Agenda Ironique

22 OCTOBRE 1811 – NAISSANCE DE FRANZ LISZT

Ce billet est écrit dans le cadre de l’Agenda Ironique d’octobre 2021.

Ce mois-ci, c’est Carnets Paresseux qui s’y colle pour nous proposer l’agenda ironique.

Et bien il va s’agir de raconter une histoire de premier jour.  Et pourquoi ça, alors que les jours raccourcissent et que l’année tire au bout de sa ficelle ? Tout simplement en hommage à James Ussher, archevêque d’Armagh et Primat d’Irlande qui, après de très savants calculs – avant qu’on se moque de lui, rappelons que Kepler et Newton ont tenté la même opération –  assigna au premier jour de la Création du monde la date du 22 octobre*.

Donc, une histoire de premier jour, de genèse, de commencement, bref, de début, sous forme de chanson, de conte, de thèse, d’opéra, de feuilleton (j’ai beaucoup d’affection pour les feuilletons), recette de cuisine, pièce de théâtre, poésie animalière, cinématographe ou aquarelle, ce que vous voulez, en un épisode ou en vingt livraisons ; avec – si vous voulez – une écrevisse, et – obligé –  deux vers empruntés à l’ami Norge , au choix entre ces quatre-là :

« la porte était lourde / ça faisait des heures »

ou

« j’attends de savoir / ce qu’il faut attendre »

Si vous choisissez d’ajouter une autre, ou d’autres norgerie ça marchera aussi bien (attention toutefois qu’elles ne prennent pas toute la place !). Bref, une histoire de début, une écrevisse facultative, deux vers de Norge – ou plus. Voilà. Et bien évidemment, un peu d’ironie et une dose de calendrier.

Il y a 210 ans, le 22 octobre 1811, jour de la Sankt Ekrevitz dans l’empire austro-hongrois, naissait Franz LISZT, génie de la musique encore imparfaitement connu. Ce jour-là était le début de quelque chose dans l’histoire de la musique. En effet, si on connaît de Liszt essentiellement ses œuvres virtuoses pour piano, son génie novateur s’est exercé dans bien d’autres domaines.

Si vous n’êtes pas encore convaincus, attendez de savoir ce qu’il faut attendre de cet éclairage sur la vie de Liszt.

Pour le piano, Liszt a su relever le défi lancé par BEETHOVEN avec ses dernières sonates. Comment en effet écrire après le géant de Bonn, qui lui-même avait laissé inachevée sa 32e et dernière sonate, s’arrêtant après le 2nd mouvement ? La réponse de Liszt sera sa Sonate en si mineur, vaste monument d’une demi-heure, sans le découpage traditionnel en mouvements.

Liszt Sonate en si mineurCliquez sur la pianiste

Pour l’orchestre, Liszt n’a pas non plus écrit de symphonie avec le classique découpage en quatre mouvements. Non, il a inventé le concept de poème symphonique, ou encore de symphonie à programme avec chœurs (Beethoven avait introduit le chœur dans la symphonie avec le 4e mouvement de sa 9e symphonie.)

Liszt les PréludesCliquez sur l’image

Dès lors, la seconde moitié du XIXe siècle verra (relativement) peu de symphonies, alors que les poèmes symphoniques de cette époque sont légion. Par exemple, BORODINE dédiera Dans les steppes de l’Asie Centrale à Liszt.

Borodine Dans les steppes de l'Asie CentraleCliquez sur l’orchestre

Sur la fin de sa vie, ses avancées musicales étaient telles qu’on a pu dire qu’il écrivait des œuvres sans tonalité. Ainsi en 1885, un an avant sa mort, il écrivit la pièce Bagatelle sans tonalité, environ vingt ans avant SCHOENBERG.

Liszt Bagatelle sans tonalitéCliquez sur l’image

Il a aussi ouvert la porte aux compositeurs dits impressionnistes, comme DEBUSSY ou RAVEL avec une pièce comme les Jeux d’eau à la Villa d’Este (extraite des Années de pèlerinage).

Liszt Jeux d'eau à la Villa d'EsteCliquez sur les Jeux d’eau de Liszt

Ravel Jeux d'eauCliquez sur les Jeux d’eau de Ravel

Un autre apport majeur de Franz Liszt à l’histoire de la musique aura été son dévouement pour faire jouer les œuvres de ses contemporains. Il y a évidemment son amitié avec WAGNER (sa fille Cosima se mariera d’ailleurs avec ce dernier). Lohengrin sera créé en 1850 à Weimar sous sa direction.

Liszt Wagner Lohengrin marche nuptialeCliquez sur le pianiste

Mais il y a aussi BERLIOZ et Béatrice et Bénédict, créé en 1862 à Baden Baden grâce à l’ami Franz,

Berlioz Béatrice et Bénédict Nuit paisible et sereineCliquez sur l’image

SAINT-SAËNS et Samson et Dalila, créé à Weimar en 1877 grâce toujours à l’ami Franz,

Saint-Saëns Samson et Dalila BacchanaleCliquez sur l’image

SMETANA, MASSENET, et tant d’autres.

Enfin, je vais laisser la place à Richard Wagner pour souhaiter un bon anniversaire à son ami et beau-père, dans un télégramme envoyé le 22 octobre 1881 :

Tu lui as donné la vie; tu m’as rendu à la vie. Aussi longtemps que tu répandras autour de toi de la bonté et de la beauté – et tu ne saurais agir autrement – cette vie reste tienne, et nous te l’offrons avec reconnaissance. Salut à toi !

Et si vous voulez un petit supplément de musique, cliquez sur le bonus mystère.

point-dinterrogationCliquez sur le bonus mystère si vous voulez un petit supplément de musique

Retrouvez l’Agenda Ironique de novembre 2021 sur le thème Y a d’la joie par-dessus les toits.

26 réflexions au sujet de “22 OCTOBRE 1811 – NAISSANCE DE FRANZ LISZT”

  1. Et oui et oui, tout ça tout ça, et Franz Liszt le vaut bien. Pas beaucoup de temps ( j’ai lu en diagonale, j’avoue), donc pas vu tes Norgeries. ( j’adore ce poète et surtout certains de ses poèmes)… alors j’enregistre ton billet pour une relecture et surtout pour ecouter toutes les pieces musicales. Bonne journée Jean-Louis.
    SOlène

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  2. Sacré article ! Et que de belles musiques pour illustrer tes propos !
    En écoutant les jeux d’eaux, je me disais que Liszt s’inspirait plus des jeux d’eaux organisés par les humains que Ravel qui tentait de relater la nature.

    Bravo et belle journée Jean-Louis

    Aimé par 1 personne

    1. Hihihi, je les ai habilement dissimulés ! 😉
      La norgerie est ici : « Si vous n’êtes pas encore convaincus, attendez de savoir ce qu’il faut attendre de cet éclairage sur la vie de Liszt. »
      L’écrevisse est citée dans le saint du 22 octobre dans le calendrier austro-hongrois : la Sankt Ekrevitz ! (ce doit être le seul élément fantaisiste de ce billet.)
      Bonne journée, Bernadette. 🙂

      Aimé par 4 personnes

  3. Je connaissais Liszt surtout comme un compositeur ayant fait des musiques extrêmement brillantes, je ne connaissais pas son rôle d’innovateur, amis des arts et locomotive d’une période musicale que j’adore.
    Les illustrations musicales sont super, on peut en faire une playlist. Elles font la part belle aux pianistes, dont celle du bonus qui est divine.

    Aimé par 1 personne

  4. Bonjour Jean-Louis ! Je pensais connaître assez bien Liszt (j’adore ses « Jeux d’eau à la villa d’Este » et son influence sur Ravel) mais là je découvre la bagatelle sans tonalité et je suis conquise 🙂 C’est génial, quel précurseur…
    Pas encore écouté le bonus, j’y vais de ce pas !

    Aimé par 1 personne

  5. Bon jour Jean-Louis,
    Ce Liszt (qui vivait aussi d’amour et de dévotion) me fait penser directement à Sand qui est passé après Chopin… et dont George disait de Franz (qui mine de rien n’a pas dit que du bien de Sand) :  » … une âme comme la vôtre doit vivre en un jour ce que les autres ont vécu en vingt ans… » … »…je sens trop vivement votre musique, pour n’en avoir pas déjà entendu de pareille avec vous quelque que part, avant notre naissance…. » (Lettre du 21 avril 1835).
    Quoi qu’il en soit, j’ai écouté la virtuosité de Mme Yuja Wang… 🙂
    En tout cas un Agenda dont je n’ai pas pisté le Norge ni l’écrevisse si ce n’est dans une de tes réponses en commentaire 🙂
    Bonne soirée à toi 🙂
    Max-Louis

    Aimé par 1 personne

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