Lohengrin est le dernier opéra de Richard WAGNER à être bâti sur un schéma classique, avec grands airs, ensembles et chœurs. Il fut créé en 1850 à Weimar sous la direction de LISZT. Wagner écrivait lui-même ses livrets en puisant ses sujets dans les légendes. Pour Lohengrin, il a puisé dans le corpus des légendes germaniques, notamment dans le Parsifal de Wolfram von ESCHENBACH. (Wagner rendra hommage à W. von Eschenbach en en faisant un des héros d’un autre de ses opéras: Tannhaüser.)
Lohengrin, donc, est une adaptation de la légende du Chevalier au cygne et était une des « folies » du roi Louis II de Bavière, qui s’est fait construire le château de Neuschwanstein à partir de cette légende.
Suivant la classification de G.B.SHAW, nous sommes ici dans la structure classique (S+T)/(M+B) où une soprano (Elsa) et un ténor (Lohengrin) s’aiment, et sont empêchés par une mezzo (Ortrud) et un baryton (Telramund).
Prélude :
Acte I : L’action se passe à la cour des ducs de Brabant. On annonce la venue de l’empereur de Germanie. Après neuf ans de paix avec les voisins de l’Est, l’ennemi hongrois est de nouveau aux frontières. Il faut ressouder l’empire. L’empereur Heinrich demande à Friedrich de Telramund de lui expliquer ce qui se passe au duché de Brabant, qui n’a plus de chef. Telramund explique qu’à la mort du duc de Brabant, celui-ci lui a confié ses deux enfants, Elsa et Gottfried. Mais un jour, le fils a disparu. Telramund accuse Elsa d’avoir tué son frère. Devant tant de félonie, il a renoncé à la main d’Elsa, que le duc lui avait promise en mourant, et s’est marié avec Ortrud [1]. Telramund réclame le duché à l’empereur. On appelle Elsa à comparaître. Pour sa défense, elle explique qu’elle a prié Dieu, et qu’elle a alors eu la vision d’un pur chevalier qui lui a apporté le réconfort (Air : « Einsam in trüben Tagen ».)
L’empereur veut lui faire subir le jugement de Dieu lotrs d’un tournoi contre Telramund. Elsa réclame ce chevalier pour la défendre. Le héraut appelle les participants au tournoi, mais personne ne vient défendre Elsa. Elsa recommence sa prière à Dieu, et un chevalier apparaît sur une nacelle tirée par un cygne.
Le chevalier, renvoyant son cygne, salue l’empereur. Il déclare qu’il est venu défendre Elsa. Elle déclare qu’elle s’offre à lui s’il la défend. Il accepte, à une condition, qu’elle ne cherche jamais à savoir ni son nom, ni d’où il vient. Elsa le promet. Il se propose donc d’être son chevalier servant pour le jugement de Dieu. Le duel peut commencer. Le chevalier gagne. Il offre à Telramund la vie sauve, pour qu’il puisse se racheter. Tous félicitent Elsa et le chevalier. Seule Ortrud, à l’écart, se demande qui peut être ce chevalier.
Acte II : Le lendemain matin, Ortrud et Telramund, bannis, se préparent à partir. Ortrud veut rester pour se venger. Telramund lui reproche d’avoir tout perdu pour avoir suivi ses mauvais conseils. C’est sur son témoignage qu’il a accusé Elsa. Ortrud prétend alors que le chevalier inconnu n’est pas un envoyé de Dieu, et qu’il a vaincu Telramund par magie. Elle lui dit que ses pouvoirs magiques disparaîtront s’il lui retranche une partie, fût-elle minime, de son corps. Ils décident alors, dans un beau duo, de se venger.
Elsa arrive, chantant son bonheur et son amour. Ortrud l’appelle, faussement repentante, et lui dit comme elle et Telramund sont malheureux. Elle accuse Elsa d’être coupable de leur malheur. Elsa, qui est toute bonté, pardonne, et va jusqu’à inviter Ortrud à l’accompagner à l’église, le lendemain, pour son mariage. Ortrud jubile en son for intérieur et prie ses dieux à elle, Wotan et Freia (Tiens, ça ne vous rappelle rien ?). Insidieuse, Ortrud annonce à Elsa un malheur à venir, dont elle voudrait la protéger. Son chevalier inconnu pourrait bien la quitter, repartir comme il est venu. Mais Elsa ne doute pas de lui.
Au lever du jour, le héraut proclame le bannissement de Telramund et Ortrud ainsi que le mariage du chevalier avec Elsa. Le chevalier a renoncé au titre de duc de Brabant, aussi ne sera-t-il « que » Protecteur du Brabant. Dès le lendemain, il se mettra en route pour défendre l’empire germanique de l’invasion des Hongrois à l’Est. Les nobles protestent contre ce départ précipité, mais n’y peuvent mais. Telramund apparaît et déclare qu’il s’y opposera. Elsa arrive pour la cérémonie du mariage, mais Ortrud apparaît, richement vêtue, et réclame la première place. Elle prétend être la femme d’un homme reconnu de tous, alors que personne ne sait qui est le mari d’Elsa. Elle accuse même le chevalier d’être un magicien. L’empereur et le Protecteur du Brabant paraissent. Elsa explique au chevalier qu’elle a pardonné à Ortrud et l’a invitée. Celui-ci lui demande alors si le poison du doute s’est insinué en elle. Telramund apparaît et accuse à son tour le chevalier d’avoir été déloyal lors du jugement de Dieu, et d’avoir vaincu par magie. Il lui demande de révéler son nom et son origine, mais le chevalier refuse. Seule Elsa aurait le droit de le lui demander. Elsa renouvelle sa confiance en son fiancé et ils entrent dans l’église.
Acte III : Elsa et son mari entrent dans le palais, accompagnés par la fameuse marche nuptiale. Ils se disent leur amour dans un beau duo. Comme le chevalier l’appelle par son nom à elle, Elsa commence à suggérer qu’il pourrait lui dire son nom à lui, qu’il lui serait doux de le prononcer. Il lui répond alors qu’il l’estimera de savoir respecter sa promesse, et révèle qu’il a sacrifié pour elle la plus belle destinée du monde.
Mais ces propos, au lieu de l’encourager, tombent dans le terreau du doute préparé par Ortrud, et Elsa commence à s’imaginer qu’il pourrait la quitter pour retrouver cette si haute destinée. Dans un moment de doute, elle pose la question fatale. Dans une pièce voisine, Telramund et quatre hommes se tenaient en embuscade. Le chevalier tue Telramund et il ordonne à ses complices de porter son corps devant l’empereur.
L’empereur remercie les hommes d’être venus si nombreux et demande où est le Protecteur du Brabant, qui doit les conduire au combat. Quand celui-ci arrive, derrière le cadavre de Telramund, il annonce qu’il ne vient pas en combattant, mais en accusateur. Il accuse sa femme d’avoir trahi sa promesse. Il va maintenant révéler son nom à tous, puisque c’est Elsa, la seule personne à pouvoir le faire, qui lui a posé la question. Il dit qu’il vient d’un pays lointain, du château de Montsalvat, qui abrite le temple du Graal. Le Graal répand sa foi sacrée sur la chevalerie. Lui est le fils de Parsifal, et il se nomme Lohengrin.
Au moment de partir avec son cygne, qui est revenu le chercher, il dit encore que sous cette forme, c’est le jeune Gottfried qui est là, métamorphosé par la magicienne Ortrud. Il annonce son retour à venir, et remet à Elsa un cor, une épée et un anneau à destination de son frère. Ortrud avoue qu’elle a agi ainsi pour venger ses anciens dieux. Le cygne se métamorphose alors en Gottfried. Lohengrin le présente à l’assemblée comme étant le duc de Brabant, leur chef, et il s’éloigne.
[1] Note pour les metteurs en scène : en habillant Elsa de blanc et Ortrud de noir, on obtient un très joli effet, et en plus, le spectateur comprend qui sont les gentils et qui sont les méchants.
Lohengrin sera proposé sur le site du MET le 19 mai 2020.
Super !!!
Il ne doit plus te rester beaucoup de « très grands » opéras à faire aussi j’imagine bien un pincement au cœur en terminant celui-ci.
Mais j’ai bien aimé ton billet et Kaufmann comme toujours au TOP.
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Dans les WAGNER, il me reste le Vaisseau fantôme, les Maîtres chanteurs et Parsifal.
En fait, je pensais faire paraître hier le Vaisseau fantôme, mais comme j’ai vu qu’il y aurait Lohengrin dans la programmation du MET de la semaine prochaine, j’ai écrit vite fait ce billet !
Au fait, je voulais te dire, si tu regardes des choses au MET, tu peux toujours me demander si je n’ai pas écrit quelque chose sur le sujet qui ne serait pas encore publié, je pourrai te l’envoyer. J’ai pensé à ça hier, en regardant le très beau Peter Grimes de Britten qu’il y avait sur le site du MET, pour lequel j’ai effectivement un billet non écrit non encore publié.
Bonne journée.
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? Je n’ai pas vu la programmation de Lohengrin par contre j’attends un Nabucco
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En effet, il y aura Nabucco demain dimanche, et Lohengrin, ce sera mardi 19 mai (je le raconterai dans le billet qui sera publié lundi matin).
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Merci pour Wagner Jean-Louis, j’apprécie la qualité de chacun de tes articles et cette volonté – généreuse et passionnée – de partager ton amour de l’opéra.
Amitiés Jean-Louis
John
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Merci John, et bonne journée !
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Je t’en prie Jean-Louis
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Superb, Jean-Louis… absolutely superb! Stay safe and well, my friend.
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La marche nuptiale de Wagner est très connue ( j’adore !), mais je ne savais pas qu’elle etait tirée de l’ opéra de Lohengrin. Le chevalier au cygne…. le beau et pur chevalier du Graal poussé par le désir d’aimer et d’être aimé comme n’importe quel humain, plus romantique tu meurs ! Une belle histoire d’amour qui tourne mal à cause d’un malentendu, finalement – pfff. La pauvre Elsa. Je me mets à sa place. Pas si évident ( malgré des sentiments très forts) de ne pas finir par douter. La peur de se tromper, d’être abandonnée… la question, tu te la poses et tu la poses, forcément. » Mon époux! Mon époux! Trop tard ! Pour Elsa, la joie de retrouver son frère aura été de courte duŕée. Sniff. Ah les affreux Ortrud et Frédéric – grrr. C’est un conte ( inspiré d’une légende, si j’ai bien compris), n’empêche c’est comme dans la vie: les bons et les méchants, les faibles et les forts…. Quelle monstrueuse manipulatrice Ortrud ! En tout cas, trop hâte de voir l’opéra !
Bonne journée, J-L. Et merci à toi pour ce billet,
PS: je crois que je vais faire une bonne révision de tout Wagner. Le vaisseau fantôme ( entre autres) me tente.
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Eh oui, SOlène, une belle histoire d’amour, inspirée comme toujours chez Wagner par une ancienne légende ! (Il faut voir la bibliothèque personnelle de Wagner dans sa maison / musée à Bayreuth, c’est assez impressionnant !)
Le hasard de la programmation fait qu’il y a un autre Lohengrin disponible en ce moment, sur le site du théâtre de La Monnaie / De Munt de Bruxelles, dans une mise en scène d’Olivier PY (un metteur en scène capable du meilleur comme du pire, on verra.)
Sinon, oui, le Vaisseau fantôme, premier des « grands » opéras de Wagner, encore une belle histoire d’amour tirée d’une légende. Le billet est prêt, il faut juste que je trouve une fenêtre pour le publier. 😉
Bonne journée à toi, SOlène. 🎼🌞
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Bonne journée à toi également !
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J’ai regardé hier le premier acte de Lohengrin sur le site de LA Monnaie / De Munt. Mise en scène moderne mais sans gris contresens, quelques Py-treries m’ont fait tiquer (la scène du tournoi).
J’ai regardé le début de Lohengrin sur le site du MET ce matin. Mise en scène planplan comme on les faisait il y a 50 ans, mais sans aucun faux-sens ni contresens, avec un chef qui dirige ça comme il dirigerait Aïda de VERDI. Bref, deux versions totalement différentes mais qui ont chacune leur avantage.
Bonne journée à toi, SOlène.
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Merci Jean Louis pour tes articles toujours si passionnants.
Le blanc, le noir..gentil ou méchant ..on aimerait tant que ce soit si…simple.
Et puis, j’aimerais bien aussi qu’un beau chevalier descendant d’un cygne, vienne me défendre 😉
Jour pluvieux, j’en profite pour parcourir ton blog.
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Hihi, qui sait, peut-être viendra-t-il; ce beau chevalier tiré par un cygne !
Le tout c’est d’y croire.
Je te souhaite un bon dimanche.
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