Après Remémorations d’amis belges de Stéphane MALLARMÉ, je vous propose un autre poème traité à la sauce OuLiPo, choisi dans le riche corpus mallarméen. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport avec ces images.)
Aujourd’hui, donc, je vous propose M’introduire dans ton histoire, un poème de 1886 évoquant ses relations (fantasmées ?) avec Méry LAURENT.
M’introduire dans ton histoire
C’est en héros effarouché
S’il a du talon nu touché
Quelque gazon de territoire
Cliquez sur le défilé des héros de la Grèce antique
À des glaciers attentatoire
Je ne sais le naïf péché
Que tu n’auras pas empêché
De rire très haut sa victoire
Dis si je ne suis pas joyeux
Tonnerre et rubis aux moyeux
De voir en l’air que ce feu troue
Avec des royaumes épars
Comme mourir pourpre la roue
Du seul vespéral de mes chars.
Citations musicales :
du talon nu : Vous je ne sais pas, mais moi quand j’entends « Héros » et « Talon », je pense à Achille (et pas à Achille Talon qui est aussi un héros, mais de bande dessinée, excellent par ailleurs). OFFENBACH l’a mis en scène dans La belle Hélène et ses couplets des rois.
À des glaciers attentatoire : JANACEK troisième acte de Jenufa,. Alors que l’héroïne va se marier avec Laca, on découvre sous les glaces fondant au printemps le cadavre d’un nouveau-né noyé ! Il s’agit de l’enfant illégitime qu’avait eu Jenufa, et dont la marâtre, pour sauver l’honneur de la famille, avait fait disparaître pendant la fièvre de Jenufa. Cette lecture me semble aller avec le sens caché du poème de Mallarmuche, avec ses désirs cachés pour Méry.
Tonnerre et rubis : BERLIOZ La Damnation de Faust – Feux et Tonnerre – menuet des feux follets.
Du seul vespéral de mes chars : SAINT-SAËNS, Phaéton. Les deux derniers tercets peuvent se lire comme la course du char solaire jusqu’à son couchant. Saint-Saëns a mis en musique cette histoire de Phaéton volant sur le char solaire de Phoebus, son père, mais incapable d’en diriger les chevaux. Se rapprochant trop près du soleil et mettant la Terre en danger, Phoebus est obligé de l’abattre en plein vol pour sauver la planète.
Et pour ceux et celles qui voudraient relire ce poème sans subir mes divagations musicales, retrouvez-le tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change.

J’aime beaucoup les deux Ajax et le bouillant Achille, toujours rigolo a voir et à écouter. Sans parler des « poux de la reine »… Merci Jean-Louis pour ce poème de Mallarmuche dont je ne me souvenais pas du tout.
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Je n’ai pas tout compris du poème mais j’ai bien aimé les accompagnements.
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Comme le disait le philosophe latin Confucius : heureux celui qui peut comprendre les poèmes de Mallarmé !
Bonne journée, John Duff.
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