Après Le Vierge, le vivace et le bel aujourd’hui, je vous propose un autre poème traité à la sauce OuLiPo, choisi dans le riche corpus mallarméen. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les substantifs de ce poème par des citations musicales en rapport avec ce substantif.)
Aujourd’hui, j’ai donc choisi d’illustrer Brise marine.
La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots…
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots !
Citations :
Et j’ai lu tous les livres : BERLIOZ, la Damnation de Faust, « Sans regrets, j’ai quitté… ». Arrivé au soir de son existence, Faust qui a consacré sa vie à étudier dans les livres se rend compte qu’il est passé à côté des choses de la vie.
Steamer balançant ta mature : PUCCINI, Madame Butterfly, « un bel di vedremo ». Madame Butterfly (Cio-cio-san), abandonnée par son mari, passe son temps sur la côte, à attendre qu’un vapeur le lui ramène.
Une exotique nature : DUPARC L’Invitation au voyage de BAUDELAIRE.
Les naufrages : À la fin de Peter Grimes, de BRITTEN, les villageois rassemblés font état du naufrage qui a eu lieu pendant la nuit, où le marin Peter Grimes a péri.
Chant des matelots : Wagner, le Vaisseau fantôme, « Chœur des matelots ».
Ta méthode est une source inépuisable de nouveau billets 😊
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J’en ai déjà quelques uns en réserve !
Bonne journée, Anne O’nyme.
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Oui, en effet, quelle coïncidence ! Bon en même temps, je suis en plein dedans. Très beau ton billet. Un bel di Vedremo, sublime ! Et L’invitation au voyage d’Henri Duparc, je n’ai pas résisté, je viens de l’écouter, que dis-je re-ecoutée.
Mais il faut que j’y aille, là. Je repasserai lors d’une prochaine connexion…. Il faut se réserver du temps pour quand on passe chez toi, dis donc. 😁
Belle fin d’aprem’, à demain ( peut-être)
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Merci SOlène, et bon après-midi (ça fait drôle d’écrire ça à 18h).
À plus tard ou à demain.
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Ben oui, moi aussi, ça me perturbe qq peu le décalage horaire 😁
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Bonjour, Jean-Louis
Tu sais quoi ? Je suis passée hier ( pendant que tu dormais) pour écouter Berlioz, La Damnation de Faust et Peter Grimes -Coro final… Aussi je ne te l’ai pas dit, mais j’adore ce poème, » Brise marine » de Mallarmé. Tellement de beauté dans les images qu’il évoque. » Ô nuits ! Ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur defend »..
C’est juste magnifique ! Même dans le rejet du présent ( on pourrait commenter chaque vers) et jusqu’à la fin où le poète reste à quai, c’est beau, beau, beau, ce voyage revé comme métaphore de l’inspiration !!! Et même, oui même ( encore une fois) la peur du naufrage ( que l’on suppose de l’échec et de la page blanche)
Merci pour ce partage.
Et…. bon anniversaire ! 🎂🍹🌞🌺
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Je suis si content que tu ais apprécié ce poème, qui fait partie de mes poèmes préférés, et que je porte en moi depuis les années lycée, ce qui ne me rajeunit pas 😀😀.
Eh oui, la page de papier que sa blancheur défend…
Très bonne journée à toi, et encore merci pour l’anniversaire.
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Ça nous remet un peu dans le spleen baudelerien, tu ne trouves pas ? Et d’ailleurs.. oui, « L’invitation au voyage » ! Encore un poème que j’adore. Mais je pense qu’après avoir lu « L’orage », tu n’ignores pas que je suis fan de Baudelaire ☺️
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Je pense qu’il y a une filiation Baudelaire ==> Mallarmé.
Et d’ailleurs ne faisaient-ils pas partie des admirateurs français de Wagner ?
(Fred le moustachu aussi a fait partie des admirateurs de Wagner).
Et pour la citation de « l’Invitation au voyage » pour illustrer « Brise marine », ça a été absolument évident pour moi quand j’ai composé ce billet.
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