Animation 1, Écrivains, Contes et légendes, littérature

HANS CHRISTIAN ANDERSEN (1805-1875)

Hans Christian Andersen est né à Odense, au Danemark, le 2 avril 1805, dans une famille modeste. Son père meurt quand il a 11 ans. Très jeune, Hans Christian s’intéresse au théâtre. Il est également doté d’une belle voix, et prend des cours de chant. En 1822, grâce au directeur du Théâtre royal, Jonas Collin, qui l’avait pris en amitié, Andersen obtient une bourse d’études et entre au collège, à l’âge de 17 ans !

En 1827, ses premiers poèmes sont publiés dans un journal. En 1828, c’est un récit de voyage qui est publié, le Voyage à pied à Amager. Après une parution en journal, le Voyage paraît en livre et rencontre un beau succès.

En 1833, Andersen voyage en Allemagne où il rencontre le compositeur Louis Spohr, avant de se rendre à Paris où il fait la connaissance de Cherubini et de Heine. Il poursuit son périple par la Suisse et l’Italie.

Quand il vit au Danemark, il est très proche de la famille de Collin, dont il tombera amoureux de la fille, Louise. Cet amour demeurera sans suite.

En 1835, Hans Christian publie un recueil de Contes de fées.

En 1847, lors d’un voyage en Angleterre, il est accueilli par Charles Dickens.

À partir de 1860, Andersen est reçu par la famille royale du Danemark, où il lit des contes aux enfants royaux.

En 1867, il est nommé citoyen d’honneur de la ville d’Odense. C’est le début de sa reconnaissance par le Danemark. Il renonce peu à peu à ses voyages partout en Europe.

Hans Christian Andersen meurt d’un cancer du foie à Copenhague le 4 août 1875, à l’âge de 70 ans.

Ce n’est pas par ses romans, encore moins par ses pièces de théâtre qui n’ont jamais rencontré le succès, que le nom d’Andersen nous est resté. Son legs à l’humanité, ce sont ses contes, qu’il a écrits de 1832 à 1848. Une bonne partie d’entre eux ont été mis en musique.

La princesse au petit pois (1835), premier des trois contes de Gérard Pesson. Opéra pour enfants de Ernst Toch (1927).

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La petite sirène (1837), ballet de Henriques (1906), film de Disney (2007) et Ponyo sur la falaise de Miyazaki (2008). Le sujet de la petite Sirène est proche de celui d’Ondine (1816) d’E.T.A. Hoffmann, qui inspirera à Dvorak sa Rusalka.

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Les habits neufs de l’empereur (1837) Gyorgi Ranki (1953)

Le vaillant soldat de plomb (1838) ballet de Balanchine sur la musique de Jeux d’enfants de Bizet (1975).

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Le jardin du paradis (1839) a inspiré à Debussy Ce qu’a vu le vent d’ouest.

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Le vilain petit canard (1842) mis en musique par Prokofiev (1914)

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Le Rossignol et l’empereur de Chine (1843) adapté par Stravinsky (1909).

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La reine des neiges (1844) opéra de Sergeï Banevitch (1979) et film de Disney (2013).

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La bergère et le ramoneur (1845) a fait l’objet du dessin animé de ce nom par Paul Grimaud et Jacques Prévert (1953), repris sous le nom de le Roi et l’Oiseau avec une musique de Joseph Kosma.

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La petite fille aux allumettes (1845) a suscité deux opéras de August Enna (1897) et de Helmut Lachenmann (1996).

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Contes et légendes, Mes opéras préférés

DOKTOR FAUST, de BUSONI (1916-1924)

Doktor Faust est un opéra en trois tableaux, deux prologues et un intermezzo de Ferrucio Busoni. Busoni a écrit lui-même son livret. Doktor Faust a été créé à Dresde le 21 mai 1925. C’est une des nombreuses adaptations musicales du mythe de Faust.

Avant de porter son choix sur le docteur Faust, Busoni avait songé à Léonard de Vinci, le « Faust italien », ou Don Juan. Pour son « opera ultima », il a réutilisé des matériaux musicaux préexistants au livret, comme le Nocturne symphonique ou la Sonatina seconda. Busoni travaillera à son Doktor Faust de 1916 à 1924, et le laissera inachevé à sa mort, le 27 juillet 1924.

Premier tableau : Alors que Faust travaille dans son bureau quand Wagner lui annonce que trois étudiants de Cracovie viennent le trouver. Faust ne veut recevoir personne, mais à l’évocation d’un livre, le Clavis Astartis Magica, il se ravise et les fait entrer. Les étudiants remettent à Faust une clef, une lettre et un livre.

À minuit, Faust commence les incantations et six démons apparaissent. Faust veut connaître leurs pouvoirs, mais les réponses de cinq premiers ne le satisfont pas. Sa peur cède la place à l’arrogance : tout ça pour ça ? Il veut se remettre au travail quand le sixième démon se manifeste : « Faust, je suis rapide comme la pensée ». C’est Méphistophélès qui promet à Faust d’exaucer tous ses vœux s’il promet, après sa mort, de le servir. Faust commence par refuser, mais Méphistophélès le met face à sa réalité : les créanciers menacent, le frère de Marguerite, que Faust a déshonorée, le poursuit pour la venger, et le bûcher le menace. Faust finit par accepter le pacte avec le diable.

Scène principale : Dans une cathédrale, le frère de Marguerite veut se venger de celui qui a souillé sa sœur. Méphistophélès dit à Faust de se débarrasser de lui, mais Faust refuse de se salir les mains. Méphistophélès fait tuer le frère par des soldats, et porte cette mort au compte de Faust.

À la cour du duc de Parme, les fêtes battent leur plein quand le maître de cérémonie annonce l’arrivée d’un étranger peu rassurant, le docteur Faust. La duchesse de Parme demande qu’on le fasse entrer. La duchesse est ravie, le duc moins. Faust exerce sa magie diabolique pour séduire la duchesse, faisant apparaître successivement le roi Salomon, et la reine de Saba, Samson et Dalila, et Salomé et Saint-Jean-Baptiste. Le duc fait cesser le jeu mais il est trop tard, la duchesse est sous l’emprise de Faust.

Intermezzo et deuxième tableau :

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Dans une taverne, les étudiants mènent une joyeuse vie quand une dispute éclate entre les étudiants catholiques et les étudiants protestants. Faust essaie de concilier leurs points de vue.

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Aux étudiants qui l’interrogent sur sa vie amoureuse, il raconte qu’il a séduit une duchesse avant de l’abandonner. Méphistophélès intervient alors, tendant à Faust le cadavre d’un nourrisson, fruit de ses amours avec la duchesse. Méphistophélès met le feu à ce qui se révèle n’être qu’une poupée de paille, faisant apparaître Hélène, symbole de la beauté féminine. Faust veut l’étreindre, mais l’apparition Hélène s’évanouit, le laissant seul.

Les trois étudiants de Cracovie reviennent pour récupérer la clef, le livre et la lettre. Faust leur dit qu’il ne les a plus, qu’il les a brûlés. Les étudiants sortent, en prédisant à Faust sa mort prochaine.

Dernier tableau : Faust se retrouve à son point de départ. Wagner a pris sa place à l’université. Faust veut accomplir une dernière bonne action. Il s’approche d’une mendiante, qui n’est autre que la duchesse, qui lui remet son enfant. Revivant son passé, il reconnaît que ni Dieu ni diable ne peuvent l’absoudre de ses responsabilités. Il parle à l’enfant : « Tu redresseras ce que j’ai édifié de travers et tu réaliseras ce que j’ai omis de faire ». Faust meurt.

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(Source principale : la création en France à l’Opéra de Paris d’avril 1989, et le programme associé.)

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Contes et légendes, Mythologie, Nature

SOUS L’OCÉAN

Qu’y a-t-il sous l’océan ? Tout le monde s’est posé la question un jour ou l’autre. Et si la réponse nous venait des compositeurs.

Parmi les figures marines qui nagent sous la surface figurent les redoutables sirènes, dont le chant sublime attirait les marins, qui se jetaient à l’eau pour les rejoindre et se noyaient. On trouve un duo de sirènes dans le King Arthur(1691) de Purcell (Two daughters…) suivi du sublime « How hapy the lovers ».

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Lili Boulanger aussi a mis en musique Les Sirènes.

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Et que dire de ces Sirènes de Cécile Chaminade ?

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Debussy, lui, nous offre cette Cathédrale engloutie.

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Et Lalo a mis en musique la légende de la ville d’Ys, engloutie sous les eaux, dans son Roi d’Ys.

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Et pour ceux zet celles qui aiment les bonus surprise mystère, vous pourriez aimer celui-ci :

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Contes et légendes, Mes opéras préférés

LA NONNE SANGLANTE, de GOUNOD (1854)

La Nonne sanglante est le deuxième opéra de Gounod, écrit sur un livret de Scribe, et créé à l’opéra de Paris le 18 octobre 1854. Le livret avait initialement été écrit pour Berlioz, qui y renonça, et c’est à Gounod qu’il est revenu de le mettre en musique. Le personnage central est issu du roman gothique le Moine, de Lewis, et était très populaire au début du XIXe siècle.

Malgré un bon démarrage critique et populaire, le changement de directeur à l’opéra de Paris arrêta net sa carrière scénique, le nouveau directeur refusant de représenter une « pareille ordure ».

Acte I : L’action se passe en Bohème au XIe siècle. Alors que deux familles, les Luddorf et les Moldaw, se disputent, Pierre l’ermite obtient que les deux familles s’unissent avant le départ pour les croisades, Théobald de Luddorf devant épouser Agnès de Moldaw.

Cliquez sur Pierre

Malheureusement, Agnès et le cadet des Luddorf, Rodolphe, s’aiment. Les deux jeunes gens veulent s’enfuir à l’occasion de l’apparition d’un fantôme qui hante le château, la Nonne sanglante.

Acte II : Au milieu de la nuit, Rodolphe attend son Agnès. Croyant la voir apparaître, il jure fidélité à la femme voilée qui s’approche de lui.

Cliquez sur Rodolphe et la nonne

Mais ce serment fait, le château en ruines se transforme et un banquet apparaît, ainsi que des fantômes. C’est à la Nonne sanglante que Rodolphe a juré fidélité, et celle-ci veut maintenant épouser le malheureux jeune homme.

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Acte III : Rodolphe s’est réfugié chez des paysans. Un mariage entre Anna et Fritz, deux d’entre eux se prépare. Les paysans entrent en valsant et chantant.

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La fiancée de l’au-delà réclame toujours son dû à Rodolphe. Son page Arthur vient annoncer à notre héros que son frère Théobald est mort au combat. Rodolphe devrait donc pouvoir se marier avec Agnès.

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Pour qu’elle le délivre de son serment, la Nonne sanglante lui réclame qu’il fasse mourir l’homme qui l’a lâchement assassinée. Rodolphe accepte et attend qu’elle lui désigne son assassin.

Cliquez sur Rodolphe et la nonne

Acte IV : Rodolphe et Agnès s’apprêtent à célébrer leurs noces. Pierre appelle les familles à oublier les discordes passées. Mais la Nonne sanglante arrive et désigne son meurtrier. C’est Luddorf, le père de Rodolphe. Rodolphe s’enfuit, abandonnant Agnès, et les querelles entre les deux familles repartent de plus belle.

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Acte V : Le comte de Luddorf repentant est prêt à mourir pour sauver son fils. Il surprend un complot ourdi par les Moldaw pour tuer Rodolphe.

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Il entend une conversation entre Rodolphe et Agnès. Rodolphe a été maudit par la Nonne sanglante, et il s’apprête à partir en exil. Le père prend alors la place de son fils dans le piège qui lui était tendu et meurt. La Nonne, délivrée, demande la grâce de dieu et délivre Rodolphe de son serment.

(Source principale : les représentations de l’opéra-comique de 2018, et le programme associé.)

Compositrices, Contes et légendes, Divers, Mythologie

LES ANIMAUX FANTASTIQUES – 2 – SPHINX, SIRÈNES ET AUTRES.

Ayant récemment visité l’exposition Les Animaux fantastiques au Louvre-Lens, quelques idées de mise en musique me sont venues à l’esprit.

Depuis la plus haute antiquité, et dans toutes les civilisations, des créatures fantastiques hantent l’imaginaire collectif. La puissance imaginaire de ces créatures est toujours vivace aujourd’hui, où on la retrouve dans toutes sortes de médias modernes, comme le cinéma, la bande dessinée, le jeu vidéo ou encore cette partie de la littérature que l’on appelle fantasy.

Les Métamorphoses d’Ovide.

Cinq animaux emblématiques peuplent l’exposition : Dragons, griffons, sphinx, licornes et phénix, mais d’autres créatures font également leur apparition.

J’ai déjà traité des dragons dans un premier billet sur les animaux fantastiques.

Le Sphinx : Le sphinx est un personnage central dans toutes les représentations mettant en scène Œdipe. Ainsi dans Œdipe, d’Enesco, la sphinge pose à Œdipe la question, « qu’est-ce qui est plus fort que le destin ? » Œdipe connaît la réponse, ce qui causera la mort de la sphinge.

Cliquez sur la sphinge

Le griffon : je n’ai pas trouvé de représentations des griffons dans le domaine musical.

Les licornes : Dans l’adaptation assez libre des aventures de Tintin par Spielberg, le Secret de la licorne, on retrouve Bianca Castafiore, le Rossignol milanais, pour qui le compositeur John Williams a écrit une partition.

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La Dame à la licorne est un ballet de Jacques Chailley chorégraphié par Heinz Rosen, dont les décors et les costumes sont signés Jean Cocteau.

Le phénix : …

Les autres animaux fantastiques : Parmi les autres créatures fantastiques, on trouve les sirènes. Les sirènes, dans la mythologie grecque, étaient des créatures marines mi-femmes, mi-oiseaux. Musiciennes, elles étaient dotées d’une voix telle que quand un marin les entendait, il était fatalement attiré vers elles et se noyait.

Cliquez sur les sirènes

Dans Alcina de Haendel, écrit d’après l’Orlando furioso, la magicienne Alcina transforme ses anciens amants en monstres affreux qui veillent sur son royaume enchanté. Heureusement, Ruggiero réussira à vaincre ses enchantements et à libérer les malheureux.

Cliquez sur Ruggiero libérant les malheureux

Dans la fameuse scène de la Gorge aux loups du Freischütz de Weber, scène où Max et Kaspar invoquent le diable à minuit dans une gorge perdue au fond de la forêt, toutes sortes d’animaux fantastiques font leur apparition.

Cliquez sur la fameuse scène de la gorge aux loups

Le Freischütz est dernier avatar du mouvement gothique et le premier opéra vraiment romantique. Comment dès lors ne pas penser aux loups-garous et autres vampires qui illustrent ce mouvement littéraire ?

Cliquez sur l’ouverture du Vampire de Marschner

Dans Les Trachiniennes, Sophocle nous raconte la mort d’Héraclès, tué par sa femme Déjanire qui, jalouse, a enduit la tunique de Nessus (un centaure vaincu par Héraclès dans ses douze travaux) du sang de l’hydre de Lerne (un autre monstre tué par Héraclès), pour le rendre fidèle. Malheureusement, c’est en revêtant cette tunique empoisonnée que le héros trouve la mort. Déjanire se tuera quand elle comprendra son erreur. Cette pièce a servi de base à Haendel pour son oratorio Hercules.

La légende de Déjanire a également été portée à l’opéra par Camille SAINT-SAËNS en 1898 aux arènes de Béziers. (Attention, rareté !)

Saint-Saëns DéjanireCliquez sur l’image

(Source principale : l’exposition Animaux fantastiques du Louvre-Lens, du 27 septembre 2023 au 22 janvier 2024.)

Et pour prolonger ce petit tour des animaux fantastiques, je vous propose de vous rendre sur les pages que l’éminent vexillologue qu’est John Duff a consacrées à ces aimables bestioles.

Cinéma, Contes et légendes, Mythologie

LES ANIMAUX FANTASTIQUES – 1 – LES DRAGONS

Ayant récemment visité l’exposition Les Animaux fantastiques au Louvre-Lens, quelques idées de mise en musique me sont venues à l’esprit.

Depuis la plus haute antiquité, et dans toutes les civilisations, des créatures fantastiques hantent l’imaginaire collectif. La puissance imaginaire de ces créatures est toujours vivace aujourd’hui, où on la retrouve dans toutes sortes de médias modernes, comme le cinéma, la bande dessinée, le jeu vidéo ou encore cette partie de la littérature que l’on appelle fantasy.

Cinq animaux emblématiques peuplent l’exposition : Dragons, griffons, sphinx, licornes et phénix, mais d’autres créatures font également leur apparition.

Les dragons : Sponténement, quand on me dit dragon et opéra, je pense à Wagner et à son Siegfried où le géant Fafner, après avoir volé l’Or du Rhin, se métamorphose en dragon pour mieux veiller sur cet or, dans une grotte perdue au milieu de la forêt.

Cliquez sur Siegfried et le dragon

On peut noter que déjà dans l’Or du Rhin, le nain Alberich, à l’origine de la malédiction de l’anneau, se métamorphose d’abord en dragon, puis en crapaud. C’est sous cette forme que Wotan et Loge le capturent pour lui voler son anneau maudit.

Cliquez sur Alberich transformé en dragon

En cherchant un peu, on trouve aussi deux dragons dans Sémélé de Haendel. En effet, Sémélé habite un palais que Jupiter a fait construire pour elle, palais qui est gardé par deux féroces dragons. Pour pouvoir accéder à Sémélé, la jalouse Junon fait appel à Somnus, le dieu du sommeil, pour endormir ces dragons.

Cliquez sur Junon et Somnus

Au début de la Flûte enchantée de Mozart, un redoutable serpent, proche d’un dragon, attaque le prince Tamino.

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Dans l’Apocalypse de Jean, la lutte des anges contre le Dragon et la Bête de l’Apocalypse devient une lutte du bien contre le mal. Messiaen a illustré ce combat dans son Quatuor pour la fin du temps.

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Certains animaux fantastiques sont spécialisés dans la protection rapprochée des souverains. Sphinx et griffons gardent les trônes dans l’antiquité proche tandis qu’en Extrême-Orient, les dragons et les phénix protègent empereurs et impératrices.

Il y avait un très joli dragon chinois dans Nixon in China, et c’est d’ailleurs dans le costume du dragon que le chef d’orchestre Gustavo Dudamel est revenu sur scène lors des représentations de l’Opéra Bastille.

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(Source principale : l’exposition Animaux fantastiques du Louvre-Lens, du 27 septembre 2023 au 22 janvier 2024.)

Et à bientôt pour une nouvelle série d’animaux fantastiques.

Contes et légendes, Mes opéras préférés

ZÉMIRE ET AZOR, de GRÉTRY (1771)

Zémire et Azor est une comédie-ballet de Grétry, composée sur un livret de Marmontel. Elle a été créée en 1771 devant le roi (Louis XV) et la Dauphine (Marie-Antoinette). Cette pièce a connu un grand succès et a été jouée un peu partout en Europe.

Le pitch : la Belle et la Bête au pays des mille et une nuits. Un riche marchand, Sander, a trois filles : Fatmé, Lisbé et Zémire. Avant de partir en voyage sur la mer, il a promis à ses filles des bijoux et des parures. Zémire, elle, n’a demandé à son père qu’une rose. Après un naufrage, le marchand a tout perdu. Il est jeté sur la côte avec son serviteur, Ali, et se retrouve dans un palais aussi étrange qu’inquiétant. Voyant un rosier, il cueille la rose promise à Zémire quand un être affreux apparaît, en colère, lui demandant pourquoi il a volé une de ses roses. C’est Azor, qu’une fée a transformé en être hideux et repoussant. Il ne pourra reprendre forme humaine que s’il réussit à inspirer un amour sincère à une jeune fille, et croyez-moi, c’est mal parti pour lui !

Acte I : Après avoir été jetés sur la côte, Sander et Ali sont pris dans un orage. Ils se réfugient dans un palais, où un festin somptueux apparaît comme par magie. Voyant un rosier, Sander cueille une rose pour sa fille Zémire quand apparaît un monstre. C’est le prince Azor, maître de ce château. Sander explique qu’il ne pensait pas à mal et qu’il a cueilli cette rose pour sa fille. (Air: « la pauvre enfant »).

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Sander doit payer ce vol de sa vie, mais il obtient d’Azor de revoir ses filles, et si l’une d’elles veut prendre sa place, il aura la vie sauve.

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Acte II : Les trois sœurs attendent leur père et les cadeaux qui vont avec. Sander arrive, et leur annonce qu’il est ruiné.

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Alors que Fatmé et Lisbé se désolent, Zémire reçoit avec bonheur la rose promise par son père (Air : « Rose chérie »).

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Elle comprend que quelque chose le tracasse et, interrogeant habilement Ali, lui fait avouer le funeste pacte qui lie à Sander à Azor. Elle profite du sommeil de son père pour partir avec Ali chez Azor.

Acte III : Dans son palais, Azor se plaint du sort qu’une fée lui a infligé : seul un vrai amour pourra le délivrer de son apparence monstrueuse. Mais comment se faire aimer quand on est si laid ? Zémire arrive dans le palais, mais la vue d’Azor la fait frémir d’horreur. Pourtant, elle est prête à l’écouter si elle ne le regarde pas. Elle se laisse convaincre par la dignité et la douceur de son discours (Air : « du moment qu’on aime »),

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Zémire, émue, accepte de chanter pour lui (Air : « la Fauvette et ses petits »).

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Alors qu’elle s’inquiète de sa famille, Azor la fait apparaître dans un tableau magique, et Zémire peut constater que son père meurt d’inquiétude pour elle. Azor accepte de la laisser partir pour revoir son père, et lui confie un anneau magique. Elle doit revenir avant la nuit et si elle retire cet anneau, elle sera transportée dans le château d’Azor. Sinon, elle restera parmi les siens, et Azor, trahi, n’aura plus qu’à mourir.

Acte IV : Zémire rassure son père, et lui annonce son intention de retourner chez Azor, qu’elle appelle son ami. Son père, redoutant quelque diablerie, essaye de la retenir. Pendant ce temps, Azor se morfond en son château (Air : « le soleil s’est caché »).

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La nuit approche et Azor ne voit pas revenir Zémire. Soudain, celle-ci arrive, et Zémire finit par lui avouer son amour. Désormais, le charme est rompu, Azor redevient un prince tout à fait charmant, et offre à Zémire son amour et son trône. La fée fait revenir auprès d’elle sa famille, tout en proclamant la supériorité de la bonté sur la beauté.

(Source principale : la production de 2023 de l’Opéra-Comique, et le livret qui va avec.)

Contes et légendes, littérature, Mes opéras préférés

LE CONTE DU TSAR SALTAN, de RIMSKY-KORSAKOV (1900)

Écrit par Rimsky-Korsakov à l’occasion du centenaire de la naissance de Pouchkine, le Conte du tsar Satan est une adaptation d’une de ses nouvelles, et a été créé à Moscou en 1900.

Le pitch : Cendrillon au pays des tsars de Russie.

Prologue : Le tsar Saltan cherche une femme et l’a fait savoir. Dans une famille, la mère et ses deux filles aînées se mettent sur les rangs, l’une veut tisser des habits pour le tsar, l’autre lui faire la cuisine. La plus jeune, souffre-douleur de la mère et des deux sœurs rêve de faire un bel enfant au tsar. C’est elle que Saltan choisit pour femme, réservant à ses deux sœurs une place de tisseuse et une place de cuisinière à la cour. Jalouses, elles complotent contre leur sœur, et prédisent au tsar que leur sœur engendrera un monstre.

Acte I : Quelques mois plus tard, le tsar s’apprête à partir à la guerre (Marche).

Rimsky-Korsakov Le Conte du tsar Saltan SuiteCliquez sur la marche du tsar

La tsarine berce Gvidon, son bébé, en lui chantant une berceuse. Elle est inquiète, car elle n’a pas de nouvelles de son mari, parti à la guerre. Pendant qu’elle berce son bébé, la marâtre chante qu’elle souhaite la mort du bébé. Le bouffon essaie de rassurer la tsarine. Le conteur du tsar arrive. La tsarine, pressentant un malheur lui demande de raconter une histoire.

Les courtisans viennent présenter leurs hommages, et veulent voir le tsarévitch nouveau-né.

Un messager du tsar arrive. La tsarine demande aux lettrés qu’on lise le message. Celui-ci dit que, par ordre du tsar, il faut sans délai mettre la tsarine et son fils dans un tonneau, et les jeter à la mer. (Beau chant de déploration de la tsarine).

Rimsky-Korsakov Le Conte du tsar Saltan la tsarine dans un tonneauCliquez sur Rimsky-Korsakov

Acte II : Plus tard, la tsarine et son fils ont été jetés par la tempête sur une île. Le tsarévitch se fabrique un arc et des flèches. Voyant un vautour attaquer un cygne, Gvidon tue le vautour d’une flèche. Le cygne lui révèle alors que le vautour était un sorcier.

Rimsky-Korsakov Le Conte du tsar Saltan Ty, tsarevitch, moy spasitelCliquez sur l’image

Pour le remercier, le cygne fait apparaître une ville magnifique. (chant de louanges du peuple libéré). Le peuple propose à Gvidon, leur libérateur, la couronne. Celui-ci accepte.

Acte III : Le cygne vient voir le prince et veut savoir pourquoi il est triste, lui promettant de l’aider. Le prince veut voir son père. Justement, un navire va partir pour le royaume de Tsaltan.

Rimsky-Korsakov Le Conte du tsar Saltan Flight of the BumblebeeCliquez sur l’image

Pour lui permettre de suivre ce navire, le cygne transforme le tsarévitch en bourdon. (célébrissime Vol du bourdon). Gvidon arrive ainsi au pays du tsar.

Rimsky-Korsakov Le Conte du tsar Saltan le Vol du bourdonCliquez sur l’image

La cour du tsar se demande pourquoi celui-ci est soucieux.

Rimsky-Korsakov Le Conte du tsar Saltan Acte III scène 2 Merci Tsar SaltanCliquez sur l’image

Ils lui racontent que lors de leur voyage, ils ont vu un prodige. Une île inhospitalière qui s’est transformée en île merveilleuse, gouvernée par le prince Gvidon. Le tsar veut aller voir cette île, ce que la marâtre voudrait empêcher. Le bourdon la pique. Un boyard ajoute que l’île regorge de trésors. Le bourdon pique une des sœurs. Un boyard décrit les merveilles qui se trouvent sur l’île. Saltan déclare qu’il se mettra en route dès le lendemain. Les femmes disent qu’il y a sur l’île une femme d’une très grande beauté. Le bourdon pique encore. Tous se lancent à sa poursuite pour l’écraser.

Acte IV : Sur son île, le tsarévitch rêve de rencontrer la femme d’une très grande beauté dont il a entendu parler quand il était bourdon. Il appelle le cygne pour l’aider à la trouver. Le cygne lui dit qu’il peut la lui présenter et reprend alors sa forme première : c’est la princesse ! (Duo, puis trio avec la mère).

Une flotte arrive, conduite par le tsar. Le peuple l’accueille. Gvidon va à sa rencontre, mais recommande à sa mère de se cacher. Il demande à Saltan de lui parler de sa famille. Le tsar raconte qu’autrefois il avait une femme aimante et aimée. Ils ont vécu heureux avant qu’il ne parte à la guerre, confiant sa famille aux boyards pour qu’ils la protègent. Et depuis, le remords le ronge. Gvidon lui dit de sécher ses larmes.

Le tsar veut voir les merveilles de l’île. Gvidon montre les deux premières. Pour la troisième, l’ex-cygne prend la parole et dit qu’elle est une enchanteresse, qui est sur terre pour rendre les gens heureux.

Le tsar lui demande alors de faire apparaître la tsarine, ce qu’elle fait ! L’émotion est à son comble. Le tsar demande où est son fils, et Gvidon lui répond que c’est lui, son fils. Les deux sœurs veulent se disculper, chargeant leur mère. Le tsar dit qu’elles méritent la mort, mais qu’il leur pardonne, parce que c’est grâce à leur machination que le tsarévitch a pu rencontrer sa femme.

(Source principale : la production du Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles de 2019).

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Contes et légendes, Mythologie

DRACULA, ET AUTRES VAMPIRES

Dracula, de Bram Stoker, est sans doute le plus connu des romans de vampires. Pourtant, publié en 1897, ce roman n’est que l’aboutissement d’un long processus s’étant opéré au XIXe siècle, et issu du roman gothique anglais.

L’un des premiers romans « vampirique » est le Vampire (1819) de Polidori. Polidori était un jeune médecin attaché au service de Lord Byron, et il était avec celui-ci et Mary Shelley en Italie lors du fameux « concours » d’histoires macabres. La participation de Mary Shelley à ce concours a été son roman Frankenstein (1818).

En tant que texte fondateur de la littérature vampirique, le Vampire n’a pas tardé à être adapté à l’opéra par Marschner, avec Der Vampyr (1829). Cette même année, une autre adaptation a été faite par Von Lindpaintner.

Marschner der Vampyr ouvertureCliquez sur l’image

Dès 1820, Charles Nodier adapte ce roman pour en faire un mélodrame en français sur une musique de Piccini.

En 1854, c’est un autre texte fondateur du roman gothique, le Moine de Lewis, que Scribe adapte pour Gounod avec sa Nonne sanglante. Le caractère vampirique de cette nonne est clairement indiqué avec « Cette religieuse fantomatique aux vêtements tachés de sang qui inflige au héros des baisers vampiriques ».

Gounod La Nonne sanglante 2Cliquez sur la Nonne sanglante aux baisers vampiriques

Après la parution du Dracula de Stoker, la carrière des vampires est entrée durablement dans notre culture, et on ne compte pas le nombre d’adaptations, au cinéma notamment, de ce mythe.

En 2002 Pierre Henry, l’inventeur de la musique électroacoustique revisite certains thèmes wagnériens avec Dracula, ou la lumière troue le ciel.

Henry Dracula épisode 1Cliquez sur l’image

Cette pièce a elle-même été revisitée par le jeune et brillant Othman Louati et Augustin Muller en 2017, qui ont orchestré certains des passages enregistrés sur bande magnétique par Henry.

Louati DraculaCliquez sur la bande-annonce

(Source principale : la remarquable introduction d’Alain Morvan au volume Dracula, et autres écrits vampiriques de la bibliothèque de la Pléiade, 2019.)

Contes et légendes, Mes opéras préférés

LE CHÂTEAU DE BARBE-BLEUE, de BARTOK (1911)

Le Château de Barbe-bleue (A kékszakállú herceg vára) est un opéra de Béla BARTOK, écrit en 1911 d’après un conte de Charles Perrault, sur un livret de Béla Balasz. Balasz en avait eu l’idée après avoir assisté à Ariane et Barbe-bleue de Dukas d’après Maeterlinck à Paris en 1907. Refusé par l’opéra de Budapest, il faudra attendre 1918 pour le voir monté sur scène.

Acte unique : Judith vient d’arriver au château de Barbe-Bleue avec son mari. Pour cela, elle a quitté son village, ses parents, son fiancé, ses amis. Barbe-Bleue lui dit qu’il est encore temps de renoncer, mais Judith insiste. Le château est froid et sombre. Judith dit que c’est le château qui pleure. Judith veut ouvrir les portes pour faire entrer la lumière mais Barbe-Bleue dit que rien ne fera resplendir son château.

Bartok le château de BArbe-bleue débutCliquez sur Judith

Judith demande à Barbe-Bleue de le lui faire visiter. Alors qu’elle frappe à la première porte, on entend un gémissement. Judith dit que le château pleure. Elle demande à Barbe-bleue la clé, car elle l’aime.

Une porte s’ouvre, c’est la chambre de torture de Barbe-Bleue. Judith dit que le château saigne.

Une autre porte s’ouvre, révélant une pièce pleine d’armes, l’arsenal de Barbe-Bleue.  Il y a du sang sur les armes. Barbe-Bleue lui donne trois autres clés, mais à condition que jamais elle ne pose de questions.

Bartok le château de Barbe-bleue la deuxième porte (encore)Cliquez sur la seconde porte

La troisième porte révèle un trésor fait de bijoux et de pierres précieuses. Judith découvre qu’il y a du sang sur les bijoux.

Bartok le château de Barbe-bleue la deuxième porteCliquez sur la troisième porte

Une quatrième porte s’ouvre sur un jardin chargé de fleurs. C’est le jardin secret du château. Mais les fleurs blanches sont rougies par du sang.

La cinquième porte s’ouvre sur le domaine de Barbe-Bleue, qui dit à Judith que tout lui appartient désormais, en lui offrant son cœur. Barbe-bleue veut embrasser Judith, mais celle-ci veut encore ouvrir les deux dernières portes. À chacune de ces cinq portes, le château est de plus en plus éclairé.

Bartok le château de Barbe-bleue la cinquième porteCliquez sur la cinquième porte

Judith veut continuer, mais Barbe-bleue lui dit que le château ne sera jamais plus clair. Judith insiste et il lui donne la sixième clé. Elle ouvre la sixième porte, qui donne sur une étendue d’eau blanche et silencieuse. Elle demande quel est ce lac, Barbe-Bleue répond qu’il s’agit de larmes. La lumière faiblit.

Bartok le château de Barbe-bleue la sixième porteCliquez sur la sixième porte

Barbe-Bleue refuse d’ouvrir la dernière porte. Judith le lui demande, par amour pour elle. Barbe-Bleue dit qu’elle fait déjà resplendir son château, qui ne pourra pas briller plus. Enfin, ils s’embrassent. Judith demande qui il a aimé avant elle, mais il réitère sa demande de ne pas poser de questions. Devant le refus de Barbe-Bleue Judith comprend que tous ces signes sanglants qui se révélaient à chaque porte sont ceux de ses anciennes femmes, qu’il a assassinées.

Bartok le château de Barbe-bleue la septième porteCliquez sur Barbe-bleue

Barbe-Bleue lui tend alors la septième clé, disant que derrière la porte elle trouvera ses anciennes femmes, et que tous ses trésors leur appartiennent. Quand Judith ouvre la porte, trois femmes sortent de la pièce. Barbe-bleue explique qu’il a trouvé sa première femme à l’aurore et que le matin lui appartient, qu’il a trouvé sa deuxième femme à midi et que la gloire du midi lui appartient, qu’il a trouvé sa troisième femme au crépuscule, et que le soir lui appartient.

Il ajoute que la quatrième est venue vers lui au cœur de la nuit, et que le royaume de la nuit lui appartient. Judith le supplie de se taire, qu’elle est encore vivante. Barbe-Bleue lui passe sa parure de nuit et lui dit qu’elle était sa plus belle femme, mais que maintenant, l’obscurité va recouvrir le château. Judith entre dans la septième pièce. Le drame est noué : désormais, l’ombre règne sur le château !

(Source principale : les représentations de l’Opéra de Paris en 2018, et le programme associé.)