Après Le Loup et l’Agneau, je vous propose un autre poème traité à la sauce OuLiPo, choisi dans les fables de La Fontaine, dont on célèbre cette année le 400e anniversaire de la naissance. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre des substantifs de ce poème par des citations musicales que m’évoque ce substantif.)
Aujourd’hui, un classique des classiques, le Corbeau et le Renard.
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Cliquez sur le renard et la renarde
Lui tint à peu près ce langage :
« Hé, bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli, que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Cliquez sur Papageno et Papagena
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
À ces mots, le Corbeau ne se sent plus de joie;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le renard s’en saisit et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cliquez sur le prologue d’Atys ou Louis XIV est comparé à un dieu !
Cette leçon vaut bien un fromage , sans doute. »
Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Citations :
un fromage : WAGNER, la Walkyrie, Chevauchée des Walkyries.
Maître Renard : JANACEK, La petite Renarde rusée.
votre plumage : MOZART La Flûte enchantée, duo de Papageno et Papagena
sa belle voix : DONIZETTI, l’Élixir d’amour, Una furtiva lagrima interprété par Enrico CARUSO (mort il y a cent ans en 1921).
tout flatteur : LULLY, prologue d’Atys, tout à la gloire de Loulou XIV, comparé dans ce prologue à un dieu.