Puisque nous sommes en été, intéressons-nous à celui des quatre éléments (le feu – l’eau – l’air – la terre) qui symbolise cette saison. C’est bien évidemment au feu qu’elle est associée, puisque l’été est la saison du soleil et de sa chaleur.
Le feu est un élément ambivalent. D’un côté, il apporte la chaleur et la lumière. Il permet de cuire les aliments et, anciennement, il écartait les bêtes sauvages du foyer. Le foyer, qui désignait le lieu du feu, est devenu par métonymie le terme qui signifie l’endroit où l’on vit, la maison. Par un second glissement de sens, il désigne aussi la famille (pensez au foyer fiscal des impôts.)
Le feu, c’est aussi l’amour. On brûle d’amour ou on déclare sa flamme à l’être aimé. Ainsi le duo final de Béatrice et Bénédict de BERLIOZ : « L’amour est un flambeau, l’amour est une flamme ».
(Vous pouvez aussi réécouter l’air « d’amour l’ardente flamme » de la Damnation de Faust du même Berlioz.)
D’un autre côté, le feu brûle et détruit. Il est aussi associé aux flammes de l’enfer, où les damnés vont brûler pour l’éternité. C’est ce qui arrive à don Giovanni à la fin de l’opéra de MOZART, où le spectre du commandeur vient le chercher.
Cliquez sur don Giovanni emporté dans les flammes de l’enfer
Dans la mythologie, le Titan Prométhée a volé le feu sacré des dieux afin de l’offrir aux hommes. Pour le punir, Zeus l’a condamné à être attaché sur un rocher où un aigle venait tous les jours lui manger le foie. GOETHE a repris cette légende dans un poème en 1774, poème que SCHUBERT a mis en musique en 1819.
Environ un siècle plus tard, SCRIABINE écrit sur le même thème une de ses œuvres les plus connues, le poème symphonique Prométhée ou le poème du feu.
Toujours dans la mythologie gréco-latine, la divinité grecque du feu et du foyer était Hestia (en latin Vesta). Et les vestales, c’étaient ces jeunes filles qui chez les romains entretenaient le feu sacré. La vestale la plus connue à l’opéra est celle mise en scène par SPONTINI dans son opéra du même nom.
Vulcain, le dieu romain du feu, est aussi le protecteur des forgerons. Ce n’est peut-être pas un hasard si dans le Trouvère de VERDI, qui contient la scène hallucinante où la gitane Azucena avoue avoir jeté son enfant dans le feu, croyant qu’il s’agissait de celui de son ennemi juré, on trouve un des chœurs les plus célèbres de Verdi, le chœur des forgerons.
Cliquez sur les enclumes
La figure géométrique associée au feu est le tétraèdre. Ce qui me conduit naturellement à la tétralogie de WAGNER, où le feu occupe une grande place. Il est personnalisé par Loge (Loki), le demi-dieu scandinave du feu, qui va aider Wotan dans sa tentative désespérée de rétablir l’ordre du monde ancien. À la fin de la Walkyrie, c’est lui qui protège la walkyrie endormie sur un rocher par un cercle de feu que seul un héros n’ayant jamais connu la peur pourra franchir. À la fin de Siegfried, le héros éponyme va enfin franchir ce cercle de feu pour réveiller la belle endormie. Et à la fin (décidément) du Crépuscule des dieux, Brünnhilde met fin à l’histoire en dressant un bûcher funéraire sur lequel elle brûlera le corps de son Siegfried adoré, lâchement assassiné par le traître Hunding.
Cliquez sur l’embrasement final du Walhalla
Dans les mythologies indo-persanes, le temple de la religion zoroastrienne est le temple du feu. On retrouve ce personnage sous ce nom dans l’opéra Zoroastre de RAMEAU, sous le nom de Zarastro dans la Flûte enchantée de MOZART ou dans le poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra de Richard STRAUSS, d’après l’œuvre de NIETZSCHE.
Dans l’opéra pour enfant L’enfant et les Sortilèges, de RAVEL, le feu participe à la fronde des animaux et des objets qui se rebellent contre l’enfant.
Cliquez sur la révolte du feu contre l’enfant méchant
Dans son opéra l’Amour sorcier, DE FALLA compose cette très belle Danse rituelle du feu.
Don Giovanni, très impressionnant, belle mise en scène, la pyrotechnie est parfaite …
Je connaissais de Scriabine le morceau pour piano « Vers la flamme » mais pas ce Prométhée, ça a l’air génial … Du coup, je tâcherai de le réécouter, voire d’acheter le CD ! Bonne journée Jean-Louis 🙂
J’aimeAimé par 2 personnes
Bonjour Marie-Anne.
Je suis toujours obligé de me limiter pour avoir une taille de billet « raisonnable ».
Il y aurait eu aussi « l’Ange de feu », de PROKOFIEV, mais ce n’est que partie remise, pour un billet sur Prokofiev, par exemple.
Je te souhaite une bonne journée.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, bien sûr, je comprends 🙂
C’est comme « L’oiseau de feu » de Stravinski …
Bonne journée !
J’aimeAimé par 1 personne
Tout à fait, Marie-Anne !
Mais quand j’écrirai mon billet sur Stravinski, il y aura, obligatoirement, l’Oiseau de feu !
Je te souhaite une bonne soirée.
J’aimeAimé par 1 personne
Riche ( et chaud) ce billet.A relire tranquillement plus tard. Je ne ne peux bien sûr pas tout écouter tout de suite. Mais d’ores et déjà MERCI, J-L 🙏
A plus tard 😘
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, il est riche encore ce billet. J’ai de plus en plus de mal à me contenir à la feuille A4 recto-verso qui est la taille « idéale » pour la longueur d’un billet (enfin, idéale pour moi, certains font beaucoup plus court, d’autres font beaucoup plus long !)
J’aimeJ’aime
Bah, de toutes manières il y a 9 personnes sur 10 qui likent sans lire les billets, alors autant faire comme on le sent ( puisque c’est pour soi) 😊
J’aimeAimé par 1 personne
Bonne idée cette thématique par élément. Cela permet de rassembler quelques très grands airs..et d’autre moins connus (du moins par moi).
Comme tu cites la Walkyrie, pas mal Jessye Norman en Sieglinde.
J’aimeAimé par 1 personne
Si vous souhaitez vous imprégner de culture, il serait conseillé de goûter votre publication à petites gorgées. Petit à petit pour qu’il dure plus longtemps et profite de chacun de vos paragraphes et chansons. Ainsi l’esprit est exalté et accessoirement, nous nous remplissons de connaissance. Un bon post. Un gros câlin et merci de m’avoir fait un excellent printemps.
Manuel
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Manuel, c’est très gentil de votre part !
J’aimeAimé par 1 personne