C’est en écoutant en 1909 le grand tragédien MOUNET-SULLY à la Comédie-Française interpréter l’Oedipe-roi de SOPHOCLE que Georges ENESCO (1881 – 1955) a l’idée d’écrire son opéra Œdipe. Depuis cette soirée, Enesco restera « comme possédé » par son sujet, qu’il portera plus de vingt ans, de 1909 à 1931.
Le livret est d’Edmond FLEG, un helléniste réputé, et retrace tous les épisodes de la vie d’Œdipe, depuis la faute de son ancêtre Laïos jusqu’à sa retraite dans un lieu caché près d’Athènes.
Œdipe a été créé à l’Opéra de Paris en 1936, et tout de suite reconnu comme une œuvre lyrique majeure du XXe siècle.
Stylistiquement, le langage musical d’Enesco ne doit rien à personne, si ce n’est quelques influences de son ami Maurice RAVEL, notamment dans l’emploi des chœurs.
Le pitch : Victime de la malédiction qui pèse sur les descendants de Laïos, Œdipe subit sa destinée, accumulant les fautes abominables (tuer son père, se marier avec sa mère, être le père de ses frères) tout en restant innocent de ces fautes, puisqu’il cherche toujours à les éviter. Il est le symbole de la fragilité de la destinée humaine face aux arrêts implacables des dieux.
Acte I : À Thèbes, les femmes du palais et les bergers, entourant le grand prêtre, se réjouissent de la naissance du fils de Laïos. Seul le devin Tirésias ne participe pas à la joie générale. En effet, il sait qu’Apollon est apparu à Laïos et lui a défendu d’avoir une postérité, sa race maudite devant s’éteindre avec lui. En concevant avec Jocaste un enfant , il fait porter sur celui-ci le poids de sa faute. Tirésias révèle le destin d’Œdipe, il sera meurtrier de son père, époux de sa mère, frère de ses filles et père de ses frères. Laïos demande à un de ses bergers de conduire le bébé dans une gorge profonde et de le faire mourir.
Acte II : Vingt ans plus tard, à Corinthe, Œdipe a été adopté par le roi Polybos et la reine Mérope. Alors qu’il faisait un sacrifice au temple de Delphes, Apollon lui est apparu et lui a révélé son terrible destin. Il veut fuir Polybos et Mérope qu’il croit être ses parents, afin d’y échapper.
Dans sa fuite, il se trouve au croisement de trois chemins. Alors qu’il se demande par où aller, le roi Laïos arrive sur son char. Son cocher fouette Œdipe qui alors abat Laïos d’un coup de massue, puis il tue le guerrier qui accompagnait le roi, ainsi que son cocher.
Œdipe arrive à Thèbes. C’est la nuit et le veilleur veille. Œdipe s’avance, mais le veilleur le prévient que c’est la mort qui l’attend s’il continue son chemin et réveille la sphinge, qui terrorise la ville. Œdipe veut sauver la ville. Il interroge la sphinge qui lui pose son énigme : « qui est plus fort que le destin ? ».
Œdipe connaît la réponse, c’est « l’homme ». La sphinge est prise d’un rire incontrôlable et meurt. Le veilleur réveille alors tous les Thébains pour qu’ils se réjouissent et on donne à Œdipe la récompense gagnée pour avoir libéré la ville, la main de la reine Jocaste.
Acte III : Vingt ans plus tard, la ville de Thèbes est ravagée par la peste. Le peuple se désole de tous ces enterrements à répétitions. Œdipe a envoyé à Delphes Créon, le frère de Jocaste, pour consulter l’oracle. Celui-ci revient, pour sauver la ville à nouveau, il faut trouver l’assassin de Laïos, qui se trouve dans la ville. Œdipe déclare qu’il faut trouver le meurtrier, l’exil de la cité sera sa punition. Mais si le meurtrier ne se dénonce pas, Œdipe appelle sur lui la malédiction d’Apollon. On appelle Tirésias. Œdipe le soupçonne, mais le devin retourne l’accusation. Il fait témoigner le berger qui a assisté au meurtre du roi Laïos. Quand le berger décrit le crime, Œdipe reconnaît son histoire. Un héraut de Corinthe, envoyé par Polybos et Mérope, qui souhaitent revoir leur « fils ». Il explique qu’il a substitué leur enfant par un enfant trouvé que le berger n’avait pas eu le courage d’exécuter. À ces mots, Jocaste se pend et Œdipe se crève les yeux.
Acte IV : Près d’Athènes, un chœur de vieillards accompagne Thésée qui va invoquer les dieux dans un bois sacré.
Œdipe arrive, guidé par sa fille Antigone. Créon arrive, suppliant Œdipe de revenir à Thèbes. Celui-ci refuse, mais Créon et ses hommes s’emparent d’Antigone. À ce moment, Thésée et les vieillards apparaissent. Antigone l’implore et Thésée prend Œdipe et sa fille sous sa protection. Œdipe, après avoir prouvé son innocence face à un destin injuste, recouvre la vue et disparaît dans une grotte.
(Source principale : la production de l’Opéra de Paris d’octobre 2021, et le programme associé.)
Encore un génie ce Georges Enesco ! J’écouterai plus tard…
Merci pour cet article et pour ta démarche globale.
Belle journée Jean-Louis
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Je ne sais pas si c’est un génie, mais en tout cas, il a su développer un langage musical extrêmement intéressant, et qui mérite d’être mieux connu !
(Il a aussi eu dans ses élèves au violon un petit jeune qui a su percer, un certain Yehudi Menuhin !)
Bonne journée, Régis.
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Très forte histoire qui traverse le temps. Ça rappelle un Macbeth cette histoire de simili sorcières qui prédisent des trucs incroyables mais qui finissent par se réaliser.
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En tout cas, un très bel opéra que j’ai eu le plaisir de découvrir récemment !
Bonne soirée, John Duff.
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C’est ce que tu as été voir, la semaine dernière à Bastille – non ? D’ailleurs il y avait une grève ( j’ai vu un post de l’opéra de Paris, passer). Plus penser à t’en parler.
Merci pour le billet, une bonne soirée et à bientôt.
PS: je le relirai à tête reposée et écouterai tt ça plus tard ( mais pas ce soir). Journée épuisante, et je viens juste de me poser.
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Tout à fait, SOlène, tout à fait.
J’y étais le jour de la grève ! Et ai était prévenu par SMS alors que je mangeais au « Palais du Fruit », une heure avant le spectacle.
Du coup, j’ai eu droit à une version de concert : pas de décors, pas de costumes, pas d’éclairage ! The big déception.
Mais là où je n’ai pas du tout été déçu, c’est au niveau musical. Cette musique est assez extraordinaire, et j’ai découvert un ténor une contralto tout aussi extraordinaires !
Ce qui est dommage, c’est que comme il s’agit d’un opéra relativement peu représenté, je n’ai pas trouvé de vidéos à la hauteur de ce que j’attendais pour essayer de vous faire apprécier cette musique !
Bonne soirée, SOlène.
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Nouveau et intéressant, je viens de recevoir un bon d’achat d’une valeur de 50 % du spectacle, valable sur un prochain déplacement à Bastille !
Bonne journée (pas trop harassante, j’espère), SOlène.
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🙏🌹
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Histoire tragique, courageux d’en avoir fait un opéra !
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Merci Marie-Christine, et bonne journée.
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Complexe cette histoire d’Oedipe ! Personnellement j’aime bien le personnage d’Antigone. Je ne rentre chez moi que lundi prochain donc peux pas encore écouter les vidéos, mais je n’y manquerai pas ! Bonne journée Jean Louis et merci 🙂
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Il n’y a pas de souci, mes billets seront encore là lundi prochain !
Bonne journée, Marie-Anne. 🙂
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