« Le silence déjà funèbre d’une moire » ainsi commence l’hommage à Richard WAGNER que MALLARMÉ a composé en 1865.
En solfège, le silence représente une pause dans la musique, un moment où aucune note n’est jouée, pause qui prend la valeur d’une ronde. Il existe des subdivisions du silence, dont le soupir dont la valeur correspond à une noire, soit le quart d’un silence.
De tout temps donc, le silence est consubstantiel à la musique. Il faut laisser des pauses pour laisser résonner la musique précédemment jouée.
C’est ainsi qu’il faut comprendre l’aphorisme de Sacha GUITRY, quand il déclarait « Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de MOZART, le silence qui lui succède est encore de Mozart« .
Selon Wladimir JANKELEVITCH dans la Musique et l’ineffable, l’évolution musicale de LISZT va du tumulte romantique des années de sa jeunesse à un effacement progressif : C’est ainsi que l’œuvre de Liszt, toute bruissante d’héroïsme, d’épopées et d’éclats triomphants, se voit aux approches de la vieillesse envahie peu à peu par le silence… de longues pauses viennent interrompre le récitatif, des mesures blanches espacent et raréfient les notes: la musique de la Messe basse, des Valses oubliées, de la Gondole funèbre et du poème symphonique Du berceau à la tombe devient de plus en plus discontinue, les sables du néant envahissent la mélodie et en tarissent la verve.
L’étape suivante de la néantisation de la musique est signée Alphonse ALLAIS. Déjà inventeur, bien avant MALEVITCH, des monochromes, comme ses tableaux Combat de nègres pendant la nuit (1882) ou Première communion de jeunes filles par temps de neige (1883), il a aussi composé la première musique entièrement silencieuse, avec sa Marche funèbre composée pour les funérailles pour un grand homme sourd (1897).
Il faudra attendre presque 70 ans pour que ce concept soit repris par John CAGE avec sa pièce pour piano en trois mouvements intitulée 4 mn 33 s. En fait, Cage avait eu l’occasion de visiter une chambre anéchoïde, c’est à dire qui absorbe tous les bruits extérieurs, et s’attendait à trouver le silence absolu. Il avait été frappé de se trouver confronté à tous les bruits provoqués par son propre corps, des battements de cœur au souffle de sa respiration. Et donc la musique sous-tendue par 4 mn 33s, durée pendant laquelle le pianiste ne produit pas une seule note, est en fait le bruit provoqué par le public même, et par le pianiste, pendant cette attente interminable de 4 minutes et 33 secondes. Il existe des transcriptions de cette œuvre pour orchestre ou pour chœur. Vous ayant déjà présenté ce morceau par ailleurs, c’est la version orchestrale que je choisis de vous faire entendre aujourd’hui.
« Musicienne du silence », ainsi se termine le poème Sainte, écrit par Mallarmé en 1886 sur un vitrail représentant Sainte Cécile, patronne des musiciens.
Cliquez sur le Sanctus de la messe de Saint Cécile de GOUNOD
Et pour prolonger le son du silence, je vous propose de cliquer sur le bonus surprise.
Cliquez sur le bonus surprise si vous voulez prolonger le son du silence.
Hello ! Tu ne pouvais pas mieux choisir pour le bonus surprise 😊
Merci J-L pour ce nouveau billet. Intéressant encore une fois. C’est bien pour ça que j’ai tjrs hâte de découvrir.
Toute belle journée à toi. A plus tard. Je repasserai pour finir d’écouter.
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En fait, j’ai commencé par le bonus surprise, et j’ai écrit le billet en fonction de ce bonus !
Très bonne journée à TOi, SOlène. 🙂🌞🎼📚
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Hmmmmmmmmmmmmmmm ton bonus ❤ je garde précieusement mon 33T original ! même la version 2015 de Disturbed ne fait pas oublier Simon & Garfunkel. Merci Jean Louis, pour ça et bien entendu pour le reste du billet toujours intéressant. Belle journée à toi
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Vraiment une de mes chansons préférées !
C’est en la réécoutant récemment que j’ai eu l’idée de ce billet.
Bonne journée, Hélène.
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top, super, j’adore, quel thème !!! Quel article !!! Quel bonus !!!! 🙂 très bonne journée
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Merci beaucoup Louise.
Bonne journée également. 🙂
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Merci beaucoup, Jean Louis💙
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Je t’en prie, Luisa ! 🙂
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🙏🙏🙏
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Bonjour Jean-Louis ! Quelle jolie valse oubliée de Liszt ! Je m’en souviendrai.
Alphonse Allais précurseur de John Cage et de Malévitch, c’est quand même très fort, et avec l’humour en plus !
Je préfère la version de 4’33 pour orchestre que pour piano, ça sonne mieux.
Très bonne journée 🙂
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J’avoue avoir hésité avant d’écrire que Allais était un précurseur de Malévitch et Cage, et pourtant, les fées sont là !
Les Oulipiens ont inventé le concept de plagiat par anticipation quand ils découvraient qu’un contrainte qu’ils avaient inventé avait déjà été inventé par quelqu’un avant eux. Peut-être Allais était-il un plagiaire par anticipation.
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Un concept amusant… mais ce genre de plagiaire devrait avoir des dons de voyance ou de divination… ou une boule de cristal.
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Le parole est d’argent mais le silence est d’or. Un dicton que je trouve de plus en plus vrai dans un monde devenu beaucoup trop bruyant.
Bon, je ne vais pas dire que j’ai adoré le cadeau Bonux parce que ce ne serait pas original, mais je n’en pense pas moins.
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Merci John Duff, et bonne journée.
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