Divers, Mythologie, Sciences

ASTRONOMIE ET MUSIQUE

L’idée de cet article m’est venue en visitant récemment l’observatoire de l’Université catholique de Lille, observatoire qui vient d’être rénové et ouvert au public.

Dans la mythologie, il n’était pas rare que les héros finissent leur carrière au ciel, sous forme d’étoile ou de constellation. Et la mythologie ayant servi de sujet à de nombreux opéras, beaucoup de ces œuvres finissent en apothéose.

En 1737, Jean-Philippe Rameau met en musique le destin des frères jumeaux Castor et Pollux. À la fin de l’histoire, Jupiter, ému par le dévouement fraternel des frères jumeaux, leur réserve une place dans le ciel, où ils constituent la constellation des Gémeaux.

Cliquez sur les Gémeaux

Orion était un chasseur géant et redoutable. Artémis s’intéressait à lui, mais Apollon, le frère d’Artémis, craignant pour sa sœur, s’arrangea pour le faire mourir d’une flèche de la chasseresse. Quand elle comprit qu’elle venait de tuer Orion, elle le plaça dans le ciel, en compagnie de ses chiens, Sirius et Procyon. Le ciel d’hiver se caractérise dans l’hémisphère Nord par la constellation d’Orion, et par une étoile très brillante, Sirius.

Le mythe d’Orion a inspiré bien des compositeurs, de Louis de La Coste en 1728

de La Coste Orion

Cliquez sur l’image

à Kaija Saariaho en 2002.

Saariaho OrionCliquez sur les percussionnistes

Cassiopée était une reine d’Égypte punie par les dieux à tourner autour de la Grande Ourse. Cassiopée est une constellation assez facile à repérer, à cause de sa forme de « W ». Sa fille Andromède s’est mariée à Persée. Après sa mort, Athéna l’a fait monter au ciel, sous la forme d’une constellation. Andromède est le nom d’un des poèmes symphoniques d’Augusta Holmès.

Cliquez sur Andromède

À la fin de sa vie de héros, Hercule monte au ciel et veille sur nous pour l’éternité, dans la constellation qui porte son nom. Quand elle apprend sa mort, sa femme Déjanire se rendant compte qu’elle est coupable de la mort de son mari sombre dans la folie. Haendel a écrit Hercules.

Cliquez sur Déjanire sombrant dans la folie

Ganymède est un des quatre satellites de Jupiter. Ganymède était un jeune berger, le plus beau de tous les jeunes gens. Quand Zeus (Jupiter) le voit, il se transforme en aigle pour l’enlever et le conduire au mont Olympe. Là, amant de Zeus, il devient échanson des dieux. Goethe a raconté son destin dans un de ses poèmes, mis en musique par Schubert.

Cliquez sur Ganymède

Bien entendu, l’observation astronomique ne se limite pas aux étoiles. On peut aussi regarder les planètes. Je vous propose donc ici une nouvelle planète mise en musique par Holst.

Cliquez sur Jupiter
Agenda Ironique, Sciences

LA MUSIQUE DES SPHÈRES

Ce mois-ci, c’est Jérôme qui s’occupe de nous avec une histoire de Sphères.

Et qu’est-ce qu’il nous demande, Jérôme, ce mois-ci ? Eh bien voilà :

On parlera de Sphères (avec une esse à chaque bout).

Et puis quoi plus ? On glissera les mots merlan, haruspice, trottin (avec trois té) et grésil (parce que ça rime avec avril) et aussi quelques mots inventés (je compte sur vous), et puis un certain nombre d’autres mots, verbes et adjectifs, voire conjonctions de coordinations, ceux-là issus du dictionnaire, assez pour faire les phrases qui composeront les paragraphes ou les strophes ou les complets ou les refrains ; cela, parce que pour la forme, jveux bien un petit poème (deux vers ?), un opéra (trois actes), un conte (deux mots), un feuilleton (mais alors quatre épisodes minimum – ou moins ; ou moins). Et aussi toutes les autres formes que je ne nomme pas ici ; brefle, que règne ici une certaine liberté.

Et puis du mystère, de la brume, du calendrier, des jours et des dates de mars à mai ; enfin, évidemment, de l’ironie. Autant que possible, aucun jeu de mot : de la tenue, du style. Faut-il le dire, j’apprécierai une morale.

Brèfle, pour en savoir plus, ça se passe ici :

Dans beaucoup de cosmologies, on trouve des liens étroits entre la musique en tant que combinaison de vibrations et création du monde.

Par exemple, dans le Silmarillion, J.R.R. Tolkien (l’auteur de Bilbo le Hobbit et du Seigneur des Anneaux), raconte la création de l’univers par la cristallisation de la musique jouée par les Ainur, des créatures célestes au service du dieu créateur.

Cliquez sur l’image

Pour le philosophe et mathématicien grec Pythagore, il existait des rapports entre les distances de la lune et des planètes et la Terre. Il avait par ailleurs découvert que les sons harmonieux étaient régis entre eux par le rapport de la longueur des cordes qui produisaient ces sons. Par exemple, le rapport entre une note fondamentale et la même note jouée à l’octave était de deux, la note à l’octave étant produite par la vibration d’une corde exactement deux fois plus petite que celle produisant la note fondamentale. La quinte était dans le rapport 3 2, la quarte dans le rapport 4 / 3, etc… Tout ceci est détaillé dans mon premier article consacré aux liens entre mathématiques et musique.

Dans ses recherches, Pythagore prétendait que sur ce principe, les distances entre les planètes et la Terre se trouvaient dans ces mêmes rapports, d’où l’idée de « Musique des sphères », l’Univers vibrant harmonieusement suivant ces lois mathématiques.

D’une manière surprenante (sauf si l’on se souvient que tout est dans tout et réciproquement), cette idée de la musique de l’univers est reprise dans les recherches les plus récentes sur l’origine du cosmos, où les cosmologues ont réussi à capter la musique fondamentale de l’univers. On peut en entendre des échos dans l’opéra le Cantique des quantiques de Stephen Hawking. Mais bien entendu, vous vous en doutiez, cet opéra n’était qu’un merlan d’avril de ma part.

Cliquez sur les ondes gravitationnelles provoquées par la coalescence de deux trous noirs (sic !)

Est-ce que Gustave Holz avait cette musique des sphères quand il a composé sa pièce les Planètes ? Probablement pas, les références aux planètes étaient pour lui plus d’ordre astrologique qu’astronomique. Ainsi, Holst pensait pouvoir lire l’à venir dans les astres comme l’haruspice lisait l’avenir dans les entrailles des animaux.

Cliquez sur Mars

Le saviez-vous, dans l’opérette les Sphères de Véronique, de Messager, Anne est le nom de la petite modiste chargée d’habiller l’héroïne Véronique. Et quand Anne partait faire les courses pour sa maîtresse, celle-ci lui chantait toujours « de ci delà, cahin-caha, va trottine va chemine, va petite Anne ».

Cliquez sur l’image

Dans son bouleversifiant presqu’opéra le Voyage d’hiver (Winterreise), Schubert fait couler des petites sphères gelées des paupières de son héros dans « Gefrorne Tröpfen fallen » (« Des larmes gelées coulent de mes yeux »).

Cliquez sur le grésil

Histoire de l'opéra, Sciences

MUSIQUE ET MATHÉMATIQUES – 2 – LES RYTHMES ET LA MESURE

Nous avons vu dans le premier article consacré aux rapports entre la musique et les mathématiques les notions de hauteur de notes et d’harmonie.

Voyons à présent quelques notions sur la mesure du temps en musique, et sur les rythmes.

Une musique donnée peut être jouée plus ou moins vite, selon les vœux du compositeur ou au bon vouloir des interprètes. Avant l’invention du métronome au début du XIXe siècle, on se basait sur des phénomènes corporels naturels pour donner la pulsation musicale, comme le pouls. Cette mesure est donc éminemment subjective.

Après l’invention du métronome, appareil mécanique permettant d’indiquer de façon objective la pulsation, par exemple 60 pulsations à la minute, les compositeurs ont pu noter de manière beaucoup plus précise à quelle vitesse devaient être jouées leurs œuvres. Beethoven a été un des premiers à s’en servir pour indiquer les vitesses qu’il souhaitait.

Une fois réglé ce problème du tempo (de la vitesse), étudions celui du rythme.

Sur une partition, les notes se suivent sur la portée musicale. Il est d’usage de regrouper les notes en mesures, chaque mesure devant avoir une durée et correspondre à un certain nombre de pulsations.

Le rythme le plus simple est le rythme binaire, il suffit de compter 1 – 2 – 1 – 2 – 1 – 2… C’est le rythme de la marche.

Cliquez sur la marche des pèlerins

À peine plus compliqué est le rythme ternaire, pour lequel il faut compter jusqu’à 3 :

1 – 2 – 3 – 1 – 2 – 3 – 1 – 2 – 3… C’est le rythme de la valse.

Cliquez sur l’image

Viennent ensuite des rythmes à quatre temps, à cinq temps, etc.

Dans un genre rarement exploré par la musique dite « classique », le blues a un rythme à 12 temps.

Cliquez sur l’image

Une fois fixé le nombre de temps par mesure, on peut décomposer la durée des notes dans cette mesure. Ainsi une mesure à deux temps, par exemple deux noires si le temps de référence est la noire, peut comporter deux noires, ou encore quatre croches (une noire vaut deux croches), ou encore quatre doubles croches (une noire vaut quatre doubles croches), ou encore deux triolets (une noire vaut les trois notes égales du triolet), etc.

Ceci peut être illustré par le schéma suivant :

Et si vous en voulez un peu plus, cliquez donc sur le bonus surprise mystère :

Cliquez donc sur le bonus surprise mystère si vous en voulez encore un peu plus
Divers, Nature, Sciences

MUSIQUE ET MATHÉMATIQUES – 1 – L’HARMONIE : LES ACCORDS ET LES GAMMES

Dans l’antiquité, à l’époque de Pythagore, la musique était une branche des mathématiques. Et la musique était harmonieuse parce qu’elle était mathématique !

Pythagore semble être le premier à avoir théorisé le rapport entre la longueur d’une corde que l’on fait vibrer, et la hauteur du son qu’elle émet en vibrant, sa fréquence. Pour étudier ce phénomène, les pythagoriciens ont inventé un instrument, le monocorde, soit une boîte (de résonance) et une corde dont on pouvait faire varier la longueur tout en la pinçant.

(merci France Musique pour l’image)

Et là, banco ! si on appuie sur le milieu de la corde, on obtient un son plus aigu, mais étrangement harmonieux par rapport au son d’origine. Normal, on joue l’octave, soit une note qui vibre exactement au double de la fréquence originale. Vous pouvez faire l’expérience vous-même si vous avez une guitare, mais un simple élastique tendu entre deux points peut aussi faire l’affaire.

Si vous fixez votre point au quart de la corde, vous obtiendrez encore une note plus aiguë, l’octave de l’octave, soit une note qui vibre quatre fois plus vite que l’originale.

Jusqu’ici, j’ai résonné, avec les pythagoriciens, comme si la note vibrait avec une fréquence pure, une fréquence unique (par exemple, dans notre système musical actuel, la convention que le la des musiciens soit fixé à 440 hertz. Mais dans la nature, les choses sont plus compliquées, et un corps qui vibre le fait avec sa fréquence propre, dite fondamentale, mais aussi avec plein de fréquences supplémentaires, telles que la tierce ou la quinte.

La tierce (majeure) est la note qui vibre avec un rapport de 5/4 par rapport à la fondamentale. La quinte est une note qui vibre avec un rapport de 3/2 par rapport à la fondamentale. On la trouve très facilement en appuyant notre corde ou notre élastique au 2/3 de sa longueur.

En jouant la fondamentale, la tierce majeure et la quinte, on obtient un accord dit parfait. Comme il est naturellement présent dans tous les corps vibrants, nos oreilles sont habituées à l’entendre, même si on n’a aucune connaissance de la musique. On l’entend partout dans la nature, et donc, il nous semble naturel. Beaucoup de musiques, savantes ou populaires, sont bâties sur un tel accord.

Pythagore et ses élèves avaient également trouvé la quarte, soit la note que l’on obtient en appuyant au 3/4 de notre corde vibrante. À partir de ces notes de base, et avec l’aide du calcul des rapports (rappelons que Pythagore était un des plus grands mathématiciens de son époque), ils ont déduit la gamme, constituée de douze notes permettant d’aller d’une fondamentale à son octave. Ainsi, dans la notation musicale telle qu’on l’apprend à l’école, on arrive à cette gamme en do majeur, composée de 6 tons, ou douze 1/2 tons.

(ici : do – ré = un ton, ré -mi = un ton, mi – fa = 1/2 ton, fa – sol = un ton, sol – la = un ton, la – si = un ton et si – do = 1/2 ton).

Cliquez et chantez la gamme avec Julie Andrews

Les choses évoluèrent peu pendant plusieurs siècles, et il faudra que Descartes se penche sur le problème des résonances et de l’harmonie dans son Musicae compendium. Ce livre inspirera Rameau qui achèvera de théoriser les rapports entre la fréquence fondamentaloe d’une corde qui vibre et ses différents harmoniques dans son Traité de l’Harmonie réduite à ses principes naturels. Il y écrit « La musique est une science physico-mathématique; le son en est l’objet et les rapports trouvés entre différents sons en sont l’objet mathématique. Sa fin est de plaire et d’exciter en nous diverses passions. »

Je vous disais plus haut qu’on trouvait ces accords et ces harmonies parfaites dans beaucoup d’œuvres. Je vous propose ici le motet de J.-S. Bach Lobet den Herrn, alle Heiden, qui commence par une belle montée « fondamentale, tierce, quinte, octave » sur o-o-o-o (avant de se compliquer un peu) !

Cliquez sur l’image

Le triton, ou diabolus in musica, est composé de trois tons entiers. Il a longtemps été interdit, car étant la musique du diable. Bien entendu, ce tabou a disparu avec le temps et on trouve un très bel exemple de triton dans l’air « Maria » de West Side Story de Bernstein.

Cliquez sur l’image

Les accords « de base » ont été pendant des siècles les seuls recommandés pour l’écriture de la musique, mais au fil du temps, et l’oreille des musiciens s’accoutumant à ces accords, les plus audacieux des compositeurs se sont lancés dans leurs œuvres sur des accords auparavant interdits, car jugés trop dissonants. Il semblerait que ce soit Liszt qui ce soit le premier débarrassé du corset de la tonalité, dans sa bagatelle appelée, justement, « sans tonalité », c’est-à-dire qu’il n’y a plus dans cette œuvre de note de référence, de fondamentale, sur laquelle toutes les autres notes s’appuient. Vingt ans après Liszt, le Viennois Arnold Schönberg théorisera cette égalité entre les douze sons de la gamme, en créant le dodécaphonisme (dodéca = 12).

Cliquez sur l’image

(Source : même si cela fait longtemps que j’ai envie d’écrire sur ce thème Musique et mathématiques, je dois mentionner ici la série de podcasts que France Musique diffuse cet été.)

Retrouvez ici le deuxième article sur les mathématiques et la musique, consacré à la mesure et à la décomposition du temps.

Divers, Fantaisie, Histoire de l'opéra, Mes opéras préférés, Nature, Premier avril, Sciences

LE CANTIQUE DES QUANTIQUES

L’événement semble passer largement inaperçu, c’est pourtant ce soir (1er avril 2023) que sera créé, en direct du CERN sous les yeux des spectateurs, le dernier opéra de Stephen HAWKING, et le premier opéra quantique de l’histoire.

On se souvient de la catastrophique production de l’Opéra de Paris, convoquant Stephen Hawking dans une mise en scène de la Damnation de Faust de BERLIOZ (avec l’approche simpliste suivante, Faust = savant et savant = Hawking).

Berlioz la Damnation de Faust final (Hawking)Cliquez sur l’image

Mais ce n’est pas de cet « hommage » raté que je vais vous parler aujourd’hui, mais bien de la création du premier opéra quantique de l’histoire, sous-titré « Des Trous de vers au cœur des trous noirs« .

Suivant le classement de G.B.SHAW, nous sommes ici dans une configuration originale (S+B / TdV ), puisqu’une étoile (soprano) est attirée par un trou noir (basse), alors qu’un trou de vers (TdV) cherche à les séparer.

Le pitch : Les trous noirs sont des régions singulières de l’espace-temps, créées par l’effondrement d’une étoile supermassive sur elle-même, créant un champ gravitationnel si intense que la matière qui l’approche ne peut s’en échapper. Mieux, la lumière elle-même, composée de photons, est attirée inéluctablement par le trou noir. Dès lors, aucune lumière ne peut en provenir, d’où le nom de trou noir.

Ligo Gravitational Wave ChirpCliquez sur la coalescence de deux trous noirs

Acte I : En 1974, le physicien Stephen Hawking, dans le cadre de ses travaux sur la thermodynamique des trous noirs a suggéré que les trous noirs détruisent l’information contenue dans les objets qu’ils absorbent, ce qui est contraire aux lois les plus élémentaires de la physique quantique.

Monty Python Galaxy Song, by Stephen HawkingCliquez sur Stephen Hawking interprétant le Galaxy song des Monthy Python

Acte II : Hawking a montré que les trous noirs ne sont pas si noirs que ça. En fait, ils s’évaporent suivant le « rayonnement de Hawking », jusqu’à disparaître complètement (bon, d’accord, le temps qu’ils s’évaporent, l’univers aura largement eu le temps de disparaître, donc on n’est pas près d’observer ce phénomène.) Il a aussi montré que lors de la création de deux particules virtuelles de part et d’autre de l’horizon du trou noir, une de ces particules reste en dehors alors que l’autre est absorbée par le trou noir. Là où ça se complique, c’est que ces particules sont physiquement intriquées, c’est-à-dire que toute l’information de l’une est partagée par l’autre, alors que l’une des deux est phagocytée par le trou noir, et que son information est donc perdue.

Waksman Protonic GamesCliquez sur l’accélérateur du CERN

L’œuvre précédente s’appelle Protonic Game, de Fabien WAKSMAN. Ce compositeur a également écrit un cycle de 9 mélodies intitulées Hawking Songs, sur des poèmes de Jean-Philippe UZAN. Vous pouvez en entendre 3 d’entre eux en cliquant sur le lien suivant (de la minute 24 à la minute 39,5) :

Waksman Hawking SongsCliquez sur l’émission de France Musique

Acte III : Pour résoudre cet amusant paradoxe, les physiciens en sont venus à l’idée que deux trous noirs pouvaient être reliés entre eux par un « trou de vers », et que de l’information pouvait ainsi circuler d’un trou noir à l’autre. Ils ont nommé l’île la région intérieure du trou noir pouvant ainsi être échangée.

Varèse IonisationsCliquez sur Ionisations

(Source : Une île au cœur des trous noirs, Pour la Science n°542, décembre 2022.)

Le livret ayant été écrit en partie à partir de la Petite Cosmogonie portative de Raymond QUENEAU, il n’est pas surprenant que l’Opéra de Saint-Glinglin ait d’ores et déjà planifié une reprise de cette œuvre le 1er avril 2024.

P.S. J’avais déjà bien avancé sur la préparation de ce billet quand je suis tombé sur le podcast « Astrophysique et musique avec Jean-Pierre Uzan« , qui m’a permis de trouver quelques idées supplémentaires. Vous pouvez cliquer pour arriver sur le podcast complet.

Et si vous voulez un peu plus de zizique, vous pouvez toujours cliquer sur le bonus surprise mystère.

point-dinterrogationCliquez donc sur le bonus surprise mystère si vous voulez un peu plus de zizique

Retrouvez d’autres articles publiés un 1er avril :

Havre & Caumartin.

Arnoldo Poivrieri.

La fée nommée mène au logis (de l’esprit).

Divers, Sciences

FÊTE DE LA SCIENCE 2021

La Fête de la Science se déroule cette année du 1er au 11 octobre 2021 pour la France métropolitaine.

Après vous avoir parlé en 2019 de la représentation des scientifiques sur les scènes d’opéra, je vous propose maintenant, d’aller voir ce qui se passe dans les coulisses, et sur l’utilisation ingénieuse des découvertes scientifiques pour l’éclairage, la machinerie ou les effets spéciaux.

Historiquement, l’éclairage des théâtres se faisait à la chandelle. C’est d’ailleurs ce qui fixait la durée d’un acte, qui était limitée à la durée de la chandelle avant qu’elle ne s’éteigne. À partir de 1720, l’usage de la chandelle a été remplacé par de l’huile, que l’on brûlait dans des appareils spéciaux appelés quinquets. Sous Louis XVIII, on est passé à l’éclairage au gaz, dans l’opéra Aladin et la lampe merveilleuse (1822). Puis, le progrès aidant, l’éclairage est devenu électrique, avec la création des orgues électriques pour pouvoir faire varier les éclairages, les couleurs, ou les rampes d’éclairages sur telle ou telle partie des décors ou sur les chanteurs.

L’application de l’électricité au théâtre ou à l’opéra a donné lieu à des inventions aussi subtiles qu’étranges.

Ainsi, les bijoux électriques de M. TROUVÉ illuminaient les fleurs et les bijoux que portaient les actrices ou les danseuses. Par exemple, aux Folies Bergères en 1884 avec le spectacle les Fleurs lumineuses. Le procédé en est l’emploi de lampes à incandescence et de petites piles portatives de son invention, dont le poids est insignifiant.

En 1893 à Monte-Carlo, lors de la création en version scénique de la Damnation de Faust de BERLIOZ, le ballet des sylphes a fait forte impression, avec le corsage des danseuses orné d’une rose électrique.

Berlioz Damnation de Faust Ballet des SylphesCliquez sur le sylphe

En 1890, dans Ascanio de SAINT-SAËNS, Phébus apparaît au milieu des muses en tenant à la main un flambeau de Génie. M Trouvé a eu ici l’idée de dissimuler une lampe à incandescence sous des pierreries de couleur et de dissimuler les accumulateurs dans le corps du flambeau.

Saint-Saëns AscanioCliquez sur l’image

Faust, de GOUNOD, s’est prêté à bien des trouvailles. Ainsi à Francfort les spectateurs médusés ont pu voir une fiole qui se balançait dans les airs, d’abord informe, puis se transformant peu à peu en figure humaine. Celle-ci n’est autre qu’une poupée en caoutchouc repliée sur elle-même que l’on déplie petit à petit à l’aide d’un fil. À Londres, c’est l’usage de l’étincelle électrique qui permettait de rendre lumineuses les épées et les cuirasses des personnages en train de se battre en duel. Les épées étaient reliées à des batteries et produisaient des étincelles chaque fois qu’elles se touchaient !

Gounod Faust le duelCliquez sur le duel

Dans le Freischütz de WEBER, on voyait des têtes de mort s’élever du sol en lançant des étincelles par les yeux et la bouche. Le procédé utilisé est celui de petits fils de fer placés dans ces têtes, et reliés à des piles électriques. Quand le contact est mis, le fil de fer devient incandescent et produit ces étincelles aussi spectaculaires que fantomatiques.

Weber der Freischutz Gorge aux loupsCliquez sur l’image

Et dans la scène de la forge de Siegfried de WAGNER, les coups de marteau sur l’enclume donnent l’imitation parfaite d’une vraie forge. La surface en bois de l’enclume était recouverte d’une plaque de fonte et parcourue d’un réseau de fils métalliques, reliés au circuit électrique du théâtre. Quand Siegfried frappe sur l’enclume, un court-circuit se forme et produit ces milliers d’étincelles caractéristiques de la forge !

Wagner Siegfried NothungCliquez sur Siegfried reforgeant Nothung, son épée

L’incandescence a été utilisée dans la Flûte enchantée de MOZART pour illuminer le diadème de la reine de la Nuit.

Mozart Zauberflöte Air de la reine de la nuitCliquez sur la reine de la Nuit

Je terminerai pour aujourd’hui (mais il y aura une suite) avec l’évocation du théâtrophone, cette invention qui permettait assister au théâtre chez soi, par la double utilisation de microphones pour la captation et du téléphone pour la transmission, à une époque ou ni radio ni télévision n’existaient encore. On sait que Marcel PROUST était un utilisateur de ce théâtrophone.

Et pour tout savoir sur la Fête de la science, et ce qui se passe dans votre région, un seul lien : Fête de la science.

(Source principale : La science au théâtre – étude sur les procédés scientifiques en usage au théâtre moderne, par A. de VAULABELLE et Ch. HÉMARDINQUER, Paris, Henry Paulin éditeur, 1905)

P.S. si je me suis servi pour cet article d’in livre datant de plus de cent ans, les metteurs en scène et les décorateur d’aujourd’hui se servent évidemment des moyens techniques à leur disposition, comme dans le récent Idoménée de CAMPRA monté à l’opéra de Lille.

Campra Idoménée scénographieCliquez sur la scénographie

Divers, Nature, Sciences

FÊTE DE LA SCIENCE 2019 La science à l’opéra

Du 5 au 13 octobre a lieu la fête de la Science partout en France métropolitaine. La fête de la Science est une manifestation qui a pour but de faire découvrir la science

  • Sensibiliser le grand public à la culture scientifique
  • Favoriser le partage des savoirs et les échanges entre les chercheurs et les citoyens
  • Faciliter l’accès à une information scientifique de qualité
  • Faire découvrir le travail des scientifiques et les métiers issus de la recherche
  • Valoriser le travail de la communauté scientifique
  • Permettre à chacun de s’approprier les enjeux des évolutions scientifiques pour une participation active au débat public
  • Susciter des vocations chez les jeunes en stimulant leur l’intérêt pour la science et la curiosité à l’égard des carrières scientifiques

Passons rapidement sur la période baroque où les livrets d’opéra étaient essentiellement tirés de la mythologie ou de la vie d’hommes illustres.

Les premiers « scientifiques » que l’on rencontrera seront les médecins, en particulier le Diaphoirus du Malade imaginaire de MOLIÈRE et Marc-Antoine CHARPENTIER.

Charpentier Molière le Malade imaginaireCliquez sur l’image

C’est avec le personnage de Faust que la figure du scientifique fait son apparition dans le monde de l’opéra. C’est le grand GOETHE qui a contribué à rendre populaire ce personnage du savant du moyen-âge qui, ayant passé sa vie à la recherche du savoir, se rend compte à la fin de sa vie qu’il n’a justement rien connu de la vie.

berlioz damnation de Faust merci doux crépuscule KaufmannCliquez sur Faust

Si vous regardez la vidéo précédente, vous aurez la surprise de voir le personnage de Stephen HAWKING sur la scène. Ne vous étonnez pas, c’est une maladresse du metteur en scène qui illustre de manière très lourde le rapport entre Faust et ce représentant médiatique de la science en action.

On trouve un inventeur au premier acte des Contes d’Hoffmann (1881) d’OFFENBACH. En effet, l’inventeur Spalanzani a fabriqué une poupée mécanique, Olympia, dont le poète Hoffmann tombe amoureux.

Offenbach Contes d'Hoffmann oiseaux dans la charmille N.DessayCliquez sur la poupée

Il faudra ensuite attendre le XXe siècle pour trouver des scientifiques à l’opéra. Par exemple, dans Wozzeck (1917 – 1922) de BERG, où le héros « vend » son corps à la science, c’est-à-dire au médecin militaire qui fait des expériences sur lui.

Berg Wozzeck le docteurCliquez sur le docteur

Les choses deviennent plus intéressantes dans la deuxième moitié du siècle. En 1976, Philip GLASS, l’un des papes de la musique répétitive, met en scène Albert EINSTEIN dans son opéra Einstein on the Beach.

Glass Einstein on the BeachCliquez sur l’image

Et comme l’opéra est un art toujours vivant, en 2005 encore, l’Américain John ADAMS fait vivre le physicien OPPENHEIMER, le « père de la bombe atomique », dans son opéra Doctor Atomic.

Adams Doctor AtomicCliquez sur John OPPENHEIMER

Et pour savoir ce qui se passe à côté de chez vous, un seul lien, celui du site officiel de la fête de la Science 2019.

fête de la Science 2019Cliquez sur l’affiche

Pour tout savoir (ou presque) sur l’utilisation de la science à l’opéra, c’est ici.

Divers, histoire, littérature, Sciences, Théâtre

DOCTEURS ET MÉDECINS

Si la présence de docteurs et médecins ne manque pas dans l’univers de l’opéra, on verra qu’ils ne sont souvent pas présentés à leur avantage.

Dès l’époque de MOLIÈRE, LULLY a écrit la musique de l’Amour médecin (1665), et quand leur coopération a cessé, c’est Marc Antoine CHARPENTIER (celui du Te Deum de l’Eurovision) qui a écrit la musique du Malade imaginaire (1673).

Charpentier le Malade imaginaireCliquez sur l’image

On peut signaler ici que le personnage de Diafoirus est probablement inspiré par celui de Guy PATIN, célèbre médecin contemporain de Molière. guy patin                                                                           source

Diafoirus a fait une nouvelle apparition dans Qui ? (1931), une opérette du XXe siècle.

ROSSINI fait intervenir dans le Barbier de Séville (1816) le docteur Bartolo, un barbon qui  veut se marier avec sa pupille.

Dans L’Élixir d’amour (1834), DONIZETTI fait intervenir un charlatan, Dulcamara, qui prétend avoir inventé un élixir qui garantit l’amour de la personne aimée.

Charles Gounod a adapté le Médecin malgré lui de Molière.

Cliquez sous l’image

Dans Les Contes d’Hoffmann (1881) d’OFFENBACH, il y a un docteur Miracle qui se propose de guérir Antonia, une cantatrice vouée à la mort si elle chante. Fort amusamment, le Docteur Miracle est aussi une opérette écrite par BIZET en 1856, résultat d’un concours organisé par Offenbach pour trouver de nouveaux compositeurs.

On trouve encore des docteurs dans Iolanta (1892) de TCHAIKOVSKI, où le docteur maure guérit l’héroïne de sa cécité, et dans les deux opéras de BERG : le sergent-major de Wozzeck (1922) et l’inquiétant docteur Schön de Lulu (1935).

Tchaikovski Iolanta air du docteur il y a deux mondesCliquez sur le docteur maure

Dans Tommy (1969) des WHO, un docteur cherche à sortir le héros de son mutisme, sa cécité et sa surdité.

Enfin, signalons le Doctor Atomic (2005), John ADAMS, qui relate la vie du physicien Oppenheimer, le père de la bombe atomique.