Premier des opéras de Richard WAGNER encore joués régulièrement (les précédents sont considérés comme des œuvres de jeunesse et sont très rarement joués), c’est probablement un de ceux dont l’abord est le plus aisé. Le découpage est encore traditionnel, avec une ouverture qui récapitule les différents thèmes musicaux abordés, des chœurs (chœur des marins, chœur des fileuses), et de grands airs comme les opéras italiens et français en comportaient à l’époque.
Écrit en 1841 – 1842 d’après une nouvelle de H.Heine. Le livret est de Richard Wagner. Alors que couvert de dettes, il fuit Riga, son bateau pour Londres est pris dans une tempête, et dérive jusqu’à une baie. Au sortir de la tempête, les marins heureux de s’en être sortis entonnent alors une de leurs chansons. Ce spectacle, joint au souvenir qu’il a de la légende du Hollandais Volant écrite par Heine quelques années plus tôt lui donne l’idée de cet opéra.
Présenté au directeur de l’Opéra de Paris, l’idée plait tellement au directeur qu’il veut racheter le livret, mais pour le faire mettre en musique par un autre compositeur. Après avoir résisté, Wagner cède le livret en français pour 500 francs, mais il travaille de son coté à la mise en musique de son texte en allemand.
Ouverture : Pour la première fois, Wagner se sert de l’ouverture pour exposer les leitmotivs qui formeront l’ossature du récit. On y entend successivement, le motif du Hollandais Volant, violent au début pour évoquer la tempête, puis repris calmement pour évoquer le mouillage sur la côte, et enfin le motif de Senta.
Acte 1 : Le capitaine Daland et son équipage sont pris dans une tempête qui les jette dans une baie de la côte norvégienne, loin de leur port d’attache. Le pilote de quart chante pour se tenir éveillé (Air : « Mit gewitter und sturm »), mais finit par s’endormir.
Le vaisseau du Hollandais Volant arrive. Pour avoir provoqué le diable dans une tempête, il a été condamné à errer sans fins sur les flots, n’ayant le droit de toucher terre qu’une fois tous les sept ans. Sa malédiction ne prendra fin que s’il rencontre une femme qui l’aimera d’un amour absolu, jusqu’à la mort si nécessaire.
Daland qui s’était endormi, se réveille et remarque le bateau. Dans une discussion entre les deux capitaines, le Hollandais évoque sa riche cargaison, ce qui intéresse Daland. Il propose sa fille Senta en mariage. Dès le marché conclu, la tempête s’apaise, et les bateaux peuvent rejoindre le port d’attache de Daland.
Acte II : En attendant le retour des hommes, les femmes filent en chantant (Chœur des fileuses : « Summ und Brumm ».)
Senta elle, contemplant le portrait du Hollandais Volant, chante une ballade que lui a apprise sa nourrice racontant son histoire (Ballade de Senta : « Johohoe ! Traft ihr das Schiff ».) Elle déclare aux autres femmes qu’elle sera celle qui délivrera le Hollandais de sa malédiction.
Erik, un chasseur fiancé à Senta, a tout entendu et lui rappelle qu’ils sont fiancés. Il lui raconte un rêve qu’il a fait, où il l’a vue rencontrer le Hollandais et partir avec lui.
Daland et le Hollandais entrent, et Daland propose à sa fille le mariage avec le Hollandais, en échange des trésors de celui-ci. Restés seuls, Senta et le Hollandais, chantent la réalisation de leurs rêves. Pour le Hollandais, le repos, pour Senta, la fin de sa vie monotone à la maison et le désir de délivrer le Hollandais (Duo). Il lui demande si elle sait à quoi elle s’engage en se donnant à lui. Elle répond qu’elle s’engage jusqu’à la mort. Le Hollandais voit là son salut. Daland revient, et demande s’il peut annoncer un mariage à la fête qui se prépare pour le retour au port.
Acte III : C’est la fête qui suit le retour des marins sur la terre ferme, là où il fait bon aimer, boire et manger (Chœur : « Steuermann, lass die Wacht »).
Marins et villageoises provoquent le Hollandais et son équipage restés à l’écart, si bien que les marins du vaisseau fantôme finissent par répondre, provoquant l’effroi de tous.
Erik rappelle à Senta, prête à suivre le Hollandais, sa promesse de mariage (Air : « Willst jenes Tags du nicht… ».)
Entendant cela, le Hollandais doute que Senta lui soit fidèle jusqu’à la mort. Il part, disant que Senta n’ayant pas encore juré son serment devant Dieu, elle peut encore échapper à la damnation. Senta se jette derrière lui dans les flots, donnant ainsi sa vie pour libérer le Hollandais. Le Hollandais et son Vaisseau Fantôme sont désormais libérés de leur malédiction. (C’est là la première rédemption par l’amour mise en musique par Wagner, il y en aura d’autres…)
Retrouvez d’autres ouvertures célèbres ainsi que d’autres chœurs de Wagner.
C’est une merveille ! Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir. Je l’emporte avec moi. Enfin je veux dire par là, je l’enregistre et ton billet et les morceaux choisis vont faire ma soirée.
Je commenterai tout cela après en détail – hein d’accord ?
MERCI 🙏 du ❤
J’aimeAimé par 1 personne
Prends ton temps, SOlène, il est rare que mes billets disparaissent et, même si je les modifie après leur publication, en général, ça va plus dans le sens d’un enrichissement que d’un appauvrissement.
Bonne soirée à TOi.
J’aimeAimé par 1 personne
« Le vaisseau fantôme » ou la naissance du génie de Wagner qui a fait de l’opéra un art expressif. Oui, il y a un petit moment déjà, j’avais lu un article sur le monde de Wagner. Et donc, entre autres, que « Le vaisseau fantôme » ( écrit après Fées, La Défense d’Aimer et Rienzi) était le premier de ses 10 opéras à rentrer dans la postérité du festival de Bayreuth et joué régulièrement.
En fait c’est à partir de là que Wagner a commencé à s’éloigner de l’opéra traditionnel jusqu’alors surtout sous l’influence italienne.
La rédemption par l’amour jusqu’à la mort qui libère ceux qui ( comme dans Tristan) ne peuvent pas vivre leur amour dans la vie normale, ou qui rachètent la faute des autres ( Tanhaüser, Crépuscule des Dieux).
Quant à la musique qui, par sa mélodie continue (ou infinie) est en permanence liée à l’action( et ses leitmotivs): tout simplement magnifique ! Extraordinaire du début ( quand l’orchestre fait ressentir la tempête qui fait rage) jusqu’à la fin.
Et puis, j’adore cette histoire et son atmosphère ( le monde des vivants qui entre entre contact avec le monde des morts, ou plutôt des morts vivants). Aussi je me demande le livret écrit par Wagner sans cette musique, qu’est-ce que ça pouvait donner ?
» Flying Dutchman », je ne m’en lasse pas. Musique qui pourrait à elle seule résumer l’opéra.
Bônuit TOI. Ou plutôt, bon jour, parce que à l’heure où tu liras ce commentaire, ce sera le matin ☕🥐🌞🎶
J’aimeAimé par 1 personne
Merci SOlène de ce commentaire.
Je vois qu’effectivement, ce sujet te tenait à cœur. ET puis, c’est une belle histoire, encore proche du monde des légendes, avec Senta qui choisit de mourir pour libérer le Hollandais de sa malédiction, ce Hollandais qu’elle aime depuis toujours, avant même de l’avoir rencontré.
C’est une des nombreuses réponses possibles à ta fameuse antinomie : « C’est quoi l’amour ».
Très bonne journée à TOi. 🌞🎼
J’aimeJ’aime
Et encore j’ai fait le plus court possible !
Belle fin d’aprem’ à TOI, J-L
J’aimeAimé par 1 personne
Bonne fin d’aprem’, SOlène.
(P.S. j’ai écouté Iolanta sur le site du MET, c’est sublime [et ça ne dure pas trop longtemps, environ une heure trente])
J’aimeJ’aime
Mais ça peut coller pour moi, les horaires, ou pas ?
J’aimeAimé par 1 personne
Bah, je ne sais pas, moi, je ne connais pas ton emploi du temps.
Je ne sais pas quand tu as prévu d’aller marcher sur la plage, pieds nus dans le sable mouillé…
Non plus sérieusement, avec le décalage horaire, la vidéo sera disponib’ jusqu’à 22h30. après, hop, ce sera la suivante.
De toute manière, j’ai écouté cette œuvre (ce chef-d’œuvre devrais je dire) en rédigeant un billet qui lui sera consacré (mais c’est toujours mieux, quand on peut, d’avoir le pestacle complet.)
J’aimeAimé par 1 personne
Hum, m’fait envie, du coup. Jusqu’à 22h30 dis-tu, et il est 17h18…. encore temps.
🙏
J’aimeAimé par 1 personne
Même si tu ne peux pas tout écouter, essaye au moins l’air du docteur (à la quarantième minute) et le duo d’amour (à 1 h 10 min.)
J’aimeAimé par 1 personne
J’y suis. Sublime ! (non, je regarde tout)
J’aimeAimé par 1 personne
Déjà fini ! Mais c’était ma-gni-fi-que ! Je ne regrette pas le temps ( que je n’ai pas vu passer tellement ça m’a transportée). 🙏
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, c’est un opéra en un acte, assez court, mais très beau.
En fait, on ne commence à le (re)monter sur scène que depuis une dizaine d’année. (Je l’ai vu à Bastille en 2016, couplé avec Casse-Noisette, comme lors de la création à saint-Pétersbourg, en 1892.)
J’aimeAimé par 1 personne
Un bien beau billet pour un bien bel opéra avec une bien belle chanson de Senta
J’aimeAimé par 1 personne
Qui mieux que Birgit NILSSON pour incarner la chanteuse wagnérienne ?
J’aimeJ’aime
Wagner – et je ne sais pourquoi – m’a toujours un peu effrayé. Sans doute un a priori de ma part. Ton article a le mérite, en ce qui me concerne, de bien montrer le travail de ce compositeur. Et c’est très bien ainsi.
Bonne soirée Jean-Louis
John
J’aimeAimé par 1 personne
Il est vrai que l’œuvre de WAGNER a de quoi faire peur, et pourtant que de belles choses elle contient.
Des opéras comme Le Vaisseau fantôme, Lohengrin ou Tannhaüser, qui gardent encore le découpage traditionnel des opéras, permettent d’entrer dans cet univers en douceur, avant peut-être d’aborder des choses plus « conséquentes » !
Bonne journée à toi, John.
J’aimeJ’aime
Merci Jean-Louis,
Tu as très bien su expliquer ce que je pouvais ressentir s agissant de Wagner.
Merci pour ton travail.
Belle soirée
John
J’aimeAimé par 1 personne