littérature, Oulipo, Poésie

LA MUSIQUE, de Charles BAUDELAIRE (2 – DEBUSSY)

Après avoir wagnerisé le poème La musique, de BAUDELAIRE, je vous propose une autre version de ce poème traité à la sauce OuLiPo.

(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)

Aujourd’hui donc, en voici une version debussysée.

La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,

Debussy Nuit d'étoiles (Véronique Gens)Cliquez sur l’image


Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;

Debussy Préludes VoilesCliquez sur Arthur-Benoît Michel-Ange

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;

Debussy Nocturnes NuagesCliquez sur l’image

Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

Debussy Préludes Ce qu' vu le vent d'ouestCliquez sur le champion du monde de piano toutes catégories

Sur l’immense gouffre

Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !

Debussy La Mer BernsteinCliquez sur l’image

Citations musicales :

ma pâle étoile : Nuit d’étoiles, cette mélodie est la première œuvre éditée de Claude-Achille !

La voile : « Voiles », deuxième morceau du premier livre des Préludes.

la nuit me voile : Premier mouvement des Nocturnes : « Nuages ».

Le bon vent, la tempête et ses convulsions : « Ce qu’a vu le vent d’ouest », septième morceau du premier livre des Préludes.

Calme plat, grand miroir : DEBUSSY, premier mouvement du poème symphonique la Mer, « De l’aube à midi sur la mer ».

Et si vous voulez une version fauréïsée de ce même poème, c’est ici.

Et si vous voulez une version beethovenisée de ce même poème, c’est ici.

22 réflexions au sujet de “LA MUSIQUE, de Charles BAUDELAIRE (2 – DEBUSSY)”

  1. J’ai adoré vos choix d’interprètes et l’ordre adopté. J’ai souvent très peur des voix et pourtant celle de Véronique Gens m’a conquise « tendrement ». Terminer avec le New York Philarmonic et Léonard Bernstein fut un ravissement tonique.
    🙂

    Aimé par 1 personne

  2. « La musique souvent me prend comme une mer
    Vers ma pâle étoile »…
    Ça commence bien, ça commence grand. Quand même Baudelaire – hein, qui dit mieux ? Je comprends, et -ô combien, qu’il aimait lire (réciter) ses poèmes à haute voix. Ça jette, nous porte, nous emporte au large comme les vagues sur la mer. Et la musique, oui, exactement…

    « Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther
    Je mets à la voile »…

    Et là, moi, je pars… Je pars ! Complètement debussysée dans cette nuit d’étoiles version Veronique Gens… J’ai mis les voiles pour la suite. Brillante !

    Mais voilà, il me faut revenir à la réalité: la pause est finie. Je repasserai, J-L. A plus tard. En attendant bon appétit, bel après-midi. Et merci.

    Aimé par 2 personnes

  3. A reblogué ceci sur Maux & Criset a ajouté:
    Lisez et écoutez l’article de Monsieur tout l’opéra (ou presque), je pose mes commentaires sur ces belles musiques de Debussy.

    Merci Jean-Louis pour ce très bel article. Les musiques sont absolument adaptées au poème (La Musique) de Baudelaire.

    Les images montent toutes seules.

    Nuits d’étoiles

    Le poème de Théodore de Banville est nostalgique mais pas triste. Il évoque pourtant les amours défunts, ce qui pourrait plomber l’ambiance. Mais non, Debussy, associe à cette nostalgie, une légèreté, une forme de détachement qui rend optimiste.

    Voiles

    Comment ne pas voir de légers voiles ayant perdues leur humidité onduler, soulevés par la pression de l’air après une pluie récemment éloignée ? Ou aussi un lent et petit flux et reflux d’un bord de lac de montagne. Evidemment, les tâches de couleurs des grand-voiles sont posées plus ou moins loin. Méfiance l’orage pourrait revenir.

    Nuages (nocturne)

    Le mystère de la nuit est là, quelques nuages au-dessus. Une légère brume estompe les arbres. Un cavalier pourrait fort bien surgir, précédé du seul bruit des pas de son cheval. Notre héroïne, pourtant fort courageuse, frissonne à l’envi. Plus par curiosité que par inquiétude… Mais finalement la musique nous rassure, il ne se passera rien de grave ce soir, si ce n’est l’amour. Mais l’amour, est-ce si grave ?

    Cet arbre cassé en deux et les branches qui partent toutes du côté droit pourrait bien nous faire changer d’avis. C’est un peu flippant en final.

    Ce qu’a vu le vent d’ouest

    Il apporte d’inquiétantes nouvelles de bateaux en perditions au large. L’ouest s’est rempli de forces plutôt incontrôlées et le vent nous les amène avec violence. Les grands ifs n’en peuvent plus de ployer sous le vent de mer. C’est l’annonce d’une belle rincée.

    De l’aube à midi

    La mer est calme ce matin. Le soleil se lève doucement, accompagné par les oiseaux qui se remettent en action. On entrevoit (ici on entreentendrait plutôt, mais cela n’a pas encore été inventé !) les mélodies qui seront développées plus tard dans l’après-midi. Les fenêtres s’ouvrent les unes après les autres, claquant sur les murs secs. Celui-ci sort sur le perron, café fumant à la main, pour observer et respirer l’atmosphère. Il se retourne et dit « c’est pétole aujourd’hui ». Le bateau restera à quai.

    La température monte doucement accompagnée par les bruits humains et animaliers. La journée se prépare, elle va être longue et chargée. Les faunes fourbissent leurs armes, mais ils attendront l’après-midi pour sévir.

    Aimé par 2 personnes

    1. Alors toi ! 👍 Décidément ce matin, c’est la forme, la très grande forme.Tu as retrouvé toute ta verve. Et j’adore. Mais alors… trop ! Baudelaire, Debussy et monsieur Toutlop nous inspirent, pas vrai ? Mais le plus drôle dans tout cela, c’est que certaines phrases de ton texte me rappellent celui que j’ai écrit ce matin… le café, la mer…tout ça tout ça, mais bon, moi c’est la routine, alors que toi… oui, toi, on se demande ousque tu as été cherché tout cela. En tout cas, bravo 👏

      Aimé par 1 personne

      1. C’est Baudelaire, Debussy et l’accord parfait qu’en a fait Jean-Louis. Je lis, j’écoute et pendant que la musique vit les images montent.
        Et pas l’inverse, quand la musique image, les… 😂

        Aimé par 2 personnes

      2. Tu vas pas le croire: suis tellement amoureuse de Baudelaire ( enfin de ses vers) et raide dingue de musique que je me suis dit: ce billet je vais le rebloguer. Tu m’as devancée. Mais c’est très bien ainsi. Je n’aurais pas fait mieux ( même pas aussi bien). Alors bravo à vous deux. 👏👏

        Aimé par 2 personnes

      1. Je ne vois pas ce que cela pose comme problème. Les autres poésies que tu as mises en musique n’avaient pas forcement de rapports directs avec elle. Il y a suffisamment d’éléments dans ce poème pour mettre les accompagnements que tu veux.

        Aimé par 1 personne

  4. – Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse,
    Oreiller de chair fraîche où l‘on ne peut aimer==> Tannhäuser, le Venusberg

    – Qui versent la folie à ce bal tournoyant;==> Lucie de Lammermoor, la scène de la folie

    – Des fantômes puissants qui dans les crépuscules
    Déchirent leur suaire en étendant leurs doigts ;==> Don Giovanni , scène finale

    – De fœtus qu’on fait cuire au milieu des sabbats => Marguerite ? (mise en scène très très moderne)

    – Passent, comme un soupir étouffé de Weber; => un petit bout de Freichutz

    – Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum, => je te laisse le soin de choisir le Te Deum

    Je reconnais, c’est un peu tiré par les cheveux.

    Aimé par 1 personne

  5. Bonjour Jean-Louis ! Moi qui adore Debussy et Baudelaire, je me sens comblée avec ce beau billet ! Avec Michelangeli et Pollini on vogue tout de même très haut et ces ambiances voilées et nuageuses et étoilées me font rêver et m’émerveillent !

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire