On le sait (ou pas), il y a eu une vague d’orientalisme en art et en littérature aux XVIIe et XVIIIe siècles. On pense par exemple à la turquerie du Bourgeois gentilhomme (1670) de MOLIÈRE, ou aux Lettres persanes (1721) de MONTESQUIEU. Il faut voir aussi l’accueil prodigieux qui a été réservé à la traduction en français des Mille et une nuits au début du XVIIIe siècle. (Je traite dans un billet spécifique les adaptations en musique [occidentale] de ces Mille et une nuits.) En 1747 – 1748, c’est VOLTAIRE qui place Zadig, un de ses contes philosophiques, dans un Orient inventé.
L’opéra, toujours prompt à suivre les modes littéraires, s’est donc emparé de ce thème illustrant un certain choc des cultures.
Je ne reviendrai pas ici sur les opéras qui se passent en Égypte, un billet leur ayant déjà été consacré (cf. l’Égypte et l’opéra.)
Parmi les œuvres qui participent de ce genre orientaliste, une des premières est donc la comédie-ballet Le Bourgeois gentilhomme de LULLY et Molière.
Dans les Indes galantes (1735) de RAMEAU, la première entrée s’intitule « Le Turc généreux ». C’est l’histoire classique d’Occidentaux échoués sur un rivage exotique après une tempête. Osmine, le turc s’éprend de la belle occidentale mais finit par la laisser partir avec son amoureux.
Cinquante ans plus tard, c’est MOZART avec son Enlèvement au sérail (1782) qui se soumet à la loi du genre. On y trouve Constance, capturée par des pirates et vendue au pacha Selim. Belmonte, son fiancé veut la délivrer du sérail où elle est enfermée, sous la garde d’Osmin. À la fin, Selim, généreux leur accorde pardon et liberté.
Mozart est aussi l’auteur d’une autre « turquerie » célèbre : sa fameuse Marche turque.
Trente ans après, ROSSINI, qui marque la fin d’une époque, est un des derniers à se livrer à l’orientalisme, avec l’Italienne à Alger (1813) et le Turc en Italie (1814).
Dans l’Italienne à Alger, les rôles sont inversés et c’est Isabella qui part à Alger chercher son fiancé, prisonnier du bey d’Alger.
Dans le Turc en Italie, nouveau changement de rôle, puisque l’action se passe cette fois en Italie. Fiorilla tombe amoureuse d’un Turc, Selim, et ils projettent de s’enfuir ensemble. Mais c’est sans compter sur Zaïda, une bohémienne autrefois maîtresse du turc. En effet, celle-ci s’arrange avec le mari de Fiorilla pour récupérer son ancien amant et reformer ainsi les couples.
Et en bonus, un résumé de l’Enlèvement au sérail de Mozart :
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De Molière à Voltaire en passant par « l’Égypte et l’opéra » jusqu’aux « Indes galantes » de J-P Rameau j’ai terminé ma révision avec Rossini 😊
Et tout de suite là, je viens de faire grandiose avec la « Marche turque » de Mozart et » L’Italiana in Algeri » en buvant mon ( deuxième) café 🎼☕👍Merci J-L pour ce beau moment musical. Un vendredi qui commence bien 🌹
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Oui, ça fait déjà quelques temps que je le portais en moi, ce sujet.
Et prochainement sur ce même blog, l’extrême-orient (i.e. tout ce qu’on appelait globalement la Chine) et l’opéra.
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Une vraiment très jolie pianiste, et la musique ne gâche rien.
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Et encore, là, elle a une tenue décente ! 😊
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Les variations sur la Marche Turque de Mozart sont très intéressantes, avec des accents jazz !
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Oui ! C’est… surprenant, mais pas désagréable (l’important est que ce soit bien fait).
En fait, j’en ai écouté plusieurs versions, mais quand de suis tombé sur celle-ci, je n’ai pas hésité un seul instant.
Bonne soirée, Stéphane.
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Superb posting… c’est magnifique!
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J’aime bien cette version de la Marche Turque, très inattendue !
En fait, quand on écoute ces différentes musiques je ne trouve pas qu’elles sonnent tellement « orientales » mais plutôt bien européennes … Les compositeurs du 18è devaient avoir une notion très particulière de la musique orientale …
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Bonjour Marie-Anne, il n’y avait pas que les musiciens à se faire une idée particulière de l’Orient. Je pense que l’Orient des écrivains est également vu au tracers d’un prisme déformant. D’ailleurs, j’ai failli intituler mon billet « l’Orient fantasmé des musiciens »!
Bonne journée à toi.
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Oui, on ne voyageait pas facilement à l’époque et les autres cultures restaient très lointaines !
Bonne journée Jean-Louis !
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