Après « Feuillet d’album », de Mallarmé, je vous propose ce mois-ci un poème de Baudelaire, « le Vampire », paru en 1857 dans les Fleurs du mal.
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon cœur plaintif es entrée ; Toi qui, forte comme un troupeau De démons, vins, folle et parée,
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De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine ; – Infâme à qui je suis lié Comme le forçat à la chaîne,
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Comme au jeu le joueur têtu,
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Comme à la bouteille l’ivrogne, Comme aux vermines la charogne – Maudite, maudite sois-tu !
J’ai prié le glaive rapide De conquérir ma liberté, Et j’ai dit au poison perfide De secourir ma lâcheté.
Hélas ! le poison et le glaive M’ont pris en dédain et m’ont dit : « Tu n’es pas digne qu’on t’enlève À ton esclavage maudit,
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Imbécile ! – de son empire Si nos efforts te délivraient, Tes baisers ressusciteraient Le cadavre de ton vampire ! »
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Citations musicales :
un troupeau de démons : Berlioz, la Damnation de Faust, pandaemonium.
lié comme le forçat à la chaîne : Beethoven Fidelio, « O welche Lust ».
le joueur : Prokofiev, le Joueur.
ton esclavage maudit : Saint-Saëns, Samson et Dalila, « Dieu d’Israël ».
Compositeur de l’intime, même son Requiem est doux et apaisé, Gabriel Fauré a écrit beaucoup de mélodies. Ses huit premiers opus sont d’ailleurs des recueils de mélodies.
Je vous propose donc ici une petite sélection de ces mélodies, un genre qu’il affectionnait et qu’il a pratiqué tout au long de sa carrière.
L’Opus 1 contient, « le Papillon et la Fleur », sur un poème de Victor Hugo, et « Mai ».
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L’Opus 4 contient « le Lamento du pêcheur », un texte de Théophile Gautier retenu par Berlioz dans ses Nuits d’été.
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L’Opus 5 contient « Chant d’automne », sur un poème de Charles Baudelaire.
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L’Opus 7 contient le fameux « Après un rêve ».
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L’Opus 39 contient « les Roses d’Ispahan ».
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L’Opus 46 contient son fameux « Clair de lune », sur un poème de Paul Verlaine.
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L’Opus 51 contient « au Cimetière », un autre poème de Gautier retenu par Hector Berlioz dans ses Nuits d’été.
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L’Opus 61, la bonne Chanson, est un recueil de 9 mélodies sur des textes de Paul Verlaine.
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Enfin, un de ses tout derniers ouvrages, l’Opus 118 intitulé l’Horizon chimérique, est un cycle de mélodies sur des poèmes de Jean de la Ville de Mirmont.
Après « Le miroir brisé« , de Jacques Prévert, je vous propose ce mois-ci un poème de Mallarmé, « Feuillet d’album ».
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Ce sonnet a été écrit pour la fille d’un ami poëte de Mallarmé.
Après « Le Pont Mirabeau« ,de Guillaume Apollinaire, je vous propose ce mois-ci un poème de Jacques Prévert, « le Miroir brisé », extrait de Paroles.
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Le petit homme qui chantait sans cesse
le petit homme qui dansait dans ma tête
le petit homme de la jeunesse
a cassé son lacet de soulier
et toutes les baraques de la fête
tout d’un coup se sont écroulées
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et dans le silence de cette fête
dans le désert de cette tête
j’ai entendu ta voix heureuse
ta voix déchirée et fragile
enfantine et désolée
venant de loin et qui m’appelait
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et j’ai mis ma main sur mon cœur
où remuait
ensanglantés
les sept éclats de glace de ton rire étoilé.
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Citations musicales :
Toutes les barques de la fête tout d’un coup se sont écroulées : Leoncavallo Paillasse « Vesti la Giubba »
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienne La joie venait toujours après la peine
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Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l’onde si lasse
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Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante L’amour s’en va Comme la vie est lente Et comme l’Espérance est violente
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Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine
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Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure
Citations musicales :
après la peine : Poulenc sept chansons, « Marie ».
Des éternels regards : Messiaen Vingt regards sur l’Enfant-Jésus.
l’Espérance : Rossini Trois chœurs religieux « la Speranza« .
Ni les amours reviennent : Chausson Poème de l’amour et de la mer « La mort de l’amour ».
Ce(s) mois-ci, c’est Carnets Paresseux qui nous suggère l’Agenda Ironique de l’été 2025.
Le thème principal en est… Rien !
Voici donc ce qu’il nous demande, Carnets Paresseux :
Récapitulons : rien, le sujet ; les mots imposés haricot, asymptote, ragondin et billevesée ; des mots à éviter : activité, programme, obligation, aristotélicien, gouvernement. Et la forme que vous voulez.
Et puis du mystère, du calendrier, du suspense, des jours et des dates de juillet et d’août ; enfin, évidemment, de l’ironie. Autant que possible, aucun jeu de mots : de la tenue, du style, et pourquoi pas, une morale.
Mais tout ceci est tellement mieux esspliqué chez lui.
Après avoir tout dit sur rien, je vous propose ici mon traditionnel « poème mis en musique à ma façon », avec ce mois-ci La rien que la toute la, de François le Lionnais, soit le premier sonnet écrit sans nom, sans verbe et sans adjectif, sans haricot, sans ragondin, sans asymptote, et surtout sans la moindre billevesée.
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Cliquez sur l’opéra urbain
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C’est l’été et je suis en vacances loin de tout. Quoi de mieux alors qu’une petite série de haïkus (ou haïkaïs) improvisés pour profiter de cette période ?
Le haïkaï (ou haïku) est une forme de poésie japonaise visant à évoquer en quelques mots l’essence des choses. Il se compose, dans notre alphabet occidental, de 3 vers de cinq, sept et cinq pieds.
Ce(s) mois-ci, c’est Carnets Paresseux qui nous suggère l’Agenda Ironique de l’été 2025.
Le thème principal en est… Rien !
Voici donc ce qu’il nous demande, Carnets Paresseux :
Récapitulons : rien, le sujet ; les mots imposés haricot, asymptote, ragondin et billevesée ; des mots à éviter : activité, programme, obligation, aristotélicien, gouvernement. Et la forme que vous voulez.
Et puis du mystère, du calendrier, du suspense, des jours et des dates de juillet et d’août ; enfin, évidemment, de l’ironie. Autant que possible, aucun jeu de mots : de la tenue, du style, et pourquoi pas, une morale.
Mais tout ceci est tellement mieux esspliqué chez lui.
On définit généralement un expert comme étant quelqu’un qui connaît un maximum de choses sur un sujet très restreint. Si on pousse ce raisonnement asymptotiquement, on infère que le climax de l’expertise est donc de connaître Tout sur rien !
Mine de rien, la référence musicale évidente sur le rien en musique doit être le fameux Air de rien de John Cage, plus connu sous son titre 4 mn 33 s.
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Jean Tardieu nous propose, dans la Môme néant, un bel exemple de rien en poésie :
Quoi qu’a dit ? A dit rin.
Quoi qu’a fait ? A fait rin.
À quoi qu’ a pense ? A pense a rin.
Pourquoi qu’a dit rien ? pourquoi qu’a fait rin ? Pourquoi qu’a pense a rin ?
A’ xiste pas.
Le plus beau discours que je connaisse sur le rien est dû à Raymond Devos, avec son sketch Parler pour ne rien dire.
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Mais trève de billevesées, revenons à un univers qui m’est cher, celui de l’opéra (je ne sais pas si vous avez remarqué, mais l’univers de l’opéra m’est cher). Comme le rappelle Vladimir Jankelevitch dans ses ouvrages de musicologie, c’est avec la mort de Mélisande qu’on s’approche le plus près du mystère du passage de la vie à la mort : « Elle est partie sans rien dire, je n’ai rien entendu ».
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Les historiens de la musique nous le disent, Hector Berlioz jouait du flageolet dans sa jeunesse. Il ne s’agit évidemment pas du haricot, mais bel et bien d’une petite flûte. Mais ce vaurien n’a pas suvi les conseils de son père, qui voulait faire de lui un médecin. Passant plus de temps dans les théâtres que dans les amphihéâtres, il finira compositeur. Dans sa Symphonie fantastique (1830), il mettra en scène de façon spectaculaire l’ancien thème grégorien du Dies Irae.
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Un rien plus tard, en 1836, Meyerbeer s’est servi d’un hymne non pas grégorien, mais luthérien, pour l’ouverture de son Grand opéra à la française, les Huguenots.
Cliquez sur le vieil hymne luthérien
Et si, arrivé là, vous en voulez encore, cliquez donc sur le bonus surprise mystère.
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Aujourd’hui donc, en voici une version Brittenisée.
La musique souvent me prend comme une mer !
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Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ;
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La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile, J’escalade le dos des flots amoncelés Que la nuit me voile ;
Je sens vibrer en moi toutes les passions D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
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Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir De mon désespoir !
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Citations musicales :
Comme une mer : Peter Grimes, 4 interludes orchestraux.
Les poumons gonflés : Peter Grimes Now the great bear (Maintenant, la grande ourse).