Tessiture? Si t’es sûr… me répondent mes amis quand j’emploie ce mot devant eux. Rassurez-vous, il n’y a rien de grave là-dedans. La tessiture, c’est tout simplement le type de voix avec laquelle on chante.
Aujourd’hui, la catégorisation des voix la plus courante est, dans l’ordre du plus aigu au plus grave, Soprano – Alto – Ténor – Basse (nombre de partitions pour chœurs se réfèrent ainsi au mystérieux club des SATB). Cette répartition se décompose plus finement, ainsi entre sopranos et altos on trouvera les mezzos (d’un mot latin qui veut dire milieu) et entre ténors et basses, on trouvera les barytons (d’un mot grec qui veut dire milieu). Chacune de ces catégories peut elle-même être sous-catégorisée, avec les sopranos colorature, les contraltos, les ténors lyriques, les barytons martins, les basses profondes, etc…
Femme | Soprano | Castrats | Homme |
Femme | Mezzo | ||
Femme | Alto | Contre-ténor | Homme |
Homme | Ténor | Contralto | Femme |
Homme | Baryton | ||
Homme | Basse |
Cliquez sur la vidéo de présentation des voix du Royal Opera House
L’Encyclopedia Universalis nous propose ainsi le découpage suivant:
- soprano léger et coloratur, à la virtuosité « volubile »;
- soprano lyrique ou de demi-caractère;
- soprano dramatique, puissant, wagnérien;
- mezzo-soprano, intermédiaire entre soprano et alto;
- alto et contralto, voix graves aux inflexions émouvantes;
- haute-contre et ténor léger aux sonorités douces;
- ténor lyrique ou de demi-caractère;
- ténor dramatique ou fort ténor;
- baryton et baryton Martin: voix nuancées, aptes à la mélodie française…;
- baryton Verdi: généreux, à l’aise dans le répertoire vériste;
- baryton basse;
- basse chantante;
- basse noble, utilisée par MOUSSORGSKI.
Cette distribution des voix n’a pas toujours été la même. Historiquement, l’Église interdisant aux femmes de se produire au théâtre, les rôles de femmes étaient tenus par des hommes, castrats, hautes-contre ou contre-ténors. Il faudra attendre 1671 pour que cette interdiction soit levée. Dès lors, on a pu voir des femmes sur scène et les entendre chanter à l’opéra, même si l’usage des castrats a perduré encore pendant plus de deux siècles.
Ceci explique pourquoi on trouve des rôles de travestis dans les opéras les plus anciens. Par exemple, dans le Jules César de Haendel, le rôle éponyme est chanté par une femme, car dans la version originale, il était écrit pour un castrat.
Les voix les plus hautes des hommes sont plus hautes que les voix les plus basses des femmes. Ainsi, dans l’extrait ci-dessus de Haendel, le contre-ténor P.Jarrousky chante au-dessus de la contralto N.Stutzmann, ce qui rend ce duo particulièrement émouvant.
À propos des castrats, un des plus célèbres a été FARINELLI (1705 – 1782), dont la vie a inspiré le film de G.CORBIAU en 1994. Il a fallu pour reconstituer une voix de castrat enregistrer un contre-ténor et une soprano coloratur, puis mixer les voix avec l’aide des logiciels développés à l’IRCAM.
L’affaire de hauteur se complexifie si on tient compte de la hausse du diapason à travers les siècles. En effet, aux époques pré-baroques et baroques, il n’y avait pas d’organisme international pour fixer les poids et mesures, ni a fortiori la hauteur des notes. Ainsi le diapason qui, pour faire simple, fixe la hauteur du LA sur laquelle tous les instruments de l’orchestre s’accordent, n’était pas le même dans tous les pays, ni même dans toutes les régions. Il aura fallu attendre la fin du XIXe siècle, puis le XXe pour qu’on se mette d’accord sur un LA universel, qui est aujourd’hui fixé à 440 Hz. Mais depuis le baroque, le diapason est ainsi passé d’une valeur moyenne de 415 Hz à 440 Hz, ce qui n’est pas sans poser des problèmes aux chanteurs, puisque ce glissement revient à changer toutes les hauteurs d’environ un ton. Un contre-ut baroque devenant un contre-ré !
Enfin, si cet article vous a plu, je vous conseille d’aller sur l’excellent site Le Voyage lyrique, qui a publié un dossier très complet et très richement illustré. Je vous conseille notamment la vidéo de Kathleen Ferrier, l’enregistrement du dernier castrat (mort en 1922), et enfin les vidéos des octavistes, voix hyper graves que, je l’avoue, je ne connaissais pas.
MERCI !
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Ça s’arrose ? Même pas. Bah tant pis. 😉
Les premiers et pas les derniers, en tout cas. Toujours fidèle, non pas au poste, mais à ton blog. Et pour longtemps encore, j’espère.
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Bah si ça s’arrose, au pineau des Charentes !
San’é, SOlène.
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Tu ne crois pas si bien dire (Jonzac, en face, c’est mon frère). Santé J-L !
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OK ce billet existe, mais pas forcement très facile à trouver. J’ai un peu tendance à me perdre dans les différentes catégories, histoire, historique, histoire de l’opéra…Il y a des catégories comme écrivains, compositeurs mais aussi des artistes qui arrivent sous leur nom propre, Woody Allen, Maria Callas. Mallarmé.
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