Suivant l’avis de Franz LISZT, on distingue trois époques dans les compositions de Ludwig van Beethoven : l’enfance (ou la jeunesse), l’homme (ou la maturité), le dieu (le génie).
On a vu dans la première partie de ces articles consacrés à BEETHOVEN les années de jeunesse et celles de la maturité. Alors que ses œuvres de jeunesse sonnent encore comme du MOZART (les deux premières symphonies ou les premières sonates pour piano) ou comme du HAYDN (les six premiers quatuors), Beethoven trouve assez vite sa propre voix en même temps que sa propre voie, avec les symphonies 3 à 8, les quatuors 7 à 11, et tout le corps des sonates avant les cinq dernières, et son opéra Fidelio.
Au début des années 1820, il commence ses ultimes œuvres, poussant la musique dans des contrées encore inexplorées, et ceci malgré sa surdité devenue totale : ce seront les dernières sonates pour piano, les derniers quatuors, et la neuvième Symphonie avec chœur. Pour moi, c’est le propre des génies que de créer les formes dont ils ont besoin quand les formes préexistantes ne leur suffisent plus.
Côté piano, il a épuisé la forme sonate héritée de Mozart et Haydn, et il attaque des œuvres comme la Hammerklavier (Clavier à marteaux) opus 106 (1819), vaste monument du piano, avant que de terminer par les opus 109, 110 et 111 (respectivement 30e, 31e et 32e sonates), laissant la 32e inachevée, le son s’éteignant après l’extraordinaire deuxième mouvement.
Dès lors, il faudra un Liszt pour oser reprendre cette forme après lui avec la Sonate en si bémol mineur. Bien heureusement, de nombreux compositeurs continueront ensuite à en composer, notamment SCHUMANN et BRAHMS. (Et je n’oublie pas qu’à cette même époque, SCHUBERT écrivait lui aussi des sonates qui restent des chefs-d’œuvre du genre.)
Côté quatuors à cordes, c’est en 1825 qu’il porte cette forme au-delà de tout ce qui avait été fait avant lui, avec le 12e, opus 127, les 13e, 14e et 15e, opus 130, 131 et 132 et le 16e opus 135, ouvrant ainsi la voie au XXe siècle, avec un siècle d’avance sur son temps. L’éditeur de Beethoven, effrayé par la hardiesse de la fugue de l’opus 130, lui demanda de la changer, ce que fit Beethoven, pour la remplacer par quelque chose de plus léger. Qu’importe, il la reprit sous le titre de Grande fugue, opus 133, publié juste après sa mort.
Pour ce qui est de la symphonie, il doit aussi inventer, dépasser le cadre rigide de la forme « symphonie », et il écrit sa neuvième symphonie en y introduisant des chœurs, sur l’Ode à la joie de SCHILLER. Il a pour cela repris une partie du matériau musical de sa Fantaisie chorale opus 80.
Il meurt à Vienne le 26 mars 1827, en laissant un catalogue impressionnant de 9 symphonies, 16 quatuors à cordes, 5 concertos pour piano et un pour violon, 32 sonates pour piano, des trios, des messes, des lieder, etc…
Cliquez sur l’ébauche de la 9e symphonie
Et je vous propose de terminer cette évocation par la dernière œuvre de Beethoven, le 16e quatuor opus 135, et son annotation métaphysique de Beethoven « Muss es sein? » (« Est-ce que cela doit être ? »)
Merci Jean-Louis pour cette deuxième partie tant attendue ( depuis août 2018, c’est bien ça ? ) 😉
Du beau monde par ici, en tout cas. Et j’ai hâte d’écouter tes sélections musicales. Je repasse plus tard. En attendant, bon appétit ( si ce n’est pas trop tard). Et bel après-midi. A toute ! ( terminé 1 et 2 finalement) 😊
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En fait, ce billet d’aujourd’hui n’est qu’une amplification du dernier paragraphe de mon billet de 2018. À l’époque, je faisais beaucoup plus court !
Cette dernière partie de l’œuvre de Beethoven étant une des plus fascinantes de l’histoire de la musique, je me suis récemment décidé à la développer dans un billet à part entière. J’envisage encore, un jour, d’éclater ce qui reste du billet initial en deux nouveaux billets, l’un consacré à la jeunesse, l’autre à la maturité de Beethoven. et même, pourquoi pas, à faire un billet rien que sur les symphonies de Beethoven. Bref, m’sieur Toutlop’ n’est pas encore au chômage.
Bon après-midi Anne O’Nyme et à plus tard.
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Oui, je vois ça 🎶🎵 De toute façon, tant que l’on fait les choses par passion, le feu ne s’éteint pas.
Et même s’il s’agit d’un ( vrai) travail, on n’a jamais l’impression de travailler. Faire ce que l’on aime, et être payé pour – que demander de plus ?
( Cela dit, en ce qui concerne le blog… bof. Je parle pour moi. )
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Bah, revoilà mon commentaire qui avait disparu; pour réapparaître anonymement ( involontaire de ma part)
Bon, ben… tu sauras: juste au dessus, c’est moi. 😆
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Hihi, j’avais deviné. En fait, ton commentaire n’avais pas « disparu », seulement WP ne t’ayant pas identifiée comme étant à l’orgine de ce message, me l’a présenté en « Anne O’nyme » et donc soumis à approbation de ma part !
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Avec WP, je ne m’étonne plus de rien. Merci d’avoir « approuvé » le commentaire. Cela dit, rien de « déplacé », pas de smileys qui feraient que… Non, c’est que du sérieux, et à propos. Ben vui, hein 😊
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Merci et bonne soirée 🌹💙🌹
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Il y a quelque temps je décrivais les malheurs du monde en pastichant Baudelaire. Mais que faire ?
Tu nous donnes la raison pour laquelle il ne faut pas désespérer : Beethoven.
J’adore la tête hallucinée de Bernstein dirigeant la 9e.
Tout à fait par hasard, je suis tombé il y a quelques jours sur ça :
Tu connaissais ?
.
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Je ne connaissais pas, mais c’est très bien ! Merci !
Bonne journée, John Duff.
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