Depuis son origine il y a un peu plus de quatre siècles, l’opéra a pris l’habitude de mélanger les genres.
Historiquement, l’église interdisant aux femmes de se produire sur les scènes de théâtre, les rôles féminins étaient chantés par des hommes, en particulier par des castrats. Je vous ai déjà raconté ça dans mon billet sur la caractérisation des types de voix, la tessiture.
Ainsi, par exemple, dans Giulio Cesare in Egitto (Jules César en Égypte) de HAENDEL, le rôle de César était écrit pour un castrat. Cette opération barbare ayant heureusement disparu, ce rôle est de nos jours chanté soit par un haute-contre, soit par une mezzo.
Cliquez sur Sextus et Cornélie
Dans Alcina, du même Haendel, Bradamante qui est partie rechercher son amant Ruggiero se fait passer pour un homme.
Et dans Orlando Furioso de VIVALDI, le rôle de Roland (Orlando) qui était écrit pour un castrat est de nos jours chanté par une mezzo.
Encore à la fin du XVIIIe siècle, dans Orfeo ed Euridice de GLUCK, le compositeur écrit dans la version italienne de 1762 le rôle d’Orphée pour un castrat. Quand il reprend son opéra pour la version française de 1774, le rôle est tenu par un haute-contre. Enfin, soixante ans plus tard, dans la reprise qu’en fait BERLIOZ, ce rôle est écrit pour une mezzo, pour permettre à Pauline VIARDOT de le chanter.
Cliquez sur Orfeo (senza Euridice)
Cliquez sur Orphée (sans Eurydice)
Un peu plus tard, on a également pris l’habitude de faire chanter le rôle des jeunes hommes (ou des pages) par des femmes. Ainsi, dans Le Nozze di Figaro de MOZART, le rôle de Chérubin, jeune homme prêt à tomber amoureux de toutes les femmes, est chanté par une femme.
Dans Fidelio, de BEETHOVEN, Léonore, la femme de Florestan, se déguise en homme pour entrer dans la prison où est enfermé son mari Florestan. Et ne voilà-t-il pas que Marcelline, la fille du gardien, tombe amoureuse d’elle déguisée en lui.
Kliken sie über Leonore und Florestan
On retrouve cette tradition au début du XIXe siècle chez ROSSINI, par exemple dans la Donna del Lago, où le rôle de Malcolm est chanté par une mezzo.
AUBER, un des successeurs (pour le style) de Rossini confie ainsi le rôle du page Oscar, dans Gustave III, ou le bal masqué, à une femme.
Au XXe siècle, c’est Richard STRAUSS qui fait revivre cette tradition, avec son Chevalier à la Rose (Der Rosenkavalier), cet hommage aux Noces de Figaro. Octavian, le jeune amant de la Maréchale, est chantée par une femme, et comme Chérubin, il se trouve à un moment habillé en femme, semant le trouble chez les hommes plus âgés. C’est lui qui est chargé de donner la rose d’argent à Sophie, signe des fiançailles entre Sophie et le baron Ochs. Évidemment, les deux jeunes gens tombent amoureux l’un(e) de l’autre.
Bonjour Jean-Louis, cette première vidéo de Nathalie Stutzmann et Philippe Jaroussky est vraiment géniale, j’adore ! C’est vrai que la voix féminine a l’air plus grave que la masculine, c’est un effet intéressant et très esthétique !
Je connaissais le Chérubin de Mozart… jolie mélodie.
Merci et bonne journée 🙂
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Oui, le mariage de ces deux vois est proprement extraordinaire !
Bonne journée, Marie-Anne. 🙂
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Ooooh ! Merciiiii !
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Je t’en prie, Nemo !
Bonne soirée. 🙂
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