Bande dessinée

EN RELISANT LES AVENTURES DE LUCKY LUKE

Après une relecture en musique des aventures d’Astérix le Gaulois, il m’a paru intéressant de me pencher sur le cas des albums de Lucky Luke.

Le personnage de Lucky Luke a été créé par le Belge Morris (Maurice de Bévère), en 1946 dans le journal de Spirou. Lors d’un voyage aux États-Unis, Morris rencontre le scénariste René Goscinny, et très vite une collaboration fructueuse commence entre les deux hommes.

En lisant les aventures de Lucky Luke, on peut parfois tomber sur des références musicales.

Ainsi, dans l’album 7 : L’Élixir du docteur Doxey. Dans cet album, Lucky Luke chante à son cheval Jolly Jumper sa chanson préférée : « La mort du Cow Boy (Ne m’enterrez pas dans la prairie) ».

Cliquez sur la Mort du Cow Boy

Et bien entendu, entre le charlatan de L’Élixir d’amour de Donizetti et le charlatan de Lucky Luke, on ne peut s’empêcher de trouver quelques similitudes.

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C’est dans l’album 8, Lucky Luke contre Phil Defer, que débute la citation de la Marche funèbre quand un duel à mort se prépare ! On retrouvera cette citation de nombreuses fois dans les autres albums.

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Dans les Collines noires (#21), un des scientifiques que Lucky Luke doit escorter dans le Wyoming sème des petits cailloux, comme dans le conte de Charles Perrault, le Petit Poucet.

Dans l’album 22, Les Daltons dans le blizzard, on trouve une citation de Old Man River, un air de la comédie musicale Showboat, de Kern et Hammerstein.

Cliquez sur le vieil homme de la rivière

#23 Les Dalton courent toujours, Averell casse des cailloux en chantant « Siffler en travaillant » ! (on réentendra souvent cette chanson dans la suite des aventures de Lucky Luke.

Comment lire l’album 24, La Caravane, sans penser à Swing low, sweet chariot, et donc à la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak ?

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L’album 29, En remontant le Mississippi, peut nous faire penser à Porgy and Bess, de Gershwin.

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Dans Dalton City, Averell n’arrête pas de fredonner « Tagada tagada », ce qui a le don d’agacer fortement Joe Dalton. C’est évidemment une référence à la chanson de Joe Dassin « les Dalton », elle-même inspirée par les aventures de Lucky Luke.

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Dans Western Circus, la cavalerie arrive en retard, comme les carabiniers dans l’opérette d’Offenbach les Brigands.

Cliquez sur les carabiniers

Dans Jesse James, le cousin de Jesse émaille ses propos de citations de Shakespeare (« Voilà qui est parfait » Roméo et Juliette, Acte II scène IV, ou « Eh : c’est bien » Hamlet, Acte IV Scène III, ou encore « Bon ! » Othello, Acte II scène I). « Oui, Oui » Richard III, Acte I, scène IV. « Être ou ne pas être (capturés), là est la question« .

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Des détectives de l’agence Pinkerton sont chargés d’arrêter les frères James, Pinkerton est le nom du héros de Madame Butterfly de Puccini.

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Dans l’album Chasseur de primes, on trouve un « parisian Cancan » chanté et dansé par les p’tites femmes du saloon évoquant La vie parisienne d’Offenbach.

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L’album le Grand-duc me fait irrésistiblement penser à l’opérette de Lehar le Tsarévitch.

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Dans le Cavalier blanc, on trouve encore Roméo et Juliette et Hamlet de Shakespeare.

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Agenda Ironique, Bande dessinée, Maria Callas

LAMA – DELON VIENT NOUS SERVIR À BOIRE

Ce mois-ci, l’Agenda Ironique a été imprudemment confié à tout l’opéra (ou presque) (c’est moi). Le thème en est « Les Chansons de l’échanson« , et il y est question de chansons.

En contrainte supplémentaire, il faut utiliser des mots tels qu’échansonvistemboirsaxifrage et sigillographie, ainsi que l’expression « le diable est dans les beffrois ».

Tout est esspliqué ici : https://toutloperaoupresque655890715.com/2024/09/04/les-chansons-de-lechanson-a-i-de-septembre-2024/

En découvrant ces contraintes biscornues, je me suis aussitôt mis à mon grattage occiputal, tentant ainsi de faire germer une ou plusieurs idées. Comme en ce moment la mort de l’acteur Alain Delon a remis ce monsieur a l’honneur, il m’est revenu qu’Alain n’était pas seulement acteur, mais qu’il avait également formé un duo avec le chanteur Serge Lama. Une partie du programme Lama-Delon était composée de chansons à boire, dite encore chansons de l’échanson. Je vous propose ici une version de leur succès Lama-Delon Viens nous servir à boire. (P.S. je dois cet excellent jeu de mots à Gotlib, qui en avait fait la base d’une des ses fables express).

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Saviez-vous que le saxophone avait été inventé par Adolphe Sax ? Ses premiers essais étaient fabriqués en verre, car il cherchait la sonorité de l’harmonica de verre (glass harmonica).

Cliquez sur le glass harmoniciste

Hélas, les prototypes de ces sax si fragiles cassaient les uns après les autres, et notre bon Adolphe dut se résoudre à employer un matériau plus solide, le cuivre. La première apparition d’un saxophone (en cuivre) dans un orchestre d’opéra a été dans Hamlet, d’Ambroise Thomas. On l’entend en particulier dans l’acte II, après une chanson à boire (décidément) « Ô vin, dissipe la tristesse », quand Hamlet accuse son père et sa belle-mère d’avoir tué sa mère.

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Cliquez sur le final de l’acte II

Pour le vistemboir, il s’agit bien évidemment de l’objet inconnu de la nouvelle Le Machin, (1955) de Jacques Perret. Dans ce recueil de nouvelles, Perret nous invite à voir « une petite suite pour mirliton, violoncelle et timbale ».

Le Diable dans le beffroi est un conte d’Edgar Allan Poe paru dans les Nouvelles histoires extraordinaires. Il raconte l’irruption d’un étranger dans la vie bien réglée des habitants d’une petite ville. Cet étranger, qui joue du violon, introduit un jour un treizième coup de midi, qui terrifiera la ville. Debussy a commencé un opéra sur ce sujet, alors que Gérard Pesson en a fait un des ces Trois contes.

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Le personnage de la Castafiore apparaît pour la première fois dans l’album Le Sceptre d’Ottokar d’Hergé. Dans ce même album apparaît un curieux personnage, le professeur Halambique (décidément…), spécialiste en sigillographie. C’est avec lui que Tintin partira en Syldavie, à la recherche du fameux sceptre, et qu’il fera connaissance du rossignol milanais.

Cliquez sur le rossignol milanais

Et si vous voulez plus de chansons à boire, cliquez donc ici.

Bande dessinée, Divers

LES MIROIRS

L’air favori de Bianca Castafiore, dans les Aventures de Tintin et Milou d’Hergé et le fameux Air des bijoux extrait du Faust de Gounod, et commençant par « Ah je ris de me voir si belle en ce miroir ».

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Mais quel autre usage fait-on des miroirs à l’opéra ?

Pauline Viardot nous a laissé dans ses mélodies ce Miroir (« Oh Vénus éternelle »).

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Alors que Debussy nous propose ces Reflets dans l’eau,

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Ravel, lui, nous propose ces Miroirs

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Dans l’opéra quelque peu ésotérique de Strauss la Femme sans ombre (Die Frau ohne Schatten), la femme sans ombre ne peut évidemment pas se regarder dans un miroir.

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Plus près de nuit, c’est Boulez qui appelle dans sa Sonate n°3 un mouvement « miroir ».

Cliquez sur le 1/2 Boulez

Dans Tommy des Who, la mère excédée de voir son fils se regarder dans le miroir sans s’occuper d’elle finit par briser le miroir.

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Othman Louati a écrit en 2017 Miroirs.

Le maître de la musique planante, Arvo Pärt, a écrit ce Spiegel im Spiegel (Miroir en miroir).

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On pourrait aussi invoquer l’Alice de Lewis Carroll, qui passe de l’autre côté du miroir (Through the looking Glass).

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Bande dessinée, littérature

LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE (1963), de HERGÉ.

Si vous avez lu mon article Hergé et l’opéra, vous connaissez déjà la présence de la musique dans l’œuvre d’Hergé, mais aujourd’hui, je voudrais revenir sur l’album les Bijoux de la Castafiore, qui présente le plus de référence à la musique dite classique.

Alors qu’au fil des aventures, le jeune reporter s’est déplacé partout sur Terre, du pays des soviets à l’Amérique, de l’Égypte au Pays de l’Or noir, en passant par l’Amérique du Sud, ou des pays d’un Balkan imaginaire. Il est même allé sur la Lune dans On a marché sur la lune.

Les Bijoux de la Castafiore, une de ses dernières aventures, se passe sans aucun voyage, dans le château de Moulinsart, propriété du capitaine Haddock. Et même pour Haddock, il passe une bonne partie de l’album cloué dans un fauteuil victime d’une entorse qui l’empêche de marcher.

Au début de cette aventure « immobile », Tintin et Haddock se promènent dans les bois quand ils voient un camp de romanichels. Tintin les invite à s’installer dans le parc du château, où ils seront mieux.

Mais une nouvelle tombe, sous la forme d’un télégramme. C’est la Castafiore qui s’invite, avec Igor Wagner, son pianiste, et sa camériste. Le nom d’Igor Wagner ne doit rien au hasard. Il est formé du prénom d’Igor Stravinky et du nom de Richard Wagner.

Cliquez sur le rossignol (pas milanais)
Cliquez sur l’image

La Castafiore, qui n’arrive pas à prononcer correctement le nom Haddock l’affuble d’à peu près plus ou moins ressemblants, dont un très musical Bartok ! Bien entendu, Bianca Castafiore, le rossignol milanais, ne manque pas de chanter le fameux « air des bijoux », extrait du Faust de Gounod.

Cliquez sur le rossignol milanais

La presse locale se fait l’écho de la présence de la cantatrice mondialement connue par ses rôles de Verdi, Rossini, Puccini, Gounid, euh, non Gounod ! Malheureusement, très vite des objets commencent à disparaître, ce qui nous vaut le récurrent « Ciel, mes bijoux » de la Castafiore, chaque fois qu’elle croit les avoir perdus. La police arrive, en la personne des Dupont Dupond. Et comme ils arrivent toujours trop tard, Haddock leur demande s’ils ont fait leur service chez les carabiniers d’Offenbach. Ceci est une allusion à l’opérette les Brigands, d’Offenbach, où les brigadiers chantent « Nous sommes, les carabiniers, la sécurité des foyers, mais par un malheureux hasard, nous arrivons toujours en retard ».

Cliquez sur les carabiniers

Une bonne partie de l’album est rythmé par les gammes du pianiste. Parmi les individus qui rôdent autour du château figurent des paparazzis, toujours à la recherche d’un scoop. Et c’est en lisant un journal relatant un concert à Milan où la Castafiore interprétait l’opéra de Rossini la Gazza ladra (la Pie voleuse), que Tintin trouve le fin mot de l’histoire.

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Attention spoiler, si vous ne voulez pas connaître le fin mot de l’histoire, arrêtez votre lecture ici ! Le voleur ne se trouve pas chez les romanichels, ce n’est pas non plus Igor Wagner malgré son comportement louche, c’est tout simplement une pie attirée par tout ce qui brille.

Bande dessinée, littérature, Mythologie

EN RELISANT LES AVENTURES D’ASTÉRIX LE GAULOIS

Qu’elle est dure, la vie de blogueur ! Après avoir relu tous les albums des aventures de Tintin, de HERGÉ, et ceux de Blake et Mortimer, de JACOBS, ce sont les aventures d’Astérix le Gaulois que je viens de relire, en y cherchant les citations musicales que GOSCINNY et UDERZO ont pu glisser. En fait, elles sont moins nombreuses que ce que j’attendais, mais il y a quand même quelques évocations musicales, sans même parler du barde Assurancetourix, dont le répertoire est plus proche de notre chanson musicale populaire.

Dans Astérix gladiateur, justement, Assurancetourix entonne dans l’arène de Rome « Salut, o mon dernier latin », référence directe au « Salut, o mon dernier matin » du Faust de GOUNOD.

Astérix Salut o mon dernier latinCliquez sur Assurancetourix

Dans le Tour de Gaule d’Astérix, quand nos héros passent à Massiglia, ils rencontrent César Labeldecadix.

César LabeldecadixCliquez sur César Labeldecadix

Je n’ai pas trouvé de citation musicale directe dans Astérix et Cléopâtre, mais comment ne pas penser à Jules César en Égypte, de HAENDEL ?

Astérix, César et CléopatreCliquez sur Cléopâtre et César (Jules)

Dans La Zizanie, on trouve un sénateur nommé Stradivarius, qui parle « de sa voix bien modulée habituée à faire vibrer les foules ».

Astérix et StradivariusCliquez sur le sénateur Stradivarius

Dans Astérix en Helvétie, les auteurs font un clin d’œil à la légende de Guillaume Tell.

Astérix et Guillaume TellCliquez sur le petit garçon à la pomme sur la tête

Dans Astérix en Corse, le chef corse s’appelle Ocatarinabellatchitchix, alors que d’autres s’appellent Symphonix ou Violoncellix.

Astérix et OcatarinetabellatchixtchixCliquez sur les chefs corses

Dans Astérix en Hispanie, on voit passer Don Quichotte et Sancho Pança.

Astérix et Don QuichotteCliquez sur l’image

Dans la grande Traversée, une femme s’appelle Gudrun, et on trouve des allusions à la petite sirène et à Hamlet (il y a quelque chose de pourri dans mon royaume).

Astérix et HamletCliquez sur l’image

Dans Astérix chez les Belges, le légat s’appelle Wolfgangamadeus et un légionnaire SaintLouisblus !

Astérix et WolfgangamadeuxCliquez sur l’image

Dans Astérix et la Traviata (ça ne s’invente pas), il y a un romain qui s’appelle Romeomontaigus.

astérix et la traviataCliquez sur l’alboum

On retrouve la légende de Roméo et Juliette dans le grand Fossé, alors que l’héroïne nommée Fanzine menace de se faire vestale !

Astérix et la VestaleCliquez sur Fanzine

Enfin dans l’Odyssée d’Astérix, les légionnaires de César chantent « Pour faire un brave légionnaire », transposition directe de l’air « Pour faire un bon mousquetaire », extrait des Mousquetaires au couvent.

Les Mousquetaires au couvent Pour faire un brave mousquetaireCliquez sur l’image

(P.S. toutes les illustrations extraites des albums sont sous copyright Dargaud ou les éditions Albert René.)

Et si vous voulez relire les aventures de Lucky Luke en musique, c’est ici.

Écrivains, Bande dessinée, littérature, Poésie, Politique, Théâtre

Alphonse de LAMARTINE (1790 – 1869)

Alphonse de LAMARTINE est un poète romantique, écrivain et homme politique français, né à Mâcon le 21 octobre 1790.

Il commence très jeune à écrire de la poésie et, à 21 ans, fait son « voyage en Italie » au cours duquel il rencontre une jeune fille qui lui inspirera plus tard son roman Graziella.

À 21 ans, son père la fait nommer maire de sa commune et en 1814, il fait partie des gardes du corps de Louis XVIII et doit se réfugier en Suisse pendant les Cent jours. Rentré chez lui, il mène une vie de gentilhomme campagnard.

En 1816, pour des raisons de santé, il va prendre les eaux à Aix-les-Bains. Là, il fait la connaissance de Julie CHARLES, une femme mariée atteinte de phtisie galopante. Julie meurt en 1817, et son souvenir inspire à Lamartine son premier recueil de poésie, les Méditations poétiques (1820) qui rencontrent un grand succès. C’est en songeant à elle qu’il écrit un de ses poèmes les plus fameux, le Lac. (« Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence », ou encore « Ô temps, suspends ton vol ».)

Niedermeyer Lamartine le LacCliquez sur le pianiste et le ténor

Il se marie à une artiste peintre anglaise, Mary-Ann et est nommé attaché à l’ambassade de France à Naples. Il publie les nouvelles Méditations poétiques (1823), la Mort de Socrate (1823), et le dernier chant du pèlerinage d’Harold (1825).

Liszt les préludesCliquez sur l’image

C’est dans les nouvelles Méditations poétiques que figure le poème les Préludes, qui inspirera LISZT pour son poème symphonique du même nom.

En 1825, il publie les Harmonies poétiques et religieuses, qui influenceront également Liszt.

Liszt Harmonies poétiques et religieusesCliquez sur la pochette de disque

En 1830, il se rallie à la Monarchie de Juillet. En 1832, il effectue un voyage en Orient, mais la mort de sa fille Julia (née en 1822) l’affecte profondément.

En 1833, il est élu député de Bergues, dans le Nord. Humaniste profond, il appartiendra à la Société française pour l’abolition de l’esclavage, et militera pour l’abolition de la peine de mort. Lors des élections de 1837, il devient député de Mâcon, siège où il sera réélu en 1842. Entre-temps, en 1836, il publie son roman Jocelyn.

Godard Jocelyn berceuseCliquez sur le ténor

En 1848, il fait partie du premier gouvernement de la 2nde république où, en tant que ministre des Affaires étrangères, il signe le décret abolissant l’esclavage. À la fin de cette année, il est candidat à l’élection présidentielle, mais c’est Louis-Napoléon BONAPARTE qui emporte ce scrutin.

Il cesse alors sa carrière politique pour ne plus se consacrer qu’à la littérature. Il écrit son roman Graziella en 1849, ainsi que des recueils de poésie, des livres d’histoire ou de politique.

Lamartine meurt à Paris le 28 février 1869.

Représentant des romantiques, ses poésies ont été abondamment mises en musique.

BIZET le Grillon

Bizet Lamartine le grillonCliquez sur la partition

BERLIOZ Prière du matin

Berlioz Lamartine Prière du matinCliquez sur la pochette de disque

GOUNOD Au Rossignol

Gounod Lamartine Au RossignolCliquez sur le pianiste et le ténor

SAINT-SAËNS le Matin

Saint-Saëns Lamartine le MatinCliquez sur la pochette de disque

Bande dessinée, Cinéma, Compositrices, Elle voulait qu'on l'appelle..., Grandes villes

ELLE VOULAIT QU’ON L’APPELLE LILLE

… comme ne l’a pas chanté Julien CLERC.

Après Séville, je vous propose un nouveau billet consacré à une grande ville. Aujourd’hui Lille.

L’opéra de Lille a été construit juste avant la Révolution française. Si vous voulez en savoir plus sur son histoire, je vous invite à consulter le site de Nemorino, qui la raconte très bien.

En 1790, Le Chevalier de SAINT-GEORGES part à Lille, et c’est pour cette ville qu’il compose son dernier opéra Guillaume tout cœur.

Le compositeur Pierre BAUMANN (1796 – 1872) fut altiste et professeur de composition au conservatoire de Lille.

Nettement plus connu est son élève le compositeur Édouard LALO (1823 – 1892). Entré au conservatoire de Lille à l’âge de dix ans, il part ensuite à Paris pour parfaire sa formation musicale. Ses œuvres les plus connues restent probablement la Symphonie espagnole, son Concerto pour violoncelle, son opéra le Roi d’Ys et la musique du ballet Namouna.

Lalo Le roi d'Ys Vainement ma bien aiméeCliquez sur l’image

Gustave NADAUD, chansonnier roubaisien (1820 – 1893), membre du Caveau et auteur de Pandore et les deux gendarmes.

Nadaud Pandore et les deux gendarmesCliquez sur les deux gendarmes

Parmi les compositeurs nés dans la métropole lilloise, il y a en a un qui me plaît particulièrement. Albert ROUSSEL (1869 – 1937) est né à Tourcoing. Marin de formation, il décide de quitter la marine pour se consacrer à la musique. Au début influencé par DEBUSSY ou d’INDY, il trouve vite sa voix et sa voie, pour écrire des compositions aux rythmes hardis et aux orchestrations subtiles. Dans le domaine de l’opéra, il a écrit Padmâvatî, influencé par l’Inde et pour le ballet : le Festin de l’araignée.

Roussel Padmâvatî préludeCliquez sur l’image

Le baryton belge Edgard P. JACOBS, plus connu pour son rôle dans l’histoire de la bande dessinée franco-belge, entre à l’opéra de Lille en 1929. Las, la crise de 1929 – 1930 font que les Français restreignent drastiquement les emplois occupés par des étrangers, et il doit retourner en Belgique.

jacobs méphisto

Roubaix a vu naître le poète symboliste Albert SAMAIN (1858 – 1900). Très célèbre à son époque, ses poèmes ont inspiré de nombreuses mises en musique, dont l’opéra Polyphème du breton Jean CRAS

Cras Polyphème Elle dort...Cliquez sur l’image

ou encore FAURÉ ou Nadia BOULANGER.

Boulanger (NAdia) Ilda (Samain)Cliquez sur Nadia

Un autre roubaisien mondialement connu est Georges DELERUE (1925 – 1992). Certes, ce ne sont pas ses quatre opéras qui lui ont valu cette notoriété, ce sont ses musiques de films, pour lesquelles il reçut trois Césars et un Oscar. Il a travaillé avec des cinéastes comme RESNAIS, TRUFFAUT, LAUTNER ou de BROCA.

Delerue La Nuit américaineCliquez sur l’image

Enfin, Lille continue sa tradition de ville musicale puisque le 21 janvier 2022 a vu la création de Like Flesh, un opéra de Sivan ELDAR.

Eldar Like Flesh Teaser Opéra de LilleCliquez sur l’image

Et si vous voulez plus de musique d’un de ses compositeurs, cliquez sur le bonus surprise.

point-dinterrogationCliquez sur le bonus surprise si vous voulez plus de musique d’un de ces compositeurs

Bande dessinée, Cinéma, littérature

LE SPACE OPERA

​Voilà déjà trois ans et demi que je cherche un prétexte pour écrire un billet sur le space opera (en écrirai-je un jour sur le soap-opéra ?)

La sortie de l’adaptation par Denis VILLENEUVE de Dune, le roman culte de Franck HERBERT, me fournit aujourd’hui ce prétexte.

Le space opera est un sous-genre de la science-fiction, où l’on trouve des épopées se passant à des échelles (inter-)galactiques. Parmi les auteurs de romans, on trouve Isaac ASIMOV et son cycle Fondation, lui-même un décalque de l’Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain, de GIBBON, transposé en S.F.

Dans les grands classiques S.F. du space opera on peut donc citer le cycle de Dune de Franck HERBERT, ou encore un de mes préférés, Jack VANCE et son cycle de TSCHAÏ. Citons encore le cycle de la Culture de Iain M. BANKS, que j’ai découvert récemment.

Au cinéma, la nonologie des Star Wars est évidemment une référence absolue pour le space opera. La saga des Star Treck en est une autre.

En B.D., nous avons les aventures des agents spatio-temporels Valérian et Laureline ou l’univers de Lone Sloane, de Philippe DRUILLET. Pour mémoire, j’ai déjà évoqué le space opera (et Druillet) dans le billet consacré à Gustave FLAUBERT.

Druillet, fondateur historique du magazine Métal Hurlant, qui ressort en kiosque aujourd’hui même, a beau coup travaillé sur la Tétralogie, et spécialement sur l’Or du Rhin (Rheingold) de WAGNER. Il a aussi mis en image des spectacles comme les Carmina Burana de Carl ORFF ou le Requiem de VERDI aux chorégies d’Orange.

ORff Carmina Burana DruilletCliquez sur l’image

Verdi requiem DruilletCliquez sur ce montage du Requiem de Verdi à Orange

À propos de Flaubert et Druillet, je pourrais encore vous parler de Salaambô, mais je ne voudrais pas espoiler le billet que je consacrerai (un jour) à ce dessinateur.

Le dessinateur Jean-Claude MÉZIÈRES a travaillé avec Luc BESSON, sur les décors du 5e élément. On trouve dans ce film une diva galactique, Plavalaguna, qui chante « l’air de la folie » de Lucia de Lammermoor, de Gaetano DONIZETTI. Ce même air qui impressionna tant Emma Bovary au Théâtre des Arts de Rouen.

donizetti Lucia air de la folie le 5e élémentCliquez sur la diva galactique Plavalaguna

Et voici une petite dédicace de l’album qui donne son titre au film de Besson :

dédicace Valérian

Pour la musique de son film, Luc Besson a fait appel à la coqueluche d’Hollywood, Alexandre DESPLAT. Ce compositeur multirécompensé (César, Oscar, Bafta, Golden Globes…) pour sa cinquantaine de musiques de film est notamment l’auteur de la musique du film Florence Foster JENKINS.

Mozart la Flûte enchantée massacrée par F; Foster JenkinsCliquez sur l’image

Enfin, en ante bonus, découvrez ici une planche originale de Valérian, extraite de ma collection personnelle :

planche Valérain

Et si vous avez été sages, vous avez gagné le droit de cliquer sur le bonus surprise.

Point d'interrogationCliquez sur le bonus surprise si vous avez été sages

Agenda Ironique, Bande dessinée, Mes opéras préférés

GLORIANA, de BRITTEN (1953)

Gloriana est un opéra écrit par Benjamin BRITTEN en 1953, pour les célébrations du couronnement de la reine Elizabeth II. Son sujet avait déjà été traité par DONIZETTI plus d’un siècle plus tôt, dans son Roberto Devereux (1837).

Britten Gloriana PremièreCliquez sur la reine Elizabeth (II) à la première de Gloriana

Ce billet s’inscrit dans le cadre de l’Agenda Ironique de décembre 2020, piloté de main de maître par « Le retour du Flying Bum« . Le thème, très général, est un retour sur l’Annus Horribilis de la reine Elizabeth II, 2020 pouvant être considéré comme une année particulièrement horrible ! Les participants devront utiliser au moins une fois le mot « régionalisme », au moins une expression ou locution régionale et un juron régional.

Je savais depuis longtemps que Britten avait écrit cet opéra, mais devant le caractère pompeux, voire pompier de la commande, j’avais jusqu’ici différé le moment de le regarder, craignant qu’il ne s’agisse ici d’un opus horribilis, malgré l’admiration profonde que j’ai pour Britten. En fait, ça va comme on dit par chez nous, vous pouvez y aller (si vous en avez l’occasion, car c’est loin d’être l’opéra le plus joué de ce compositeur.) On peut toutefois considérer que dans sa carrière musicale presque sans faute, il s’agisse là d’un régionalisme difficilement exportable hors des îles britanniques. 1953, c’est l’année où E.P. JACOBS commence un de ses chefs-d’œuvre, la Marque jaune. On sait que Blake et Mortimer, anoblis par la reine pour services rendus à la patrie, étaient présents à la création de Gloriana. À la sortie, Blake s’est même exclamé, « By Jove, c’est trop bien ! »

Le pitch : Robert Devereux (Lord Essex) et Lord Mountjoy se disputent les faveurs de la reine Elizabeth I. Celle-ci a un faible pour Essex. Mais Essex, ambitieux et fougueux est accusé de trahison par ses ennemis, qui convainquent la Reine de le condamner à mort.

Acte I : À l’issue d’un tournoi (que l’on ne voit pas), Mountjoy est récompensé par la reine, suscitant l’ire et la jalousie d’Essex. Ils se battent en duel et Mountjoy blesse Essex. La reine arrive et leur rappelle qu’il est interdit de se battre à la Cour. Elle leur demande de se réconcilier. La foule acclame Elizabeth.

Britten Gloriana Long may she keep this realmCliquez sur Elizabeth (I)

Britten Gloriana Acte I scène I (fin)Cliquez sur royal carrosse

La reine s’entretient avec Robert Cecil, son conseiller, de la rivalité qui oppose Mountjoy et Essex. Elle admire ce dernier, mais Cecil la met en garde. Il prévient que l’armada espagnole menace la Grande-Bretagne. Essex survient. À la demande de la reine, il chante pour la distraire la reine, avant que de lui demander à être envoyé en Irlande pour mater la rébellion qui s’y trame.

Britten Gloriana The Lute SongCliquez sur Essex

Elizabeth demande à réfléchir. Restée seule, elle prie Dieu de lui donner la force d’être une bonne reine.

Acte II : La reine assiste à un masque* donné sur le thème du Temps et de l’Harmonie.

Essex, sa sœur Lady Rich, Lord Mountjoy et la femme d’Essex, Frances, discutent. Essex se plaint de ce que la reine ne veut pas le laisser partir en Irlande. Ils voudraient prendre plus de pouvoir alors que la reine vieillit. Frances leur recommande d’être prudents.

Lors d’un bal à la cour, la femme d’Essex porte une robe magnifique. La reine entre et fait jouer une danse énergique aux musiciens, puis elle demande aux femmes de sortir changer de tenue.

Britten Gloriana Choral Dances (acte II scène III)Cliquez sur Benjamin Britten

Lady Essex change de robe et revient en se plaignant qu’on ait volé sa robe. La reine apparaît, portant la robe volée, ce qui cause la colère d’Essex.

Elizabeth entre à nouveau et donne son accord pour envoyer Essex en Irlande.

Acte III : Dans les appartements de la reine, les servantes parlent du manque de réussite d’Essex face à la rébellion irlandaise. Essex arrive et exige de parler immédiatement à la reine. La reine s’agace en l’écoutant se plaindre de ses ennemis à la cour. Il sort et les servantes habillent la reine. Sir Cecil entre et la met en garde contre le comportement d’Essex, de plus en plus insubordonné.

Dans une rue de Londres, on entend un chanteur de rue décrire l’insubordination d’Essex. Le crieur public annonce qu’il a été déclaré traître !

La garde rapprochée de la reine essaie de la convaincre de signer la condamnation à mort d’Essex. Elizabeth hésite à cause de l’affection qu’elle garde pour lui. Lord Mountjoy, lady Rich et lady Essex viennent demander la grâce d’Essex. La reine leur répond avec sympathie, mais lady Rich la met en colère en lui disant qu’au fond, elle a besoin d’Essex pour bien régner. La reine signe la condamnation d’Essex.

Restée seule, elle songe à sa relation avec Essex, et qu’il lui faut maintenant désigner un successeur au trône, avant une mort qu’elle sent prochaine.

Britten Gloriana Act III scene III conclusionCliquez sur Elizabeth (I)

(Source principale : le DVD de la production du Royal Opera House de 2013, paru chez Opus Arte)

Retrouvez ici une autre participation à l’Agenda Ironique.

* le masque élisabéthain est une forme de spectacle mêlant musique, chant et danse, auquel participaient les membres de la cour.

Bande dessinée, Compositrices, littérature, Mythologie, Théâtre

ALCESTE (et ADMÈTE)

Avant que d’être un gros garçon qui passe son temps à manger des tartines de confiture dans Le Petit Nicolas, de SEMPÉ et GOSCINNY, Alceste était une tragédie d‘EURIPIDE. Sa trame a inspiré beaucoup d’opéras, dont bon nombre se sont dissipés dans les méandres du temps et de l’oubli.

Le pitch : La tragédie d’Euripide peut être résumée ainsi – Admète, roi de Thessalie, est en train de livrer son dernier combat, celui contre la mort. Apollon, qui avait trouvé refuge chez lui après avoir été chassé de l’Olympe pour avoir tué les Cyclopes, a obtenu des trois Parques qu’à l’heure de sa mort, Admète puisse rester en vie si une personne se dévoue pour mourir à sa place. Sa femme Alceste se sacrifie pour lui et meurt. Hercule, l’ami d’Admète parvient à arracher Alceste à la mort et à la rendre à son époux (d’après CALZABIGI, le librettiste de GLUCK pour la version italienne).

Parmi les adaptations à l’opéra de ce mythe figure l’Antigona delusa da Alceste, de AURELIS, dont HAENDEL se servira pour son Admeto re di Tessaglia (1727).

Haendel Admeto, Re di TessagliaCliquez sur l’image

Dans les versions encore jouées de nos jours figurent l’Alceste de LULLY (1673), et celles de Gluck (version italienne en 1767 et version française en 1776).

Lully Alceste Alceste vous pleurezCliquez sur l’image

Par rapport à la version italienne, relativement fidèle à Euripide, la version française a été très resserrée sur les drames intérieurs d’Alceste et de son mari Admète, ce qui n’a pas contribué au succès de cette œuvre. Peu de temps après, on a rajouté le personnage d’Hercule (présent chez Euripide) pour pimenter un peu l’action et la rendre plus agréable au public, mais c’est GOSSEC (un des maîtres de BERLIOZ), qui a fait ces rajouts ultérieurs dans la partition de Gluck.

Gluck Alceste divinités du StyxCliquez sur Alceste

Au XXe siècle, on peut encore noter l’Alceste (Alkestis) (1922) de BOUGHTON et celui de WELLESZ (1924) sur un livret de Hugo von HOFMANNSTHAL.

Boughton Alceste (Alkestis)Cliquez sur Rutland Boughton

En 1960 encore, la compositrice Vivian FINE écrira l’œuvre pour orchestre en quatre mouvements Alcestis.

Fine AlcestisCliquez sur l’image

Un très grand merci à l’ami Totor Berlioz qui m’a donné l’idée de ce billet (il a consacré de très belles pages à l’Alceste de Gluck dans son ouvrage À travers chant).