Ivan Stepanovitch Mazeppa (1644-1709) est un héros ukrainien qui a inspiré bien des écrivains, et pas des moindres, puis bien des compositeurs, et pas des moindres (et pour être complet, bien des peintres, et pas des moindres.)
Issu d’une famille noble ukrainienne, il est élevé à la cour du roi de Pologne. Quand il séduit la jeune épouse d’un voïvode, ce dernier, pour se venger, le fait attacher nu sur un cheval sauvage qu’il libère dans la steppe. La chevauchée fantastique dure trois jours, accompagnée par les corbeaux et les loups. Au bout de trois jours, Mazeppa fourbu, moulu, rompu, tombe au sol. Il est recueilli par des cosaques qui le soignent et font de lui leur chef. Il est présenté à la cour de Pierre le Grand, qui fait de lui un « hetman ». Mais Mazeppa décide alors de se retourner contre le tsar et de s’allier à Charles XII de Suède pour rendre l’Ukraine indépendante. Il est battu à la bataille de Poltava en 1709 et doit se réfugier en Turquie, où il finit par mourir.
Dès 1731, VOLTAIRE nous raconte l’épopée de Mazeppa dans son Histoire de Charles XII.
Mais c’est au siècle suivant que ce héros, amant, guerrier et libérateur, suscitera l’intérêt des romantiques.
Ainsi Lord BYRON qui en tirera un de ses poèmes, Mazeppa, en 1819. Ce poème a fait l’objet d’une mise en musique par Carl LOEWE entre 1828 et 1832.
Victor HUGO, lui, nous décrit dans un de ses poèmes des Orientales (1829), la chevauchée de Mazeppa. Pour VH, Mazeppa est le symbole du génie qui, lancé dans une course effrénée, « court, vole, tombe, et se relève roi ».
Ce thème a particulièrement inspiré Franz LISZT, qui s’y est pris à quatre reprises pour traduire le poème en musique, en insistant sur le symbole final. Les trois premières versions correspondent aux trois versions des Douze études, redoutablement difficiles.
La première version, Études en douze exercices, date de 1826 (et donc antérieure au poème d’Hugo !) et est l’œuvre d’un prodige alors âgé de 15 ans! La seconde, Douze grandes études, date de 1839. La troisième et dernière, enfin, date de 1852 et est connue sous le nom de Douze études d’exécutions transcendentales.
La quatrième version enfin est un poème symphonique de 1851, structuré en trois parties : la course folle sur le dos du cheval, la chute, le réveil et le triomphe.
Et POUCHKINE prendra le relais avec Poltava (1828), qui inspirera TCHAÏKOVSKI pour son opéra Mazeppa (1881-1884).
Ce Mazeppa m’a l’air tout à fait sympathique et intéressant.
La petite Galina Vishnevskaya chante très bien.
Pour Liszt, il y a tellement de choses à dire. Tu ne pourrais pas lui refaire un petit billet, pour le plaisir.
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La petite Galina, c’était la femme de Rostropovitch. Britten a écrit des mélodies pour elle.
Pour un petit billet sur Liszt, il faudra pas me pousser beaucoup, ça fait longtemps que j’envisage un billet sur ses poèmes symphoniques !
Bonne journée, John Duff.
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Oh oui, J-L, steuplait !
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Ça fait déjà longtemps qua ça me trotte dans la tête (depuis le billet sur Jankélévitch parlant de la musique de Liszt, en fêtes).
Des Péludes à Mazeppa, de Tasso (la vie du Tasse) à Orphée ou de « Du berceau jusqu’à la tombe » à « Ce qu’on entend sur la montagne », il y a de quoi faire !
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Super ! 😊
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Un billet fort interessant, encord une fois. Je découvre ( et ça j’aime !) a la fois le personnage Mazeppa et de la belle musique.
Merci à toi 🙏
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Ah oui, un personnage réel transformé par sa légende, et qui a suscité nombre de poèmes, de tableaux et de musiques !
Bonne fin de journée, SOlène.
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Tu crois qu’il n’y a que moi qui ne connaissais pas Mazeppa, le réel comme sa légende ?
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Je ne sais pas du tout si le personnage de Mazeppa est encore très connu de nos jours, en tout cas il a suscité de la bien belle musique.
Bonne journée, SOlène.
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😉
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Bonjour Jean-Louis, je m’aperçois que j’ai encore énormément de progrès à faire au piano. Je me sens nulle devant la partition de l' »étude transcendantale » mais j’admire la pianiste virtuose capable de jouer ça avec tant de grâce et de beauté !
Sinon, je ne savais pas que Mazeppa était ukrainien, merci de ce billet qui m’a appris plein de choses !
Bonne journée à toi 🙂
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À mon avis, Liszt était doté de quelques doigts supplémentaires ! Et quand on pense qu’il n’avait que 15 ans quand il a écrit ces pièces qui demeurent redoutables pour bien des piansites.
Pour la nationalité de Mazeppa, peut-être fait-il partie de cette cohorte d’artistes que l’on croit russes, alors qu’ils étaient ukrainiens. L’appareil d’état russe a toujours essayé de s’approprier les artistes des républiques « amies », comme par exemple Prokofiev !
Bonne journée, Marie-Anne.
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