dans le ciel.

Puccini Tosca E lucevan le stelleCliquez sur Cavaradossi

Cliquez sur Cavaradossi

Point d'interrogationCliquez sur le bonus (habilement) caché

Et retrouvez une autre série d’éoiles à l’opéra en cliquant sur le lien.

Cinéma, Jazz, Mes opéras préférés

PORGY & BESS, de GERSHWIN (1935)

Remarquable fusion entre l’opéra et la musique noire (jazz et spiritual), Porgy and Bess a été composé par GERSHWIN en 1935, deux ans avant sa mort. Cet opéra est relativement difficile à monter sur scène parce que par disposition testamentaire de George et Ira (son frère), il ne doit être joué que par des noirs.

Il existe une version cinématographique jouée par des noirs, dont l’acteur Sidney POITIER, mais les droits en sont actuellement bloqués par la famille qui estime que cette version n’est pas fidèle à l’original.

Acte I : Par un soir d’été, Clara chante une berceuse à son bébé (Air : « Summertime »).

Gershwin Porgy and Bess SummertimeCliquez sur Clara berçant son bébé

Les hommes se préparent à jouer aux dés. Serena, la femme de Robbins a un mauvais pressentiment. Porgy, l’infirme, les rejoint. L’assemblée se moque de lui, et de son intérêt pour Bess. Crown, un docker, arrive avec son amie, Bess. Sporting Life, le dealer, lui fournit de la drogue. Crown, battu aux dés, s’en prend à Robbins, qui a gagné, et le tue. La foule se disperse avant que la police n’arrive. Sporting Life propose à Bess qui lui a demandé de la drogue de le suivre à New York, mais elle refuse. Porgy recueille chez lui Bess qui ne sait où aller.

La communauté pleure la mort de Robbins (Chœur : « Where is broder Robbins »).

Gershwin Porgy and Bess where is broder RobbinsCliquez sur le théâtre

Une quête est organisée pour payer l’enterrement, Porgy arrive avec Bess, mais on refuse l’argent de celle-ci avant qu’elle n’annonce qu’elle n’est plus avec Crown, mais avec Porgy. La police arrive et accuse Peter. Celui-ci dénonce Crown et est embarqué au poste en tant que témoin, le temps que la police attrape Crown.

Le croque-mort arrive, et commence par refuser d’enterrer Robbins pour si peu d’argent, avant de se laisser convaincre. Bess entonne un spiritual et Serena chante son chagrin.

Acte II : Plus tard, Clara chante sa crainte à l’approche de la saison des ouragans. Jake dit son intention d’aller en bateau aux Blackfish Banks. Porgy chante (Air : « I got plenty o’ nuttin’ »), et Clara fait remarquer à quel point il a changé depuis qu’il est avec Bess.

Gershwin Porgy and Bess I got plenty o'Nuttin'Cliquez sur Porgy

Le dealer se fait chasser par la tenancière. Un avocat cupide paraît pour arranger le divorce de Crown et Bess, mais il se fait payer plus cher quand il apprend qu’ils n’étaient pas mariés ! Archdale annonce à Porgy qu’il va payer la caution de Peter. La communauté s’apprête à partir en pique-nique, mais Bess préfère rester seule. Le dealer l’encourage dans cette voie, et lui propose de la drogue. Elle refuse mais il insiste. Porgy le menace, mais il rit de son infirmité avant de partir. Duo d’amour entre Porgy et Bess (Duo : « Bess, you is my woman now ») où Porgy demande à Bess d’aller au pique–nique et de s’amuser.

Gershwin Porgy and Bess Bess, you is my Woman nowCliquez sur Porgy et Bess

Sur l’île, le pique-nique bat son plein. Le dealer donne une lecture blasphématoire de la bible (« It ain’t necessary so… »), reprise par le chœur.

Gershwin Porgy and Bess It ain't necessarily soCliquez sur Cab Calloway

Ils sont interrompus par Serena qui leur reproche leur impiété et leur hypocrisie. Mais déjà il est l’heure de prendre le bateau pour rentrer. Bess est interpellée par Crown, qui avait trouvé refuge sur l’île. Il lui dit qu’il reviendra la chercher et assure son emprise sur Bess, qui rate le bateau.

Une semaine plus tard, Jake s’apprête à prendre la mer. Bess, revenue après 48 heures et malade depuis une semaine est en proie au délire. On voit arriver Peter, sorti de prison. Serena prie Jésus pour la guérison de Bess (« Oh, Dr. Jesus »).

Gershwin Porgy and Bess Oh Doctor Jesus Ella FitzgeraldCliquez sur Ella Fitzgerald

Les commerçants se succèdent pour vendre leurs marchandises et pour essayer de sortir Bess de son état. Bess appelle Porgy à son chevet. Porgy lui dit qu’il sait qu’elle a revu Crown. Elle répond qu’il va venir la chercher et qu’elle est trop faible pour lui résister (elle l’a dans la peau). Porgy demande « et s’il n’existait pas ». Bess répond qu’alors elle resterait avec lui parce que c’est lui qu’elle aime.

On retrouve Clara qui attend sur l’embarcadère son mari Jake. La cloche annonçant l’ouragan sonne. La communauté se rassemble et prie (reprise de : « Oh, Dr. Jesus »). Clara reprend la prière pour son enfant (sur l’air de « Summertime »). Porgy demande à Bess ce qui la préoccupe, et lui dit que personne ne peut survivre sur l’île dans cette tempête. Des coups sont frappés à la porte. Les superstitieux pensent que c’est la mort, mais en fait c’est Crown qui arrive. Il est revenu chercher Bess, qui lui répond que son nouvel homme, c’est Porgy. Crown porte la main sur Bess, Porgy veut intervenir, mais il est repoussé par Crown. À Clara qui le menace du châtiment divin, il répond en blasphémant. Clara voit par la fenêtre le bateau dérivant de Jack. Elle sort dans la tempête, suivie de Crown qui lance un défi à Porgy.

Acte III : Après la tempête, on enterre Clara (Chœur : « Clara, Clara »). Sporting Life est le seul à ne pas s’affliger.

Gershwin Porgy and Bess Clara, ClaraCliquez sur l’image

Bess s’occupe du bébé de Clara (« Summertime »). Le soir, Crown réapparaît et s’approche de la maison de Porgy. Porgy le tue.

Des policiers arrivent et veulent voir Serena. Elle fait croire qu’elle est alitée depuis trois jours. Ils interrogent alors Porgy et lui demandent de venir identifier le corps de Crown. Sporting Life lui fait peur en lui disant que si son regard porte sur Crown, ses blessures se remettront à saigner, révélant ainsi sa culpabilité. Après le départ de Porgy, Sporting Life donne de la drogue à Bess et tente de la convaincre de le suivre à New York.

Une semaine plus tard, Porgy revient, la police n’a rien pu retenir contre lui. Il explique qu’il a gagné beaucoup d’argent en prison grâce a ses dés et distribue des cadeaux à ses amis. Il appelle Bess, mais nul sinon l’écho ne répond à sa voix. Voyant le bébé dans les bras de Serena, il se précipite dans sa maison qu’il trouve vide. Les femmes lui disent qu’elle a suivi Sporting Life à New-York. Il part la chercher à New York (Oh lawd, I’m on my way).