Compositeur de l’intime, même son Requiem est doux et apaisé, Gabriel Fauré a écrit beaucoup de mélodies. Ses huit premiers opus sont d’ailleurs des recueils de mélodies.
Je vous propose donc ici une petite sélection de ces mélodies, un genre qu’il affectionnait et qu’il a pratiqué tout au long de sa carrière.
L’Opus 1 contient, « le Papillon et la Fleur », sur un poème de Victor Hugo, et « Mai ».
Cliquez sur n°1 de l’opus 1
L’Opus 4 contient « le Lamento du pêcheur », un texte de Théophile Gautier retenu par Berlioz dans ses Nuits d’été.
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L’Opus 5 contient « Chant d’automne », sur un poème de Charles Baudelaire.
Cliquez sur le n° 1 de l’opus 5
L’Opus 7 contient le fameux « Après un rêve ».
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L’Opus 39 contient « les Roses d’Ispahan ».
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L’Opus 46 contient son fameux « Clair de lune », sur un poème de Paul Verlaine.
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L’Opus 51 contient « au Cimetière », un autre poème de Gautier retenu par Hector Berlioz dans ses Nuits d’été.
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L’Opus 61, la bonne Chanson, est un recueil de 9 mélodies sur des textes de Paul Verlaine.
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Enfin, un de ses tout derniers ouvrages, l’Opus 118 intitulé l’Horizon chimérique, est un cycle de mélodies sur des poèmes de Jean de la Ville de Mirmont.
Ali est un opéra en quatre actes créé au Théâtre royal de la Monnaie (de Munt) de Bruxelles le 21 avril 2024. L’histoire est celle d’Ali Abdi Omar, un Somalien qui a dû fuir son village en 2016 pour fuir les milices armées qui l’avaient envahi, et a suivi un périple de deux ans, en passant par l’enfer libyen et en traversant la Méditerranée sur des embarcations de fortune, avant d’arriver à Bruxelles. Ali a eu l’occasion de raconter son histoire au librettiste Ricard Soler Mallol, qui a décidé d’en faire un opéra. Ali a tout de suite accepté, souhaitant que son histoire soit connue du plus grand nombre.
L’opéra a bénéficié d’un appel à projets de l’ENOA (European Netwwork of Opera Academies).
La musique a été composée par l’Américain Grey Filastine, familier des musiques du monde, épaulé par l’Anglais Brent Arnold, de formation plus classique et qui a traduit les idées de Filastine en orchestration plus « classique ». Le duo a été rejoint par le Marocain Walid Ben Selim pour l’écriture vocale et pour les parties chantées en arabe. En effet, une des particularités du livret est qu’il est écrit en trois langues : le somali pour les scènes qui se passent en Somalie et celles où Ali parle avec sa mère au téléphone, en arabe pour l’acte II qui se passe en Libye, et en français.
Le rôle-titre est écrit pour une voix de contre-ténor.
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Prologue : Qui est Ali ? Ali Abdi Omar, du clan Shekhal, est né en Somalie, dans la ville de Qoryooley. À douze ans, il doit fuir son village pour échapper au groupe islamiste Al-Shabaab.
Acte I– le départ. La mère d’Ali lui apprend que des membres d’al-Shabaab veulent l’enrôler, mais Ali refuse, car les islamistes ont tué son père. Il n’a pas d’autre choix que de fuir sa famille et son village.
Ali part sans rien emporter d’autre que les vêtements qu’il a sur lui. Il ne sait pas ce qui l’attend, mais il repense au conseil de son père : « Il faut accepter les choses qui arrivent ».
Arrivé à Mogadiscio, Ali est pris en charge par un trafiquant qui lui fait passer une première frontière. À Nairobi, il retrouve quatre amis de son village, Amina, Ashim, Khadra et Mohammed, en fuite comme lui. Ils s’entassent dans la voiture d’un autre trafiquant.
Ils marchent durant trois nuits pour passer la frontière du Soudan. Ils dorment le jour et marchent la nuit mais Ali, à qui un trafiquant a donné du khat, n’arrive pas à trouver le sommeil malgré sa fatigue.
Acte II – Koufrah. Les cinq amis sont retenus prisonniers à Koufrah, en Libye, dans un bâtiment qui évoque une porcherie. Walid, le trafiquant qui règne sur ce lieu, fait régner la terreur. Trois fois par jour, les prisonniers doivent appeler leurs familles pour obtenir l’argent de la rançon exigée par Walid. Ils sont régulièrement frappés par Walid et ses sbires. Ali rencontre Leïla, une amie de son village avec qui Ali jouait quand ils étaient enfants. Ali découvre le sentiment amoureux. Les amis d’Ali arrivent à quitter Kouffrah, laissant Ali derrière eux.
Après un an passé à Koufrah par Ali, sa mère a réussi à trouver l’argent de la rançon, en vendant ses terres. Ali peut poursuivre sa route, laissant derrière lui Leïla.
Acte III – vers la mer. Ali traverse le désert avec d’autres migrants, entassés dans un pick-up, avec la peur d’être repérés par la police libyenne qui les renverrait à la frontière. Ali retrouve ses amis à une halte dans une oasis. Khadra s’enfuit et part seule dans le désert pour éviter le sort que les trafiquants réservent aux femmes.
Le groupe a été repéré par des Libyens et doit s’enfuir. Un pick-up emporte les femmes et un gardien, à cause de l’aspect juvénile d’Ali, lui dit de partir avec elles. C’est la dernière fois qu’Ali voit ses amis Ashim et Mohammed.
Les fugitifs arrivent au bord de la mer. Ali a peur, il ne sait pas nager, mais il embarque avec les autres. Ils sont entassés à cent quinze sur une petite embarcation. La nuit, personne n’ose dormir par crainte de tomber à l’eau. Heureusement, la barque est repérée par un bateau d’une ONG « SOS Méditerranée » qui secourt les réfugiés.
Acte IV – Welcome to Europa. L’Europe rêvée est représentée au travers d’une scène de cabaret surréaliste, avec paillettes et frous-frous. Aucun des pays sollicités, l’Italie, l’Espagne, la France, n’accorde l’autorisation d’accoster. Seule Malte le permet et les passagers débarquent. On répartit les réfugiés dans différents pays européens, mais Ali reste. Personne ne veut d’un mineur, parce que « c’est plus difficilement expulsable ».
Ali rencontre un compatriote dans un restaurant. Celui-ci lui fournit un passeport et un billet d’avion. Ali arrive à Bruxelles.
Épilogue – l’entretien pour le droit d’asile. Qui est Ali ? « Je m’appelle Ali Abdi Omar, je suis né à Qoryooley. J’ai dix-huit ans. Je suis étudiant en services sociaux. J’habite à Schaerbeek ».
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(Source principale : les représentations de 2025 à la Monnaie / de Munt et le programme associé.)
Vous connaissez mon intérêt pour les compositrices, aussi quand Françoise Objois m’a parlé de la conférence d’Anne Ibos-Augé sur « les femmes et la musique au Moyen Âge », je n’ai pas pu ne pas y assister. Son livre, divisé en trois parties, est une mine d’informations sur le moyen-âge.
I – Les actrices du monde religieux.
I.1 – la moniale
Herrade de Hohenburg (vers 1125-1195), abbesse du couvent de Hohenburg sur le mont Sainte-Odile. Elle a écrit l’Hortus deliciarum (le Jardin des délices), soit 45000 vers, 67 poèmes lyriques dont 12 notés musicalement, 400 images. C’est une compilation de textes divers, destinée à l’éducation des moniales.
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Organisation de la musique dans les couvents : il s’agissait essentiellement de psaumes et d’hymnes. La cantrix dirigeait le chœur, apprenait à chanter à ses consœurs, mais aussi à lire et écrire la musique.
De cette époque, le Codex de Las Huelgas (XIIIe siècle) est probablement la plus importante source de polyphonies féminines. Planctus o monialis concio.
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I.2 – la béguine
Les béguines étaient des femmes qui vivaient en marge de la société, sans avoir nécessairement prononcé de vœux religieux.
Parmi elles, Hadewijch d’Anvers (première moitié du XIIIe siècle) est une poétesse et, peut-être, compositrice brabançonne. Elle connaissait la poésie courtoise française. À côté de ses 45 poèmes, Hadewijch a écrit 14 visions, ainsi que des lettres. Les Visions (mystiques) figurent un parcours initiatique la menant vers le Christ rédempteur, largement musicales. Vers la fin du XIIIe siècle, les béguines peuvent être payées pour chanter, notamment lors des messes d’enterrement.
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I.3 – la mystique
La plus connue des musiciennes du moyen âge est certainement Hildegarde de Bingen qui a écrit trois livres de « visions », le Scivias écrit en 1151, le Liber vitae meritorium, écrit entre 1158 et 1163, et le Liber divinorum operum écrit à partir de 1158. Dans ces visions, inspirées par l’Esprit-Saint, Hildegarde s’exprime notamment sur « l’essence divine de la musique et sur ses trois principales fonctions : se rappeler la voix d’Adam avant la chute, susciter la dévotion grâce à la beauté, se pénétrer des chants de Dieu » (Page 63).
Dans sa Symphonia armonie celestium revelationum, ses compositions musicales louent la Sainte Trinité, la vierge Marie, les Vierges, les Veuves et les Innocents. Hildegarde est aussi l’autrice du premier drame liturgique, l’Ordo virtutum (Page 65).
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Page 71 Voir en musique. Anne Ibos-Augé nous explique comment la musique peut être un préambule à la vision, la musique « déclenchant » ces visions. Mais la vision déclenchée, la mystique peut entendre de la musique à l’intérieur de cette vision.
I.4 – la copiste
Dans ce chapitre, l’organisation des ateliers de copie est détaillée, ainsi que la fabrication des encres ou des parchemins. On y apprend la différence entre écrire (un texte) et noter ce texte, c’est çà dire mettre des notes sous le texte pour pouvoir le chanter.
Suit une description de la notation musicale au moyen-âge (page 90).
Eh oui, mon opus 2 vient de sortir aux éditions Le Lys bleu.
Ce deuxième volume est consacré aux Écrivains, dramaturges et librettistes et contient cinquante-huit biographies d’écrivains dont les œuvres ont suscité des opéras ou des pièces musicales.
Les écrivains choisis vont des tragiques Grecs (Eschyle, Sophocle et Euripide) à Boris Vian, en passant par Shakespeare, Cervantès et Molière ou encore Goethe, Pouchkine et Scribe. Comme pour le premier livre, j’ai inséré un QR Code qui vous permettra, en l’activant, d’arriver sur la page idoine de mon site, et donc d’écouter toutes les jolies musiques que je cite dans le livre.
Vous pouvez le commander directement sur le site de l’éditeur :
Si vous optez pour cette solution, n’hésitez pas à saisir le code promo LLB5 pour bénéficier d’une réduction de 5%.
Vous pouvez également le commander chez votre libraire ou dans votre grande surface culturelle préférée.
(P.S. il me reste quelques exemplaires de mon opus 1, Compositeurs et compositrices, que vous pouvez me commander via le formulaire de contact de mon site.)
(P.P.S. : vous pouvez aussi me commander l’opus 2, je vous ferai bénéficier du prix auteur, et vous pourrez avoir une chouette dédicace personnalisée).
Après « Le miroir brisé« , de Jacques Prévert, je vous propose ce mois-ci un poème de Mallarmé, « Feuillet d’album ».
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Ce sonnet a été écrit pour la fille d’un ami poëte de Mallarmé.
L’imagination des réclamiers pour se servir de la musique classique afin de nous vendre toutes sortes de produits étant sans limites, voici une nouvelle série de ces réclames. (Bon, j’ai l’air caustique en écrivant ça, mais certaines de ces pubs sont vraiment très belles !)
L’Écume des jours, drame lyrique en 3 actes et 14 tableaux d’Edison Denisov, a été créé le 15 mars 1986 à l’Opéra-Comique, à Paris. C’est une adaptation par Denisov lui-même du roman éponyme de Boris Vian, que son ami Raymond Queneau qualifiait de « plus poignant roman d’amour contemporain ».
Edison Denisov a travaillé pendant 12 ans à cet opéra. On trouve dans sa partition des allusions à Chlo-e, de Duke Ellington, ou à Tristan de Wagner.
Cliquez sur l’archive de L’INA
39 ans après la création à l’Opéra-Comique, on pourra entendre et voir l’Écume des jours à l’Opéra de Lille du 5 au 15 novembre 2025.
Le pitch : Colin et Chloé, deux jeunes gens insouciants, s’aiment. Chloé tombe malade. Colin est obligé de travailler pour pouvoir acheter les fleurs qui peuvent guérir Chloé. Chloé meurt.
Acte I : Premier tableau, chez Colin. Colin chante en s’habillant. Il a invité son ami Chick à dîner. Colin montre son pianocktail, un piano de son invention qui sert à faire les cocktails, à Chick. La conversion porte sur Jean-Sol Partre, un philosophe dont Chick est fou, et sur la musique de jazz.
Deuxième tableau, à la patinoire Molitor. Sur fond d’un chœur qui chante « Ne vous mariez pas, les filles », Colin et Chick retrouvent Alise, puis Nicolas, oncle d’Alise et cuisinier de Colin, et Isis, qui les invite à l’anniversaire de son chien.
Troisième tableau, chez Isis. Chick et Alise se querellent quand arrive Chloé, qui plaît beaucoup à Colin. Il lui demande si elle a été arrangée par Duke Ellington.
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Quatrième tableau, le rendez-vous. Colin monologue quand Chloé le rejoint : scène de séduction et promenade.
Cinquième tableau, la noce. Colin et Chloé, puis chœur. « Chérie, viens près de moi ».
Acte II : Sixième tableau, le voyage. Colin et Chloé, avec Nicolas, discutent en voiture du travail et de son inutilité.
Septième tableau, chez Colin. Colin et Chloé se réveillent. Chloé est malade, et Colin remarque que la lumière faiblit.
Huitième tableau, la pharmacie. Le pharmacien exécute l’ordonnance de Colin. Colin et Chloé discutent de la maladie de Chloé : elle a un nénuphar qui pousse dans le poumon.
Neuvième tableau : chez Colin. La lumière a beaucoup diminué. Chloé est étendue, entourée de fleurs destinées à « faire peur au nénuphar ». La musique fait entendre une citation de Tristan.
Acte III : Dixième tableau, l’usine d’armes. Colin l’insouciant est désormais obligé de travailler, pour payer les fleurs de Chloé. Le directeur de l’usine d’armes explique le travail à Colin. Il doit s’allonger sur les graines d’armes pour leur fournir la chaleur nécessaire à leur croissance.
Onzième tableau, chez Colin. Alise vient voir Colin et se confie à lui. L’obsession de Chick pour Jean-Sol Partre le détourne d’elle.
Douzième tableau, la mort de Chick. Les policiers viennent saisir les biens de Chick, qui s’est ruiné pour acheter des manuscrits de Partre. Ils veulent saisir ses écrits quand Chick se révolte et menace de les tuer. Les policiers l’abattent.
Treizième tableau, la mort de Chloé. Dialogue entre Colin et Jésus. Colin lui reproche d’avoir fait mourir Chloé. Chœur : Agnus Dei, puis Requiem.
Quatorzième tableau, épilogue. Le chat et la souris : la souris se sacrifie en proposant au chat de la manger, afin de sauver Colin. Chœur des orphelines.
Cliquez sur l’archive russe (en russe) de 1990
(Source principale : les représentations de la création à l’Opéra-Comique en 1986, et le programme associé.)
Sivan ELDAR naît le 1er septembre 1985 à Tel-Aviv. Elle commence à étudier le piano et le chant à 5 ans. À l’âge de 15 ans, Sivan part aux États-Unis où elle étudie à l’United World College la composition, le piano et l’ethnomusicologie. Elle poursuit ses études à Boston, où elle suit en parallèle des cours sur les études éthiques et sur la politique, puis en 2009 à Berkeley où elle obtient un doctorat en composition. À Berkeley, elle fera partie, de 2009 à 2016, des instructeurs au « John Adams composer youngs program », destiné à des jeunes de moins de 18 ans. C’est dans ce cadre que Sivan écrit en 2014 Tarr.
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En 2012-2013, dans le cadre de son année Fulbright à Prague, Sivan a l’occasion d’aborder la scène, dans une collaboration avec le groupe de théâtre physique Spitfire Company (Mirenka Čechová), projet qui a ensuite été créé à Oslo en 2015.
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En 2014 également, la Terezin Music Foundation lui commande deux œuvres chorales pour la commémoration du soixante-dixième anniversaire de la libération des camps de concentration. Mother Tongue et The Song About the Child sont ainsi créés à Boston le 5 octobre 2015.
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En 2016-2017, Sivan Eldar rejoint l’IRCAM (Institut de Recherche et de Création Acoustique/Musique) où elle étudie la composition et l’informatique musicale. Elle y sera en résidence de 2020 à 2025. C’est à l’IRCAM qu’elle écrit la pièce électroacoustique You’ll drown, dear, avec la collaboration de Cordelia Lynn, d’après La Princesse blanche de Rainer Maria Rilke.
En 2018, elle écrit Solicitations pour quatuor à cordes.
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Vous pouvez aussi avoir un enregistrement audio, de meilleure qualité, en cliquant sur le lien suivant Solicitations.
Heave (2018), écrit en collaboration avec l’IRCAM (Augustin Muller) sur un texte de Cordelia Lynn, est créé au festival « Voix nouvelles » de la fondation Royaumont.
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De 2019 à 2022, Sivan est compositrice en résidence à l’Opéra de Montpellier où elle anime plusieurs ateliers internationaux pour les compositeurs, les écrivains et les chefs, incluant Paroles et musiques dirigé par Ted Huffman.
Una Mujer derramada (2019) écrit pour l’Opéra de Montpellier et l’Orchestre de chambre de Paris.
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En 2020, elle écrit After Arethusa pour le chœur Accentus et l’Opéra de Montpellier. After Arethusa est créé à Venise en 2021.
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En 2021, Sivan Eldar écrit avec Cordelia Lynn Like Flesh, son premier opéra, une fable écologico-queer d’après les Métamorphoses d’Ovide. La création a lieu à l’Opéra de Lille le 21 janvier 2022, avant Montpellier, Nancy et Anvers. Like Flesh a obtenu le prix Fedora Opéra en 2021. (Fedora est un prix décerné par le cercle européen des mécènes de l’opéra et du ballet, ayant pour objectif le renouvellement du répertoire lyrique et chorégraphique.) (Like Flesh est une des plus belles créations qu’il m’a été donné de voir ces dernières années.) Like Flesh a été repris à Bâle en octobre 2025.
Caroline Sonrier (directrice de l’Opéra), Cordelia Lynn (librettiste), Silvia Costa (metteuse en scène), Sivan Eldar (compositrice), Maxime Pascal (chef d’orchestre), lors de la présentation à la presse de la création de Like Flesh à Lille
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Sivan Eldar reçoit de nombreux prix et distinctions. En 2022-2023, elle obtient le Grand Prix de Rome, en 2023 le Prix Nouveau Talent Musique 2023 de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) et en 2024 le Prix Opera America Discovery. En 2025, elle est nommée Chevalière de l’ordre des Arts et Lettres.
Sivan Eldar a également bénéficié d’une aide de la part de la Villa Albertine. Il s’agit d’un programme mis en place par la France en 2021 pour soutenir la création française aux États-Unis. Sivan s’est servi de cette aide en 2022 pour travailler avec Peter Sellars et Ganavya Doraiswamy à son opéra The nine jewelled Deer.
The Stone, the Tree the Well (2024), écrit pour le chœur Accentus, le chœur de la radio lettonne et le chœur Spirito de Lyon, est créé à la chapelle du lycée Corneille de Rouen.
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En 2025, elle crée avec Ganavya Doraiswamy (voix et livret), Lauren Groff (co-librettiste), Peter Sellars à la mise en scène et Julie Mehretu pour la scénographie, son second opéra The Nine Jewelled Deer, créé au festival d’Aix-en-Provence le 6 juillet 2025.
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À partir de septembre (2025), Sivan Eldar est professeur de composition à la Norwegian Academy of Music à Oslo.
Sivan Eldar travaille actuellement à un troisième opéra pour le Grand Théâtre de Genève, en coproduction avec Nancy et le Luxembourg. Le livret sera de Cordelia Lynn, inspiré par le Palais de glace (Is-slottet) de Tarjei Vessas. La création aura lieu en octobre 2028.
Également à venir, pour la saison 2025-2026, le troisième volet de la trilogie écrite pour le chœur Accentus. Il s’agira d’une pièce pour chœur et orchestre.
Et pour en savoir plus sur Sivan Eldar, allez donc sur son site internet.
(Cet article a été écrit en collaboration avec Sivan Eldar, qui m’a aimablement reçu à l’IRCAM.)
Nous avions laissé notre ami l’Opéra de Paris en 1939, avec la création de la Réunion des théâtres lyriques nationaux (RTLN) et l’absorption de l’Opéra-comique.
Pendant la guerre, les Allemands continuent à faire vivre les principales salles de spectacles parisiennes, dont l’Opéra de Paris. C’est ainsi que Herbert von Karajan y dirige des concerts en 1941 et 1942 avec son Orchestre Philharmonique de Berlin.
En 1945, Reynaldo Hahn est directeur de l’opéra Garnier où il restera jusqu’à sa mort en 1947. La période qui suit n’est pas forcément très intéressante, avec une troupe, chanteurs et danseurs, qui font vivre le répertoire. Il faut attendre l’arrivée de Rolf Liebermann en 1973 pour secouer un peu la grande maison. Il dissout la troupe de chanteurs pour se tourner vers une politique de chanteurs invités. En 1978, la RTLN disparaît et la salle de l’Opéra-Comique (Favart) devient la seconde scène de l’Opéra de Paris. Rolf Liebermann fait appel à des metteurs en scène venant du théâtre, Giorgio Strehler (Les Noces de Figaro), Jorge Lavelli (Faust), Patrice Chéreau (Lulu), proposant des lectures « nouvelles » des grands classiques, pas toujours bien accueillies par un public plutôt conservateur.
En 1980, Rolf Liebermann est remplacé par Bernard Lefort.
En 1982, le président François Mitterand décide la construction d’un nouveau bâtiment, à la jauge beaucoup plus importante que le palais Garnier. Ce sera l’opéra Bastille, qui sera inauguré en 1989.
La période Jean-Louis Martinoty (1986-1989) est particulièrement intéressante, avec la création de nombreuses œuvres, comme l’Écume des jours d’Edison Denisov (1986) d’après le roman de Boris Vian ou le Maître et Marguerite (1989) de York Höller. Martinoty signe aussi la mise en scène d’Atys de Lully, qui a révélé au grand public William Christie et ses Arts florissants.
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Martinoty est remplacé par Pierre Bergé, nommé par Jack Lang alors ministre de la Culture. Bergé, qui assurera le lancement de la grande machine qu’est l’Opéra Bastille restera en fonction jusqu’en 1994, avant d’être remplacé par Hugues Gall de 1995 à 2004, le sénateur Jean-Paul Cluzel assurant l’intérim entre les deux hommes.
De 2004 à 2009, c’est Gérard Mortier, ancien directeur de la Monnaie de Bruxelles et du prestigieux Festival de Salzbourg, qui prend les rênes de l’Opéra de Paris. Ses choix de metteurs en scène provoquent parfois des polémiques, mais il commande des œuvres à Kaija Saariaho ou Philippe Boesmans. Il sera suivi de 2009 à 2014 par Nicolas Joël.
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En 2014, c’est le début de l’ère Lissner (Stéphane Lissner). Dans une de ses déclarations d’intention, Stéphane Lissner déclare « Il faut provoquer intellectuellement ». Malheureusement, ce goût de la provocation l’amène à choisir des metteurs en scène à la conscience professionnelle douteuse, qui déconstruisent systématiquement les histoires qu’ils sont censés nous raconter pour imposer à la place leurs propres fantasmes, parfois très éloignés des intentions des librettistes ou des compositeurs qu’ils sont censés servir. Cela conduira à une désaffection du public, qui liée aux coûts démesurés de certaines productions, va mettre en grand péril les finances de l’Opéra. En 2020, avec la crise du COVID, la situation budgétaire n’est plus tenable et Stéphane Lissner démissionne. Notons toutefois à son actif la mise en place des avant-premières destinées aux jeunes de moins de 28 ans, à des prix très attractifs, pour renouveler et rajeunir le public de l’opéra.
Ainsi, la boucle est bouclée et, après la faillite de l’abbé Perrin en 1672 pour déficits excessifs, Stéphane Lissner doit quitter l’Opéra de Paris en 2020, pour les mêmes raisons.
Après le départ un peu forcé de Lissner, Alexandre Neef est nommé directeur de l’Opéra de Paris en 2020.
Ce mois-ci, c’est Tiniak qui pilote l’Agenda Ironique. Et quoiqu’il nous demande Tiniak, eh bien voilà :
Devant (dé)jouer « L’amor en lames » pour que l’amour se défende avec les mots (souvent désuets*) et locutions (en glaise aussi) : Mijaurée – une fois par Lune bleue – Rivancher* – faire l’effet d’un godmoche à roulasse* – Il pleut des chats et des chiens – gai(e)-luron(ne) – quand les cochons voleront – branleuse de gendarme* [détails, cerise sur le gâteau et *définitions par ici], c’est le sieur Lothar qui entre le premier en lice.
Or donc, il y a de cela 800 ans, l’amor en lames nous était chanté par les trobadors et les trobairitz. Si l’on connaît, un peu, les trouvères et les troubadours, on ne parle de leur équivalent féminin qu’une fois par lune bleue, et c’est bien dommage. Que nous dit des trobairitz Anne Ibos-Augé dans son remarquable Les Femmes et la musique au Moyen Âge (éditions du Cerf, 2025) ? Elle nous apprend que la première femme troubadour, qui n’était pas une mijaurée, était Azalaïs de Porcairagues. Je vous propose ici d’écouter une de ses compositions.
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Le troubadour était un poète (du pays d’Oc) chantant l’amour courtois, aux XIIe et XIIIe siècles, mais il pouvait arriver qu’un troubadour soit d’essence noble, voire chevalier. L’amour courtois était un idéal d’amour entre un chevalier et une noble dame où il n’était donc pas question de rivancher.
Un exemple de trouvère est Chrétien de Troyes, un des premiers à avoir romancé les légendes arthuriennes avec Lancelot ou le chevalier à la charrette, Yvain ou le chevalier au lion et Perceval ou le conte du Graal. Ses livres ont été le début du vaste Livre du Graal, roman à la fois courtois, épique et mystique.
À propos de Perceval, il s’agit du même héros légendaire que le Parsifal de Richard Wagner Au début de l’opéra du même nom, notre héros assiste à une scène sacrée qui lui fait pourtant l’effet d’un godmoche à roulasse.
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Jacques Roubaud, l’oulipien spécialiste de la littérature des troubadours (cf. La Fleur inverse : essai sur l’art formel des troubadours [Ramsay, 1986]) ne s’y est pas trompé, qui a écrit en collaboration avec Florence Delay la pièce de théâtre Graal Théâtre. Graal Théâtre est le nom du concerto de violon de Kaija Saariaho, et le premier opéra de Kaija, l’Amour de loin, est lui aussi inspiré par l’œuvre de Jacques Roubaud.
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Les troubadours (les trouveurs) étaient des écrivains du pays d’Oc. Au pays d’Oïl, on les appelait des trouvères. Le plus célèbre d’entre eux, dans l’univers de l’opéra, est celui de Verdi. C’est dans le Trouvère (il Trovattore) qu’on entend le chœur des enclumes, qui n’est pas sans évoquer le bruit que ferait une pluie de chiens et de chats.
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Arrivé à cet endroit de ma contribution ironique à l’Agenda, vous devez vous demander le pourquoi du titre de cette contribution. Eh bien, le chevalier sans armure du titre, qui chantait l’amour du Christ, n’est autre que François d’Assise, le Chevalier (sans armure) du Christ. Et Olivier Messiaen a raconté sa vie dans son seul opéra, Saint-François d’Assise.
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(P.S. je n’ai pas réussi à refourguer la branleuse de gendarmes dans cet article, je vous demanderai donc de bien vouloir repasser pour la trouver dans un prochain article.)