Cet article est ma contribution à l’Agenda Ironique de novembre 2020.
Ce merveilleux film danois de Gabriel Axel se passe à la fin du XIXe siècle, sur les côtes désolées du Jutland. Il fait partie du top 10 de mes films préférés. L’histoire est tirée d’une nouvelle de Karen BLIXEN.
Ce BERGMAN optimiste a reçu l’Oscar du meilleur film étranger en 1988.
La première partie du film se déroule dans une communauté luthérienne tenue par le pasteur du village, aidé par ses deux jeunes (et jolies) filles. L’une, Martine, est courtisée par Lorens, un officier de l’armée danoise envoyé quelques temps à l’isolement dans ce village perdu pour lui faire réfléchir à l’inanité de sa conduite légère. Il finit par la quitter quand il comprend que dans cette communauté rigoriste, son amour n’a aucune chance. Lors d’une scène de bal à Stockholm (sur une valse de BRAHMS), on le voit décider de se consacrer désormais à sa carrière militaire afin de prendre sa place dans le monde.
L’autre fille, Philippa, a une voix superbe. Achille Papin, un ténor de l’opéra de Paris qui passait par là, on l’entend dans l’air « Deh vieni alla finestra » du Don Giovanni de MOZART chanté à l’opéra de Stockholm découvre, part en villégiature dans le village et découvre sa voix « de Diva » à l’église.
Achille se met en devoir de donner des cours de chant à Philippa, espérant la faire un jour triompher à l’opéra de Paris. Après une scène où ils interprètent en duo l’air « La ci darem la mano » de Don Giovanni, la jeune femme, troublée, décide d’interrompre ses leçons de chant, et Achille repart à Paris.
Cliquez sur Zerline et Don Giovanni
Secundo, on voit arriver quelques années plus tard dans le village une jeune femme (Babette) ayant fui la France après la commune de Paris, munie d’une lettre de recommandation de la part d’Achille Papin. Elle se met au service des deux sœurs, qui font vivre la mémoire de leur père décédé auprès de la petite communauté villageoise. On voit Babette s’intégrer petit à petit à cette communauté.
Troisièmement, 14 ans plus tard Babette, dont les seuls liens avec la France sont ceux d’un ami qui lui prend, tous les ans, un billet de la loterie nationale, apprend qu’elle a gagné le prix de 10 000 francs (de l’époque). Elle demande aux deux sœurs qui s’appétaient à célébrer lors d’un repas le centième anniversaire de leur père de la laisser préparer ce repas, par un repas « à la française ». D’abord réticentes, les sœurs finissent par accepter, persuadées que Babette, devenue riche, va ensuite les quitter.
Cette dernière partie, qui fait presque la moitié du film, est consacrée aux préparatifs du festin de Babette, puis à la préparation du repas à la cuisine, alors que les invités, ne sachant trop ce qu’on va leur faire manger (ils se méfient de la cuisine du diable), ont juré de ne commenter aucun des plats qu’on leur servira. Lorens, qui est devenu général, se pose des questions sur le sens de sa vie : a-t-il bien fait de renoncer à son amour de jeunesse pour épouser les vanités de la gloire militaire ? Il se fait inviter au festin et est le seul à se rendre compte de la qualité des mets et des vins qu’on leur sert. Il y a au menu de la soupe de tortue, des « cailles en sarcophage », le tout arrosé des meilleurs vins et du nectar de Bretzel liquide.
À la fin du repas, aidé par les boissons, toutes les dissensions qui existaient dans la communauté se dissolvent et tout le monde se réconcilie. Lorens avoue à Martina qu’il l’a toujours aimée, chaque jour de sa vie. Il a compris qu’il y a un temps pour aimer, un temps pour briller en société, et un temps pour se souvenir.
Je terminerai l’évocation de ce film par quelques citations :
Babette, en réponse aux deux sœurs qui déplorent qu’elle ait dépensé tout son argent pour leur repas (maintenant, vous serez toujours pauvre) : Un artiste n’est jamais pauvre.
Lorens, faisant ses adieux à Martine : J’ai appris ce soir que dans notre beau monde, tout est possible.
Les villageois faisant la ronde sous les étoiles au sortir du repas : L’horloge sonne, et le temps passe, l’éternité approche.
Achille Papin : Un cri jailli du cœur de l’artiste retentit dans le monde entier. donnez moi une chance de me surpasser.
Et pour trouver une autre contribution à l’Agenda Ironique, c’est ici : Un voyage en huit étapes.
Merci pour cet article si fourni, qui illumine aussi le souvenir de l’extraordinaire Stéphane Audran.
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Quelle belle feuille pour l’agenda ironique de novembre !
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Super chouette, ce billet Jean-Louis.
Belle journée à toi. Et merci, bien sûr.
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Merci SOlène.
J’espère que ce billet te donnera envie de voir, ou de revoir, ce très beau film.
Sans doute un des plus beaux rôles de Stéphane Audran !
Bonne journée.
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Très beau film que je conseille également. Merci Jean-Louis.
Belle journée.
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Bonne journée à toi aussi, Régis.
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Bon jour Jean-Louis,
Je retiens : » … un temps pour aimer, un temps pour briller en société, et un temps pour se souvenir. » Tout est dit 🙂 Un article fort intéressant.
En tout cas merci pour la découverte de ce film que je ne connaissais pas. 🙂
Bonne journée Soleil, à toi.
Max-Louis
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Merci Max-Louis.
SI tu ne connais pas ce film, je me permets de te le recommander vivement !
Bonne journée Soleil à toi aussi. 🌞🙂
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Bonjour Jean-Louis ! J’aime bien ce film, surtout la longue séquence du festin où tout le monde se régale sans oser rien dire ! Je ne me souvenais pas par contre qu’ils buvaient du Bretzel liquide – lol – ça m’a fait bien rire 😀
Très jolie petite valse de Brahms !
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Le bretzel liquide ne figure pas fans le film, c’était juste pour respecter la contrainte de l’Agenda Ironique ! 😉
Bonne journée, Marie-Anne.
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Oui, je sais bien 🙂 Mais c’était cocasse !
Bonne journée Jean-Louis 🙂
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J’ai vu ce film il y a pas mal d’années, je ne me rappelais plus de toute l’histoire.
J’avais adoré ce film – j’aime bien quand il y a des personnages simplement « gentils ».
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Ce film vu en salle à sa sortie m’avait marqué, mais en le regardant récemment, j’ai découvert qu’il y avait un chanteur d’opéra qui passait pas là, chose que j’avais totalement oubliée !
Bonne journée, John Duff.
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On entre dans l’histoire du film avec beaucoup de plaisir. Ton billet est un bel hommage, j’ai certaines images fortes du film du festin qui reviennent en te lisant. 🙂
Je t’envoie un mail en début de semaine pour voir avec toi, la suite de l’agenda.
Bon week-end, Jean-Louis 🙂
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Merci Laurence, bon ouikènde à toi aussi, et à la semaine prochaine pour la suite des aventures d’Hannah peau d’Othon (c’est une héroïne des sagas nordiques !)
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Miam !
oh, une critique de film adorable pour un film que j’ai adoré 🙂
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En fait, il n’y avait rien de préconçu pour ce billet.
Je regardais l’autre soir le Festin de Babette, film que j’adore, à mille lieux de penser à mon blog ou à l’opéra, quand :
premièrement, je tombe sur les scènes avec Jean-Philippe Lafont et Don Giovanni (scènes que j’avais totalement oubliées)
secundo, Stéphane Audran qui sert de la liqueur de Bretzel liquide à ses invités
enfin le découpage du film en trois parties distinctes, représentant chacune un temps pour…
C’en était fait, j’avais ma participation à l’AI de novembre 2020 ! 😉
Bonne soirée, Carnets Paresseux.
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Découverte pour moi aussi ! merci de ce suave moment de critique littéraire !
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Merci Gibulène, et bonne soirée.
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J’ai vu ce film il y a pas mal d’années mais tu m’as donné envie de le redécouvrir surtout pour Stéphane Audran. Bien joué le coup du bretzel liquide que je n’avais pas vu arriver 😉
Bon dimanche.
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Merci Bernadette. Oui, Stéphane Audran est bouleversante, mais tous les autres acteurs / actrices sont très bons aussi.
Tu reprendras bien un peu de nectar de Bretzel liquide ?
Bon dimanche à toi.
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Juste un doigt alors!
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😉
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