Alors que certains chanteurs lyriques ne dédaignent pas chanter de la chanson dite de variété, le contraire est aussi vrai, et certains chanteurs ou interprètes de variété ne dédaignent pas interpréter des airs dits classiques. Après la neuvième série de ces airs, en voici donc une nouvelle.
Aretha Franklin chantant « Nessun dorma » du Turandot de Puccini :
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Les Swingle Singers chantant la Petite musique de nuit de Mozart.
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Mozart encore, avec sa Marche turque revisitée par Boris Vian.
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Jean-Sébastien Bach façon jazz avec le Modern Jazz Quartettr dans Jésus que ma joie demeure.
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Sting a consacré un de ses albums à la musique de John Dowland.
Le 22 novembre, Cendrillon d’après Pauline Viardot à l’Atelier lyrique de Tourcoing.
Soit 14 représentations, dont une écrite par une compositrice (Pauline Viardot), deux créations (Il Viaggio, Dante et Ali) et quelques raretés (Montag aus Licht, le Carnaval de Venise, l’Écume des jours, Cendrillon).
Vous connaissez mon intérêt pour les compositrices aussi, quand Françoise Objois m’a parlé de la conférence d’Anne Ibos-Augé sur « les femmes et la musique au Moyen Âge », je n’ai pas pu ne pas y assister. Son livre, divisé en trois parties, est une mine d’informations sur le Moyen Âge.
Après l’article consacré aux actrices du monde religieux, je vous propose la deuxième partie, la musique dans l’univers profane.
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II.1 la poétesse compositrice
Le saviez-vous ? (moi, je l’ignorais), le féminin de troubadour est trobairitz.
La première d’entre elles est Azalaïs de Porcairagues, autrice d’une seule canso, Ar em al freg temp vengut (voici venu le temps du froid). Malheureusement, cette poésie est parvenue jusqu’à nous sans musique et les musiciens d’aujourd’hui doivent recourir à d’autres mélodies pour pouvoir la restituer au mieux. Le principe était d’ailleurs connu (et pratiqué) au Moyen Âge !
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Qu’est-ce que l’amour courtois, chanté par les troubadours et les trobairitz ? C’est un « idéal de vie, où l’homme courtois doit posséder des manières distinguées et un esprit fin… et par-dessus tout, il doit aimer de fin’amor, d’amour courtois » (pp. 108-109). L’amour courtois est exclusif et constant.
Les trouveresses en France d’Oïl et au-delà. Parmi les compositrices en langue d’oïl, on trouve Blanche de Castille, la mère de Saint-Louis, autrice d’une Chanson à la Vierge.
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II.2 la ménestrelle
Parisa était, avec son mari Janin, ménestriers de bouche. Les ménestrels, ou ménestriers, représentaient à l’époque tout type de musicien. Les chanteurs étaient appelés ménestriers de bouche, alors que les musiciens militaires étaient appelés ménestriers de guerre.
Parisa et Janin ont exercé leur métier de musiciens à la cour de Savoie autour de l’année 1400. Le métier de ces ménestriers était d’animer en musique les nombreuses fêtes de la cour, mais aussi d’accompagner les seigneurs en voyage ou à la guerre. (On retrouvera plus tard cette fonction chez les chansonniers, comme Charles Favart qui était chansonnier du duc de Saxe.)
II.3 La mécène
La comtesse Marie de Champagne (1145-vers 1202) est la première fille d’Aliénor d’Aquitaine et du roi Louis VII. Elle soutient les lettres et de la musique comme sa mère, et plusieurs auteurs de son époque, dont Chrétien de Troyes, lui dédicacent certains de leurs écrits.
III – Fictions et représentations
La troisième partie traite de la représentation des femmes dans les fictions de l’époque.
III.1 la femme sujet
Ainsi de Marion, dans le Jeu de Robin et Marion, d’Adam de la Halle. Les jeux étaient une forme de théâtre mêlé de musique, préfigurant (de loin) l’opéra (cf. l’arbre phylogénétique de l’opéra).
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III.2 la musicienne de fiction
On connaît généralement l’Yseut de la légende de Tristan et Yseut, mais quelle découverte que l’aspect musicienne d’Yseut. Dans la version de Gottfried de Strasbourg, Yseut est une musicienne et compositrice accomplie. Elle écrit au moins trois lais, dont une lettre poème destinée à être chantée par Tristan quand il la lira.
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Bien sûr, il y a encore beaucoup d’autres choses dans ce livre, alors le mieux, c’est quand même de le lire.
(Source : Les Femmes et la musique au Moyen Âge de Anne Ibos-Augé, éditions du Cerf, 2025.)
Après « Feuillet d’album », de Mallarmé, je vous propose ce mois-ci un poème de Baudelaire, « le Vampire », paru en 1857 dans les Fleurs du mal.
(Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon cœur plaintif es entrée ; Toi qui, forte comme un troupeau De démons, vins, folle et parée,
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De mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine ; – Infâme à qui je suis lié Comme le forçat à la chaîne,
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Comme au jeu le joueur têtu,
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Comme à la bouteille l’ivrogne, Comme aux vermines la charogne – Maudite, maudite sois-tu !
J’ai prié le glaive rapide De conquérir ma liberté, Et j’ai dit au poison perfide De secourir ma lâcheté.
Hélas ! le poison et le glaive M’ont pris en dédain et m’ont dit : « Tu n’es pas digne qu’on t’enlève À ton esclavage maudit,
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Imbécile ! – de son empire Si nos efforts te délivraient, Tes baisers ressusciteraient Le cadavre de ton vampire ! »
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Citations musicales :
un troupeau de démons : Berlioz, la Damnation de Faust, pandaemonium.
lié comme le forçat à la chaîne : Beethoven Fidelio, « O welche Lust ».
le joueur : Prokofiev, le Joueur.
ton esclavage maudit : Saint-Saëns, Samson et Dalila, « Dieu d’Israël ».
Il est une tradition d’offrir, quatre semaines avant Noël, des calendriers de l’avent, dont la durée dépend du jour de la semaine où tombe Noël. Il doit commencer un dimanche, quatre semaines avant cette fête. Noël tombant un jeudi en 2025, le calendrier de l’avent commence donc le dimanche 30 novembre.
Le jeune et brillant compositeur Othman Louati a une actualité musicale aussi chargée que passionnante. Il m’a aimablement consacré une heure pour parler de ses projets.
Ravel : En août, au festival Ravel, Othman Louati était professeur et chef des ensemblespour la classe de composition de Michael Jarrell. Et fin août, il a été assistant à la direction musicale pour la Main gauche, de Ramon Lazkano, d’après Ravel de Jean Echenoz, avec l’Ensemble intercontemporain dirigé par Pierre Bleuse.
Le 13 décembre, il dirigera le Philharmonique de Radio-France pour une adaptation de L’Enfant et les sortilèges, opéra-tableau comme l’est les Ailes du désir.
Solaris : Pour la première fois depuis, longtemps, l’opéra vidéo Solaris n’est pas une commande. L’idée lui en est venue par amour du cinéma, le grand art du XXe siècle, qui permet de traiter les grands mythes de notre temps. Solaris, le livre de Stanislas Lem, a fait l’objet d’une adaptation au cinéma par Andreï Tarkovski. C’est un faux film de science-fiction où Tarkovski voulait retrouver une situation où un homme se confesse auprès de la femme qu’il a perdue. On le sait peut-être, mais le cinéaste est porteur d’une mystique chrétienne (cf. Andreï Roublev). Ce pourrait être pour Othman une évolution vers la musique sacrée, l’opéra vidéo devenant un oratorio vidéo, avec la scène ultime de lévitation sur une musique de Bach. Tarkovski est aussi un des cinéastes phares pour Jacques Perconte, qui n’a pas tardé à accepter de travailler sur ce projet quand Othman le lui a présenté.
Solaris sera créé le 29 avril à l’Atelier lyrique de Tourcoing, avant une reprise à Angers et à Grenoble.
Chiens : Othman a écrit une musique de scène pour Chiens, qui sera joué en février aux Bouffes du Nord, avec une mise en scène de Lorraine de Sagazan.
Visions : Pièce pour percussion et ensemble électronique écrite pour l’ensemble « Les Apaches », fera l’objet d’un enregistrement en janvier. Il s’agit d’un prologue à l’Histoire du soldat de Stravinsky.
Sanctuaires : Création le 25 septembre à l’auditorium de Radio-France. Sanctuaires est une commande de Radio France pour le chœur de Radio France et l’orchestre « Les Apaches ». Quand il était en 1ère année du conservatoire de Paris, Othman était percussionniste dans le Roi David d’Honegger, dirigé par Lionel Sow. Quatorze ans plus tard, il retrouve Lionel Sow (le chef du chœur de Radio France) dans ce concert où les pièces de Sanctuaires (psaumes 13 et 104) seront intriquées avec le Roi David. Sanctuaires se glisse dans l’oratorio d’Honegger, avec une mise en musique de psaumes de Théodore de Bèze.
La Planète Sauvage de René Laloux, Ciné-concert par Le Balcon et Nitaï Hershkovits à la Cité de la musique les 31 janvier et 1er février. Direction musicale.
Le premier opéra d’Othman, les Ailes du désir, fera l’objet d’une reprise à Clermont et à Paris en février.
Le 9 mai, Satie-Cage au Théâtre du Châtelet, un spectacle sous-titré Une parade, de la fête au silence, avec l’ensemble Les Apaches.
La Sicile est une île italienne dont la capitale est Palerme. L’excellent site vexillologique de John Duff nous apprend que son drapeau représente une tête de Gorgone entourée de trois épis de blé et de 3 jambes.
Parmi les compositeurs nés en Sicile figure Alessandro Scarlatti (1660-1725).
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Plus près de nous, Vincenzo Bellini (1801-1835) est né à Catane, en Sicile.
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La sicilienne est une danse au caractère bucolique.
Le ténor français Roberto Alagna est d’origine sicilienne. Un de ses albums est titré le Sicilien.
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Verdi a écrit pour l’Opéra de Paris les Vêpres siciliennes en 1855. Historiquement, il s’agit d’un soulèvement des Siciliens contre l’occupant français en 1282.
Cécile Louise Stéphanie Chaminade naît le 8 août 1857 à Paris. C’est sa mère, très bonne pianiste, qui s’aperçoit de son talent pour la musique et lui donne ses premiers cours.
Alors que son père a fait construire une villa au Vésinet, près de Paris, les Chaminade se rapprochent de Georges Bizet, un ami de la famille, qui conseille d’inscrire Cécile au Conservatoire. Mais le père refuse, le rôle d’une jeune femme de la bourgeoisie étant d’être une bonne épouse et une bonne mère. Finalement, Bizet trouve un arrangement en faisant suivre à Cécile des cours privés.
En 1880, Cécile Chaminade écrit son opus 1, un trio pour piano, violon et violoncelle.
En 1882, lors d’une soirée musicale donnée par son père pour ses amis, on joue la Sévillane (opus 32), un opéra-comique en un acte. Malgré le succès de cette soirée, l’œuvre ne sera jamais jouée sur scène, et la partition en est aujourd’hui perdue. Il n’en reste que des extraits, dont l’ouverture, qui avait été donnée en concert par Jules Pasdeloup, ou cette sérénade.
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En 1884, elle écrit ces Feux de la Saint-Jean pour voix de femmes.
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En 1888, elle écrit la musique du ballet Callirhoë, créé à Marseille, et une symphonie avec chœurs, les Amazones, créée à Anvers.
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En 1892, elle écrit les Sylvains, opus 60.
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En 1901, Cécile épouse l’éditeur de musique Louis-Mathieu Carbonel. Louis-Mathieu décède en 1907, et le couple n’aura pas d’enfant.
Pianiste concertante, Cécile Chaminade donne de nombreuses tournées, notamment en Angleterre, où elle est reçue par la reine Victoria, et aux États-Unis.
En 1913, Cécile Cheminade est la première compositrice à recevoir la Légion d’honneur.
Pendant la guerre de 1914-1918, elle arrête la musique et dirige un hôpital à Londres. Après la guerre, elle ne reprend pas son activité de concertiste, mais continue de composer.
À sa mort, elle nous laisse plus de 400 pièces musicales, dont 200 pièces écrites pour le piano et 150 mélodies. Je vous propose ici l’Ondine, opus 101 (1900).
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Cécile Chaminade meurt le 13 avril 1944 à Monte-Carlo, à l’âge de 86 ans.
De nombreux compositeurs ont composé des trilogies, soit un ensemble de trois œuvres liées entre elles par un point commun, dates de composition, sujet ou librettiste.
Par exemple, pour Mozart, on parle souvent de la trilogie Mozart / Da Ponte. Il s’agit des trois opéras que Mozart a composés sur des livrets de Lorenzo da Ponte, à savoir Les Noces de Figaro (1786), Don Giovanni (1787) et Cosi fan Tutte (1789). Trois chefs-d’œuvre en quatre ans.
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Quelques années plus tard, Donizetti écrira ce que l’on appelle la trilogie des Tudors, d’après les heurs et malheurs de la famille royale anglaise : Anna Bolena (1830), Maria Stuarda (1834), et Roberto Devereux (1838).
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Ce que l’on appelle la trilogie de Verdi correspond à Rigoletto (1851), La Traviata (1853) et Le Trouvère (1853). Trois chefs-d’œuvre en trois ans, Mozart est battu !
Enfin, Puccini a écrit ce que l’on appelle son triptyque (il Trittico), à savoir un ensemble de trois pièces en un acte : Il Tabarro, Suor Angelica et Gianni Schicchi en 1918.
Ce mois-ci, c’est John Duff qui nous propose le thème de l’Agenda Ironique. Et quel est-il, ce thème, et bien voilà :
En ce mois de novembre où les jours raccourcissent, où la pluie nous mouille et où le froid s’installe, j’aimerais vous proposer pour thème ma réponse à ces rigueurs de l’automne : l’hibernation. En référence culturelle, il serait intéressant d’utiliser les mots suivants : Sérendipité, Nitescence, Melliflu, Alacrité, Anachorète, ainsi que Yuja Wang.
Pour donner un peu de tenue morale à ces agendas, je vous propose d’y placer cette belle morale de Jean de la Fontaine :
« Un escargot pressé perd sa maison. »
Et comme John Duff n’a pas de blogue, c’est l’ami Tiniak qui l’héberge. Ça se passe ici :
N’ayant pas d’autre méthode que celle du grattage occiputal pour trouver mes idées répondant aux contraintes de l’A.I., je dois m’en remettre à une sérendipité naturelle pour ce faire.
Au début de l’acte III de King Arthur, de Purcell, le génie du froid voulait imposer l’hibernation au genre humain.
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Mais c’était compter sans la curiosité de Snegourotchka, la fille de neige. Snegourotchka était la fille du Père Gel et de Dame Printemps. À la séparation de ses parents, Snegourotchka est élevée par son père, qui décide de l’envoyer chez les Berendeïs, ce qui est du goût de la jeune fille, attirée par les chants d’un humain appelé Lel.
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Le soir, sous la nitescence des étoiles, elle se laisse ainsi bercer par les airs melliflus du beau Lel, sentant grandir son amour pour lui.
Hélas, quand vient la fête du printemps, tout le monde chante et danse avec alacrité, mais c’est à une autre que Lel donne son cœur, et Snégourotchka est désespérée. Elle va voir sa mère, la suppliant de lui donner le don d’aimer et d’être aimée en retour. Quand un anachorète sorti des bois lui propose le vrai amour, Snegourotchka la fille de neige fond dans ses bras sous la chaleur de cet amour.
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L’histoire de Snegourotchka nous a été racontée par Ostrovski, et mise en musique par Tchaïkovski, puis par Rimski-Korsakov. Je vous la raconterai un jour un peu plus en détail si vous êtes sages.
C’est peut-être(ou pas) en souvenir de Snegourotchka que Debussy a composé des Pas sur la neige, que je vous propose interprété ici par Momo, le fidèle compagnon de jeu de Yuja Wang.
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Et comme je ne voudrais pas frustrer John Duff, je vous propose une autre pièce de Debussy, jouée cette fois par la jeune Yuja.