Écrivains, littérature, Théâtre

PROSPER MÉRIMÉE (1803-1870)

Prosper Mérimée, l’auteur de la nouvelle Carmen, est né à Paris le 28 septembre 1803.

Jeune homme, il fréquente dans les salons littéraires Stendhal ou Sainte-Beuve. Il a aussi l’occasion de traduire les vers d’Ossian. Attiré par la redécouverte du gothique au début du XIXe siècle, Mérimée est un préfigurateur du romantisme en France.

Comme beaucoup d’autres, Prosper suit des études de droit avant d’entamer une carrière d’écrivain. Il prend également des cours de piano, de chant et de direction de chœur et apprend plusieurs langues, dont le russe. En 1825, il prend un pseudonyme pour publier ses premières pièces sous le nom de Théâtre de Clara Gazul, dont le Carrosse du saint-Sacrement. Le Carosse du Saint Sacrement a inspiré la Périchole à Offenbach, ainsi qu’un opéra de Lord Berners en 1924, et un opéra d’Henri Busser en 1948.

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En 1829, Mérimée publie, toujours sous pseudonyme, les Chroniques du règne de Charles IX. Cette œuvre a inspiré à Hérold son Pré aux clercs,

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et à Meyerbeer ses Huguenots.

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En 1830, il travaille dans les ministères de la Marine et du Commerce avant d’accéder au poste d’Inspecteur général des monuments historiques, poste qui le mène à effectuer de nombreux voyages dans toute la France. Il confie alors, pour le meilleur et pour le pire, à l’architecte Viollet le Duc la restauration d’un certain nombre de monuments très dégradés, dont Notre-Dame de Paris.

En 1830 également, lors d’un voyage en Espagne, il fait la connaissance de la famille Montijo. C’est la comtesse de Montijo qui lui donne l’idée de Carmen. Mérimée est proche de ses filles, Maria et Eugénie et bien plus tard, quand Eugénie deviendra impératrice, Mérimée entrera dans le cercle des proches de la famille impériale. En 1853, il est nommé sénateur. C’est pour l’impératrice qu’il écrit en 1857 sa fameuse dictée.

En 1833, Mérimée a une brève liaison avec George Sand, avec qui il allait à l’opéra.

En 1835, il publie sous son nom la nouvelle fantastique la Vénus d’Ille. Cette nouvelle inspirera Schoek en 1922 et Büsser en 1964.

Ses voyages en Corse inspirent Mérimée qui, après Matteo Falcone en 1829, publie Colomba en 1840. Mateo Falcone inspirera César Cui en 1906-1907 et Colomba Büsser en 1921 et Jean-Claude Petit en2004.

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Entre-temps, en 1844, Mérimée est entré à l’Académie des Inscriptions et belles lettres et à l’Académie française. En 1845, il publie sa nouvelle la plus connue, Carmen.

C’est encore pour faire frémir la famille impériale qu’il écrit en 1869 sa dernière œuvre, la nouvelle fantastique Lokis.

Prosper Mérimée meurt à Cannes le 23 septembre 1870, à l’âge de 66 ans, et cinq ans avant la création de l’adaptation de Carmen à l’opéra par Bizet.

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Agenda Ironique, Cinéma, littérature, Théâtre

JULIETTE OU LA CLÉ DES SONGES

Ce mois-ci (décembre 2023) l’Agenda Ironique fait escale chez La Licorne :

https://filigrane1234.blogspot.com/2023/11/agenda-ironique-jeu-89-decembre-ou-les.html#comment-form

Et qu’est-ce qu’elle nous demande, la Licorne ? Elle nous demande de dérouler, d’égrener, de raconter, l’attente du jour « magique » de Noël ; pour aider (ou pas), elle nous propose de nous inspirer (ou pas, c’est selon, ça dépend, faut voir), d’une photographie tirée du film Miracle sur la 34e rue ; ainsi qu’un titre de livre  (là, c’est obligatoire) : « Décembre ou les 24 jours de Juliette » d’Hélène Desputeaux.

Et quoi encore ? les 7 mots suivants : Juliette, mètre, vespéral, surenchérir, péroreur, guipure et buissonnière, ainsi que cette phrase de Georges Perros : « La mémoire est comme le dessus d’une cheminée. Pleine de bibelots qu’il sied de ne pas casser, mais qu’on ne voit plus. »

Juliette, ou la clé des songes, est une pièce de théâtre d’inspiration surréaliste de Georges Neveux datant de 1930. En 1950, Marcel Carné en tirera un film avec Gérard Philippe, mais c’est surtout l’opéra de Bohuslav Martinů, créé en 1937, que j’ai choisi de retenir.

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Le pitch : « La mémoire est comme le dessus d’une cheminée. Pleine de bibelots qu’il sied de ne pas casser, mais qu’on ne voit plus. »

Michel, un commis voyageur, arrive dans un ville de province un 1er décembre. Il y entend une jeune femme avec une très jolie guipure (Juliette) interpréter une chanson d’amour. De retour à Paris, la mémoire de ce moment l’obsède. Trois ans plus tard, passant à nouveau dans cette ville, il cherche à retrouver la jeune femme, mais la jeune femme semble ne pas avoir laissé de trace dans la mémoire du lieu. Heureusement, Michel finit par retrouver Juliette qui lui donne rendez-vous sous un Balcon dans la forêt.

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Avant de retrouver Juliette pour ce rendez-vous aussi vespéral que buissonnier, Michel croise plusieurs personnages, dont le marchand de souvenirs qui, en tant qu’habile péroreur, persuade Juliette qu’elle connaît Michel depuis longtemps et qu’ils partagent de nombreux souvenirs. Quand Michel cherche à la raisonner, Juliette prend la fuite. Ce petit jeu dure 24 jours, ce sont les 24 jours de décembre de Juliette.

Finalement, Michel embarque sur un bateau qui le mène au Bureau central des rêves. Là, on lui explique que maintenant qu’il a réalisé son rêve, il doit revenir dans le monde réel, sous peine de sombrer dans la folie. Michel décide de rester dans le monde des rêves, à quelques mètres de Juliette.

Cliquez sur Juliette qui veut vivre dans son rêve

Dans le film de Carné, le scénariste surenchérit en rajoutant que Juliette est courtisée par un mystérieux châtelain, qui n’est autre que Barbe-Bleue (eh oui, le monde est petit !)

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Que messieurs Neveux, Martinu et Carné me pardonnent si j’ai (un peu) tordu leur histoire, c’était pour le bien de l’Agenda Ironique.

Écrivains, littérature, Poésie, Théâtre

VICTOR HUGO (1802-1885)

Victor Hugo est né à Besançon le 26 février 1802.

En 1822, il épouse Adèle Foucher, avec qui il aura 5 enfants, Léopold (1823), mort à quelques mois, Léopoldine (1824), Charles (1826), François-Victor (1828) et Adèle (1830).

Chef de file du romantisme français, il crée le scandale en 1830 avec son Hernani. Cette pièce sera adaptée à l’opéra par Verdi, avec Ernani (1844). En 1832, c’est le Roi s’amuse, pièce qui sera adaptée à nouveau par Verdi avec Rigoletto (1853).

Verdi rigoletto La done e mobileCliquez sur l’image

Hugo fréquente Berlioz, Liszt, Meyerbeer ou encore Delacroix et Sand, et madame Hugo, se sentant délaissée, commence une liaison avec Sainte-Beuve en 1832.

En 1833, Hugo entame une liaison avec Juliette Drouet, liaison qui durera 50 ans. Il écrit Lucrèce Borgia, qui sera adapté par Donizetti dès cette même année 1833 avec Lucrezia Borgia.

Donizetti Lucrezia Borgia Maffio Orsini son ioCliquez sur l’image

Victor Hugo a participé à la mise en musique de ses œuvres puisqu’il a écrit lui-même en 1836 le livret de La Esmeralda, un opéra composé par Louise Bertin. Il s’agit évidemment d’une adaptation de son roman Notre-Dame de Paris (1831).

Bertin La Esmeralda air des clochesCliquez sur Esmeralda

C’est ce même livret qui servira à Dargomyjsky, un élève de Glinka pour son Esméralda (1839).

En 1841, Hugo entre à l’Académie française.

En 1843, l’année où il publie les Burgraves, sa fille Léopoldine meurt à l’âge de 19 ans. Ce drame affectera durablement Victor.

Victor Hugo était engagé politiquement dans son siècle et en 1848, il est élu député de Paris à l’Assemblée législative. En 1851, il est membre du Comité de résistance contre le coup d’État puis doit se réfugier en Belgique.

En 1852, il fait paraître Napoléon le petit, et s’installe à Jersey.

En 1862, il fait paraître les Misérables.

En 1870, Victor Hugo peut enfin rentrer à Paris, et en 1871, il est à nouveau élu député de Paris. Il perd son fils Charles.

En 1873, nouvelle disparition avec celle de son fils François-Victor.

En 1872, c’est Massenet qui écrit son premier opéra Don César de Bazan, d’après une pièce de Dumanoir, elle-même bâtie autour d’un des personnages de Ruy Blas (1838). On peut noter que Mendelssohn a écrit une ouverture pour Ruy Blas, et ce dès 1839 pour les représentations en allemand de cette pièce.

Mendelssohn Ouverture Ruy BlasCliquez sur l’image

Un peu plus tard, Ponchielli adapte Angelo, tyran de Padoue (1835) pour son opéra La Gioconda (1876). On peut voir une adaptation complètement déjantée de la « Danse des heures » de cet opéra dans le dessin animé Fantasia de Walt Disney. Cette même année, le Russe César Cui créait son Angelo, opéra également inspiré par Angelo, tyran de Padoue.

En 1883, c’est la disparition de sa fidèle Juliette Drouet.

Hugo meurt le 22 mai 1885 à Paris, à l’âge de 83 ans. On lui fait des obsèques nationales, et plus de deux millions de personnes se pressent dans Paris pour suivre son cercueil.

En 2013, Robert Badinter et Thierry Escaich créent l’opéra Claude, d’après la pièce Claude Gueux, reprenant ainsi le combat de Victor Hugo en faveur de l’abolition de la peine de mort.

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Il faut encore noter que, en dehors du champ opératique, Hugo a écrit des romans et beaucoup de poésie (la Légende des Siècles, les Orientales…) et de très nombreux poèmes de Victor ont été mis en musique, que ce soit par Liszt, Gounod, Fauré, Saint-Saëns… ou Brassens !

Fauré les DjinnsCliquez sur l’image

Dans un des poèmes des Orientales (1829), Hugo nous décrit la chevauchée de Mazeppa. Pour VH, Mazeppa est le symbole du génie qui, lancé dans une course effrénée, « court, vole, tombe, et se relève roi ».

Ce thème a particulièrement inspiré Franz Liszt, qui s’y est pris à quatre reprises pour traduire le poème en musique, en insistant sur le symbole final. Les trois premières versions correspondent aux trois versions des Douze études, redoutablement difficiles. La quatrième version est le poème symphonique Mazeppa.

Liszt MazeppaCliquez sur l’image

Enfin, si on considère que la comédie musicale est l’adaptation du genre opéra à la fin du XXe siècle (i.e. le fait de raconter une histoire en la faisant chanter et danser par ses interprètes), l’œuvre d’Hugo figure toujours en très bonne place, puisque Les Misérables (1980) et Notre-Dame de Paris (1999) sont deux des plus grands succès du genre. On retrouve également Disney dans son dessin animé le Bossu de Notre-Dame, encore une adaptation de Notre-Dame de Paris (même si VH n’apparaît pas au générique de ce film).

Et si vous aimez les surprises, pourquoi ne pas cliquer sur le bonus surprise mystère ?

point-dinterrogationCliquez donc sur le bonus surprise mystère

Écrivains, littérature, Théâtre

Charles-Simon FAVART (1710-1792)

Charles-Simon Favart est né à Paris le 13 novembre 1710.

Après ses études au Collège Louis-le-Grand, il écrit, en 1732, pour le Théâtre des Marionnettes de la Foire Saint-Germain. Il se fait connaître avec l’opéra-comique la Chercheuse d’esprit (1741). En 1743, il devient metteur en scène à l’Opéra-Comique et, après la fermeture de ce théâtre, travaille sous pseudonyme à la Foire Saint-Laurent. Cette même année, Joseph Bodin de Boismortier met en musique son Don Quichotte chez la duchesse.

Bodin de Boismortier Don Quichotte chez la DuchesseCliquez sur l’image

En 1745, il se marie à une chanteuse, Marie-Justine Duronceray, alias Mlle Chantilly.

En 1746, il entre comme chansonnier au service du Maréchal de Saxe. Ce rôle consistait à diriger la troupe de comédiens et de chanteurs qui accompagnaient le maréchal en campagne. Le Maréchal, grand amateur de femmes, a des vues sur madame Favart, et le couple doit prendre la fuite. Ils se réfugient à Bruxelles, où Charles prend la direction du Théâtre de la Monnaie. En 1750, la mort du maréchal les délivre de ses poursuites et ils peuvent rentrer à Paris, sous la protection de madame de Pompadour.

En 1753, Antoine Dauvergne se sert de cet épisode pour sa Coquette trompée.

Dauvergne la Coquette trompéeCliquez sur l’image

Un gros siècle plus tard, c’est Offenbach qui en a tiré en 1878 une opérette, Madame Favart.

Offenbach Madame Favart OuvertureCliquez sur l’image

À Paris, Charles travaille pour l’Opéra-Comique, réouvert en 1752 et la Comédie Italienne. Il écrit des livrets pour les compositeurs célèbres de son époque tels que Philidor, Monsigny, ou l’inévitable Grétry. Il envoie également ses livrets à Vienne où Gluck les met en musique. C’est d’ailleurs à Favart que Gluck demandera de traduire son Orfeo ed Euridice en français.

Gluck Orphée et EuridyceCliquez sur l’image

En 1753, Marie-Justine écrit les Amours de Bastien et Bastienne, une parodie du Devin du Village de Rousseau. Son argument est repris par les librettistes qui ont fourni à Mozart son deuxième opéra, Bastien und Bastienne.

Mozart Bastien et Bastienne Diggi, daggiCliquez sur l’image

En 1761, Favart écrit les trois Sultanes.

En 1772, sa femme Marie-Justine meurt.

Co-directeur (et co-fondateur) de l’actuel Opéra-Comique, on donne le nom de Favart au Théâtre des Italiens, l’actuelle salle Favart, en 1783.

Charles Favart meurt à Belleville le 12 mai 1792, à l’âge de 81 ans.

(Source principale : Dictionnaire de la Musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, sous la direction de Marcelle BENOIT, Fayard, 1992.)

Écrivains, littérature, Poésie, Théâtre

Johann Wolfgang GOETHE (1749-1832)

Johann-Wolfgang-von-Goethe

Johann Wolfgang Goethe naît à Francfort le 28 août 1749. Il suit des études de droit à Leipzig puis à Strasbourg, et fonde le mouvement Sturm und Drang (Tempête et Passion), une réaction au siècle des Lumières finissant qui débouchera sur le romantisme.

En 1773, il écrit un premier drame, Götz von Berlichingen, drame moyenâgeux qui remporte un grand succès. En 1774, pour se guérir d’une déception amoureuse, il écrit les Souffrances du jeune Werther, qui le rendra célèbre dans toute l’Europe (provoquant même une épidémie de suicide à l’image de la mort de son héros. Werther a été adapté à l’opéra par Massenet en 1892.

En 1776, le duc de Saxe-Weimar l’invite à sa cour. C’est là qu’il s’attachera à Charlotte von Stein. Hormis une escapade italienne entre 1786 et 1788, il ne quittera plus Weimar. En 1777, il rédige deux livrets d’opérettes, Erwin und Elmire et Lila.

En 1780, il s’empare du mythe de Faust en faisant paraître son premier livre de Faust.

En 1784, il écrit encore un singspiel, Scherz, List und Rache qui sera, comme ses opérettes, un échec. Son problème en tant que librettiste vient du fait qu’il donne la priorité au livret, la musique ne devant servir que d’ornement au texte. Or, ce n’est pas du tout comme cela que l’opéra fonctionne ! Il fera encore quelques essais au début des années 1790.

Suivront Iphigénie en 1786, Egmont en 1787, Torquato Tasso en 1789, et un roman Wilhelm Meister (1794-1796), ainsi qu’un cycle poétique, les Élégies romaines (1789-1795).

En 1806, il régularise sa situation avec Christiane Vulpius, avec qui ils auront cinq enfants. Christiane mourra en 1816.

Goethe se lie d’amitié avec Schiller, qu’il avait fait venir de Iéna à Weimar. Après la mort de celui-ci, Goethe écrit encore les Affinités électives (1809) et le Divan oriental, un nouveau cycle de poèmes (1814-1819). Les Affinités électives donneront lieu à Mignon, opéra d’Ambroise Thomas.

Goethe meurt à l’âge de 83 ans le 22 mars 1832, peu de temps après avoir achevé le second Faust, qui ne sera publié qu’à titre posthume. Ainsi au cours de sa longue vie, il aurait pu voir naître et mourir le classique Mozart (1756-1791), qu’il admirait, le préromantique Beethoven (1770-1827) et le très romantique Schubert (1797-1828).

Outre les adaptations à l’opéra de ses pièces de théâtre, son œuvre littéraire sera abondamment mise en musique par les compositeurs, qu’ils soient romantiques :

  • Beethoven (Ouverture d’Egmont),

Beethoven ouverture d'Egmont

  • Schubert (près de 70 lieder écrits sur des textes de Goethe, dont Le roi des Aulnes ou Marguerite au rouet),

Scubert Marguerite au rouetCliquez sur l’image

ou postromantiques :

  • Wagner (ouverture de Faust),

Wagner Ouverture de FaustCliquez sur l’image

  • Brahms et sa Rhapsodie pour alto (écrite pour le mariage d’une des filles de Robert et Clara Schumann),

Brahms Rhapsodie pour altoCliquez sur l’image

  • Wolff (et ses quelque 50 Goethe Lieder).
Écrivains, Compositrices, littérature, Théâtre

Alexandre DUMAS père (1802-1870) et fils (1824-1895)

Dans la famille Dumas, je demande le grand-père :

Le grand-père Dumas était Thomas-Alexandre DUMAS (1762-1806). Né à Saint-Domingue, ce militaire est le premier général mulâtre de l’armée française. En 1792, il fait partie de la Légion noire, composée de gens de couleur, où il côtoie le Chevalier de Saint-Georges. Sous Napoléon, Thomas-Alexandre participe à la campagne d’Égypte, mais plus tard son opposition à Napoléon lui vaudra d’être démis de ses fonctions. On peut lire cette opposition en filigrane dans le roman le Comte de Monte-Cristo écrit par son fils entre 1844 et 1846.

Dans la famille Dumas, je demande le père :

Alexandre Dumas (père) est un écrivain français né le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts et mort le 5 décembre 1870 au hameau de Puys, ancienne commune de Neuville-lès-Dieppe, aujourd’hui intégrée à Dieppe. Ses œuvres les plus connues sont le Comte de Monte-Cristo et les trois Mousquetaires (ainsi que ses suites Vingt ans après et le Vicomte de Bragelonne).

En 1834, sa pièce Charles VII chez les grands vassaux est adaptée à l’opéra par Donizetti sous le nom Gemma di Vergy.

Donizetti Emma di Vergy OuvertureCliquez sur l’image

En 1837, il se lance dans un genre à la mode avec l’opéra Piquillo dont le livret est écrit en collaboration avec Gérard de Nerval et une musique d’Hippolyte Mompou.

Monpou Puquillo TrioCliquez sur l’image

En 1843, c’est son ami Berlioz qui met en musique la Belle Isabeau (conte pendant l’orage).

Berlioz la Belle Isabeau, Conte pendant l'orageCliquez sur l’image

En 1846, c’est un autre de ses amis, Liszt, qui met en musique cette Jeanne d’Arc au bûcher.

Liszt Jeanne d'Arc au bûcherCliquez sur l’image

Le Comte de Monte-cristo a fait l’objet d’un opéra sous le nom de Haydé, un opéra portugais écrit par la compositrice Felicita Casella en 1849.

En 1860, Dumas récidive dans le genre opéra avec le Roman d’Elvire, dont la musique est signée Ambroise Thomas.

Après sa mort, son œuvre continue à être portée sur les scènes lyriques avec en 1888 la Dame de Monsoreau, opéra de Salvayre, en 1890, Ascanio, un opéra de Saint-Saëns, en 1896, le Chevalier d’Harmental un opéra-comique de Messager et en 1899, le Sarrazin, un opéra de César Cui, toujours d’après Charles VII chez ses grands vassaux.

Saint-Saëns Ascanio ValseCliquez sur l’image

Autre « tube » musical tiré d’un écrit de Dumas père, le Casse noisette, conte adapté d’E.T.A. Hoffmann, qui sera mis en musique par Tchaïkovski.

Tchaïkovski Casse NoisetteCliquez sur l’image

Dans la famille Dumas, je demande le fils :

Alexandre Dumas dit Alexandre Dumas fils est un écrivain français né le 27 juillet 1824 à Paris et mort le 27 novembre 1895 à Marly-le-Roi. Fils naturel d’Alexandre Dumas père, il ne sera reconnu par son géniteur qu’à l’âge de sept ans.

Son roman la Dame aux Camélias, après avoir été adapté au théâtre où Verdi de passage à Paris a pu le voir, sera ensuite adapté à l’opéra par Verdi, sous le nom de la Traviata.

Verdi traviata BrindisiCliquez sur l’image

Bien dans son époque, Dumas fils faisait partie du club des haschischins (consommateurs de haschich) où l’on trouvait également Baudelaire, Balzac, Flaubert, de Nerval, Gautier ou Delacroix.

Il était également ami avec George Sand, chez qui il s’est rendu plusieurs fois, dans son château de Nohant, dans le Berry.

Lorsqu’en 1836 Louise Bertin écrira son opéra la Esmeralda sur un livret de Victor Hugo, ses adversaires, dont Alexandre DUMAS faisait partie, reconnaissant la qualité de la musique iront jusqu’à attribuer les meilleurs morceaux de la partition à Berlioz, mais feront tomber l’œuvre pour des raisons politiques, le mari de Louise Bertin n’étant pas du même bord qu’eux.

Bertin La Esmeralda air des clochesCliquez sur l’image

Écrivains, littérature, Théâtre

Lorenzo DA PONTE (1749-1838)

image Da Ponte

Lorenzo da Ponte (Manuelo Conegliano) est né le 10 mars 1749 dans la province de Venise. Son père était d’origine juive, mais après la mort de sa femme, il se remarie avec une jeune catholique et change son nom et adopte celui de Da Ponte. Manuelo Conegliano devient donc Lorenzo Da Ponte.

Lorenzo entre au séminaire et est ordonné prêtre en 1773. Pourtant, après s’être installé à Venise, il mène une vie peu compatible avec la dignité de la prêtrise, et est condamné par les autorités.

En 1781, Da Ponte part à Vienne où il est nommé poète impérial par Joseph II, succédant ainsi à Métastase. Il écrit des livrets pour Salieri (adaptation du Tarare de Beaumarchais, sous le nom de Axur, Re d’Ormus).

Salieri Axur, re d'Ormus come fuggir... Son queste le speranzeCliquez sur l’image

Il a travaillé pour un autre compositeur important à son époque, l’Espagnol Martin y Soler, avec notamment una Cosa rara (1786) ou l’Arbre de Diane (l’Arbori di Diana).

Martiny Soler Una cosa rara Dolci mi parve un diCliquez sur l’image

S’il reste universellement connu aujourd’hui, c’est pour sa collaboration avec Mozart, puisqu’ils signeront ensemble les Noces de Figaro (1786), Don Giovanni (1787) et Cosi fan Tutte (1789).

Mozart Les Noces de Figaro Non so piuCliquez sur l’image

Mozart Don Giovanni Air du catalogueCliquez sur l’image

Cosi fan Tutte avait été initialement écrit pour Salieri mais celui-ci, n’ayant pas le temps de mettre ce livret en musique, l’a proposé à Mozart.

Mozart Cosi fan tutte Ah, che tutta in un momentoCliquez sur l’image

Après la mort de Joseph II en 1790, Da Ponte se rend à Prague et à Dresde, où il retrouve son camarade Casanova, qu’il avait connu à Venise.

En 1792, son cosmopolitisme le mène à Londres où il écrit des livrets en italien pour le King’s Theatre.

En 1805, il fuit en Amérique avec sa femme pour échapper à ses créanciers où il tient différents commerces avant d’enseigner l’italien et sa littérature. Mais son goût pour l’opéra subsiste et en 1833, il cherche à monter un Opéra italien à New York, après avoir assuré la création américaine de Don Giovanni en 1826.

Sur la fin de sa vie, il écrit, tel Casanova, ses Mémoires.

Da Ponte meurt à New York le 17 août 1838, âgé de 89 ans.

Écrivains, littérature, Théâtre

MÉTASTASE (Pietro METASTASIO) (1698-1782)

image Métastase

Pietro METASTASIO (MÉTASTASE pour les Français) est né à Rome le 3 janvier 1698. Né Trapassi, c’est un de ses mécènes qui, ayant remarqué ses dons d’improvisation manifestés dès son plus jeune âge, l’adopte et change son nom par sa traduction en grec.

Métastase suit des études de droit, s’installe à Naples, et en parallèle écrit des pièces de poésie et de théâtre. En 1721, à l’occasion de l’anniversaire de l’impératrice, il compose les Jardins des Hespérides (Gli Orti Esperidi), qui sera mis en musique par Porpora et chanté par le castrat Farinelli.

Rapidement, ce coup d’essai sera transformé avec Didon abandonnée (Didone Abandonnata) en 1724. Dès lors, il enchaîne les succès à l’opéra, et ses 27 livrets donneront lieu à plus de 1000 opéras, chaque compositeur du milieu du XVIIIe siècle se devant d’adapter ces livrets, et ce jusqu’à Mozart ! En 1728, Métastase écrit Catone in Utica.

Vinci (Metastase) Didone abandonnataCliquez sur l’image

En 1729, on lui propose la place de poète officiel de la cour à Vienne, avec des conditions financières beaucoup plus intéressantes que celle qu’il avait à Naples. Il s’installe à Vienne en 1730, et c’est dans cette ville qu’il écrira ses œuvres les plus populaires.

Parmi celles-ci, on peut citer Semiramide riconosciuta (1729), Artaserse (1730), la Clemenza di tito (1734), Ipermestra (1744) ou encore Il re pastore (1750).

Vinci (Métastase) ArtaserseCliquez sur Artaserse

Caldara (Metastase) la Clemenza di titoCliquez sur l’image

Hasse (Métastase) Ipermestra Figlia, se un dolce affettoCliquez sur la partoche

Ceux qui se souviennent de Consuelo, de George Sand, se souviennent peut-être que quand la cantatrice arrive à Vienne, elle rencontre dans un salon Porpora, Holzbauer et Bononcini. Holzbauer a mis en musique l’Isola disabitata (1754), l’Isspile (1754), I Cinesi (1756), la Clemenza di Tito (1757), Nitetti (1758), Alessandro nell’Indie (1759) et la Morte di Didone (1759).

Dans le même temps, Galuppi mettait en musique Artaserse (1749), la Clemenza di Tito (1760) ou Il Re pastore (1762).

Galuppi (Métastase) La clemenza di Tito Ah perdonaCliquez sur l’image

Outre l’opéra, Métastase écrit aussi des livrets pour des oratorios, comme Betulia liberata, qui sera mis en musique par Reutter. (De nos jours, le Betulia liberata qui est connu est celui que Mozart a composé sur ce même livret de Métastase.)

Reutter (Métastase) la Betulia liberataCliquez sur l’image

Parmi les compositeurs ayant travaillé sur les livrets de Métastase, on peut citer Leonardo Vinci, Hasse, Bonno, Caldara ou Holzbauer, mais aussi Haydn avec l’Isola Disabitata (1779).

Haydn (Métastase) l'Isola disabitataCliquez sur l’image

Sur la fin de sa vie, le succès de ses œuvres, remarquablement écrites pour le style opera seria, avec force vocalises et effets, commence à passer, et Métastase décline jusqu’à sa mort à Vienne le 12 avril 1782, à l’âge de 84 ans.

Son aura brillera encore, de plus en plus faiblement, notamment grâce à Mozart, qui a écrit Il Re pastore en 1775 et la Clemenza di Tito en 1791, mais aussi à Stendhal qui a écrit Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase (1854).

Écrivains, littérature, Théâtre

Philippe QUINAULT (1635-1688)

image Quinault

Philippe QUINAULT était contemporain de Molière, Racine ou Corneille et, à son époque, connaissait les mêmes succès qu’eux. Pourtant il n’est plus guère connu de nos jours, sauf par les amateurs de lyrique.

Quinault naît à Paris le 3 juin 1635. Fils d’un boulanger, il fait des études de droit, avant de fréquenter les salons parisiens. Il écrit sa première comédie, les Rivales, en 1653 qui signe le début de son succès.

En 1660, il se marie avec une jeune veuve avec la dot de laquelle il achète la charge de « valet de chambre ordinaire du roi », charge qui lui confère un titre de noblesse et lui permet de s’approcher de Louis XIV. Ceci ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière d’écrivain jusqu’à sa pièce Bellérophon (1671).

En parallèle de cette carrière, Quinault écrit des arguments pour des ballets ou des mascarades (on se souvient que Loulou XIV était friand de ballet.) Dès 1656, il écrit Armide et Renaud pour une comédie mise en musique par Michel Lambert. Il collabore aussi avec Molière pour le Ballet des muses (1666-1667) ainsi que pour Psyché (1671) de Lully.

Lully Psyché Plainte italienneCliquez sur l’image

En 1670, Quinault entre à l’Académie française (un an avant PERRAULT).

En 1672, quand Lully rachète le privilège de l’Académie royale de musique, c’est vers Quinault qu’il se tourne pour l’écriture de ses livrets, après sa brouille avec Molière. Cette collaboration démarre avec les Fêtes de l’Amour et de Bacchus (1672) suivi par la tragédie en musique Cadmius et Hermione (1673). En 1674, c’est Alceste, qui désarçonne le public. La FONTAINE, Racine et Boileau tentent alors de prendre sa place, et Quinault est mis sous la tutelle artistique de la « petite académie », un cercle restreint de poètes mis en place par COLBERT pour gérer le mécénat artistique du roi.

Dès lors, Lully et Quinault produisent une tragédie lyrique par an, avec Thésée (1675), Atys (1676), Isis (1677). L’insuccès de cette dernière le fait remplacer par Thomas Corneille, mais après la disgrâce de la Maintenon, l’attelage Lully / Quinault peut redémarrer.

Lully Atys songes funestesCliquez sur l’image

Suivent alors Proserpine (1680), Persée (1682), Phaëton (1683), Amadis (1684), Roland (1685) et Armide (1686) ainsi que des ballets.

Lully Armide enfin il est en ma puissanceCliquez sur Armide

Quand Louis XIV commence à s’occuper plus de son salut que de la vie mondaine, laissant ces plaisirs au Dauphin, Quinault, malade, décide de prendre sa retraite et de songer à son salut.

Quinault meurt à Paris le 26 novembre 1688, à l’âge de 53 ans, mais ses livrets, de par la perfection de leurs constructions, connaîtront encore une vie longtemps après sa mort, et c’est ainsi que Jean-Chrétien BACH (le dernier fils de Jean-Sébastien) écrira son propre Amadis des Gaules en1779.

Bach J.-C. Amadis de Gaule Venez, dans de plus doux asilesCliquez sur l’image

Lors de la querelle des gluckistes et des piccinnistes, GLUCK sera amené à écrire son Armide en 1777 alors que l’année suivante PICCINNI reprendra le livret de Roland (et en 1780 celui d’Atys.)

Gluck Armide enfin il est en ma puissanceCliquez sur l’image

Piccinni Atys OuvertureCliquez sur Piccinni

(Sources principales : Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, sous la direction de Marcelle BENOIT, Fayard 1992).

littérature, Théâtre

Carlo GOLDONI (1707 – 1793)

image Goldoni

Carlo Goldoni est un dramaturge né à Venise le 25 février 1707. Il s’initie très tôt aux joies du théâtre en jouant aux marionnettes. C’est ainsi qu’il écrit sa première « pièce » à l’âge de 8 ans pour son théâtre de marionnettes.

Son père médecin aurait voulu qu’il suive sa voie, mais le jeune Carlo fugue pour suivre une troupe de comédiens. Il revient toutefois assez vite à Venise. Un de ses oncles le convainc alors de suivre des études de droit, ce qu’il fait à Pavie, puis à Modène. Il revient à Venise pour exercer son métier d’avocat.

Assez vite, il met de côté cette carrière pour pouvoir écrire des pièces de théâtre. Après plusieurs tragédies qui n’ont pas connu le succès, il se lance dans la comédie, sous l’influence de MOLIÈRE et de la commedia dell’arte.

Ainsi en 1735, il écrit à Venise la tragi-comédie Don Giovanni Tenorio. Toujours à Venise, il fournit le livret de deux opéras à son compatriote VIVALDI, dont Griselda en 1735.

Vivaldi Griselda Agitata da due ventiCliquez sur l’image

En 1740, il noue notamment une collaboration extrêmement fructueuse avec le compositeur GALUPPI, collaboration commencée en 1740 avec Gustave Ier, roi de Suède, Gustavo primo, re di Svezia en V.O. Ils travaillent ensemble jusqu’en 1754 avec des œuvres comme Il Mondo della Luna (1750) ou Il Filosofo di campagna, le Philosophe de campagne en V.F. (1754).

Galuppi Il filosofo di Campagna Son pien di giubiloCliquez sur l’image

Le Monde de la lune a inspiré à PICCINNI l’opéra il finto Astrologo en 1765. Mais c’est la version de Joseph HAYDN, datant de 1777 qui est de nos jours la plus connue de Il Mondo della Luna.

Haydn Il Mondo della LunaCliquez sur l’image

En 1745, il écrit Arlequin,serviteur de deux maîtres, une de ses pièces les plus connues. En 1752, il écrit un autre de ses chefs-d’œuvre, la Locandiera, qui fera l’objet d’un opéra composé par SALIERI en 1773 pour Vienne. En 1792, CHERUBINI écrira des pièces musicales pour accompagner cette œuvre au théâtre. Une autre adaptation est celle du tchèque MARTINU en 1954, sous le nom de Mirandolina.

Salieri la Locandiera (Goldoni)Cliquez sur Salieri

Martinu Mirandolina (la Locandiera)Cliquez sur l’image

En 1762, lassé des critiques incessantes dont il était victime en Italie, notamment de la part de son cadet Carlo Gozzi, il se rend à Paris pour travailler pour le Théâtre-italien. En 1765, il entre à la Cour, et il enseigne l’italien aux jeunes princesses.

En 1768, le jeune MOZART alors âgé de 12 ans écrit la Finta semplice (le faux Innocent) d’après une pièce de Goldoni.

En 1787, il fait paraître ses Mémoires pour servir à l’histoire de ma vie et celle du théâtre.

Goldoni meurt à Paris le 6 février 1793, à l’âge de 85 ans.

Il est à noter que le compositeur italien Ermanno WOLF-FERRARI (1876-1948) a écrit plusieurs opéras sur des pièces de Goldoni.