Après les Mamelles de Tirésias, ma participation à l’Agenda Ironique de mars 2021, voici « Cause toujours, tu m’intéresses », celle du mois d’avril.
Cause toujours, tu m’intéresses
Tout ce qui cause m’intéresse
Tout ce qui communique m’ennuie
Ce mois-ci, L’Agenda Ironique est proposé par Jean Pierre Lacombe du blog des Arts et Mots . Il nous propose trois tableaux évoquant une rencontre, des dialogues, du langage, de la parole…


Nous pouvons nous en inspirer (un seul ou les trois [je n’en ai retenu que deux]) pour imaginer un récit, des dialogues, un poème, un haiku etc…(l’agenda ironique semble laisser pas mal de latitude à l’inspiration) avec comme contraintes de placer la phrase « cause toujours, tu m’intéresses », et quelques jeux de mots:
Anagrammes, boutades, homophonies voire un marabout ou un trompe-oreilles.
Et puis, tiens, une citation de notre choix à mêler au texte.
Le tout avant le 30 avril, sans dépasser un rayon de 10 km autour de votre stylo, clavier, burin, pinceau, etc.
Cause toujours, tu m’intéresses, Jean-Pierre. Moi ce que je veux, c’est parler musique et littérature, pas peinture ! D’ailleurs, les seuls peintres que je connaisse à apparaître sur la scène de l’opéra, c’est Mario CAVARADOSSI, dans Tosca de PUCCINI, Marcello dans la Bohème du même Pucccini et le peintre qui fait le portrait de Lulu dans l’opéra de BERG.
Cliquez sur Cavaradossi, le peintre
Il y en a un autre, mais j’y reviendrai à la fin de ce billet.
Au début de l’opéra, le genre ne parlait que des héros ou des dieux de l’antiquité et, petit à petit, les sujets se sont rapprochés de la vraie vie des vrais gens.
Ainsi, dans Orphée et Euridyce (1762 – 1774) de GLUCK, Orphée est allé chercher son Eurydice aux enfers. Il aurait bien dû lui dire « Cause toujours tu m’intéresses » alors qu’elle s’étonnait de son silence. Au lieu de quoi, il s’est retourné et, l’ayant vu, l’a définitivement perdu, n’ayant plus que ses yeux pour pleurer et sa voix pour chanter.
À partir de la fin du XVIIIe siècle, avec l’adaptation des pièces de BEAUMARCHAIS (Les Noces de Figaro, le Mariage de Figaro) le vrai monde commence à s’inviter sur la scène de l’opéra.
Dans L’Élixir d’amour (1832) de DONIZETTI, le sergent Belcore cherche à séduire Adina, mais celle-ci n’en a cure et semble lui répondre « Cause toujours, tu m’intéresses ».
Au XIXe siècle, c’est l’aspiration à la liberté des peuples qui se dessine, avec l’éveil des écoles nationales.
Dans Rigoletto (1851) de VERDI, le héros est un bouffon difforme au service du duc de Mantoue. Les courtisans adoraient se moquer de lui quand il arrivait le matin et le saluait d’un « Bonjour, monsieur courbé » car ils aimaient bien rigoler tôt, les vils courtisans.
Dans Carmen (1875) de BIZET, tous les hommes voudraient se faire aimer de la belle cigarière (Carmen, sois gentille et au moins réponds-nous), mais Carmen leur répond « cause toujours, tu m’intéresses » (quand je vous aimerai, ma foi je n’en sais rien, peut-être demain, peut-être jamais, mais pas aujourd’hui, c’est certain.)
Plus tard, le XXe siècle est l’époque du vérisme en Italie, et des avancées de la psychologie dans les livrets, avec JANACEK ou BERG.
Je vous avais promis en début de billet d’un autre peintre, il s’agit de Mathis der Maler (Mathis le Peintre), un opéra d’HINDEMITH de 1935. Si dans une conversation sur Matisse, on vous parle de cet opéra, sachez que le Mathis en question est Matthias GRÜNEWALD, un peintre de la Renaissance contemporain de DÜRER.
Un peu plus tard dans le siècle, dans Tommy (1969), des WHO, le héros Tommy, suite à un choc psychologique subi dans sa jeunesse, est devenu sourd, aveugle et muet. Sa mère aimerait bien entrer en communication avec lui, mais il reste indifférent à ses appels.
Et pour ceux d’entre vous qui ont eu le courage d’arriver jusqu’ici, vous pouvez cliquer sur le cadeau bonus :
Le morceau de bravoure de Jonas Kaufmann !
Glück ! J’ai travaillé des parties de piano de ce monsieur lorsque j’étais jeune. Nathalie Stutzmann est subtile.
Adina a bien raison de ne pas tomber dans les filets grossiers de Belcore.
Dmitri Hvorostovsky s’essaye à imiter Johnny Halliday dans sa position sur scène.
Carmen m’a mis en joie. Le sous-titrage en batave confirme que cette langue est totalement impossible.
Hindemith est moderne. j’y entend des harmonies plus familières, presque jazz et une ambiance façon Grieg. Le tableau est terrible. Un peintre, ami de la famille, nous avait confié un grand tableau rempli de monstres pendant un séjour qu’il faisait ailleurs. Ma mère avait retourné le tableau qui lui faisait peur.
Tommy, j’en ai eu dans les veines. Merci de nous le rappeler.
Ton bonus est une merveille. Jaroussky et Glück c’est bô !
Comme toi, Jean-Louis, j’aime à rigoler tôt. Et cela ne m’empêche pas de te souhaiter une belle journée,
Régis
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J’adore la vidéo de Dima, qui correspond à une de ses toutes dernières apparitions sur scène, peu de temps avant sa mort. C’était une surprise lors d’un Gala au MET, et je pense qu’il a voulu faire plaisir une dernière fois à ses admirateurs, et se faire plaisir aussi, tant sa vie était sur scène, avec son public !
Et puis, j’ai trouvé intéressante l’idée de confronter le même air de Gluck chanté par une (vraie) contralto (sublime Nathalie Stutzmann) et un vrai contre-ténor (sublime Philippe Jaroussky).
Bonne journée, Régis.
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N’arrête pas de causer car ça m’intéresse beaucoup.
Rien à dire, si, Kaufmann, je ne connaissais pas cet enregistrement, il est extraordinaire.
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Oui, il est extraordinaire !
Quel dommage que, comme beaucoup de chanteurs, il ait un peu forcé sa voix pour répondre à tous ses engagements, du coup, (avant le confinement) il a dû décommander un certain nombre de ses prestations. Espérons que cette pause forcée lui permettra de retrouver tous ses moyens vocaux, qui sont immenses.
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Heureusement que je suis restée pour le cadeau final, une merveille !
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J’adore les deux versions, celle de la contralto, comme celle du contre-ténor.
Du coup, je pense faire (un jour) un billet comparant ces deux voix, la plus basse des voix de femmes et la plus haute des voix d’hommes.
Bonne journée, Joséphine.
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C’est un très beau sujet ! Je me demande si c’est transposable en littérature. Seulement par métaphore, j’imagine. Hâte de lire ton billet, une belle journée !
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Écoute moi ça :
Merveilleux duo où la voix d’homme se trouve nettement au-dessus de la voix de femme ! 🙂🌞
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Ils sont incroyables ! Et très émouvants. Merci !
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Merci pour le merveilleux cadeau, en cette matinée de dimanche, de cette voix si belle dans mes oreilles. il y a tant de pesanteur en ce moment et quelques moments de grâce. j’ai beaucoup aimé la façon dont vous avez adapté les consignes à l’univers de votre site. Belle journée.
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Merci Anna G.
Oui, j’adore cette version, mais j’adore aussi la version de Nathalie Stutzmann !
Bonne journée.
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De si beaux moments inspirés par la version agenda Ironique de Jean Pierre Lacombe;
Des Arts et des Mots. on y est.
Merci pour Philippe Jaroussky. Les autres aussi, bien sûr, mais avec une préférence éblouie de ce chanteur.
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Très chouette billet ! J’adore cet Orphée et Euridice chanté par Jaroussky, on ne s’en lasse pas ! Avec ce titre de billet, j’ai hésité à laisser un commentaire, de peur de ne pas t’intéresser, mais on verra bien 🙂
Sinon, j’ai bien aimé Rigoletto, il est assez imposant ! Belle voix de basse me semble-t-il (je ne suis pas sûre) ?
Bonne journée Jean-Louis !
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Oui, c’est une voix de baryton basse, un enregistrement que je trouve très émouvant parce qu’il s’agit d’une des dernières apparitions sur scène de Dima, alors que son cancer était déjà très avancé. C’est une surprise qu’il a fait au public lors d’un gala du MET.
Sinon, pour ton commentaire, n’hésite pas, ils sont toujours les bienvenus, même sur un billet qui s’appelle « Cause toujours tu m’intéresses ». 😉
Bonne soirée, Marie-Anne.
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Ah merci, c’est très gentil 🙂 Bonne soirée Jean-Louis 🙂
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A voté ! (en famille) 😉
Bon dimanche J-L
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En famille ???
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Oui, mais… bah, cherche pas ( je crois bien que le vote n’a pas été retenu. Il faut être connecté ?)
Enfin le mien, si.
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Oui, en plus le vote n’était pas simple, ce mois-ci.
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Tu as raison. Nouvel essai, visibilité sur les votes, mais ça reste à 3. Pas normal.
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Quelle belle lecture avec ses envolées théâtrales en ce dimanche (enfin) ensoleillé ! merci Jean-Louis
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Je t’en prie ! 🙂
Bonne journée, Hélène. 🌞
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J’ai lu jusqu’au cadeau bonus et ne l’ai certainement pas regretté. Quelle voix incroyable et quelle belle découverte!
M’en vais voter maintenant s’il est encore temps 🙂
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Je n’ai pas forcément compris le vote de ce mois ci, mais je crois qu’on peut le faire jusqu’au 3 mai.
Alors quel temps fait-il du côté de la cité ardente, Bernadette ? Il me tarde de pouvoir y retourner, tout simplement en touriste.
Bonne soirée. 🙂
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Il fait un peu froid pour la saison mais le c(h)oeur des Liégeois est toujours chaud donc ça compense 🙂
Moi je n’avais pas compris le vote la fois passée et j’ai eu le tort de le dire ce qui m’a amenée à arrêter l’aventure de l’agenda pour rester zen 😉
Bonne soirée
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Hihihi, je viens de retourner sur la page du vote, je confirme que je ne comprends rigoureusement rien à ce bazar !
Bah, on verra bien ce qui en sortira… (du moment que c’est John Duff qui gagne 😉)
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