Après l’Homme et la Mer, de Charles BAUDELAIRE, je vous propose un autre poème des Fleurs du Mal, datant de 1857, mis en musique par mes soins.
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Bizarre déité, brune comme les nuits,
Au parfum mélangé de musc et de havane,
Œuvre de quelque obi, le Faust de la savane,
Sorcière au flanc d’ébène, enfant des noirs minuits,
Je préfère au constance, à l’opium, au nuits,
L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane;
Quand vers moi mes désirs partent en caravane,
Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.
Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme,
Ô démon sans pitié ! verse-moi moins de flamme;
Je ne suis pas le Styx pour t’embrasser neuf fois,
Hélas, et je ne puis, Mégère libertine,
Cliquez sur la mégère apprivoisée
Pour briser ton courage et te mettre aux abois,
Dans l’enfer de ton lit devenir Proserpine !
Citations musicales :
Le Faust : GOUNOD : Faust prologue.
L’élixir… où ta bouche: DONIZETTI L’Élixir d’amour « Una furtiva lagrima ».
se pavane : FAURÉ, Pavane.
Grands yeux noirs : les Yeux noirs, air traditionnel russe.
Le Styx : LULLY Alceste, air de Charon « Il faut passer tôt ou tard ».
Mégère libertine : CHOSTAKOVITCH la Mégère apprivoisée.
Proserpine : Si Lully a écrit Proserpine en 1680, c’est l’ouverture de l’opéra de PAÏSIELLO (1803) que j’ai choisi ici de vous faire écouter.
Et si vous voulez lire le poème débarrassé de mes incongruités musicales, c’est ici :
