En découvrant en bord de Seine trois cygnons tout juste sortis de l’œuf suivre en file (en théorie) leurs parents, je me suis interrogé sur la représentation des cygnes à l’opéra.
J’ai immédiatement pensé à Lohengrin, le chevalier mystérieux qui donne son nom à un opéra de WAGNER, et qui arrive dans une nacelle tirée par un cygne. On apprend à la fin de l’œuvre que Lohengrin est le fils de Parsifal. Or dans Parsifal, autre opéra de Wagner, le héros tue au premier acte un cygne, animal pur et sacré, ce qui l’exclut de la découverte du mystère du Graal. (Je reviendrai bien sûr dans d’autres billets sur Lohengrin et Parsifal.)
Le cygne de Pesaro est le surnom que l’on donnait à ROSSINI, compositeur originaire de Pesaro. Ce surnom est dû au chant du cygne, dont on dit qu’au moment de mourir, le cygne produit un chant particulièrement beau et touchant.
Autre compositeur, SCHUBERT, dont les opéras ne sont pas restés au répertoire (la faiblesse de ses livrets les rend difficiles à monter). Le chant du cygne (Schwanengesang) est le titre d’un recueil de lieder que son éditeur a publié à titre posthume.
Légèrement en marge de l’opéra, le Lac des cygnes est un des ballets les plus populaires de TCHAÏKOVSKI. Quand Nadejda von MECK, la riche mécène qui a « subventionné » Tchaïkovski pendant des années l’abandonnera, elle se tournera vers un jeune compositeur français, un certain Claude DEBUSSY, et lui commandera justement une transcription pour piano du Lac des cygnes.
De Debussy à MALLARMÉ, il n’y a qu’un pas, ce qui me permet d’arriver au sonnet Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui, que Mallarmé a écrit, comme d’autres écrivains de son époque, sur le sort d’un cygne qui s’était trouvé pris dans les glaces à Paris pendant un hiver particulièrement rude. Ce poème fait partie de ceux mis en musique par Pierre BOULEZ dans Pli selon pli, hommage à Mallarmé.
Et je ne peux pas consacrer un billet aux cygnes sans parler du Carnaval des animaux de SAINT-SAËNS, et de sa très belle page pour violoncelle appelée Le Cygne.
En 1895, dans son épopée Lemminkäinen tirée du Kalevala nordique, SIBELIUS nous a offert ce très beau Cygne de Tuonela.
Mais revenons à nos grosses boules de duvet. Comme on le sait depuis ANDERSEN, un jeune cygne évoque plus un vilain petit canard que l’animal majestueux qu’il est en devenir. Et ce passage par Andersen me permet d’évoquer La petite sirène, qui inspirera (avec Ondine) le livret de Rusalka, de DVORAK.
Il est magnifique aussi ce billet-là, Jean-Louis, et je l’ai relu pour l’occasion avec bonheur.
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Je crois que c’est un de mes billets préférés, peut-être parce que je l’ai conçu par un beau dimanche matin de printemps sur les bords de Seine désertés, avec une très belle lumière. Le temps de faire ma course à pied dominicale (environ une heure), le billet était prêt dans ma tête.
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Oui, c’est vrai que l’inspiration vient souvent pendant de longues marches… ou après un jogging. Le fait de s’être aéré les neurones sans doute. Un dimanche matin sur les quais de la Seine…. ou sur les bords du Canal de l’Ourq ( à Pantin où tu pouvais rencontrer Higelin, si si)…. Mais pour moi, c’était les Buttes Chaumont ( 19e). Il y a des cygnes aussi. Et des canards.
Non, sérieux, je comprends que ce soit un de tes billets préfèrés. Tu as été très inspiré ce dimanche-là.
Tu cours toujours ?
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Merci du compliment sur mon inspiration, ça fait toujours plaisir.
Pour ce qui est de la course à pied, des problèmes de santé (affaissement de la voute plantaire [bof]), m’obligent à le ver le pied, justement.
Mais je marche beaucoup, c’est mon côté péripatéticien. Plus question donc de faire des 20 km ou des semi-marathons, mais j’espère bien encore faire le 10 km d’ouverture de la braderie de Lille en septembre prochain.
Pour ce qui est d’Higelin, il a écrit une très très belle chanson sur le Parc Montsouris, tu la connais?
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Je ne vis pas ma vie, je la rêve
C’est comme une maladie que j’aurais chopée.. 🎶🎵
Oui, le Parc Montsouris avec dedans le kiosque à musique où des militaires chantent à moitié faux…. d’Higelin le poète chantant. J’aime aussi beaucoup « Tombé du ciel » et « Rendez vous en gare d’Angoulême »….
Mais j’viens pas te parler d’Higelin ( bien que j’m) je viens chercher des titres à ecouter sur ton billet de today 🎧🎶
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Joli!
Tout l’opéra…ou presque?
Ne pas oublier le cygne emblématique des « Histoires naturelles » de Ravel , sur les textes de Jules Renard, et sa revigorante ironie.
« Il glisse sur le bassin, comme un traîneau blanc, de nuage en nuage. Car il n’a faim que des nuages floconneux qu’il voit naître, bouger, et se perdre dans l’eau. C’est l’un d’eux qu’il désire. Il le vise du bec, et il plonge tout à coup son col vêtu de neige.
Puis, tel un bras de femme sort d’une manche, il le retire.
Il n’a rien.
Il regarde : les nuages effarouchés ont disparu.
Il ne reste qu’un instant désabusé, car les nuages tardent peu à revenir, et, là-bas, où meurent les ondulations de l’eau, en voici un qui se reforme.
Doucement, sur son léger coussin de plumes, le cygne rame et s’approche…
Il s’épuise à pêcher de vains reflets, et peut-être qu’il mourra, victime de cette illusion, avant d’attraper un seul morceau de nuage.
Mais qu’est-ce que je dis ?
Chaque fois qu’il plonge, il fouille du bec la vase nourrissante et ramène un ver.
Il engraisse comme une oie. »
(le Cygne, à 7’47 »; merveilleux Gabriel Bacquier)
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Oh merci, j’avais effectivement oublié ce cygne de Ravel / Renard !
Bonne journée, Patrick.
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