Louis Joseph Ferdinand Hérold naît à Paris le 28 janvier 1791. Son père, professeur de piano, lui apprend naturellement à jouer de cet instrument, et Ferdinand montre une remarquable précocité. Il n’a que onze ans quand il compose ses premières œuvres.
À la mort de son père en 1802, sa mère va voir Grétry avec une des partitions de son fils à la main. Le verdict du maître est sans appel : Ferdinand doit continuer la musique. À quinze ans, Hérold entre au Conservatoire où il a comme professeurs Louis Adam, Kreutzer pour le violon et Méhul pour la composition. En 1812, Hérold emporte le Grand Prix de Rome.
Après son séjour à Rome, où il compose sa première symphonie, il se rend à Naples où il devient professeur de musique des filles du roi de Naples, Murat. Il se mêle à la vie musicale italienne et en 1815, il fait jouer son premier opéra, la Gioventù di Enrico Quinto.
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Après Naples, Hérold se rend à Vienne où il est reçu par Salieri.
À la fin de l’été 1815, il rentre à Paris, où il occupe le poste de pianiste au Théâtre-Italien. Boïeldieu lui demande de le seconder dans l’écriture d’un opéra pour l’Opéra-Comique, Charles de France. Il écrit ensuite son premier succès parisien, les Rosières. Malheureusement, les livrets qu’on lui confie sont souvent de qualité médiocre et le succès n’est pas toujours à la hauteur de ses ambitions. En 1823, il écrit pour l’Opéra Lasthénie.
En 1825, le directeur de l’opéra lui propose un bon livret, et Marie est un vrai succès. Hérold se décide alors à quitter le Théâtre-Italien pour l’Opéra, où il est chef de chant. On lui commande de la musique de ballet, dont la Somnambule (1827), la Fille mal gardée (1828), et la Belle au bois dormant (1829).
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En 1831, il écrit pour l’Opéra-Comique le Corsaire, ensuite rebaptisé Zampa.
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En 1832, il crée son ultime chef-d’œuvre : le Pré-aux-Clercs, d’après une nouvelle de Mérimée. Cette fois, c’est un triomphe, mais Hérold n’en profitera pas longtemps puisqu’il meurt le 19 janvier 1833, cinq semaines après la première. Il avait 41 ans.
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(Source principale : le programme des représentations de Zampa, ou la fiancée de marbre, à l’Opéra-Comique en 2008.)
Liège est le chef-lieu de la province de Liège, en Belgique. Située sur la Meuse, la « ville des Princes-Évéques » abrite l’Opéra Royal de Wallonie (l’Opéra royal de Flandres se trouvant à Gand).
Outre le scénariste de bande dessinée Jean-Michel Charlier et le dessinateur Victor Hubinon, Liège a vu naître quelques compositeurs importants.
Zampa, ou la fiancée de marbre, est un opéra-comique de Ferdinand Hérold, sur un livret de Mélesville, créé à l’Opéra-Comique le 3 mai 1831. Il rencontre tout de suite un grand succès, et sera joué pendant tout le XIXe siècle.
Le pitch : En Sicile, le riche Lugano va marier sa fille Camille à Alphonse, un soldat qui l’a délivré du corsaire Zampa. Mais Zampa se libère, et fait prisonnier Lugano, avant de se rendre à son château. En voyant Camille, il veut se marier avec elle. Il défie la statue d’Alice, une de ses anciennes victimes, devenue protectrice de la cité. Alphonse s’oppose à Zampa, et reconnaît en lui le grand frère indigne qui a déshonoré le nom de sa famille. Quand le moment des noces arrive, la statue d’Alice intervient et emmène Zampa dans les flammes de l’Etna qui se réveille, ce qui n’est pas sans nous rappeler le final de Don Giovanni de Mozart.
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Acte I : En Sicile, au début du XVIe siècle, le riche marchand Lugano prépare le mariage de sa fille Camille avec Alphonse de Monza, un officier florentin qui l’a délivré des brigands (Air de Camille : « À ce bonheur suprême ».) Alphonse arrive, accompagné par le cortège des hommes (Air d’Alphonse : « Ô ma chère Camille ».) Alphonse se sent humilié par la fortune de son beau-père, mais Camille le rassure, c’est le fait d’avoir sauvé son père des brigands qui l’avaient enlevé qui lui vaut de se marier avec elle. Elle conseille à Alphonse d’aller faire une prière à Alice Manfredi, une des victimes de Zampa, dont la statue trône sur la place. (Ballade de Camille : « Il y avait une fille de seize ans ».) En entendant cette histoire, Alphonse se rend compte que Zampa n’est autre que son frère, disparu alors qu’Alphonse était encore enfant.
Un inconnu entre chez Camille et annonce que Lugano est en son pouvoir. Il ne veut pas du mariage entre Camille et Alphonse et s’installe au château. Camille obéit et très vite l’inconnu (c’est Zampa !) projette d’épouser la jeune fille. (Couplets de Zampa : « Que la vague écumante ».) Daniel, son second, le met en garde : les crimes du passé ne rattraperont-ils pas le suborneur ? Pour rassurer sa bande, Zampa glisse un anneau au doigt de la statue d’Alice, mais la main de marbre se referme sur la bague !
Acte II : Le lendemain, le village vit dans l’effroi et s’interroge sur l’identité des nouveaux occupants du château. Zampa attend Camille devant la chapelle (Air : « Camille est là ».) Alphonse s’imagine que l’annulation de son mariage est due à un prétendant plus fortuné que lui, mais Camille ne peut rien lui dire (Duo : « Quel mystère effrayant ? / Pour mon cœur quel moment ».) L’heure du mariage approche (Ronde : « Douce jouvencelle, viens sur ta nacelle ».)
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Mais la statue d’Alice paraît, elle montre à Sampa son anneau pour lui rappeler son serment. Zampa veut conduire Camille à l’autel mais Alphonse intervient. Il reconnaît en Zampa son frère et va le livrer au peuple quand le vice-roi s’interpose et promet la grâce au corsaire s’il s’engage dans l’armée royale pour aller combattre les Ottomans. Le peuple célèbre le nouveau défenseur alors que Camille se résigne à son mariage avec celui qui retient son père prisonnier.
Acte III : Camille, mariée à Zampa, attend son père alors qu’Alphonse paraît et lui propose de l’enlever (Barcarolle d’Alphonse : « Où vas-tu pauvre gondolier ».) Mais Camille refuse, à cause de ses vœux jurés devant Dieu. Zampa demande à Daniel si ses ordres ont bien été exécutés : il avait ordonné que la statue d’Alice, qui le hante, soit brisée et jetée à la mer. Daniel répond qu’au moment où les débris de la statue ont touché l’eau, l’Etna a jeté des flammes. Camille supplie Zampa de la laisser entrer au couvent. Pour montrer qu’il n’est pas qu’un bandit, il révèle alors qu’il est le comte de Monza (Cavatine de zampa : « Pourquoi trembler ? ».)
Camille prie alors Alice, dont la statue réapparaît et entraîne Zampa dans les flammes, alors que l’Etna s’embrase.
(Source principale : la production de l’Opéra-Comique de 2008, et le programme associé.)
Après « Le Pont Mirabeau« ,de Guillaume Apollinaire, je vous propose ce mois-ci un poème de Jacques Prévert, « le Miroir brisé », extrait de Paroles.
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Le petit homme qui chantait sans cesse
le petit homme qui dansait dans ma tête
le petit homme de la jeunesse
a cassé son lacet de soulier
et toutes les baraques de la fête
tout d’un coup se sont écroulées
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et dans le silence de cette fête
dans le désert de cette tête
j’ai entendu ta voix heureuse
ta voix déchirée et fragile
enfantine et désolée
venant de loin et qui m’appelait
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et j’ai mis ma main sur mon cœur
où remuait
ensanglantés
les sept éclats de glace de ton rire étoilé.
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Citations musicales :
Toutes les barques de la fête tout d’un coup se sont écroulées : Leoncavallo Paillasse « Vesti la Giubba »
Hans Christian Andersen est né à Odense, au Danemark, le 2 avril 1805, dans une famille modeste. Son père meurt quand il a 11 ans. Très jeune, Hans Christian s’intéresse au théâtre. Il est également doté d’une belle voix, et prend des cours de chant. En 1822, grâce au directeur du Théâtre royal, Jonas Collin, qui l’avait pris en amitié, Andersen obtient une bourse d’études et entre au collège, à l’âge de 17 ans !
En 1827, ses premiers poèmes sont publiés dans un journal. En 1828, c’est un récit de voyage qui est publié, le Voyage à pied à Amager. Après une parution en journal, le Voyage paraît en livre et rencontre un beau succès.
En 1833, Andersen voyage en Allemagne où il rencontre le compositeur Louis Spohr, avant de se rendre à Paris où il fait la connaissance de Cherubini et de Heine. Il poursuit son périple par la Suisse et l’Italie.
Quand il vit au Danemark, il est très proche de la famille de Collin, dont il tombera amoureux de la fille, Louise. Cet amour demeurera sans suite.
En 1835, Hans Christian publie un recueil de Contes de fées.
En 1847, lors d’un voyage en Angleterre, il est accueilli par Charles Dickens.
À partir de 1860, Andersen est reçu par la famille royale du Danemark, où il lit des contes aux enfants royaux.
En 1867, il est nommé citoyen d’honneur de la ville d’Odense. C’est le début de sa reconnaissance par le Danemark. Il renonce peu à peu à ses voyages partout en Europe.
Hans Christian Andersen meurt d’un cancer du foie à Copenhague le 4 août 1875, à l’âge de 70 ans.
Ce n’est pas par ses romans, encore moins par ses pièces de théâtre qui n’ont jamais rencontré le succès, que le nom d’Andersen nous est resté. Son legs à l’humanité, ce sont ses contes, qu’il a écrits de 1832 à 1848. Une bonne partie d’entre eux ont été mis en musique.
La princesse au petit pois (1835), premier des trois contes de Gérard Pesson. Opéra pour enfants de Ernst Toch (1927).
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La petite sirène (1837), ballet de Henriques (1906), film de Disney (2007) et Ponyo sur la falaise de Miyazaki (2008). Le sujet de la petite Sirène est proche de celui d’Ondine (1816) d’E.T.A. Hoffmann, qui inspirera à Dvorak sa Rusalka.
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Les habits neufs de l’empereur (1837) Gyorgi Ranki (1953)
Le vaillant soldat de plomb (1838) ballet de Balanchine sur la musique de Jeux d’enfants de Bizet (1975).
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Le jardin du paradis (1839) a inspiré à DebussyCe qu’a vu le vent d’ouest.
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Le vilain petit canard (1842) mis en musique par Prokofiev (1914)
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Le Rossignol et l’empereur de Chine (1843) adapté par Stravinsky (1909).
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La reine des neiges (1844) opéra de Sergeï Banevitch (1979) et film de Disney (2013).
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La bergère et le ramoneur (1845) a fait l’objet du dessin animé de ce nom par Paul Grimaud et Jacques Prévert (1953), repris sous le nom de le Roi et l’Oiseau avec une musique de Joseph Kosma.
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La petite fille aux allumettes (1845) a suscité deux opéras de August Enna (1897) et de Helmut Lachenmann (1996).
J’évoquais il n’y a guère les marches musicales, en citant notamment les marches funèbres. Si celle de Chopin est probablement la plus célèbre, il en existe quelques autres également très intéressantes. En voici une petite sélection.
Ainsi, Henry Purcell a composé cette musique pour l’enterrement de la reine Mary.
Ariodante de Haendel a été créé le 8 janvier 1735 à Londres. Le livret écrit d’après l’Orlando furioso de l’Arioste est d’Antonio Salvi.
Le pitch : Ariodante aime Ginevra, la fille du roi d’Écosse, mais l’infâme Polinesso, qui convoite le trône d’Écosse, courtise Ginevra. Dalinda, la suivante de Ginevra aime Polinesso et est courtisée par Lurcanio, le frère d’Ariodante. Polinesso va mettre la dévotion aveugle de Dalinda au service de son ambition.
Acte I : Ariodante et Ginevra chantent leur amour quand le roi les rencontre dans le jardin. Il se réjouit du mariage prochain de sa fille avec Ariodante (air : « Voli colla sua tromba.)
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Polinesso va se servir de Dalinda pour faire croire à Ariodante que Ginevra est infidèle. Il lui demande de revêtir les habits de Ginevra et d’entrer dans sa chambre avec Polinesso. En échange de son aide, il lui promet son aide (air : « Spero per voi ».)
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Dalinda, qui n’est pas certaine des sentiments de Lurcanio, le repousse, espérant plutôt se marier avec Polinesso. Le roi et la cour s’apprêtent à célébrer le mariage de Ginevra et Ariodante.
Acte II : Polinesso dit à Ariodante que Ginevra l’aime. Ariodante le provoque en duel, mais Polinesso lui demande de se cacher et d’observer. Ariodante voit alors celle qu’il croit être sa future femme entrer dans sa chambre avec Polinesso. Lurcanio, qui a également assisté à la scène, empêche Ariodante de se tuer.
Le roi d’Écosse, qui a appris par Lurcanio l’infidélité de sa fille Ginevra, la renie. On apprend qu’Ariodante s’est suicidé. Polinesso veut maintenant faire assassiner Dalinda, seule témoin de sa bassesse. Ariodante, qui n’est pas mort, erre dans la forêt, se plaignant de l’infidélité de sa belle (air : « Scherza infida ».)
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Il rencontre les spadassins de Polinesso et les met en fuite. Ginevra, apprenant la mort d’Ariodante, tombe dans la folie. (Air : « Il mio crudel Martoro ».)
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Acte III : Polinesso, qui veut flatter le roi d’Écosse, s’offre de défendre l’honneur de Ginevra dans un tournoi. Il est blessé mortellement par Lurcanio à qui Dalinda a dévoilé le complot de Polinesso. Polinesso meurt en avouant son forfait. Le roi bénit alors les unions d’Ariodante et de Ginevra et de Lurcanio et de Dalinda. Ariodante est tout content (air : « Dopo notte ».)
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(Source principale : la production de la BBC à Londres en 1996 et le DVD associé.)
Ce mois-ci, c’est Sabri Na qui héberge l’Agenda Ironique. Et quoi qu’elle demande, Sabrina, et bien voilà :
Pour le mois de septembre, je vous propose de parler de pèlerinage, de pilgrimage en anglais (pile – Grimm – âge).
Parlons donc de marche au sens large, au sens figuré, au sens de la marche que vous souhaitez !
Une marche qui nous permet d’apprendre, comme un conte initiatique, si possible sans sciatique.
Il faudra y incorporer les mots : paille / barrette / berger / bol (tibétain ou non).
Et pour les plus téméraires, celleux qui n’ont pas froid aux yeux ni mal aux pieds, il faudra y ajouter cette phrase biscornue comme on les aime : « Celui qui pense droit marche de travers » de Jean Dypréau.
Mais tout ça est tellement mieux esspliqué chez Sabri Na que le mieux est d’y aller en cliquant sur le lien cidsous :
On rencontre toute sorte de pèlerins, et de pèlerines, dans l’univers de l’opéra. Mon préféré est Tannhaüser qui, pour avoir brouté sur le mont de Vénus, est condamné à aller en pèlerinage à Rome pour demander pardon au pape. Quand un matin un berger célèbre le lever du soleil avec son chalumeau, on voit les pèlerins revenir de Rome. Ils ont été tous été pardonnés, sauf Tannhaüser qui n’a pas obtenu sa rémission. Si vous voulez savoir comment l’histoire se termine, cliquez donc ici.
Dans Le Comte Ory (1828) de Rossini, le héros et ses compagnons, déguisés en pèlerines pour entrer dans un couvent, mettent la main sur la réserve de vin, qu’ils boivent au bol ou à la paille.
Cliquez sur les fausses pèlerines
Et quand ils ont trop bu, qu’ils tiennent à peine sur leurs jambes, ils citent un de leur adage préféré : « Celui qui penche doit marcher de travers ».
Il est d’autres formes de marches, citons par exemple :
les marches nuptiales,
Cliquez sur la marche nuptiale
les marches funèbres,
Cliquez sur la marche funèbre
les marches héroïques, que l’on joue parfois pour célébrer les barrettes des têtes galonnées,
Ursule Mirouët est un roman de Balzac qui fait partie, dans la Comédie humaine, des Scènes de la vie de Province. Si je vous en parle sur ce site consacré à la musique et à la littérature, c’est d’abord parce que c’est un très bon roman et aussi parce que Balzac se sert de la musique pour décrire les états d’âme de l’héroïne, Ursule Mirouët.
Le pitch : Dans une petite ville de province (Nemours), le vieux docteur Minoret se retire avec sa pupille Ursule Mirouët. Sa fortune, qu’il veut laisser à Ursule après sa mort, attise la convoitise de sa famille, qui réussit à voler et détourner l’héritage. Ursule aime Savinien de Portenduère, un héritier de la noblesse ancienne, mais la mère de Savinien ne veut pas d’une mésalliance dans sa famille. Pauvre Ursule !
On trouve les deux personnages d’Ursule Mirouët et de Savinien de Portenduère dans Béatrix, du même Balzac.
Très vite, on apprend que, « dans sa jeunesse, le docteur (Minoret) épousa par amour… la fille du fameux claveciniste Valentin Mirouët, une célèbre musicienne, faible et délicate… (page 784). Cette musicienne s’appelait Ursule Mirouët, comme notre héroïne. La jeune Ursule se trouve être la petite-fille du beau-père du docteur Minoret« .
Cette filiation est expliquée page 812 : « Le beau-père du docteur, le fameux claveciniste et facteur d’instruments Valentin Mirouët, un de nos plus célèbres organistes, était mort en 1785… À son lit de mort, il n’eut pas la consolation, de voir cet enfant gâté. Chanteur et compositeur, Joseph Mirouët, après avoir débuté aux Italiens sous un nom supposé, s’était enfui avec une jeune fille en Allemagne… Joseph Mirouët, doté par la nature d’une voix séduisante… et par-dessus tout compositeur plein de goût et de verve, mena pendant quinze ans cette vie bohémienne que le Berlinois Hoffmann a si bien décrite… Il s’établit à Hambourg où il épousa la fille d’un bon bourgeois, folle de musique, qui s’éprit de l’artiste« .
Cliquez sur le Berlinois Hoffmann
Ursule était une jeune fille très pieuse, qui s’était donné pour mission de conduire son tuteur à l’église. Le docteur avait pour ami le juge de paix et le curé de Nemours, avec qui ils avaient l’habitude de jouer au tric-trac. Un jour, Ursule se joignit à eux et gagna. Pour la remercier, Minoret se décide enfin à lui payer des cours de piano (page 819) : « le lendemain, Minoret, qui jusqu’alors avait refusé de faire apprendre la musique à sa pupille, se rendit à Paris, y acheta un piano, prit des arrangements à Fontainebleau avec une maîtresse et se soumit à l’ennui que devaient lui causer les perpétuelles études de sa pupille… La petite fille devint excellente musicienne… Les incrédules n’aiment pas la musique, céleste langage développé par le catholicisme, qui a pris les noms des sept notes dans un de ses hymnes : chaque note est la première syllabe des sept premiers vers de l’hymne à Saint-Jean.«
Dans Ursule Mirouët, Balzac consacre de nombreuses pages à ce qu’on appelait à l’époque le « magnétisme animal » et aux théories du célèbre magnétiseur Mesmer. (page 821) : « Vers la fin du XVIIIe siècle, la Science fut aussi profondément divisée par l’apparition de Mesmer, que l’art le fut par celle de Gluck… Mesmer eut donc des adeptes et des antagonistes aussi ardents que les piccinnistes contre les gluckistes.«
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Page 831, alors que le docteur va voir une « somnambule » pour savoir ce que pense sa pupille, celle-ci lui annonce, à propos d’Ursule pensant à Savinien : « Voici ce qu’elle pense : « Si je chantais bien, si j’avais une belle voix, quand il sera chez sa mère, ma voix irait bien jusqu’à ses oreilles. » C’est donc bien par le chant qu’Ursule espère conquérir le cœur de Savinien.
Page 841 : « Pendant que sa filleule jouait à son parrain des variations sur la Dernière Pensée de Weber…«
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Page 847-848 : La famille du docteur Minoret, voyant l’emprise qu’a la jeune Ursule sur le docteur, se décide à aller chez lui et tenter de le charmer. C’est l’occasion pour Balzac de montrer la bêtise crasse de la famille : « On nous dit que votre filleule a un si beau talent sur le forte , que nous serions bien enchantées de l’entendre. Mme Crémière et moi sommes disposées à prendre son maître pour nos petites; car s’il avait sept ou huit élèves, il pourrait mettre le prix de ses leçons à la portée de nos fortunes…
Volontiers, dit le vieillard, et cela se trouvera d’autant mieux que je veux aussi donner un maître de chant à Ursule.«
Page 870 : « L’abbé Chaperon entendit en entrant le son du piano. La pauvre Ursule achevait la symphonie en la de Beethoven… Plus la musique est belle, moins les ignorants la goûtent… Ah ! voilà ce qui coûte si cher, dit Mme Crémière à Mme Massin.
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Dieu me garde de donner de l’argent pour que ma petite fille me fasse des charivaris pareils dans la maison, répondit Mme Massin.
Elle dit que c’est du Béthovan, qui passe cependant pour un grand musicien, dit le receveur, il a de la réputation.
Ma foi, ce ne sera pas à Nemours, reprit Mme Crémière, et il est bien nommé Bête à vent…
Il faut que M. le juge de paix aime bien jouer pour entendre ces sonacles, dit Mme Crémière.«
Lors de la première rencontre entre Savinien et Ursule, le charme de la musique agit déjà puisque Savinien déclare (page 878) : « J’espère, monsieur le docteur, que vous me recevrez chez vous; j’aime la musique, et je me souviens d’avoir entendu le piano de Mlle Ursule.«
Pages 890-891, Balzac nous livre un étonnant aveu de l’impuissance des mots à transmettre certaines émotions que seule la musique peut permettre de communiquer : « Il arrive souvent qu’un morceau pauvre en lui-même, mais exécuté par une jeune fille sous l’empire d’un sentiment profond, fasse plus d’impression qu’une grande ouverture pompeusement dite par un orchestre habile. Il existe en toute musique, outre la pensée du compositeur, l’âme de l’exécutant, qui, par un privilège acquis seulement à cet art, peut donner du sens et de la poésie à des phrases sans grande valeur. Chopin prouve aujourd’hui pour l’ingrat piano la vérité de ce fait déjà démontré par Paganini pour le violon.
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Ce beau génie est moins un musicien qu’une âme qui se rend sensible et qui se communiquerait par toute sorte de musique, même par de simples accords. Par sa sublime et périlleuse organisation, Ursule appartenait à cette école de génies si rares; mais le vieux Schmucke, le maître qui venait chaque samedi et qui pendant le séjour d’Ursule à Paris la vit tous les jours, avait porté le talent de son élève à toute sa perfection. Le Songe de Rousseau, morceau choisi par Ursule, une des compositions de la jeunesse d’Hérold, ne manque pas d’ailleurs d’une certaine profondeur qui peut se développer à l’exécution; elle y jeta les sentiments qui l’agitaient et justifia bien le titre de Caprice que porte ce fragment… Savinien pénétra donc dans ce délicieux royaume, entraîné par ce cœur qui, pour s’interpréter lui-même, empruntait la puissance du seul art qui parle à la pensée par la pensée elle-même, sans le secours de la parole, des couleurs ou de la forme.«
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Par l’effet de calomnies, Ursule croit que Savinien va se marier avec une autre, et se réfugie dans la musique. Et c’est par la musique que l’ignoble Goupil, qui voudrait se marier avec Ursule, essaye de la conquérir (page 944) : « … Ursule joua du piano fort tard, elle se coucha presque rassurée et accablée de sommeil. À minuit environ, elle fut réveillée par un concert composé d’une clarinette, d’un hautbois, d’une flûte, d’un cornet à pistons, d’un trombone, d’un basson, d’un flageolet et d’un triangle…«
Page 945 : « La sérénade était, à ce qu’il paraît, charmante ! Il y avait un cornet à pistons ! – Qu’est-ce qu’un piston ? – Un nouvel instrument de musique ! … Trois jours après, au milieu de la nuit, trois violons, une flûte, une guitare et un hautbois donnèrent une seconde sérénade… il lut cette terrible prophétie : Tu n’épouseras pas Ursule. Si tu veux qu’elle vive, hâte-toi de la céder à celui qui l’aime plus que tu ne l’aimes ; car il s’est fait musicien et artiste pour lui plaire, et préfère la voir morte à la savoir ta femme.«
Je ne vais pas vous raconter la fin, pour ne pas divulgacher l’histoire, mais je peux quand même dire que Balzac nous réserve une fin étonnante, avec l’apparition d’un fantôme !
(Source principale : La Comédie humaine, Ursule Mirouët, bibliothèque de la Pléiade, volume III, éditions Gallimard 1976.)
Ayant récemment vu sur ARTE la très belle mise en scène de Cédric Klapisch pour La Flûte enchantée de Mozart, je me suis rendu compte que, dans la caractérisation des différents personnages, on pouvait reconnaître les sept péchés capitaux.
L’orgueil est un des défauts (léger) de l’oiseleur Papageno qui, au début de l’histoire, se vante d’avoir tué le serpent qui menaçait le prince Tamino. Dans ce premier air, on peut aussi entendre un éloge de la paresse.
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Je n’ai pas trouvé dans cet opéra d’incarnation de la gourmandise, tout juste peut-on signaler le besoin de boire de Papageno au second acte, avant qu’il ne rencontre sa Papagena qui va lui donner à boire.
La luxure est représentée par Monostatos, l’esclave de la reine de la nuit qui ne pense qu’à assouvir son désir pour la pauvre Pamina.
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Je n’ai pas trouvé dans la Flûte d’incarnation de l’avarice. À la limite, on peut considérer que la haine de la reine de la nuit pour Sarastro vient du fait qu’il a gardé pour lui le cercle sacré d’Isis, qu’il destine aux initiés. Ceci peut également être considéré comme de la jalousie. Décidément, cette reine a tous les défauts.
La colère de la reine de la nuit s’exprime dans un des airs les plus célèbres de la Flûte enchantée, « Der Hölle Rache ».