Après les première , deuxième et troisième tranches du Bateau ivre d’Arthur (Arc-en-ciel) Rimbaud, voici la quatrième tranche, soit les quatrains 16 à 20. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport avec ces images.)
Aujourd’hui donc, la suite de ce morceau de bravoure. Ce poème étant assez vaste dans ses proportions (vingt-cinq quatrains, soit cent vers, ou encore 1200 pieds, et donc l’équivalent de 1,2 myriapode), je dois le découper en fines tranches pour le traiter entièrement, au fil des mois (Arthur, si tu me lis, pardonne-moi !)
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Citations musicales :
Martyr : Debussy, le Martyre de Saint-Sébastien.
Une femme à genoux : Poulenc, Stabat Mater. Cette femme à genoux pourrait être la Vierge Marie, pleurant au pied de la Croix.
Des noyés descendaient : Dans Jenufa, de Janacek, la marâtre de Jenufa profite de la maladie de celle-ci pour lui voler son bébé et aller le noyer dans les eaux de la rivière qui va bientôt geler.
La carcasse ivre d’eau : Dans Peter Grimes de Britten, le héros accusé par les villageois d’avoir tué ses mousses finit par prendre la mer avec son bateau et le fait couler au large.
Lunules électriques: Hersant, Les Éclairs. Dans cette adaptation à l’opéra du roman Des Éclairs de Jean Echenoz, le héros est l’inventeur Nikola Tesla, célèbre pour ses inventions dans le domaine de l’électricité.
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🩵⛵
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J’adore ce jeu et les liens que tisse ton inventivité.
Crois tu que l’inverse soit rentable ? Je veux dire partir d’une œuvre musicale et lui attacher les poèmes et romans qu’elle évoquerait. En fait, sûrement, avec une culture musicale et littéraire suffisante. Et ptet ben que tu as déjà essayé, faudrait que j’explore mieux ton blog 🦤🦤
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Hihi, moi aussi, j’adore ce jeu !
Bonne journée, jérôme !
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Toujours autant de recherche dans tes posts. Merci Jean-Louis
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Merci Hélène, il va m’en falloir, de la recherche, pour causer des cigales au campigne !
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non, juste te lâcher avec quelques souvenirs de vacances, à moins que tu ne nous puises qqch dans les opéras, mon petit doigt me dit qu’il y a matière 😀
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Ah oui, pendant un des concerts du festival de musique baroque de Monflanquin, il y avait les cigales qui stridulaient à qui mieux mieux, mais elles n’étaient pas du tout en mesure !
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Belle suitaison musicale de ce beau poème.
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Hihihi, merci John Duff.
La suite et la fin début septembre.
Bonne journée.
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