Je vous parlais il n’y a guère des larmes à l’opéra et à la période baroque. Je me propose de prolonger ce sujet avec les larmes versées au XIXe siècle.
En 1807, à l’acte II de la Légende de Joseph en Égypte de MÉHUL, Jacob se réveille. Il a fait un rêve. Dans son rêve, il a vu son fils Joseph, disparu depuis longtemps et qu’il croyait mort. Il se rappelle alors son fils chéri. (Air : Ô, mon Joseph, cher enfant de mon cœur, le temps n’a pas séché mes larmes ».) Présents et tout aussi émus, ses fils Benjamin et Joseph (incognito) reprennent son très bel air dans ce bref duo.
Cliquez sur Joseph (incognito), Jacob et Benjamin
Vingt-cinq ans plus tard, en 1832, ce sont de tout autres larmes qui perlent aux yeux de la coquette Adina dans L’Élixir d’amour de DONIZETTI, qui s’imagine que Nemorino ne l’aime pas. Nemorino, amoureux éconduit d’Adina reprend espoir en voyant cette larme furtive.
En 1837, dans son très théâtral Requiem, BERLIOZ nous régale et épuise les chœurs avec ce « Lacrimosa ».
Poursuivons notre voyage dans le temps et arrêtons-nous en 1851, avec Rigoletto de VERDI. À l’acte II, quand il comprend que sa fille se fait courtiser par le duc, le héros Rigoletto tombe en pleurs et s’humilie devant les courtisans. (Air : « Cortigiani, vil razza danata ».)
Verdi encore, deux ans plus tard, avec La Traviata. À la fin de cet opéra, Violetta, dite la Traviata, relit une lettre de Germont, le père de son amant Alfredo. Elle lit cette lettre au moment de mourir et pleure sur le passé perdu. (Air : « Adio del passato ».)
Retour en France en 1886 avec Pauline VIARDOT qui met en musique la Chanson du pêcheur, de Théophile GAUTIER (une des six mélodies du cycle les nuits d’été de Berlioz.)
L’année suivante est celle de Werther de MASSENET. Liée par un serment fait à sa mère mourante, Charlotte ne peut répondre à l’amour que lui porte le jeune Werther. (Air: Va, laisse couler mes larmes ! »)
En 1892, dans Iolanta, l’héroïne de TCHAÏKOVSKI est aveugle et n’a jamais vu la lumière du jour ni la beauté des fleurs de son jardin. Quand un chevalier arrive chez elle et lui demande à quoi servent les yeux, elle ne peut que répondre : « à pleurer ».
Cliquez sur Iolanta et Godefroid
La même année, LEONCAVALLO mettait en scène les affres de la jalousie du clown Paillasse dans son opéra Pagliacci (Paillasse). À la fin du 1er acte, il sait que sa femme le trompe, mais il doit enfiler son costume de clown et faire semblant de rire, malgré ses pleurs rentrés (Air : Vesti la giubba »).
Cliquez sur le clown Paillasse
En 1900, dans Rusalka de DVORAK, l’ondin, le père de l’ondine Rusalka qui a accepté de perdre son statut d’ondine et sa voix par amour pour un humain, pleure sur le triste sort de sa fille (Air : « Cely svêt neda ti »).
Et pour entendre couler des larmes au XXe siècle, cliquez sur ce lien.
des larmes ? c’est ta façon de lutter contre le réchauffement climatique ? 🙂
il n’existe pas d’opéra présentant la vie quotidienne de héros paisibles ? parce que larme, amour contrarié, vengeance, haine…tout ce petit monde est très drama, comme ne disaient déjà plus les jeunes l’an dernier !
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Les peuples heureux n’ont pas d’histoire, et les gens heureux ne font pas d’histoire.
À ma connaissance, Alexandre le bienheureux na pas été adapté à l’opéra.
Même le Pays du sourire est finalement dramatique.
Mais promis, je ferai aussi un billet sur le rire et le sourire.
Bonne journée, Jérôme. 🙂
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pour le XXème on te fait confiance 😀 on ne voit pas trop ce qui pourrait tarir tes connaissances 😉
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Héhéhé, j’ai déjà quelques idées.
Bonne journée, Hélène.
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J’ai adoré ce billet, il rassemble pour moi certains des plus beaux airs de l’opéra.
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Oui, les larmes ont beaucoup inspirés les compositeurs.
Bonne journée, John Duff.
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Contente d’avoir découvert cette belle mélodie de Pauline Viardot.
La vidéo de Russalka est assez typique des années 60-70, certaines scènes font penser à Peau d’âne de Jacques Demy 🙂
Merci Jean-Louis, beau ouikènde !
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