Le « poème mis en musique » de ce mois est un poème de Paul Verlaine, Marine.
(Rappel du principe de ces « mises en musique » : je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Le « poème mis en musique » de ce mois est un poème de Louise Labé, dite « la Belle Cordière », née avant 1524 et morte en 1566.
(Rappel du principe de ces « mises en musique » : je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Ô beaux yeux bruns, ô regards destournez,
Ô chaus soupirs, ô larmes espandues,
Cliquez sur la larme furtive de Roberto
Ô noires nuits vainement atendues,
Ô jours luisans vainement retournez :
Cliquez sur le jour luisant cédant la place à la noire nuit
Le poème de ce mois sera un sonnet de jeunesse de Jean Racine, sonnet auquel l’auteur était attaché, nonobstant le fait qu’il ait été jugé peu convenable par les penseurs de Port-Royal.
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Il est temps que la nuit termine sa carrière :
Cliquez sur l’hymne à la nuit
Un astre tout nouveau vient de naître en ces lieux ;
Le haïkaï (ou haïku) est une forme de poésie japonaise visant à évoquer en quelques mots l’essence des choses. Il se compose, dans notre alphabet occidental, de 3 vers de cinq, sept et cinq pieds.
Après la sixième série consacrée à des haïkaïs wagnériens, voici donc une septième livraison de haïkaïs, dont certains écrits par vous (merci, merci, merci.)
John Duff :
Tiens, un haïku. Cela fait bien trop longtemps Qu’on en avait eu.
D’après Gibulène :
Le choix des musiques Avec le pouvoir des mots L’oreille apprécie.
En ce 1er mai, jour de la fête internationale du travail, j’ai choisi pour mon poème mensuel Temps perdu de Jacques Prévert, où on voit un ouvrier interpellé par le soleil s’arrêter à la porte de l’usine.
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Devant la porte de l’usine le travailleur soudain s’arrête
Cliquez sur l’ouvrier arrêté
le beau temps l’a tiré par la veste et comme il se retourne et regarde le soleil tout rouge tout rond
Cliquez sur le soleil tout rouge tout rond
souriant dans son ciel de plomb il cligne de l’œil familièrement Dis donc camarade Soleil
Cliquez sur l’image
tu ne trouves pas que c’est plutôt con de donner une journée pareille à un patron ?
Cliquez sur Nemorino
Citations musicales :
Devant la porte de l’usine : Dans son ballet le Pas d’acier écrit en 1925 pour les ballets russes de Diaghilev, Prokofiev nous offre ce tableau « l’Usine ».
Le soleil tout rouge tout rond : Dans le tableau « les Incas du Pérou » des Indes galantes, Rameau nous offre ce « Brillant soleil ».
Camarade soleil : Dans son Hymne au soleil (An die Sonne), Schubert interpelle familièrement son camarade soleil.
C’est plutôt con de donner une journée pareille à un patron : Au début de L’Élixir d’amour de Donizetti, les ouvriers des champs se reposent pendant l’heure du midi et son soleil accablant. Nemorino, qui est secrètement amoureux de sa patronne en profite pour chanter l’air « Quanto e bella, quanto e cara ».
Et si vous aimez les bonus surprises, en voici un :
Cliquez donc sur le bonus surprise si vous aimez ça !
Étienne Mallarmé, dit Stéphane, naît le 18 mars 1842 à Paris. Son père était employé à l’administration de l’Enregistrement et des Domaines. En 1844 naît sa sœur Maria (qui mourra à l’âge de 13 ans). Stéphane perd sa mère en 1847 et son père se remarie l’année suivante.
En 1850, Stéphane entre en pension à Auteuil. Ses études sont assez médiocres. Ses premiers écrits connus datent de 1854, et en 1855, il est renvoyé de la pension de Passy. Stéphane part alors en pension à Sens.
En 1860, il entre comme surnuméraire à l’administration des enregistrements à Sens, ce qu’il appelle « ses premiers pas dans l’abrutissement ».
En 1862, Mallarmé publie pour la première fois : des articles ainsi que son poème Placet (Placet futile). Il courtise Christina (Maria), une jeune Allemande avec qui il s’installe à Londres en fin d’année.
En 1863, il se marie à Londres avec Maria. Mallarmé obtient son certificat d’aptitude à l’enseignement de l’anglais, et est nommé professeur à Tournon, en Ardèche.
En 1864, il commence une œuvre qui l’occupera toute sa vie, Hérodiade. 1864 est aussi l’année de la naissance de sa fille, Geneviève.
En 1865, il écrit Faune (première version du Prélude à l’après-midi d’un faune) et Sainte.
En 1866, des poèmes de Mallarmé paraissent dans le Parnasse contemporain. Après la parution de ces poèmes, il est renvoyé du lycée de Tournon sous la pression des parents d’élèves. Il est alors nommé au lycée de Besançon. Cette année-là, il rencontre « le néant » qui le lancera dans sa recherche vers l’absolu. Vers la fin de l’année, il commence une correspondance avec Verlaine.
En 1871, c’est la naissance de son fils Anatole. La mort d’Anatole à l’âge de 8 ans marquera profondément Mallarmé.
En 1872, lors d’un « dîner des Vilains Bonshommes », Mallarmé côtoie Rimbaud.
En 1874, Mallarmé se lance dans une aventure originale : il lance La dernière Mode, un journal de mode pour femmes dont il écrit tous les articles, et qui aura 8 numéros !
En 1875, il traduit des poèmes de Poe, dont le fameux Corbeau, qui paraîtra avec un frontispice de son ami Manet. Mallarmé s’installe rue de Rome, à Paris. C’est là que se tiendront ses fameux « mardis ».
En 1876, il fait paraître le Prélude à l’après-midi d’un faune, illustré par Manet, ainsi que le Tombeau d’Edgar Poe (Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change.)
En 1884, son ami Debussy met en musique le poème Apparition. C’est cette même année que Mallarmé fait allusion à son amie Méry Laurent.
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Mallarmé faisait partie du cercle des premiers admirateurs français de Wagner (mort en 1883). À la demande de « la Revue wagnérienne », il salue sa mémoire dans le poème Hommage (« Le silence déjà funèbre d’une moire »).
En 1891, à l’occasion d’un de ses « mardis », il rencontre Oscar Wilde qui écrira, sur le même sujet qu’Hérodiade, Salomé. Salomé sera adapté à l’opéra par Richard Strauss.
En 1892, Debussy commence la mise en musique du Prélude à l’après-midi d’un faune.
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En 1893, Mallarmé fait valoir ses droits à la retraite. En 1894, il donne deux conférences sur « la Musique et les Lettres » à Oxford et à Cambridge.
En 1896, il travaille sur Un coup de dés jamais, pour lequel son éditeur a le projet du « plus beau livre du monde ».
Mallarmé meurt le 9 septembre 1898 à Valvins, à l’âge de 56 ans. Hérodiade reste définitivement inachevée.
Ses poèmes ont également inspiré Ravel (trois poèmes de Mallarmé) ou encore Boulez (Pli selon pli) et Graciane Finzi (Un coup de dés jamais n’abolira le hasard).
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(source principale : la chronologie des Œuvres complètes dans la bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, 1998.)
Cet article est une refonte complète d’un de mes tout premiers articles, que vous pouvez retrouver ici : « Mallarmé et la musique« .
Retrouvez ci-dessous des liens vers quelques poèmes mallarméens illustrés sur ce blog :
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Aujourd’hui donc, en voici une version beethovenisée.
La musique souvent me prend comme une mer !
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Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ;
La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile, J’escalade le dos des flots amoncelés Que la nuit me voile ;
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Je sens vibrer en moi toutes les passions D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
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Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir De mon désespoir !
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Citations musicales :
Comme une mer : Beethoven Mer calme et heureux voyage.
Les poumons gonflés : Beethoven, Fidelio, chœur des prisonniers
La tempête : Beethoven sonate n° 17 – la tempête
Me bercent : Beethoven Sonate n° 14 Clair de Lune (Quasi una fantasia)
Ce mois-ci, c’est Tout l’opéra (ou presque) (c’est moi) qui organise l’Agenda Ironique. Et qu’est-ce que je demande, me demandé-je, ce mois-ci, eh bien voilà :
Le thème principal sera « les créatures fantastiques ». Je vous propose donc de nous proposer un texte mettant en scène des créatures fantastiques telles que dragons (avec ou sans pommes), licornes, chat qui disparaît ne laissant derrière lui que son sourire ou autres sirènes (liste non limitative).
En contrainte supplémentaire, que diriez-vous d’utiliser des mots tels que calenture, dictame ou phénakistiscope ? Je vous laisse libre du choix de la forme : pièce de théâtre (avec ou sans didascalie), opéra, nouvelles, poème ou toute autre forme qu’il vous plaira d’utiliser.
Quand j’étais jeune, je collectionnais les mots rares, ceux qui étaient sortis des dictionnaires courants. Et comme les profs de français n’avaient pas réussi à me dégoûter de Baudelaire, de temps en temps je tombais chez ce poète sur de tels mots rares, comme calenture ou dictame. (En fait, je suis injuste quand j’écris cela, car j’ai eu de bons professeurs de français. C’est seulement quand j’ai passé l’oral du bac, sur un poème de Baudelaire justement (« l’Invitation au voyage »), que je suis tombé sur une véritable harpie, qui voulait me faire tuer ce poème en le disséquant dans une analyse mot à mot. (Les harpies étaient des divinités grecques de la vengeance divine, au corps d’oiseau et à la tête de femme. À la différence des sirènes, leur chant n’était pas du tout mélodieux.)
Mais, pour revenir à mes mots rares mémorables, on trouve dans le Vin des amants ce quatrain :
Comme deux anges que torture Une implacable calenture, Dans le bleu cristal du matin Suivons le mirage lointain !
Cliquez sur le mirage lointain
Baudelaire, fumeur d’opium, considère sa drogue comme un puissant dictame. On en trouve un dans « La Pipe » :
Et je roule un puissant dictame Qui charme son cœur et guérit De ses fatigues son esprit.
Ou encore dans l’extraordinaire « Tout entière » :
Quel est le plus doux. » – Ô mon âme ! Tu répondis à l’Abhorré : » Puisqu’en Elle tout est dictame, Rien ne peut être préféré.
Et que dire encore du poème « une Gravure fantastique » inspiré par une gravure de Hayhnes représentant un des quatre cavaliers de l’Apocalypse, Death on a pale horse.
Cliquez sur le quatuor pour la fin du temps (l’Apocalypse)
Ce spectre singulier n’a pour toute toilette, Grotesquement campé sur son front de squelette, Qu’un diadème affreux sentant le carnaval. Sans éperons, sans fouet, il essouffle un cheval, Fantôme comme lui, rosse apocalyptique Qui bave des naseaux comme un épileptique. Au travers de l’espace ils s’enfoncent tous deux,
Aux fêtes, saviez-vous que Baudelaire était ami avec Félix Tournachon, dit Nadar, et que ce dernier a pris de nombreux clichés photographiques de Baudelaire ?
Eh bien, si vous collez les différents portraits de Baudelaire sur le pourtour d’un cylindre que vous ferez tourner autour de son axe, et que vous observez les photos défiler devant une fente que vous aurez pratiquée à cet effet, vous obtiendrez ainsi l’illusion du mouvement, et au passage, vous aurez réinventé le phénakistiscope !
Après Colloque sentimental, de Paul Verlaine, voici un autre poème traité à la sauce Oulipo : La halte des heures, d’un autre Paul, Eluard. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport, pour moi, avec ces images.)
Immenses mots dits doucement
Grand soleil les volets fermés
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Un grand navire au fil de l’eau
Ses voiles partageant le vent
Cliquez sur le pianiste
Bouche bien faite pour cacher
Une autre bouche et le serment
De ne rien dire qu’à deux voix
Du secret qui raye la nuit
Cliquez sur l’image
Le seul rêve des innocents
Un seul murmure un seul matin
Et les saisons à l’unisson
Colorant de neige et de feu
Cliquez sur la blanche neige
Une foule enfin réunie.
Citations musicales :
Grand soleil les volets fermés : PoulencSept chansons « belle et ressemblante ».
La compositrice Sophie LACAZE naît le 9 septembre 1963 à Lourdes.
Dans une interview (cf. le lien en fin d’article), Sophie raconte qu’un matin, elle avait alors 14 ou 15 ans, elle s’est réveillée en sachant qu’elle deviendrait compositrice.
Elle suit des études scientifiques, obtient son diplôme d’ingénieur à Toulouse tout en étudiant la musique au CNR de cette même ville. Elle entre par la suite à l’École normale de Musique de Paris, d’où elle sort avec un diplôme de composition.
Sophie Lacaze travaille ensuite avec Antoine Tisné, Allain Gaussin et Philippe Manoury avant d’aller étudier à Sienne avec Franco Donatoni et Ennio Morricone. Elle a également suivi les cours de Pierre Boulez au Collège de France. Elle aborde aussi le théâtre musical auprès de Georges Aperghis.
En 1998, lors de son premier voyage en Australie, elle découvre la culture aborigène. En 2002, elle est invitée en résidence à l’Electronic Music Unit de l’Université d’Adélaïde.
Sophie Lacaze a su développer une esthétique musicale personnelle visant à retrouver la vocation première de la musique dans son aspect incantatoire, rythmique ou dansant, tout en portant une attention particulière aux timbres.
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Son œuvre est jouée dans le monde entier et comprend (aujourd’hui) une centaine de numéros d’opus, allant d’œuvres pour solistes ou pour orchestre à des œuvres avec voix ou accompagnées de danses, en passant par 3 opéras.
Sophie Lacaze occupe une place importante dans la défense de la musique contemporaine, créant par exemple le Printemps Musical d’Annecy, en grande partie dédié à la création musicale, festival qu’elle dirigera pendant 5 ans, comme aussi le Festival Turbulences Sonores de Montpellier ou le Festival Musiques Démesurées de Clermont-Ferrand.
Sophie Lacaze attache beaucoup d’importance à la transmission. Ainsi, plusieurs de ses œuvres ont été pensées pour les enfants. Elle a aussi enseigné la composition et l’histoire de la musique à l’Université Paul Valéry de Montpellier pendant une douzaine d’années.
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En 2009, Sophie Lacaze reçoit le grand prix lycéen Compositeurs, et en 2010 le prix Claude Arrieu de la Sacem pour l’ensemble de son œuvre. En 2023, elle fait partie des 100 lauréates de « Femmes de Culture ».
En 2013, elle crée l’association Plurielles 34, qu’elle présidera jusqu’en 2020. C’est Claire Renard qui lui succédera à la tête de cette association.
Sophie Lacaze travaille en collaboration avec des comédiens et des metteurs en scène, ainsi que des danseurs et des chorégraphes. Parmi eux, Alain carré lui a écrit les livrets de Marco Polo, du Petit Prince, ou de l’Étoffe inépuisable du rêve (création en 2024 au Printemps des Arts de Monte-Carlo).
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Pour vous permettre d’apprécier son œuvre, en voici donc quelques extraits.
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Cliquez sur le quatuor avec accordéoniste et récitante
Ou encore l’Espace et la Flûte, sur des poèmes de Jean Tardieu illustrés par Picasso.
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Sophie Lacaze a aussi rendu hommage à Hildegarde von Bingen, comme dans la pièce O Sapientia.
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En 2024 a été créé À la surface de l’eau, sur des poèmes japonais.
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Interview intéressante où Sophie Lacaze s’exprime sur son métier de compositrice :