Après Apparition de Stéphane MALLARMÉ, je vous propose un autre poème traité à la sauce OuLiPo, choisi dans le riche corpus mallarméen. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport avec ces images.)
Aujourd’hui, donc, lisons « Renouveau », un poème de jeunesse (1866) écrit alors qu’après un hiver fécond (celui où il a commencé à travailler à Hérodiade), Mallarmé s’était trouvé en panne d’inspiration poétique.
Le printemps maladif a chassé tristement
l’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide,
Et dans mon être à qui le sang morne préside
L’impuissance s’étire en un long baillement
Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau,
Et, triste, j’erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane
Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,
J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève…
Cependant l’Azur rit sur la haie et l’éveil
De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
Citations musicales :
Le printemps maladif : BERLIOZ La Damnation de Faust, « Le vieil hiver a fait place au printemps ».
Des crépuscules : Berlioz La Damnation de Faust, « Voici qu’au crépuscule ».
J’erre après un rêve : FAURÉ « Après un rêve » (mélodie).
Creusant de ma face un fosse : Thomas, Hamlet, « chant des fossoyeurs »
Oiseaux en fleur gazouillant au soleil : MESSIAEN Saint-François d’Assise « le prêche aux oiseaux ».
Si vous n’aviez pas précisé qu’il s’agit d’un poème de jeunesse, j’en aurais eu une toute autre lecture.
Ouf !
J’aime beaucoup vos posts illustrant des poèmes (ils sont à ma taille), j’écouterai celui-ci plus tard dans la journée, échappée des contingences de nourriture et autres joyeusetés.
🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour monsieur Toutlopéra,
J’ai bien fait de passer, dis-donc. J’adore ! Tout ! Le poème de Mallarmé, la musique, Berlioz, Faure, Messiaen…
A propos de Fauré j’écoutais patricia Petibon, « SPRING Fauré », 4 mélodies sur des poèmes de Verlaine . Ça vient de sortir. Trop bien !
Te souhaite un bon lundi de Pâques. Et MERCI. A plus 😊
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour SOlène.
T’as fait Do do sur le sol de l’île de Ré, là ?
Fauré Verlaine par Petibon, je vais essayer d’écouter ça, ça doit valoir le coup. 🙂🎼
Je te souhaite une EXcellente journée encore sur ton île. 🌞🏖️
J’aimeJ’aime
Mi mi (celle) la, do do sol ré 🎼😁
Rentrée à ma maison. Y’avait rien de trop today. Pas sans la p’tite laine. Et demain, retour de l’hiver.
Re… re… 🙋♀️
J’aimeAimé par 1 personne
Ayé de retour, le long ouikènde est fini…
Bonne soirée, SOlène.
J’aimeJ’aime
J’aimeAimé par 1 personne
Panne d’inspiration, panne d’inspiration pas tant que ça.
J’aimerais bien avoir aussi peu d’inspiration quand je me frotte à l’agenda ironique.
J’aimeAimé par 1 personne
Tu as vu, la semaine du MET va commencer par Faust de Gounod, avec Jonas Kaufmann dans le rôle de Faust.
Bonne journée, John Duff.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui et j’ai déjà vu cette version mais elle est très bien et je vais me laisser tenter.
J’aimeJ’aime
je ne suis pas très mallarméen (enfin, je ne connais pas trop), mais illustré en musique par tes soins, ça passe bien 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Mallarmuche n’est pas toujours d’un abord facile, et pour bien apprécier son agencement de mots, je préconise la lecture à voix haute.
Il a des alexandrins qui parlent et sonnent à la fois :
Calme bloc ici bas chu d’un désastre obscur (le Tombeau d’Edgar Poe)
Aboli bibelot d’inanité sonore (Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx)
La chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres (Brise marine)
Bonne journée, Carnets paresseux
J’aimeAimé par 1 personne
je m’y mettrais, un de ces jours, et à haute voix (je lis toujours à mi-voix).
« Ne pas faire l’autruche
devant Mallarmuche »
sera ma devise de Pâques 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai lu quelque part, dans quelqu’ouvrage oulipien sans doute, que quand les membres de l’OuLiPo voulaient tester une nouvelle contrainte, ils l’appliquaient sur un poème de Mallarmé.
Sinon, mon rêve serait d’appliquer ma méthode au « Bateau ivre » d’Arthur Rainbow, tant ce poème est riche en images, mais sa longueur (25 quatrains) m’en empêche !
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne suis pas assez oulipien pour être sûr, mais il me semble qu’ils ont aussi beaucoup joué (jacques) avec le desdichado de Nerval. Pour Arturo l’Arqueciel, rien ne t’interdit de faire de fines tranches, en le travaillant par quatrain ou paire de quatrains.
J’aimeAimé par 1 personne
En effet, el Desdichado a aussi été leur terrain de jeu. Pas pour rien que ç’ait été le premier de mes poèmes traité « façon Oulipo ».
https://toutloperaoupresque655890715.com/2019/03/19/el-desdichado/
Pour le bateau ivre, je pourrais faire cinq tranches de cinq quatrains, chaque billet garderait ainsi une taille raisonnable, sans être de guêpe pour autant.
J’aimeAimé par 1 personne
J’aime bien retrouver ici ce bon vieux Mallarmuche !
La volière de Messiaen est un petit peu difficile d’accès mais c’est tout de même intéressant 🙂
Quant à la voix de Sabine Devieilhe (désolée si j’écorche son nom) je la trouve sublime.
Joyeuses fêtes de Pâques Jean-Louis !
J’aimeAimé par 1 personne
En fait, la vidéo mise en ligne rend mal justice à cette musique.
J’étais à Garnier pour la première série de représentations de Saint-François d’Assise, et ce prêche des oiseaux, où le chef ne dirige quasiment pas, chaque groupe d’instruments jouant sa partie d’oiseaux indépendamment de celle des autres, comme les vrais oiseaux dans la nature, rendait vraiment très bien dans la salle. (Il faut dire que Messiaen, en plus d’être compositeur, était un oisologue très pointu.
J’aimeAimé par 1 personne
Je disais cela mais en fait j’aime bien Messiaen, je l’écoute de temps en temps (avec plaisir). Mais je ne connais pas bien cette oeuvre-ci et j’ai été déconcertée.
J’aimeAimé par 1 personne