Divers, Grandes maisons d'Opéra, histoire, Histoire de l'opéra

L’OPÉRA DE PARIS S’INVITE CHEZ VOUS

Après le MET, c’est l’Opéra de Paris qui met à disposition du public une sélection d’opéras et de ballets sur le site https://www.france.tv/spectacles-et-culture/

Avec ses 351 ans, l’Opéra de Paris est une des plus anciennes maisons d’opéras en activité. En effet, c’est en 1669 que l’abbé PERRIN obtient le privilège royal d’établir une Académie d’Opéra pour « y représenter et chanter en Public des Opera & Représentations en Musique & vers François, pareilles & semblables à celles d’Italie ». Le nouveau théâtre est inauguré en 1671, mais dès 1672, après une faillite frauduleuse de ses promoteurs, Lully rachète ce privilège et,  rebaptisant l’Opéra « Académie royale de musique », règne désormais en maître absolu sur l’opéra français.

Après 1687, à la mort de Lully, une nouvelle forme d’opéras apparaît, l’opéra-ballet, qui représente des sujets plus légers que ceux de la tragédie lyrique lullienne. Comme son nom l’indique, la présence de la danse se fait plus forte, et il n’y a plus forcément de continuité dramatique entre les différents actes (que d’ailleurs on appelle entrées). De nos jours, une des comédies-ballets encore largement représentées est Les Indes galantes, de RAMEAU.

En 1697, la Comédie Italienne, qui faisait concurrence à la Comédie Française, ferme. Les comédiens italiens s’installent alors sur les foires parisiennes de Saint-Germain et Saint-Laurent, au Théâtre de la Foire. On y donnait des pastiches, c’est à dire des paroles nouvelles placées sur des airs connus, ou sur des airs à boire. Mais la Comédie Française, défendant son privilège royal de spectacle dialogué, empêche la représentation de spectacles parlés, d’où l’apparition des dialogues écrits, présentés sur des cartons ou des écriteaux descendus des cintres. De même, l’Académie royale de musique, forte de son privilège de musique chantée, limitait à deux le nombre de voix dans les spectacles. En 1714, le théâtre de la Foire prend le nom de théâtre de l’Opéra-Comique, et les forains obtiennent le privilège de Louis XIV de donner des spectacles parlés et chantés, ce qui donnera naissance à la forme opéra-comique. Après une succession d’interdictions et de relances, l’Opéra-Comique est relancé en 1752, le chansonnier Favart faisant partie de ses fondateurs.

À cette même époque, la rivalité entre les écoles italienne et française, rivalité qui a duré près de deux siècles, prend une tournure originale avec la querelle des Bouffons.

En 1774, GLUCK, soucieux de se faire reconnaître en France arrive à PARIS. C’est l’occasion d’une nouvelle querelle franco-italienne, entre les partisans de Gluck, qui cherche l’équilibre entre les airs et les récitatifs, et les partisans de l’école italienne de l’opera seria, favorisant la mélodie (et les excès de certains divos ou certaines divas.)

À l’aube de la révolution, l’existence de l’Opéra, qui accumule les déficits, est menacée, si bien que Louis XVI cède l’Opéra à la ville de Paris en 1790. Mais la Révolution française, qui met fin au système des privilèges, entraîne l’ouverture de nombreux théâtres. Finalement, le premier gouvernement révolutionnaire sauve l’Opéra de Paris.

Au XIXe siècle, il se crée même un nouveau genre, le GOF, le grand Opéra à la Française, qui tire ses livrets de sujets historiques, avec ballet imposé et décors fastueux. Dès lors, il devient important pour les compositeurs de toute l’Europe de triompher à Paris, et l’Opéra de Paris passe des commandes à des composteurs tels que VERDI ou WAGNER.

Au XXe siècle l’opéra continue cette politique de commandes aux compositeurs contemporains. (C’est comme ça que j’ai eu la chance d’assister, pour mon premier opéra à Garnier à la création de Saint-François d’Assise, de MESSIAEN.)

En 1989, une nouvelle salle est inaugurée pour les représentations, l’opéra Bastille.

L’Opéra de Paris, actuellement fermé pour cause de confinement lié au COVID-19, a décidé de mettre un certain nombre de ses spectacles en ligne gratuitement (offre réservée à la France) :

Manon de MASSENET, du 17 au 22 mars

Massenet Manon ODP

Don Giovanni de MOZART, du 23 au 29/03

Mozart Don Giovanni ODP

Le Lac des Cygnes de TCHAÏKOVSKI du 30 mars au 05 avril 

Le Barbier de Séville de ROSSINI du 06 au 12 avril 

Rossini le barbier de Séville ODP

Soirée Jérôme ROBBINS du 13 au 19 avril 

Les Contes d’Hoffmann d’OFFENBACH du 20 au 26 avril 

Offenbach Les contes d'Hoffmann ODP

Carmen de BIZET du 27 avril au 03 mai

Bizet Carmen ODP

Elle voulait qu'on l'appelle..., Grandes villes, Histoire de l'opéra, littérature, Shakespeare

ELLE VOULAIT QU’ON L’APPELLE VIENNE…

… comme ne l’a pas chanté Julien CLERC.

Après Venise et Prague, place à une autre grande ville d’opéra, Vienne !

Vienne (Wien), capitale de l’Autriche, peut être considérée comme une capitale de la musique, avec ses deux « écoles viennoises ».

Déjà, le librettiste italien MÉTASTASE (METASTASIO) (1678 – 1782), dont les livrets ont inspiré plus de mille opéras (!) a passé 50 ans à la cour impériale de Vienne.

GLUCK, après avoir fait son apprentissage de l’opéra à Milan, reviendra à Vienne créer Semiramide (1748), Orfeo ed Euridice (1762) ou Alceste (1767). Plus tard, il ira à Paris continuer sa carrière. Il y reprendra, en français, certains opéras écrits pour Vienne.

Gluck Orfeo ed Euridice Danse des furiesCliquez sur la danse des furies

Une partie de la vie de MOZART se passe à Vienne, et c’est pour cette ville qu’il écrit l’Enlèvement au sérail (1782), les Noces de Figaro (1786), Cosi fan Tutte (1789) et la Flûte enchantée (1791).

La première école viennoise est constituée par HAYDN (1732 – 1809), BEETHOVEN et son Fidélio (1803 – 1814) et SCHUBERT (1797 – 1828).

Schubert Fierrabras duoCliquez sur l’image

En 1822, un théâtre de Vienne passe commande d’opéras écrits en allemand (des singspiels), à WEBER Euryanthe et Schubert (Fierrabras). Malheureusement, le passage de la tempête ROSSINI sur l’Europe à cette époque balaie tout sur son passage, et ces opéras ne connaîtront aucun succès (voire ne seront même pas montés).

En 1892, c’est à Vienne que MASSENET réussit à faire jouer son Werther, qui avait été refusé à Paris.

Massenet Werther les larmes qu'on ne pleure pasCliquez sur Charlotte

Au début du siècle suivant, c’est encore pour Vienne que PUCCINI écrit son opéra La Rondine (1917).

Puccini la rondine Chi il bel sognoCliquez sur l’image

C’est à peu près à la même époque que Richard STRAUSS occupe la direction de l’opéra de Vienne, de 1919 à 1925. Il avait rendu hommage à la Vienne impériale dans son Chevalier à la Rose (1911).

Et nous arrivons à la seconde école viennoise, celle constituée par SCHÖNBERG, BERG et WEBERN. Arnold Schönberg (1874 – 1951), qui a libéré la musique du carcan de la tonalité, a d’abord pratiqué l’atonalisme (autrement dit, plus de tonalité) et le sérialisme avant de développer une méthode plus radicale, le dodécaphonisme.

Schoenberg Verklärte NachtCliquez sur l’image

Ses deux élèves les plus célèbres ont été Alban BERG (1885 – 1935), l’auteur de deux opéras phares du XXe siècle, Wozzeck et Lulu, et Anton WEBERN (1883 – 1945).

Berg Wozzeck 2Cliquez sur l’image

Bien sûr, Vienne c’est aussi la valse et l’opérette viennoise, avec la dynastie des Strauss, mais j’y reviendrai.

Anniversaire, Histoire de l'opéra

LES ANNIVERSAIRES DE 2020

Après les anniversaires de 2019, voyons quels anniversaires nous pourrons célébrer en 2020 (ou quelques événements que nous pourrons commémorer) :

À tout seigneur, tout honneur, l’année 2020 sera avant tout une année BEETHOVEN, dont on fêtera le 250e anniversaire de la naissance.

LE TASSE (1544 – 1595)

Il y a 350 ans, en 1670, naissait BONONCINI (1670 – 1747), un compositeur rival de HAENDEL à Hambourg puis à Londres.

Bononcini Stabat MaterCliquez sur le Stabat Mater

Cette même année, LULLY et MOLIÈRE ont travaillé ensemble pour la création du Bourgeois gentilhomme (1670).

Lully Molière Le Bourgeois gentilhommeCliquez sur l’orchestre

En 1695, il y a 325 ans, disparaissait Henry PURCELL (1659 – 1695). Cette année-là, il laissait inachevé The Indian Queen, révélé cette saison à l’opéra de Lille.

Purcell The Indian QueenCliquez sur l’image

Platée (1745) de RAMEAU

Il y a 250 ans, en 1770, mourrait Francesco ARAJA (1709 – 1770), appelé à la cour du tsar de Russie pour écrire des opéras en russe, dont un Céphale et Procris, sujet tiré des Métamorphoses d’OVIDE, et qui est le premier opéra écrit dans cette langue. C’est aussi l’année de la création de Mithridate, de MOZART.

Mozart Mitridate Nel grave tormentoCliquez sur l’image

1795 est l’année de la création du Conservatoire de Paris, dont nous fêtons donc les 225 ans. MÉHUL en sera le premier directeur.

En 1820, Beethoven, déjà cité, posera les dernières pierres du monument que constituent ses sonates pour piano, avec les opus 109, 110 et 111.

Beethoven opus 111 PolliniCliquez sur le pianiste

1845 est une année importante pour Richard WAGNER, année qui a vu la création de Lohengrin et Tannhäuser. C’est aussi l’année de naissance de Gabriel FAURÉ (1845 – 1924) dont nous célébrerons donc le 175e anniversaire.

Il y a 150 ans, en 1870, naissait Franz LEHAR (1870 – 1948), un des rois de l’opérette viennoise. 1870 est aussi l’année de la composition d’Aïda de VERDI, du Rondo capricioso de SAINT-SAËNS et aussi de la création de la Walkyrie de Wagner et d’Alfred, le premier opéra de DVORAK.

Saint-Saëns Rondo capriciosoCliquez sur le Rondo capricioso

1895 fut l’année de la création de Cendrillon de MASSENET et de La Bohème de PUCCINI.

Il y a un siècle, Puccini commençait son dernier opéra, Turandot (1920 – 1924). S’il vous arrive de regarder la tévélision et ses longs tunnels de pub, il y a gros à parier que vous reconnaîtrez l’air suivant :

Puccini Turandot Nessun dormaCliquez sur Calaf

Plus près de nous, il a 75 ans, a eu lieu la création de Peter Grimes (1945) de BRITTEN.

Et il y a 50 ans, Olivier MESSIAEN écrivait La fauvette des jardins (pièce créée en 1972.)

Messiaen la Fauvette des jardinsCliquez sur l’image

Retrouvez ici les anniversaires de 2021.

Animation 1, Compositeurs, Histoire de l'opéra

LE GROUPE DES CINQ

Dans le cadre de l’éveil des écoles nationales, des compositeurs russes se sont fédérés autour de BALAKIREV (1836 – 1910) pour former ce qu’on a appelé le Groupe des Cinq. Leur motivation était d’écrire de la musique russe, en se détachant des canons imposés de la musique occidentale. (TCHAÏKOVSKI, très influencé par cette musique occidentale, ne faisait pas partie de ce groupe dont il ne comprenait pas, au début, la musique.)

Ces compositeurs étaient :

Autodidacte pour la musique, Borodine a poursuivi des études scientifiques et devient docteur en médecine. À côté de ses études, il compose néanmoins et a l’occasion de rencontrer Moussorgski. C’est Balakirev qui le fait entrer dans le groupe des cinq en 1862. L’œuvre la plus connue (chez nous) de Borodine est certainement le poème symphonique Dans les Steppes de l’Asie centrale, dédié à Franz LISZT.

Borodine dans les steppes de l'Asie centraleCliquez sur l’image

Il a également écrit de la très belle musique de chambre, ainsi que l’opéra le Prince Igor, célèbre pour ses « Danses polovtsiennes ».

  • César CUI (1835 – 1918)

Ingénieur en génie civil, il rencontre Balakirev en 1856, et c’est à son contact qu’il se met à écrire de plus en plus de musique. Parmi les opéras écrits par César Cui on peut noter un Mademoiselle Fifi (1900) d’après Guy de MAUPASSANT ainsi que deux opéras pour enfants Le petit Chaperon rouge (1911) et le Chat botté (1913).

Cui MagnificatCliquez sur le magnificat

Moussorgski est célèbre pour son opéra Boris Godounov, mais aussi pour les Tableaux d’une exposition ou encore la Nuit sur le Mont Chauve, rendue populaire par Walt DISNEY dans son dessin animé Fantasia.

Moussorgski Une nuit sur le mont chauve FantasiaCliquez sur l’image

Si le club groupe des cinq s’est formé autour de l’autodidacte Balakirev, Rimski-Korsakov en était le véritable ciment, et il a aidé, orchestré, voire complété les œuvres de ses camarades.

Rimsky-korsakov ouverture sur 3 thèmes russesCliquez sur l’image

Compositeurs, Histoire de l'opéra, littérature

Nicolas RIMSKI-KORSAKOV (1844 – 1908)

Nicolas RIMSKI-KORSAKOV est né en 1844, dans une famille de l’aristocratie russe.

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Passionné de musique dès son plus jeune âge, il fait des études militaires sous la pression de sa famille. Après ses études, il entre dans la marine impériale. À 17 ans, son professeur de piano, avec qui il apprend la musique presqu’en cachette, le présente à Balakirev. Celui-ci le pousse à profiter de ses missions maritimes pour découvrir d’autres musiques. Il trouve le temps d’écrire une symphonie que Balakirev crée en 1865. Rimski-Korsakov vient saluer sur scène en uniforme d’officier de marine, comme le voulait le règlement de la marine impériale.

Affecté à l’État-major, il a du temps à consacrer à la composition. Il fait la connaissance de Borodine et Moussorgski. En 1868, il fait également la connaissance de Tchaïkovski, alors professeur au conservatoire de Moscou. La musique de ce dernier, encore sous forte influence occidentale, n’entraîne pas chez lui une adhésion sans faille.

Avec Borodine, Cui, Moussorgski et Balakirev, il forme ce qu’on appelle le groupe des cinq, qui se destinait à écrire de la musique russe, détachée des canons occidentaux.

En 1871, il entre comme professeur au conservatoire de Saint-Pétersbourg, ce qui l’oblige à parfaire ses connaissances théoriques. Il s’installe dans un appartement où il a Moussorgski comme colocataire. Il écrit son premier opéra, La Jeune Fille de Pskov. Fin 1871, il se marie et a Moussorgski comme témoin à son mariage.

En 1873, il devient inspecteur des orchestres de la marine impériale. À ce poste, il est amené à étudier de près l’utilisation des différents instruments de musique, ce qui le conduit à écrire un manuel de composition. En 1878, il écrit un opéra d’après La Nuit de mai, de Gogol. En 1881, c’est Snegourotchka (La Fille de neige), d’après le dramaturge Ostrovski.

Rimski Korsakov SnégourotchkaCliquez sur l’image

En 1884, le poste d’inspecteur des musiques de la marine impériale est supprimé et Rimski-Korsakov se trouve alors en retraite de la marine. Il devient adjoint de Balakirev, directeur de la Chapelle du palais impérial, et s’intéresse à la musique orthodoxe. Il rencontre un mécène grâce auquel il fondera les concerts symphoniques russes, pour lesquels il écrit quelques-unes de ses œuvres les plus connues : Shéhérazade, d’après les Mille et une nuits, Le Capriccio espagnol, La Grande Pâque russe.

Rimski Grande paque russeCliquez sur l’image

Il orchestre La Nuit sur le Mont Chauve, de Moussorgski. À partir de 1893, il se met à écrire des opéras avec une belle régularité, dont Sadko (1896), Le Conte du tsar Saltan (1899-1900), célèbre pour son « Vol du bourdon » et La Légende de la ville invisible de Kitèje (1904), ainsi qu’un Mozart et Salieri d’après Pouchkine.

Rimski-Korsakov le Tsar SaltanCliquez sur l’image

Lors de la révolution de 1905, il défend l’esprit révolutionnaire, ce qui lui vaut d’être licencié du conservatoire. Mais le soutien d’intellectuels, de musiciens et de ses étudiants lui permet d’être réintégré à la fin de l’année. En 1906 – 1907, il écrit son dernier opéra, Le Coq d’or, créé en 1909, un an après sa mort des suites d’une angine de poitrine contractée dès 1890.

Rimski-Korsakov le Coq d'orCliquez sur l’image

Il faut souligner à propos de Rimski-Korsakov son activité de passeur musical. Il a ainsi contribué à l’édition des œuvres complètes de son aîné Glinka, le père de la musique russe. Il a recueilli et publié de nombreuses musiques populaires, et au sein du groupe des cinq, il a terminé le Prince Igor de Borodine, aidé Moussorgski dans l’écriture de l’acte polonais de Boris Godounov, (œuvre qu’il remaniera encore après la mort de Moussorgski), orchestré la Khovantchina, et il a aussi orchestré certaines œuvres de Cui. Enfin, au conservatoire, il a eu comme élève Prokofiev et Stravinsky.

Et pour finir sur une note plus légère, je vous propose d’écouter une version alternative du « Vol du bourdon » :

Rimski Vol du bourdon Canadian BrassCliquez sur le Canadian Brass

Divers, Géographie, Histoire de l'opéra

L’ESPAGNE ET L’OPÉRA (1) : COMPOSITEURS ESPAGNOLS

Si l’Italie, la France et l’Allemagne sont reconnues comme « terres d’opéra », les liens entre l’Espagne et l’opéra (et plus généralement la musique classique) sont peut-être moins évidents du coté nord des Pyrénées.

Ce billet est donc le premier d’une série de quatre, et traite de quelques musiciens espagnols connus. Il sera suivi par un billet sur les opéras écrits par des Espagnols, puis par un sur la représentation de l’Espagne par des musiciens étrangers, en enfin par un sur les opéras qui se passent en Espagne.

Dans l’arbre phylogénétique de l’opéra, le rameau espagnol a poussé sur la zarzuela, du théâtre chanté qui date du milieu du XVIIe siècle (la première date de 1648) qui a été très populaire pendant un siècle environ. Cependant la déferlante italienne qui s’est répandue sur l’Europe a atteint l’Espagne, et du milieu du XVIIIe jusqu’au milieu du XIXe, point de salut pour l’opéra en Espagne si ce n’est chanté en italien.

La zarzuela donc (des représentations données pour Philippe IV d’Espagne qui ont ensuite atteint les couches populaires), est proche du Singspiel allemand.

Le XVIIIe siècle est marqué par la personnalité du padre SOLER (1729 – 1783), auteur de nombreuses pièces pour le clavecin.

Soler fandangoCliquez sur l’image

Felipe PEDRELL (1841 – 1922) fera revivre la zarzuela. Il a également écrit un opéra, Quasimodo (1875), d’après Notre-Dame de Paris de VH.

Pedrell QuasimodoCliquez sur le livre

Enrique GRANADOS (1867 – 1916) a écrit principalement pour le piano. Il a également composé des opéras autour des années 1900. Le plus connu d’entre eux est Goyescas (1916), écrit d’après une œuvre éponyme écrite pour le piano.

Granados GoyescasCliquez sur Granados au piano

Isaac ALBENIZ (1860 – 1909) écrira pour la guitare, par exemple son célébrissime Asturias.

Albeniz AsturiasCliquez sur le guitariste

Il composera également des opéras, dont un Merlin (1909).

Il sera suivi par Manuel DE FALLA (1876 – 1946) qui écrira, outre des zarzuelas, Le Tricorne (el Sombrero de tres picos), l’Amour sorcier, La Vie brève (1904 – 1905) et Les Tréteaux de Maître Pierre (1922). Il écrira également une de ses pièces les plus connues, les Nuits dans un jardin d’Espagne (1915).

De Falla Nuits dans les jardins d'EspagneCliquez sur l’image

Plus proche de nous figure le très subtil Federico MOMPOU (1893 – 1986), qui a écrit pour le piano mais aussi pour la voix. Et puisque je vous ai présenté des Ave Maria il n’y a guère, je vous propose d’écouter celui de Mompou. Je vous avais déjà parlé de Mompou dans mon billet consacré à Wladimir JANKÉLÉVITCH.

Mompou Ave MariaCliquez sur l’image

Enfin, je ne peux pas ne pas citer ici Joachin RODRIGO (1901 – 1990) et son œuvre la plus connue, le Concierto de Aranjuez.

Rodrigo Concierto de AranjuezCliquez sur le guitariste

Retrouvez la suite des aventures de l’Espagne musicale avec les opéras écrits par des Espagnols.

Divers, Histoire de l'opéra

200e BILLET DU BLOG, l’ARBRE PHYLOGÉNÉTIQUE DE L’OPÉRA

Eh oui, ceci est le deux centième billet de mon blog !

À cette occasion, j’ai créé pour vous cette vidéo présentant l’arbre phylogénétique (l’évolution) de l’opéra, des origines à nos jours.

En presque un an et demi, j’ai écrit trente-huit billets consacrés à mes opéras préférés, de l’Orfeo de MONTEVERDI à Tommy des WHO, vingt-cinq billets consacrés aux compositeurs, de Monteverdi à BRITTEN et vingt-huit billets consacrés à des écrivains, de l’ARIOSTE à PEREC.

Mon objectif au travers de ce blog est de parler de tout sujet (ou presque) en rapport avec l’opéra ou la musique, même si ces rapports peuvent paraître lointains.

Ainsi, les autres billets peuvent se ranger sous différentes catégories telles que Histoire, Nature, Mythologie, BD, Cinéma, Poésie, animation… ce qui me permet de vous parler aussi bien de MALLARMÉ que de Walt DISNEY, ou de passer des mythes d’Orphée ou de Faust à une invitation à flâner dans le quartier de l’Opéra (à Paris), en passant par le studio GHIBLI ou les Pokémons.

J’ai encore plein d’idées en réserve, mais vous pouvez aussi vous manifester si vous le souhaitez en m’indiquant vos billets préférés, ou en me demandant de traiter tel ou tel point que vous voudriez voir aborder.

Pour que la vidéo ait une taille raisonnable, j’ai dû couper drastiquement dans les extraits choisis. Les voici donc dans leur entièreté :

Création de l’opéra : Ouverture de l’Orfeo de Monteverdi

monteverdi orfeo savallCliquez sur l’image

L’opéra classique : Air « Voi che sapete » des Noces de Figaro de MOZART.

Mozart Figaro Voi che sapeteCliquez sur Chérubin

L’opéra romantique est illustré par le « Chœur des chasseurs » du Freischütz, de WEBER (oui, oui, promis, il y aura bientôt un billet consacré à cet opéra.)

Weber Freischutz jagerchorCliquez sur le chœur

L’opéra-comique est illustré par l’air « La Fleur que tu m’avais jetée » de Carmen de BIZET.

Bizet Carmen la fleur AlagnaCliquez sur Don José

Enfin, le drame lyrique est illustré par l’air « Adio del passato » de La Traviata de VERDI.

verdi traviata adio del passato netrebkoCliquez sur la Traviata

Enfin, pour avoir plus de détail sur les étapes de cette évolution, retrouvez les billets consacrés à l’histoire de l’opéra :

XVIIe siècle

XVIIIe siècle

Les années 1800 – 1850

Les années 1850 – 1880

Les années 1880 – 1915

Les années 1915 – 1945

Des années 1945 à nos jours.

 

 

 

Histoire de l'opéra, littérature

LE VÉRISME

Mouvement limité à une vingtaine d’années et à l’Italie, le vérisme a pourtant produit quelques chefs-d’œuvre de l’opéra.

Le vérisme est né en Italie à la fin du XIXe siècle, par opposition au romantisme et post-romantisme mettant en scène des héros trop éloignés de la vie quotidienne des spectateurs. C’est en musique un prolongement du mouvement naturaliste fondé par ZOLA en France, qui vise à nous parler de la vraie vie des vraies gens.

Le premier succès dû au vérisme est Cavalleria Rusticana (1890) de MASCAGNI (1863 – 1945).

Mascagni Cavalleria CarusoCliquez sur l’image

Viendront ensuite Pagliacci (Paillasse) (1892) de LEONCAVALLO (1857 – 1919),

Leoncavallo Paillasse PavarottiCliquez sur Paillasse

puis Andrea Chenier (1896) de GIORDANO (1867 – 1948)

Giordano Andréa Chénier (WrSO)Cliquez sur Maddalena

et Adrienne Lecouvreur (1902) de CILEA (1856 – 1950).

Cilea Adriana LecouvreurCliquez sur Adrienne Lecouvreur

De par son sujet, la Bohème de PUCCINI (1858 – 1924) ressort également du vérisme, mais on classe toute son œuvre dans le vérisme.

En France, parmi les représentants du vérisme (ou naturalisme), citons BRUNEAU (1857 – 1934) qui a travaillé avec Zola (Le Rêve – 1891) et CHARPENTIER (1860 – 1956) et son « roman musical » Louise (1900).

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ILS ONT ÉCRIT DES REQUIEMS

Musique funèbre, messe des morts, le Requiem est une forme musicale prisée des compositeurs (ils en ont écrit plus de mille). Parmi eux, les compositeurs d’opéras ne se sont pas privés pour écrire des requiems, comme celui archiconnu de MOZART.

Basés, notamment, sur le très ancien thème grégorien (XIIIe siècle) Dies Irae, Dies illa, les requiems ont vocation à faire peur de l’enfer à ceux qui restent.

Grégorien Dies IraeCliquez sur l’image

Je vous propose ici quelques requiems écrits par des compositeurs d’opéras.

À la mort de BELLINI en 1835, son rival et ami DONIZETTI écrit un requiem à sa mémoire.

Donizetti Requiem dies iraeCliquez sur l’image

En 1837 BERLIOZ écrit sa Grande messe des morts pour l’exécution de laquelle il rêvait de moyens pléthoriques, 200 instrumentistes et 500 ou 600 choristes.

Berlioz requiem tuba mirumCliquez sur l’image

Le requiem de Verdi (1874) est également très théâtral.

Verdi Requiem tuba mirumCliquez sur les trompettistes du jugement dernier

Parmi les requiems devenus classiques, j’ai un gros faible pour le requiem allemand de BRAHMS, avec son ostinato de timbales, et j’en profite pour citer ici ce musicien qui, n’ayant pas composé d’opéra, trouve rarement sa place sur ce blog.

Brahms RequiemCliquez sur l’image

Le requiem de DVORAK date de 1890.

Dvorak requiem

Gabriel FAURÉ, l’auteur de Pénélope, a écrit en 1888 un requiem à la mémoire de sa mère qui, tout en douceur, est à l’opposé de ceux de Berlioz et Verdi. Encore une de mes œuvres préférées, peut-être  parce que c’est la première que j’ai eu l’occasion de chanter.

Fauré Requiem IntroïtCliquez sur l’image

Le War Requiem (1962) de BRITTEN n’est pas une messe des morts. Il s’agit d’une œuvre à double chœur et double orchestre où alternent les parties liturgiques « classiques » et une mise en musique d’un poème d’OWEN, faisant dialoguer entre eux deux soldats morts pendant la guerre de 14 – 18 et dénonçant l’absurdité des guerres.

Britten War Requiem SanctusCliquez sur l’image

Deux ans plus tard, c’est le français Olivier MESSIAEN qui compose un requiem à la mémoire des morts des deux guerres mondiales, son Et expecto resurrectionem mortuorum (et j’attends la résurrection des morts).

messiaen et exspecto resurrectionem mortuorum

J’aurais voulu aussi vous parler de GOUNODSAINT-SAËNS ou DVORAK, mais ce billet aurait pris trop d’ampleur. Je me réserve de parler de leurs requiems dans les billets que j’écrirai à leur sujet.

Compositeurs, Histoire de l'opéra

Christoph Willibald GLUCK (1714 – 1787)

Christoph Willibald GLUCK est né à Erasbach en Bohème le 2 juillet 1714.

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Fils d’un garde-chasse, Gluck étudie la musique comme enfant de chœur dans un collège de jésuites, où il apprend le chant, le clavecin, l’orgue et le violon. Il se rend à Prague en 1732, où il complète ses études et gagne sa vie comme violoniste.

En 1736, il part à Vienne, où il se fait remarquer par le prince MELZI, qui l’emmène à Milan. Il fait ses débuts au théâtre en 1741 avec Artaserse, qui est un grand succès suivi d’autres commandes. Il écrit alors une vingtaine d’opéras serias (dans le style italien) pour Londres, Copenhague, Prague, Vienne, Rome, etc., œuvres qui n’ont pas été conservées.

Gluck est appelé à Londres en 1745. Il passe par Paris, où il entend des opéras de RAMEAU, et arrive à Londres alors qu’y triomphe HAENDEL.

Il quitte Londres pour Vienne où il donne Semiramide (1748) et où il se marie en 1750. En 1754, il obtient un poste de Kappelmeister à Vienne. Son style évolue alors vers l’opéra-comique français, ses livrets lui étant envoyés de Paris par FAVART. C’est ainsi qu’en 1760, il écrit l’Ivrogne corrigé d’après LA FONTAINE. En 1761, il fait la connaissance du librettiste Calzabigi. De leur collaboration naîtra Orfeo ed Euridice (1762) qui est une révolution pour l’époque, la primauté étant donnée à l’action et l’expression des sentiments plutôt qu’à la virtuosité des chanteurs. Orfeo est suivi par Alceste en 1767.

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Mais Gluck veut triompher à Paris. (Comme Haendel, musicien allemand ayant composé en Angleterre des opéras écrits en italien, Gluck musicien bohème est parti en France écrire des opéras en français, après avoir composé des opéras en italien à Vienne). L’ambassadeur de France à Vienne lui propose un livret sur Iphigénie en Aulide, d’après Racine, et recommande Gluck à Antoine DAUVERGNE, le directeur de l’Académie royale de musique. En fin politique, Gluck demande également sa protection à sa compatriote Marie-Antoinette, qui l’appelle à Paris en 1773. Iphigénie en Aulide est créé en 1774, la même année que sa réécriture d’Orphée en français. En 1776 paraît la version française d’Alceste, opéra que Gluck avait créé pour Vienne en 1767.

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Après des débuts laborieux, le succès va croissant. En 1777 paraît Armide, que Gluck a écrit sur le même livret que LULLY un siècle auparavant. C’est un immense succès. En 1779, c’est le triomphe d’Iphigénie en Tauride, qui avait été mis en compétition entre Gluck et son rival PICCINI. Ce triomphe fut terni par l’échec de son opéra suivant, Écho et Narcisse (1779). Il se retire à Vienne, et n’écrira plus pour le théâtre. Victime de plusieurs attaques cérébrales, il meurt à Vienne le 15 novembre 1787.

On peut noter que ses différentes déclarations sur la musique dramatique, opposant la conception française et la conception italienne de l’art dramatique contribueront à la naissance de la querelle des bouffons.

Dans les 30 ans qui séparent RAMEAU de Gluck, la philosophie des Lumières est passée par là, et on passe du baroque de Rameau au préromantisme de Gluck, dont l’influence s’exercera sur les compositeurs à venir tels que BERLIOZ ou WAGNER. On considère ainsi qu’il est le premier compositeur à s’être servi des deux langages, musique et texte, pour raconter simultanément deux histoires différentes (cf. l’air : « Le calme rentre dans mon cœur » de Iphigénie en Tauride), presque un siècle avant Wagner, qui révérait Gluck. Il faut noter aussi le resserrement de l’action, et l’importance redonnée aux chœurs, qui sont là pour souligner et commenter l’action, comme dans le théâtre antique.

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