Cinéma, Mythologie, Nature

LES QUATRE ÉLÉMENTS (1) : LE FEU

Puisque nous sommes en été, intéressons-nous à celui des quatre éléments (le feu – l’eau – l’air – la terre) qui symbolise cette saison. C’est bien évidemment au feu qu’elle est associée, puisque l’été est la saison du soleil et de sa chaleur.

Le feu est un élément ambivalent. D’un côté, il apporte la chaleur et la lumière. Il permet de cuire les aliments et, anciennement, il écartait les bêtes sauvages du foyer. Le foyer, qui désignait le lieu du feu, est devenu par métonymie le terme qui signifie l’endroit où l’on vit, la maison. Par un second glissement de sens, il désigne aussi la famille (pensez au foyer fiscal des impôts.)

Le feu, c’est aussi l’amour. On brûle d’amour ou on déclare sa flamme à l’être aimé. Ainsi le duo final de Béatrice et Bénédict de BERLIOZ : « L’amour est un flambeau, l’amour est une flamme ».

Berlioz Béatrice et Bénédict l'amour est un flambeauCliquez sur l’image

(Vous pouvez aussi réécouter l’air « d’amour l’ardente flamme » de la Damnation de Faust du même Berlioz.)

D’un autre côté, le feu brûle et détruit. Il est aussi associé aux flammes de l’enfer, où les damnés vont brûler pour l’éternité. C’est ce qui arrive à don Giovanni à la fin de l’opéra de MOZART, où le spectre du commandeur vient le chercher.

Mozart don giovanni scène finaleCliquez sur don Giovanni emporté dans les flammes de l’enfer

Dans la mythologie, le Titan Prométhée a volé le feu sacré des dieux afin de l’offrir aux hommes. Pour le punir, Zeus l’a condamné à être attaché sur un rocher où un aigle venait tous les jours lui manger le foie. GOETHE a repris cette légende dans un poème en 1774, poème que SCHUBERT a mis en musique en 1819.

Schubert PrometheusCliquez sur l’image

Environ un siècle plus tard, SCRIABINE écrit sur le même thème une de ses œuvres les plus connues, le poème symphonique Prométhée ou le poème du feu.

Scriabine Prométhée le poème du feuCliquez sur l’image

Toujours dans la mythologie gréco-latine, la divinité grecque du feu et du foyer était Hestia (en latin Vesta). Et les vestales, c’étaient ces jeunes filles qui chez les romains entretenaient le feu sacré. La vestale la plus connue à l’opéra est celle mise en scène par SPONTINI dans son opéra du même nom.

Spontini la Vestale O nume TutelarCliquez sur la vestale

Vulcain, le dieu romain du feu, est aussi le protecteur des forgerons. Ce n’est peut-être pas un hasard si dans le Trouvère de VERDI, qui contient la scène hallucinante où la gitane Azucena avoue avoir jeté son enfant dans le feu, croyant qu’il s’agissait de celui de son ennemi juré, on trouve un des chœurs les plus célèbres de Verdi, le chœur des forgerons.

Verdi Il Trovatore chœur des forgeronsCliquez sur l’image

Cliquez sur les enclumes

La figure géométrique associée au feu est le tétraèdre. Ce qui me conduit naturellement à la tétralogie de WAGNER, où le feu occupe une grande place. Il est personnalisé par Loge (Loki), le demi-dieu scandinave du feu, qui va aider Wotan dans sa tentative désespérée de rétablir l’ordre du monde ancien. À la fin de la Walkyrie, c’est lui qui protège la walkyrie endormie sur un rocher par un cercle de feu que seul un héros n’ayant jamais connu la peur pourra franchir. À la fin de Siegfried, le héros éponyme va enfin franchir ce cercle de feu pour réveiller la belle endormie. Et à la fin (décidément) du Crépuscule des dieux, Brünnhilde met fin à l’histoire en dressant un bûcher funéraire sur lequel elle brûlera le corps de son Siegfried adoré, lâchement assassiné par le traître Hunding.

Wagner Crépuscule des dieux fin du finalCliquez sur l’embrasement final du Walhalla

Dans les mythologies indo-persanes, le temple de la religion zoroastrienne est le temple du feu. On retrouve ce personnage sous ce nom dans l’opéra Zoroastre de RAMEAU, sous le nom de Zarastro dans la Flûte enchantée de MOZART ou dans le poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra de Richard STRAUSS, d’après l’œuvre de NIETZSCHE.

Mozart La Flûte enchantée O Isis und OsirisCliquez sur Zarastro

Dans l’opéra pour enfant L’enfant et les Sortilèges, de RAVEL, le feu participe à la fronde des animaux et des objets qui se rebellent contre l’enfant.

Ravel l'enfant et les sortilèges le feuCliquez sur la révolte du feu contre l’enfant méchant

Dans son opéra l’Amour sorcier, DE FALLA compose cette très belle Danse rituelle du feu.

De Falla Danse rituelle du feuCliquez sur l’image

Divers, Nature

LES QUATRE SAISONS (7) – L’ÉTÉ (2)

Comme le disait Edgar Allan POE, « l’été, la nuit les bruits sont en fête ».

(Eh oui, ce billet s’inscrit dans le cadre de l’agenda ironique de juin 2020

https://palettedexpressions.wordpress.com/2020/06/02/agenda-ironique-de-juin/ .)

Je reviendrai ultérieurement sur les adaptations de Poe à l’opéra, dans un billet qui lui sera consacré.

Après le billet consacré il y a un an à l’été, voici une nouvelle livraison d’airs en rapport avec la saison chaude.

Le solstice d’été correspond au jour le plus long de l’année, et donc à la nuit la plus courte. À partir de cette date, la durée du jour diminue jusqu’à l’équinoxe d’automne, date à laquelle la durée du jour devient égale à celle de la nuit.

Pour les poètes, l’été est la saison de la chaleur et des moissons. Et c’est un thème qui a inspiré bien des compositeurs.

Je ne peux évidemment pas passer à côté de VIVALDI et de ses célèbres quatre Saisons, avec son concerto l’Été. Écoutons en le « Presto » !

Vivaldi l'étéCliquez sur l’image

Un des oratorios les plus connus de Joseph HAYDN est Les Saisons (1801). Écoutons le chœur qui annonce l’orage, extrait de « l’Été ». (Je ne suis pas certain que le bruit de l’orage soit un bruit de fête.)

Haydn les saisons l'étéCliquez sur l’image

En 1841 BERLIOZ compose son cycle de mélodies Les Nuits d’été sur des poèmes de Théophile GAUTIER.

Berlioz Nuits d'été VillanelleCliquez sur l’image

Parmi les nombreuses adaptations du Songe d’une nuit d’été de SHAKESPEARE figure la musique de scène écrite par Félix MENDELSSOHN-BARTHOLDY en 1843, avec sa fameuse « marche nuptiale ». (Alors là, pour le coup, le « bruit organisé » qu’est la musique devient une fête.)

Mendelssohn le songe d'une nuit détéCliquez sur l’image

TCHAÏKOVSKI a composé un cycle pour piano intitulé Les Saisons, à raison d’une pièce par mois. Écoutons « Juillet » extrait de ce cycle peu connu.

Tchaïkovski les Saisons JuilletCliquez sur l’image

De Tchaïkovski également, on trouve au début d’Eugène Onéguine (1877) un chœur des paysans faisant la fête pour célébrer la fin des moissons (tiens, encore un chœur de Tchaïkovski !).

Tchaïkovski Eugène Onéguine Choeur des paysansCliquez sur le chœur des paysans

Et enfin, pour boucler la boucle, retrouvons le Songe d’une nuit d’été avec l’opéra du même nom de BRITTEN, datant de 1960.

Britten a midsummers night's dream

Cliquez sur l’image

Et pour avoir plus de musique sur ce Songe d’une nuit d’été, je vous invite à aller revoir le billet La Vie est un songe

Et puisque j’ai commencé avec Poe, je terminerai par cette citation de Lewis CAROLL : « Finalement, j’ai rencontré une brouette, et j’ai pensé qu’elle me prêterait une oreille attentive ».

Talbot Alice in wonderlandCliquez sur le chapelier fou

Nature

LE PRINTEMPS S’INVITE CHEZ VOUS. LES QUATRE SAISONS (6) – LE PRINTEMPS (2)

Comme je l’écrivais il y a un an, le printemps marque l’équinoxe, ce jour si particulier où la durée diurne est égale à la durée nocturne. À partir de cette date, le taux d’allongement du jour décroît pour aller s’annuler au solstice d’été.

Pour les poètes, le printemps est la saison du renouveau de la nature, de la jeunesse, et des amours naissantes. C’est donc un thème de choix qui a inspiré les compositeurs.

À tout seigneur, tout honneur, je vais commencer par VIVALDI et ses quatre Saisons, avec son célébrissime Printemps. (Merci Ysabel pour ton cadeau de Noël qui m’a fait découvrir cette version.)

Vivaldi le Printemps Max RichterCliquez sur l’image

Dans son oratorio Les Saisons (1799 – 1801), HAYDN met évidemment le printemps en musique.

Haydn Les Saisons le printempsCliquez sur l’image

En 1802, BEETHOVEN écrit sa sonate pour piano et violon Le printemps. Écoutons le sublime mouvement lent.

Beethoven sonate le printemps 2e mvtCliquez sur l’image

Dans son très romantique recueil de mélodies Liederkreis (1840), Robert SCHUMANN termine par un Frühlingsnacht (Nuit de printemps.)

Schumann Liederkreis FrühlingstnachtCliquez sur Dietrich F.D.

Dans sa « Vilanelle » des Nuits d’été (1841), BERLIOZ fait chanter le printemps.

berlioz-les-nuits-dete-vilanelle-crespinCliquez sur l’image

Cliquez sur Hector B.

Dans La Walkyrie (1855) de WAGNER, c’est l’entrée du printemps, passionné, dans la maison où se trouvent Sieglinde et Siegmund, qui révèle leur amour.

Wagner Walkyrie le printempsCliquez sur Jonas K.

RACHMANINOV a écrit sa cantate pour baryton, chœur et orchestre Le printemps, opus 20, en 1902. Écoutons-en le début.

Rachmaninov Le printemps (début)Cliquez sur l’image

littérature, Nature, Poésie, Shakespeare

LA TEMPÊTE (LES TEMPÊTES)

La tempête a béni mes éveils maritimes
Plus léger qu’un bouchon, j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots.
                                                                Arthur (Arc-en-ciel) RIMBAUD, le Bateau ivre

Alors qu’une tempête vient à nouveau de traverser la France et l’Europe, il m’est venu à l’idée de chercher les plus belles mises en musique de tempêtes à l’opéra.

La Tempête (1610) est une des pièces de SHAKESPEARE qui a été le plus mise en musique. Dès 1695, PURCELL a écrit un semi-opéra sur ce thème. Cette pièce a également inspiré BEETHOVEN pour sa sonate n°17, dite La Tempête, ainsi que le compositeur Thomas ADÈS (The Tempest 2004).

Beethoven sonate la TempêteCliquez sur le pianiste

Fromental HALÉVY, le beau-père de BIZET a lui aussi écrit un opéra sur La Tempête, en 1850.

Outre ces adaptations du grand William, la tempête (maritime) a inspiré bien des compositeurs. Dès 1706, Marin MARAIS met en musique une des premières scènes de tempête à l’opéra, dans son Alcyone, d’après OVIDE.

Marais Alcyone la tempêteCliquez sur l’image

Une vingtaine d’années plus tard, VIVALDI écrit la Tempesta di mare, un concerto pour flûte, dans son opus 10.


Vivaldi la tempesta di mareCliquez sur l’image

Le thème du voyageur perdu dans la tempête et rejeté sur un rivage inconnu est un thème récurrent, que l’on retrouve par exemple chez VIVALDI dans Orlando Furioso (1727), chez RAMEAU dans Les Indes galantes (1735), chez GLUCK dans Iphigénie en Tauride (1779)

Gluck Iphihénie en Tauride ouverture et airCliquez sur cette malheureuse Iphigénie

et jusqu’à ROSSINI avec son Italienne à Alger (1813). (Cf. à ce sujet l’orientalisme à l’opéra.)

Le mouvement intellectuel « Sturm und Drang » (« Tempête et passion« ) est consubstantiel au romantisme allemand. Aussi est-ce sans surprise que l’on retrouve une tempête dans la scène de la Gorge aux loups du Freischütz (1821) de WEBER. WAGNER, impressionné par la découverte de cet opéra alors qu’il avait sept ans, met en musique une tempête au début de son Vaisseau fantôme (1842).

Wagner Vaisseau fantôme ouverture KarajanCliquez sur le bateau en détresse dans la tempête

Et on continue à trouver de belles évocations de tempête dans le Guillaume Tell (1829) de ROSSINI, dans l’ouverture de l’Otello (1884) de VERDI.

Verdi Otello ouvertureCliquez sur l’image

Le XXe siècle continue la représentation de tempêtes avec par exemple Porgy and Bess (1935) de GERSHWIN ou le Peter Grimes (1944) de BRITTEN.

Britten peter Grimes la tempêteCliquez sur Benjamin Britten

Cinéma, Mythologie, Nature, Valse

LES QUATRE SAISONS (5) – L’HIVER (2)

Après un premier billet sur la mise en musique de l’hiver, billet paru il y a un an (déjà), voici une suite des aventures musicales de l’hiver.

Évidemment, quand on dit Quatre saisons et musique, on pense aussitôt à VIVALDI.

Vivaldi l'hiver

Cliquez sur l’image

Mais avant Vivaldi, LULLY avait écrit en 1687 Isis, d’après les Métamorphoses d’Ovide. On y apprend que Junon, jalouse de Io courtisée par Jupiter, poursuit celle-ci jusqu’à l’embouchure du Nil. Jupiter demande alors à Junon de l’épargner, ce qu’elle accepte de faire en la transformant en déesse. Dès lors, Io s’appellera Isis et sera vénérée par les Égyptiens. Il y a dans Isis un très bel air tremblé « Hiver qui nous tourmente ».

Lully ISIS Hiver qui nous tourmente

Cliquez sur les Pages du roi

PURCELL s’en souviendra quelques années plus tard (en 1691) quand il écrira l’air du génie du froid du King Arthur, avec son fameux Cold Song.

purcell king arthur cold song Orlinski

Cliquez sur le génie du froid

Un peu à la lisière de l’opéra, il y a le fabuleux Voyage d’hiver (Winterreise) de SCHUBERT. Ce presqu’opéra est en fait un cycle de 24 lieders narrant l’errance d’un voyageur en hiver.

Schubert Winterreise Erstarrung

Cliquez sur la partition
En 1882, WALDTEUFEL écrit la Valse des patineurs (peut-être la seule partition de lui qui soit restée au répertoire).

Waldteufel Valse des patineurs

Cliquez sur Émile Waldteufel

En 1892, CATALANI écrit La Wally dont l’action se déroule au Tyrol. La fin de cet opéra se passe à Noël, dans une tempête de neige. Je vous propose d’écouter le fameux air « Ebben ? Ne andro lontana », dont DVORAK se souviendra probablement quand il écrira Rusalka en 1900. Les plus cinéphiles d’entre vous reconnaîtront cet air rendu fameux par Jean-Jacques BEINEIX dans son film Diva (1981).

Catalani La Wally ebben ne andro lontana

Cliquez sur l’image
En 1899, GLAZOUNOV écrit un ballet pour Marius PETIPA, Les Saisons. Écoutons l’hiver.

Glazounov les saisons l'hiver

Cliquez sur l’image

En 1938, PROKOFIEV écrit la musique du film Alexandre Nevski de Sergueï EINSENSTEIN. On y trouve la fameuse scène de la bataille sur le lac gelé.

Cliquez sur l’imageProkofiev Alexandre Nevski

P.S. : pour mes lecteurs de l’hémisphère Sud, vous pouvez considérez que ce billet s’applique à l’été. Retournez le voir le 21 juin, quand je publierai un billet sur l’été dans l’hémisphère Nord. (D’accord, les références à Noël ne seront plus d’actualité 😉🍾)

Divers, Nature, Sciences

FÊTE DE LA SCIENCE 2019 La science à l’opéra

Du 5 au 13 octobre a lieu la fête de la Science partout en France métropolitaine. La fête de la Science est une manifestation qui a pour but de faire découvrir la science

  • Sensibiliser le grand public à la culture scientifique
  • Favoriser le partage des savoirs et les échanges entre les chercheurs et les citoyens
  • Faciliter l’accès à une information scientifique de qualité
  • Faire découvrir le travail des scientifiques et les métiers issus de la recherche
  • Valoriser le travail de la communauté scientifique
  • Permettre à chacun de s’approprier les enjeux des évolutions scientifiques pour une participation active au débat public
  • Susciter des vocations chez les jeunes en stimulant leur l’intérêt pour la science et la curiosité à l’égard des carrières scientifiques

Passons rapidement sur la période baroque où les livrets d’opéra étaient essentiellement tirés de la mythologie ou de la vie d’hommes illustres.

Les premiers « scientifiques » que l’on rencontrera seront les médecins, en particulier le Diaphoirus du Malade imaginaire de MOLIÈRE et Marc-Antoine CHARPENTIER.

Charpentier Molière le Malade imaginaireCliquez sur l’image

C’est avec le personnage de Faust que la figure du scientifique fait son apparition dans le monde de l’opéra. C’est le grand GOETHE qui a contribué à rendre populaire ce personnage du savant du moyen-âge qui, ayant passé sa vie à la recherche du savoir, se rend compte à la fin de sa vie qu’il n’a justement rien connu de la vie.

berlioz damnation de Faust merci doux crépuscule KaufmannCliquez sur Faust

Si vous regardez la vidéo précédente, vous aurez la surprise de voir le personnage de Stephen HAWKING sur la scène. Ne vous étonnez pas, c’est une maladresse du metteur en scène qui illustre de manière très lourde le rapport entre Faust et ce représentant médiatique de la science en action.

On trouve un inventeur au premier acte des Contes d’Hoffmann (1881) d’OFFENBACH. En effet, l’inventeur Spalanzani a fabriqué une poupée mécanique, Olympia, dont le poète Hoffmann tombe amoureux.

Offenbach Contes d'Hoffmann oiseaux dans la charmille N.DessayCliquez sur la poupée

Il faudra ensuite attendre le XXe siècle pour trouver des scientifiques à l’opéra. Par exemple, dans Wozzeck (1917 – 1922) de BERG, où le héros « vend » son corps à la science, c’est-à-dire au médecin militaire qui fait des expériences sur lui.

Berg Wozzeck le docteurCliquez sur le docteur

Les choses deviennent plus intéressantes dans la deuxième moitié du siècle. En 1976, Philip GLASS, l’un des papes de la musique répétitive, met en scène Albert EINSTEIN dans son opéra Einstein on the Beach.

Glass Einstein on the BeachCliquez sur l’image

Et comme l’opéra est un art toujours vivant, en 2005 encore, l’Américain John ADAMS fait vivre le physicien OPPENHEIMER, le « père de la bombe atomique », dans son opéra Doctor Atomic.

Adams Doctor AtomicCliquez sur John OPPENHEIMER

Et pour savoir ce qui se passe à côté de chez vous, un seul lien, celui du site officiel de la fête de la Science 2019.

fête de la Science 2019Cliquez sur l’affiche

Pour tout savoir (ou presque) sur l’utilisation de la science à l’opéra, c’est ici.

Nature

Les quatre saisons (4) : l’automne

Après le billet consacré au solstice d’été, voici celui sur l’automne.

L’automne marque l’équinoxe, ce jour si particulier où la durée diurne est égale à la durée nocturne. À partir de cette date, la durée de la nuit est plus longue que celle du jour.

Comme pour mes précédents billets sur les saisons, ouvrons le bal avec les fameuses Quatre saisons de VIVALDI.

Vivaldi 4 saisons l'automneCliquez sur l’image

Dans son oratorio Les Saisons, HAYDN illustre l’automne avec ce chœur de chasseurs :

Haydn les Saisons l'automneCliquez sur papa Haydn

TCHAÏKOVSKI a composé ce très beau et très lyrique « Chant d’automne » :

Tchaikovski Chant d'automneCliquez sur Tchaïkovski

Parmi ses nombreuses mélodies, MASSENET nous a gratifiés d’une « sérénade d’automne » et d’une « pensée d’automne » :

Massenet Sérénade d'automneCliquez sur l’image

Et CHAUSSON évoque si bellement cette saison (et l’hiver) dans sa mélodie « Dans la forêt chauve et rouillée », sur un poème de Théophile GAUTIER :

Chausson la dernière feuilleCliquez sur l’image

L’automne de la vie, c’est quand on sent que nos forces vives s’estompent. On ressent cet état d’âme crépusculaire chez la comtesse des Noces de Figaro de MOZART comme chez celle du Chevalier à la rose de STRAUSS.

Enfin, je m’en voudrais de consacrer un billet à l’automne sans citer la « Chanson d’automne » de VERLAINE.

Verlaine Chanson d'automneCliquez sur Hugues AUFRAY

Nature

Les quatre saisons (3) : l’été

Après le billet consacré au printemps, voici celui consacré au solstice d’été.

Le solstice d’été correspond au jour le plus long de l’année, et donc à la nuit la plus courte. À partir de cette date, la durée du jour diminue jusqu’à l’équinoxe d’automne, date à laquelle la durée du jour devient égale à celle de la nuit.

Pour les poètes, l’été est la saison de la chaleur et des moissons. Et c’est un thème qui a inspiré les compositeurs.

La première trace sur mon radar musical en rapport avec l’été est the Fairy Queen de PURCELL, tiré du Songe d’une nuit d’été du grand William.

Purcell the Fairy QueenCliquez sur l’image

Je ne peux évidemment pas passer à côté de VIVALDI et de ses célèbres quatre Saisons, avec son concerto l’Été.

Vivaldi 4 saisons l'étéCliquez sur l’image

Un des oratorios les plus connus de Joseph HAYDN est Les Saisons (1801). Écoutons l’orage, extrait de l’été.

haydn les saisons l'étéCliquez sur l’image

L’opéra de DONIZETTI L’Élixir d’amour (1832) se passe en été, et commence pendant la pause de midi, quand il fait trop chaud pour les moissons.

donizetti Élixir d'amour étéCliquez sur l’image

En 1841 BERLIOZ compose son cycle de mélodies Les Nuits d’été sur des poèmes de Théophile GAUTIER.

Berlioz Nuits d'été 4 absenceCliquez sur l’image

Eugène Onéguine (1877 – 1878) de TCHAÏKOVSKI débute par une belle soirée d’été. On y entend un chœur de paysans qui chantent la fin des moissons.

Tchaïkovsky Onéguine choeur des paysansCliquez sur l’image

Tchaïkovski a également composé un cycle pour piano intitulé Les Saisons. Écoutons Juin extrait de ce cycle peu connu.

Tchaikovsky les saisons juinCliquez sur l’image

Dans Porgy and Bess (1935) de GERSHWIN, un des airs les plus célèbres est certainement Summertime.

Gershwin Porgy & Bess SummertimeCliquez sur Bess

Et enfin, pour boucler la boucle, retrouvons le Songe d’une nuit d’été avec l’opéra du même nom de BRITTEN, datant de 1960.

Britten a midsummer night dream I know a bankCliquez sur l’image

Et pour avoir plus de musique sur ce Songe d’une nuit d’été, je vous invite à aller voir le billet La Vie est un songe

Rendez-vous à présent pour l’automne.

Nature

Au crépuscule

Dans l’expressionnisme musical propre à l’univers de l’opéra, le crépuscule, cette période où le jour cède la place à la nuit, a inspiré bien des compositeurs.

Ainsi, dans la quatorzième mélodie de son crépusculaire Voyage d’Hiver (Winterreise) (1828), SCHUBERT nous parle de ces têtes qui blanchissent en une nuit, du crépuscule au petit matin.

schubert crépusculeCliquez sur l’image

Un des plus beaux airs de La Damnation de Faust, de BERLIOZ, est  » Merci doux Crépuscule  » chanté par le héros éponyme.

berlioz merci doux crépusculeCliquez sur l’image

Sur ce thème, on pense évidemment au Crépuscule des dieux, le dernier volet de la tétralogie de WAGNER. Dans l’extrait qui suit, le héros, Siegfried, a été lâchement assassiné, et on descend son corps sur le Rhin. Au bout de son voyage funèbre, la walkyrie Brünnhilde dressera un bûcher pour Siegfried, y mettra le feu, et se précipitera dedans pour rejoindre son Siegfried dans la mort.

Crépuscule des dieuxCliquez sur l’image

Un des descendants de Wagner, Richard STRAUSS, qui œuvrait dans la Vienne de la première moitié du XXe siècle a également bercé certains de ses opéras d’une atmosphère crépusculaire, notamment dans son très mozartien (eh oui !) Chevalier à la Rose.

Rosenkavalier finalCliquez sur l’image

On retrouve cette sublime atmosphère crépusculaire dans le dernier de ses 4 derniers lieders : Au soleil couchant (Im Abendrot).

Strauss im abendrotCliquez sur l’image

C’est également une atmosphère crépusculaire qui règne sur le Mort à Venise de BRITTEN écrit d’après le livre de Thomas MANN.

britten mort à VeniseCliquez sur l’image

Mais le crépuscule, qui est le moment, avant le lever ou après le coucher du soleil, mais où il fait déjà ou encore jour, s’applique donc aussi au matin (merci Solène pour cette précision). Il y aura donc un autre billet consacré à ces crépuscules du matin, dont l’atmosphère n’est pas la même que celle des crépuscules du soir.

Nature

LES QUATRE SAISONS (2) : LE PRINTEMPS

Après le billet consacré au solstice d’hiver, voici le printemps.

Le printemps marque l’équinoxe, ce jour si particulier où la durée diurne est égale à la durée nocturne. À partir de cette date, le taux d’allongement du jour décroît pour aller s’annuler au solstice d’été.

Pour les poètes, le printemps est la saison du renouveau de la nature, de la jeunesse, et des amours naissantes. C’est donc un thème qui a inspiré les compositeurs.

À tout seigneur, tout honneur, je vais commencer par VIVALDI et ses quatre Saisons, avec son célébrissime Printemps.

vivaldi printempsCliquez sur l’image

En 1802, BEETHOVEN écrit sa sonate pour piano et violon Le printemps.

Dans la onzième mélodie de son crépusculaire Voyage d’hiver (Winterreise) (1828), SCHUBERT aspire à retrouver le printemps qui mettra fin à l’hiver.

schubert rêve de printempsCliquez sur l’image

Au début de la Damnation de Faust (1846) de BERLIOZ, Faust qui voit le vieil hiver céder la place au printemps s’interroge sur sa vie dévouée à la science.

WAGNER a chanté le printemps. Dans Tannhaüser (1845) d’abord où, après avoir vécu dans la volupté avec Vénus au Mont de Vénus, Tannhäuser regrette sa vie passée sur terre, et notamment la douceur de la nature qui s’éveille au printemps. Quand il revient à la vie terrestre, un pâtre chante ce printemps bucolique.

tannhauser printempsCliquez sur l’image

Ensuite dans La Walkyrie (1855), c’est l’entrée du printemps, passionné, dans la maison où se trouvent Sieglinde et Siegmund, qui révèle leur amour.

En 1877, SAINT-SAËNS dans son Samson et Dalila, Dalila veut séduire Samson en lui chantant  » Printemps qui commence « .

saint-saens prrintemps qui commenceCliquez sur l’image

Dix ans plus tard, MASSENET fait chanter à son Werther de héros le fameux air « Pourquoi me réveiller ? »

pourquoi me réveiller spyresCliquez sur l’image

En 1913, Stravinsky bouleverse les codes de la musique dans son ballet écrit pour les Ballets russes Le Sacre du printemps.

le sacre du printemps bauschCliquez sur l’image

À l’acte II de son Saint-François d’Assise (1983), MESSIAEN illustre le printemps par le chant des oiseaux.

Retrouvez d’autres musiques inspirées par le printemps dans la suite des aventures du printemps !