J’avais laissé notre ami l’opéra au milieu du XIXe siècle, avec la création du GOf, le Grand Opéra à la française, qui était LE genre dans lequel un compositeur devait briller.
Bien entendu, toutes ces évolutions ne se sont pas faites de manière linéaire, et en parallèle des bouleversements profonds se sont fait jour.
Tout d’abord, deux compositeurs nés la même année vont changer les codes : WAGNER (1813 – 1883) et VERDI (1813 – 1901).
Wagner surtout, héritier du romantique WEBER et de quelques autres, va sortir assez vite du schéma traditionnel de l’opéra avec numéros (c’est-à-dire un découpage en airs, ensembles et chœurs et en morceaux orchestraux) que l’on trouve encore dans ses premières œuvres comme Le Vaisseau fantôme, pour passer au concept de mélodie continue. Dans Tristan und Isolde, par exemple, on ne peut plus découper la musique en tranche en isolant les grands airs. L’autre apport majeur de Wagner est la théorisation du leitmotiv, qui existait déjà chez Weber, comme entité indépendante, porteuse en elle-même de sens. Je développerai ultérieurement ce thème du leitmotiv.
Verdi, lui, nous aide à faire le lien avec le deuxième bouleversement survenu à cette époque. En effet, outre l’évolution de son style musical, ses derniers opéras se rapprochent de la mélodie continue wagnérienne, Verdi représente l’émergence d’un nationalisme musical. Engagé politiquement, il sera député, Verdi a été porte-drapeau du mouvement qui visait à libérer l’Italie du joug autrichien. VERDI n’a-t-il pas été l’acronyme de Victor Emmanuel Roi D‘Italie ? Et le chœur « Va pensiero » extrait de Nabucco peut être considéré comme le deuxième hymne national italien.
L’autre grand mouvement qui apparaît donc au milieu du siècle est ce que l’on appelle l’éveil des écoles nationales. L’Allemagne avait commencé à sortir du duopole italo-français avec des ouvrages écrits en allemand, mais le mouvement de liberté des nations qui se répandait en Europe va se traduire à l’opéra par des œuvres écrites dans des langues indigènes. La Russie d’abord, avec GLINKA (1804 – 1857), le père de la musique russe, et ses opéras Une Vie pour le tsar (1836) et surtout Rouslan et Ludmila (1842). Lui succédera le groupe des cinq (BALAKIREV, MOUSSORGSKI, CUI, BORODINE et RIMSKI-KORSAKOV) dont je parlerai ultérieurement.
En Bohème, SMETANA (1824 – 1884) ouvre la voie à une musique puisant ses origines dans la tradition avec La Fiancée vendue (1864). Il sera suivi par DVORAK (1841 – 1904) et sa dizaine d’opéras. Lui-même sera suivi par JANACEK, mais ça, c’est pour le XXe siècle.
En France, une nouvelle génération arrive avec GOUNOD, SAINT-SAËNS, BIZET et MASSENET, alors que les Anglais n’ont toujours pas d’opéra en anglais. HERVÉ et surtout OFFENBACH créent un nouveau genre, l‘opérette.
Vers la fin du siècle, les Italiens créeront le vérisme, mais ça, c’est pour le prochain billet « Histoire de l’opéra ».
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