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Compositeurs

UNE HEURE AVEC OTHMAN LOUATI

Le jeune et brillant compositeur Othman Louati a une actualité musicale aussi chargée que passionnante. Il m’a aimablement consacré une heure pour parler de ses projets.

Ravel : En août, au festival Ravel, Othman Louati était professeur et chef des ensembles pour la classe de composition de Michael Jarrell. Et fin août, il a été assistant à la direction musicale pour la Main gauche, de Ramon Lazkano, d’après Ravel de Jean Echenoz, avec l’Ensemble intercontemporain dirigé par Pierre Bleuse.

Le 13 décembre, il dirigera le Philharmonique de Radio-France pour une adaptation de L’Enfant et les sortilèges, opéra-tableau comme l’est les Ailes du désir.

Solaris : Pour la première fois depuis, longtemps, l’opéra vidéo Solaris n’est pas une commande. L’idée lui en est venue par amour du cinéma, le grand art du XXe siècle, qui permet de traiter les grands mythes de notre temps. Solaris, le livre de Stanislas Lem, a fait l’objet d’une adaptation au cinéma par Andreï Tarkovski. C’est un faux film de science-fiction où Tarkovski voulait retrouver une situation où un homme se confesse auprès de la femme qu’il a perdue. On le sait peut-être, mais le cinéaste est porteur d’une mystique chrétienne (cf. Andreï Roublev). Ce pourrait être pour Othman une évolution vers la musique sacrée, l’opéra vidéo devenant un oratorio vidéo, avec la scène ultime de lévitation sur une musique de Bach. Tarkovski est aussi un des cinéastes phares pour Jacques Perconte, qui n’a pas tardé à accepter de travailler sur ce projet quand Othman le lui a présenté.

Solaris sera créé le 29 avril à l’Atelier lyrique de Tourcoing, avant une reprise à Angers et à Grenoble.

Chiens : Othman a écrit une musique de scène pour Chiens, qui sera joué en février aux Bouffes du Nord, avec une mise en scène de Lorraine de Sagazan.

Visions : Pièce pour percussion et ensemble électronique écrite pour l’ensemble « Les Apaches », fera l’objet d’un enregistrement en janvier. Il s’agit d’un prologue à l’Histoire du soldat de Stravinsky.

Sanctuaires : Création le 25 septembre à l’auditorium de Radio-France. Sanctuaires est une commande de Radio France pour le chœur de Radio France et l’orchestre « Les Apaches ». Quand il était en 1ère année du conservatoire de Paris, Othman était percussionniste dans le Roi David d’Honegger, dirigé par Lionel Sow. Quatorze ans plus tard, il retrouve Lionel Sow (le chef du chœur de Radio France) dans ce concert où les pièces de Sanctuaires (psaumes 13 et 104) seront intriquées avec le Roi David. Sanctuaires se glisse dans l’oratorio d’Honegger, avec une mise en musique de psaumes de Théodore de Bèze.

La Planète Sauvage de René Laloux, Ciné-concert par Le Balcon et Nitaï Hershkovits à la Cité de la musique les 31 janvier et 1er février. Direction musicale.

Le premier opéra d’Othman, les Ailes du désir, fera l’objet d’une reprise à Clermont et à Paris en février.

Le 9 mai, Satie-Cage au Théâtre du Châtelet, un spectacle sous-titré Une parade, de la fête au silence, avec l’ensemble Les Apaches.

Divers, Géographie

LA SICILE

La Sicile est une île italienne dont la capitale est Palerme. L’excellent site vexillologique de John Duff nous apprend que son drapeau représente une tête de Gorgone entourée de trois épis de blé et de 3 jambes.

Parmi les compositeurs nés en Sicile figure Alessandro Scarlatti (1660-1725).

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Plus près de nous, Vincenzo Bellini (1801-1835) est né à Catane, en Sicile.

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La sicilienne est une danse au caractère bucolique.

Maria Theresa von Paradis Sicilienne.

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Gabriel Fauré Sicilienne, opus 78.

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Le ténor français Roberto Alagna est d’origine sicilienne. Un de ses albums est titré le Sicilien.

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Verdi a écrit pour l’Opéra de Paris les Vêpres siciliennes en 1855. Historiquement, il s’agit d’un soulèvement des Siciliens contre l’occupant français en 1282.

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Zampa, ou la Fiancée de marbre (1831) de Hérold, se passe en Sicile.

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Cavalleria Rusticana (1890) de Mascagni se passe également dans un village de Sicile.

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Compositrices

Cécile CHAMINADE (1857-1944)

Cécile Louise Stéphanie Chaminade naît le 8 août 1857 à Paris. C’est sa mère, très bonne pianiste, qui s’aperçoit de son talent pour la musique et lui donne ses premiers cours.

Alors que son père a fait construire une villa au Vésinet, près de Paris, les Chaminade se rapprochent de Georges Bizet, un ami de la famille, qui conseille d’inscrire Cécile au Conservatoire. Mais le père refuse, le rôle d’une jeune femme de la bourgeoisie étant d’être une bonne épouse et une bonne mère. Finalement, Bizet trouve un arrangement en faisant suivre à Cécile des cours privés.

En 1880, Cécile Chaminade écrit son opus 1, un trio pour piano, violon et violoncelle.

En 1882, lors d’une soirée musicale donnée par son père pour ses amis, on joue la Sévillane (opus 32), un opéra-comique en un acte. Malgré le succès de cette soirée, l’œuvre ne sera jamais jouée sur scène, et la partition en est aujourd’hui perdue. Il n’en reste que des extraits, dont l’ouverture, qui avait été donnée en concert par Jules Pasdeloup, ou cette sérénade.

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En 1884, elle écrit ces Feux de la Saint-Jean pour voix de femmes.

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En 1888, elle écrit la musique du ballet Callirhoë, créé à Marseille, et une symphonie avec chœurs, les Amazones, créée à Anvers.

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En 1892, elle écrit les Sylvains, opus 60.

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En 1901, Cécile épouse l’éditeur de musique Louis-Mathieu Carbonel. Louis-Mathieu décède en 1907, et le couple n’aura pas d’enfant.

Pianiste concertante, Cécile Chaminade donne de nombreuses tournées, notamment en Angleterre, où elle est reçue par la reine Victoria, et aux États-Unis.

En 1913, Cécile Cheminade est la première compositrice à recevoir la Légion d’honneur.

Pendant la guerre de 1914-1918, elle arrête la musique et dirige un hôpital à Londres. Après la guerre, elle ne reprend pas son activité de concertiste, mais continue de composer.

À sa mort, elle nous laisse plus de 400 pièces musicales, dont 200 pièces écrites pour le piano et 150 mélodies. Je vous propose ici l’Ondine, opus 101 (1900).

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Cécile Chaminade meurt le 13 avril 1944 à Monte-Carlo, à l’âge de 86 ans.

Divers, histoire, Mythologie

LES TRILOGIES DE L’OPÉRA

De nombreux compositeurs ont composé des trilogies, soit un ensemble de trois œuvres liées entre elles par un point commun, dates de composition, sujet ou librettiste.

Par exemple, pour Mozart, on parle souvent de la trilogie Mozart / Da Ponte. Il s’agit des trois opéras que Mozart a composés sur des livrets de Lorenzo da Ponte, à savoir Les Noces de Figaro (1786), Don Giovanni (1787) et Cosi fan Tutte (1789). Trois chefs-d’œuvre en quatre ans.

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Quelques années plus tard, Donizetti écrira ce que l’on appelle la trilogie des Tudors, d’après les heurs et malheurs de la famille royale anglaise : Anna Bolena (1830), Maria Stuarda (1834), et Roberto Devereux (1838).

Cliquez sur Maria

Ce que l’on appelle la trilogie de Verdi correspond à Rigoletto (1851), La Traviata (1853) et Le Trouvère (1853). Trois chefs-d’œuvre en trois ans, Mozart est battu !

Cliquez sur les gitans

À la même époque, le grand rival de Verdi, Wagner, commençait sa trilogie avec prologue, peut-être plus connue sous le nom de tétralogie : l’Or du Rhin (1854), la Walkyrie (1855), Siegfried (1856-1871) et enfin le Crépuscule des dieux (1874).

Cliquez sur le prélude du prologue

Enfin, Puccini a écrit ce que l’on appelle son triptyque (il Trittico), à savoir un ensemble de trois pièces en un acte : Il Tabarro, Suor Angelica et Gianni Schicchi en 1918.

Agenda Ironique

HIBERNATION (Agenda Ironique de novembre 2025)

Ce mois-ci, c’est John Duff qui nous propose le thème de l’Agenda Ironique. Et quel est-il, ce thème, et bien voilà :

En ce mois de novembre où les jours raccourcissent, où la pluie nous mouille et où le froid s’installe, j’aimerais vous proposer pour thème ma réponse à ces rigueurs de l’automne : l’hibernation.
En référence culturelle, il serait intéressant d’utiliser les mots suivants : Sérendipité, Nitescence, Melliflu, Alacrité, Anachorète, ainsi que Yuja Wang.

Pour donner un peu de tenue morale à ces agendas, je vous propose d’y placer cette belle morale de Jean de la Fontaine :

« Un escargot pressé perd sa maison. »

Et comme John Duff n’a pas de blogue, c’est l’ami Tiniak qui l’héberge. Ça se passe ici :

N’ayant pas d’autre méthode que celle du grattage occiputal pour trouver mes idées répondant aux contraintes de l’A.I., je dois m’en remettre à une sérendipité naturelle pour ce faire.

Au début de l’acte III de King Arthur, de Purcell, le génie du froid voulait imposer l’hibernation au genre humain.

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Mais c’était compter sans la curiosité de Snegourotchka, la fille de neige. Snegourotchka était la fille du Père Gel et de Dame Printemps. À la séparation de ses parents, Snegourotchka est élevée par son père, qui décide de l’envoyer chez les Berendeïs, ce qui est du goût de la jeune fille, attirée par les chants d’un humain appelé Lel.

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Le soir, sous la nitescence des étoiles, elle se laisse ainsi bercer par les airs melliflus du beau Lel, sentant grandir son amour pour lui.

Hélas, quand vient la fête du printemps, tout le monde chante et danse avec alacrité, mais c’est à une autre que Lel donne son cœur, et Snégourotchka est désespérée. Elle va voir sa mère, la suppliant de lui donner le don d’aimer et d’être aimée en retour. Quand un anachorète sorti des bois lui propose le vrai amour, Snegourotchka la fille de neige fond dans ses bras sous la chaleur de cet amour.

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L’histoire de Snegourotchka nous a été racontée par Ostrovski, et mise en musique par Tchaïkovski, puis par Rimski-Korsakov. Je vous la raconterai un jour un peu plus en détail si vous êtes sages.

C’est peut-être(ou pas) en souvenir de Snegourotchka que Debussy a composé des Pas sur la neige, que je vous propose interprété ici par Momo, le fidèle compagnon de jeu de Yuja Wang.

Cliquez sur Momo

Et comme je ne voudrais pas frustrer John Duff, je vous propose une autre pièce de Debussy, jouée cette fois par la jeune Yuja.

Cliquez sur la jeune Yuja

Moralité : un petit cœur pressé perd sa raison.

Divers, Poésie

LES MÉLODIES DE FAURÉ

Compositeur de l’intime, même son Requiem est doux et apaisé, Gabriel Fauré a écrit beaucoup de mélodies. Ses huit premiers opus sont d’ailleurs des recueils de mélodies.

Je vous propose donc ici une petite sélection de ces mélodies, un genre qu’il affectionnait et qu’il a pratiqué tout au long de sa carrière.

L’Opus 1 contient, « le Papillon et la Fleur », sur un poème de Victor Hugo, et « Mai ».

Cliquez sur n°1 de l’opus 1

L’Opus 4 contient « le Lamento du pêcheur », un texte de Théophile Gautier retenu par Berlioz dans ses Nuits d’été.

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L’Opus 5 contient « Chant d’automne », sur un poème de Charles Baudelaire.

Cliquez sur le n° 1 de l’opus 5

L’Opus 7 contient le fameux « Après un rêve ».

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L’Opus 39 contient « les Roses d’Ispahan ».

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L’Opus 46 contient son fameux « Clair de lune », sur un poème de Paul Verlaine.

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L’Opus 51 contient « au Cimetière », un autre poème de Gautier retenu par Hector Berlioz dans ses Nuits d’été.

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L’Opus 61, la bonne Chanson, est un recueil de 9 mélodies sur des textes de Paul Verlaine.

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Enfin, un de ses tout derniers ouvrages, l’Opus 118 intitulé l’Horizon chimérique, est un cycle de mélodies sur des poèmes de Jean de la Ville de Mirmont.

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Mes opéras préférés

ALI, de FILASTINE, BEN SELIM et ARNOLD (2024)

Ali est un opéra en quatre actes créé au Théâtre royal de la Monnaie (de Munt) de Bruxelles le 21 avril 2024. L’histoire est celle d’Ali Abdi Omar, un Somalien qui a dû fuir son village en 2016 pour fuir les milices armées qui l’avaient envahi, et a suivi un périple de deux ans, en passant par l’enfer libyen et en traversant la Méditerranée sur des embarcations de fortune, avant d’arriver à Bruxelles. Ali a eu l’occasion de raconter son histoire au librettiste Ricard Soler Mallol, qui a décidé d’en faire un opéra. Ali a tout de suite accepté, souhaitant que son histoire soit connue du plus grand nombre.

L’opéra a bénéficié d’un appel à projets de l’ENOA (European Netwwork of Opera Academies).

La musique a été composée par l’Américain Grey Filastine, familier des musiques du monde, épaulé par l’Anglais Brent Arnold, de formation plus classique et qui a traduit les idées de Filastine en orchestration plus « classique ». Le duo a été rejoint par le Marocain Walid Ben Selim pour l’écriture vocale et pour les parties chantées en arabe. En effet, une des particularités du livret est qu’il est écrit en trois langues : le somali pour les scènes qui se passent en Somalie et celles où Ali parle avec sa mère au téléphone, en arabe pour l’acte II qui se passe en Libye, et en français.

Le rôle-titre est écrit pour une voix de contre-ténor.

Cliquez sur le contre-ténor

Prologue : Qui est Ali ? Ali Abdi Omar, du clan Shekhal, est né en Somalie, dans la ville de Qoryooley. À douze ans, il doit fuir son village pour échapper au groupe islamiste Al-Shabaab.

Acte I – le départ. La mère d’Ali lui apprend que des membres d’al-Shabaab veulent l’enrôler, mais Ali refuse, car les islamistes ont tué son père. Il n’a pas d’autre choix que de fuir sa famille et son village.

Ali part sans rien emporter d’autre que les vêtements qu’il a sur lui. Il ne sait pas ce qui l’attend, mais il repense au conseil de son père : « Il faut accepter les choses qui arrivent ».

Arrivé à Mogadiscio, Ali est pris en charge par un trafiquant qui lui fait passer une première frontière. À Nairobi, il retrouve quatre amis de son village, Amina, Ashim, Khadra et Mohammed, en fuite comme lui. Ils s’entassent dans la voiture d’un autre trafiquant.

Ils marchent durant trois nuits pour passer la frontière du Soudan. Ils dorment le jour et marchent la nuit mais Ali, à qui un trafiquant a donné du khat, n’arrive pas à trouver le sommeil malgré sa fatigue.

Acte II – Koufrah. Les cinq amis sont retenus prisonniers à Koufrah, en Libye, dans un bâtiment qui évoque une porcherie. Walid, le trafiquant qui règne sur ce lieu, fait régner la terreur. Trois fois par jour, les prisonniers doivent appeler leurs familles pour obtenir l’argent de la rançon exigée par Walid. Ils sont régulièrement frappés par Walid et ses sbires. Ali rencontre Leïla, une amie de son village avec qui Ali jouait quand ils étaient enfants. Ali découvre le sentiment amoureux. Les amis d’Ali arrivent à quitter Kouffrah, laissant Ali derrière eux.

Après un an passé à Koufrah par Ali, sa mère a réussi à trouver l’argent de la rançon, en vendant ses terres. Ali peut poursuivre sa route, laissant derrière lui Leïla.

Acte III – vers la mer. Ali traverse le désert avec d’autres migrants, entassés dans un pick-up, avec la peur d’être repérés par la police libyenne qui les renverrait à la frontière. Ali retrouve ses amis à une halte dans une oasis. Khadra s’enfuit et part seule dans le désert pour éviter le sort que les trafiquants réservent aux femmes.

Le groupe a été repéré par des Libyens et doit s’enfuir. Un pick-up emporte les femmes et un gardien, à cause de l’aspect juvénile d’Ali, lui dit de partir avec elles. C’est la dernière fois qu’Ali voit ses amis Ashim et Mohammed.

Les fugitifs arrivent au bord de la mer. Ali a peur, il ne sait pas nager, mais il embarque avec les autres. Ils sont entassés à cent quinze sur une petite embarcation. La nuit, personne n’ose dormir par crainte de tomber à l’eau. Heureusement, la barque est repérée par un bateau d’une ONG « SOS Méditerranée » qui secourt les réfugiés.

Acte IV – Welcome to Europa. L’Europe rêvée est représentée au travers d’une scène de cabaret surréaliste, avec paillettes et frous-frous. Aucun des pays sollicités, l’Italie, l’Espagne, la France, n’accorde l’autorisation d’accoster. Seule Malte le permet et les passagers débarquent. On répartit les réfugiés dans différents pays européens, mais Ali reste. Personne ne veut d’un mineur, parce que « c’est plus difficilement expulsable ».

Ali rencontre un compatriote dans un restaurant. Celui-ci lui fournit un passeport et un billet d’avion. Ali arrive à Bruxelles.

Épilogue – l’entretien pour le droit d’asile. Qui est Ali ? « Je m’appelle Ali Abdi Omar, je suis né à Qoryooley. J’ai dix-huit ans. Je suis étudiant en services sociaux. J’habite à Schaerbeek ».

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(Source principale : les représentations de 2025 à la Monnaie / de Munt et le programme associé.)

Compositrices, Divers, Historique, littérature

LES FEMMES ET LA MUSIQUE AU MOYEN ÂGE, d’Anne IBOS-AUGÉ. 1 – Les actrices du monde religieux.

Vous connaissez mon intérêt pour les compositrices, aussi quand Françoise Objois m’a parlé de la conférence d’Anne Ibos-Augé sur « les femmes et la musique au Moyen Âge », je n’ai pas pu ne pas y assister. Son livre, divisé en trois parties, est une mine d’informations sur le moyen-âge.

I – Les actrices du monde religieux.

I.1 – la moniale

Herrade de Hohenburg (vers 1125-1195), abbesse du couvent de Hohenburg sur le mont Sainte-Odile. Elle a écrit l’Hortus deliciarum (le Jardin des délices), soit 45000 vers, 67 poèmes lyriques dont 12 notés musicalement, 400 images. C’est une compilation de textes divers, destinée à l’éducation des moniales.

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Organisation de la musique dans les couvents : il s’agissait essentiellement de psaumes et d’hymnes. La cantrix dirigeait le chœur, apprenait à chanter à ses consœurs, mais aussi à lire et écrire la musique.

De cette époque, le Codex de Las Huelgas (XIIIe siècle) est probablement la plus importante source de polyphonies féminines. Planctus o monialis concio.

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I.2 – la béguine

Les béguines étaient des femmes qui vivaient en marge de la société, sans avoir nécessairement prononcé de vœux religieux.

Parmi elles, Hadewijch d’Anvers (première moitié du XIIIe siècle) est une poétesse et, peut-être, compositrice brabançonne. Elle connaissait la poésie courtoise française. À côté de ses 45 poèmes, Hadewijch a écrit 14 visions, ainsi que des lettres. Les Visions (mystiques) figurent un parcours initiatique la menant vers le Christ rédempteur, largement musicales. Vers la fin du XIIIe siècle, les béguines peuvent être payées pour chanter, notamment lors des messes d’enterrement.

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I.3 – la mystique

La plus connue des musiciennes du moyen âge est certainement Hildegarde de Bingen qui a écrit trois livres de « visions », le Scivias écrit en 1151, le Liber vitae meritorium, écrit entre 1158 et 1163, et le Liber divinorum operum écrit à partir de 1158. Dans ces visions, inspirées par l’Esprit-Saint, Hildegarde s’exprime notamment sur « l’essence divine de la musique et sur ses trois principales fonctions : se rappeler la voix d’Adam avant la chute, susciter la dévotion grâce à la beauté, se pénétrer des chants de Dieu » (Page 63).

Dans sa Symphonia armonie celestium revelationum, ses compositions musicales louent la Sainte Trinité, la vierge Marie, les Vierges, les Veuves et les Innocents. Hildegarde est aussi l’autrice du premier drame liturgique, l’Ordo virtutum (Page 65).

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Page 71 Voir en musique. Anne Ibos-Augé nous explique comment la musique peut être un préambule à la vision, la musique « déclenchant » ces visions. Mais la vision déclenchée, la mystique peut entendre de la musique à l’intérieur de cette vision.

I.4 – la copiste

Dans ce chapitre, l’organisation des ateliers de copie est détaillée, ainsi que la fabrication des encres ou des parchemins. On y apprend la différence entre écrire (un texte) et noter ce texte, c’est çà dire mettre des notes sous le texte pour pouvoir le chanter.

Suit une description de la notation musicale au moyen-âge (page 90).

Retrouvez sur ce site la deuxième partie : II – Les musiciennes dans l’univers profane

(Source : Les Femmes et la musique au Moyen Âge de Anne Ibos-Augé, éditions du Cerf, 2025).

Compositeurs, Compositrices, Histoire de l'opéra, littérature

IL EST LÀ, IL EST LÀ, IL EST LÀ, MON DEUXIÈME LIVRE !

Eh oui, mon opus 2 vient de sortir aux éditions Le Lys bleu.

Ce deuxième volume est consacré aux Écrivains, dramaturges et librettistes et contient cinquante-huit biographies d’écrivains dont les œuvres ont suscité des opéras ou des pièces musicales.

Les écrivains choisis vont des tragiques Grecs (Eschyle, Sophocle et Euripide) à Boris Vian, en passant par Shakespeare, Cervantès et Molière ou encore Goethe, Pouchkine et Scribe. Comme pour le premier livre, j’ai inséré un QR Code qui vous permettra, en l’activant, d’arriver sur la page idoine de mon site, et donc d’écouter toutes les jolies musiques que je cite dans le livre.

Vous pouvez le commander directement sur le site de l’éditeur :

Si vous optez pour cette solution, n’hésitez pas à saisir le code promo LLB5 pour bénéficier d’une réduction de 5%.

Vous pouvez également le commander chez votre libraire ou dans votre grande surface culturelle préférée.

(P.S. il me reste quelques exemplaires de mon opus 1, Compositeurs et compositrices, que vous pouvez me commander via le formulaire de contact de mon site.)

(P.P.S. : vous pouvez aussi me commander l’opus 2, je vous ferai bénéficier du prix auteur, et vous pourrez avoir une chouette dédicace personnalisée).

littérature, Mallarmé, Oulipo, Poésie

FEUILLET D’ALBUM, de MALLARMÉ (1890)

Après « Le miroir brisé« , de Jacques Prévert, je vous propose ce mois-ci un poème de Mallarmé, « Feuillet d’album ».

(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)

Ce sonnet a été écrit pour la fille d’un ami poëte de Mallarmé.

Tout à coup et comme par jeu

Mademoiselle qui voulûtes

Ouïr se révéler un peu

Le bois de mes diverses flûtes

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Il me semble que cet essai

Tenté devant un paysage

A du bon quand je le cessai

Pour vous regarder au visage

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Oui ce vain souffle que j’exclus

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Jusqu’à la dernière limite

Selon mes quelques doigts perclus

Manque de moyens s’il imite

Votre très naturel et clair

Rire d’enfant qui charme l’air.

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Citations musicales :

Mes diverses flûtes : Debussy, Syrinx.

Ce vain souffle : Verdi, La Traviata « Adio del passato ».

Au visage : Poulenc, Sept chansons « Belle et ressemblante ».

Rire d’enfant : Aboulker, Douce et Barbe-bleue.