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HISTOIRE DE L’OPÉRA DE PARIS (2 – DE LA RÉVOLUTION AU PALAIS GARNIER)

Nous avions laissé notre ami l’Opéra de Paris aux mains de Gluck, qui voulait réformer l’art de l’opéra, en resserrant les liens entre texte et musique, et en redonnant un rôle important aux chœurs, pour se rapprocher de la tragédie grecque. Pour autant, il a dû composer avec une tradition qui s’était instaurée au cours du XVIIIe siècle, à savoir la reprise des anciens succès, notamment de Lully. C’est ainsi qu’en 1777, il écrit un Armide sur le même livret que celui de Lully paru un siècle plus tôt.

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Mais bientôt, un vent de réformes va souffler sur la société française, et l’opéra va traiter de nouveaux sujets. Ainsi, en 1787, Beaumarchais écrit celui de Tarare, qui sera mis en musique par Salieri. Malgré le succès de Tarare, les finances de l’Académie sont toujours menacées, et Viotti produit un mémoire où il se demande s’il est raisonnable pour l’état d’entretenir un établissement qui produit ainsi les déficits. Il propose de racheter le privilège royal. En 1790, Louis XVI confie les destinées de l’Opéra à la ville de Paris.

Las, le 13 janvier 1791 est promulguée une loi sur la liberté des théâtres, mettant fin aux privilèges royaux, et permettant l’ouverture de nombreux établissements. L’Opéra est ouvert à la concurrence ! Le premier gouvernement révolutionnaire pensera qu’il faut sauver l’Opéra et faire perdurer cette institution. Pendant la Terreur, un décret de 1793 met en place un contrôle strict des pièces jouées, privilégiant les sujets « patriotiques », et les ballets disparaissent de la programmation.

En 1802, Napoléon Bonaparte met la main sur l’Opéra et son organisation. S’il supervise tout en personne, il attribue des moyens importants à l’institution, conscient qu’il est d’avoir un outil de propagande à sa disposition.

Après la chute de Napoléon 1er, la Restauration restaure le fonctionnement de l’Opéra tel qu’il existait en 1780.

Le 13 février 1820, le duc de Berry, le dernier descendant mâle de la dynastie des Bourbons, est assassiné à la sortie de l’Opéra, qui se trouvait à l’époque rue Richelieu. La salle de la rue Richelieu est alors définitivement fermée et Louis XVIII demande la construction d’une salle provisoire pour la remplacer. En attendant la construction de cette salle, les représentations auront lieu salle Favart, qui abritait le Théâtre-Italien. L’Académie royale de musique ne restera à Favart qu’un an, avant de s’installer (très provisoirement) salle Louvois. En juin 1821, les locaux de la rue le Peletier sont enfin prêts et l’Opéra s’y installe durablement.

À la fin des années 1820, le prestige de l’Opéra de Paris devient européen avec l’apparition du GOf (Grand Opéra à la française). Dès lors, et pour environ 40 ans, tout compositeur devra se faire jouer et reconnaître à Paris.

En effet, l’Opéra de Paris confie à Auber la composition d’un opéra en cinq actes. Ce sera La Muette de Portici (1828), qui sera un triomphe et fondera les bases d’un nouveau genre, le Grand Opéra à la française (le GOf).

amour sacré de la patrie
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La monarchie de Juillet (1830) confie la direction de l’Opéra à Veron, véritable entrepreneur qui, en échange d’une subvention, est responsable sur ses fonds propres de l’équilibre budgétaire de l’établissement. Véron fera de l’Opéra un lieu de prestige européen. Après Rossini, qui y créera en 1829 Guillaume Tell, Meyerbeer crée en 1831 Robert le Diable, sur un livret d’Eugène Scribe, le librettiste à la mode.

La collaboration de Scribe et Meyerbeer débute donc avec Robert le Diable, qui est un véritable triomphe. Cette œuvre est considérée, avec la Muette de Portici, comme à l’origine du Grand Opéra à la française (le GOf), un genre nouveau caractérisé par un drame bâti sur une trame historique, avec des décors grandioses et un ballet obligatoire.

Meyerbeer Robert le diable
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Cinq ans après Robert le Diable, ils produiront Les Huguenots (1836) qui sera un nouveau succès triomphal.

Meyerbeer les Huguenots
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Toujours en 1836, Louise Bertin compose pour l’Académie royale de musique son œuvre la plus marquante, la Esmeralda, d’après Notre-Dame de Paris, dont le livret est rédigé par Victor Hugo lui-même (c’est le seul livret d’opéra que composera VH le poète). Hélas, la situation et les querelles politiques font que cette œuvre tombe rapidement, non pas pour des raisons musicales, mais par hostilité envers Louis Bertin et les positions politiques conservatrices qu’il défendait dans son Journal des débats.

Bertin la Esmeralda
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En 1838, c’est Donizetti qui, las du manque de reconnaissance et de la censure qui sévissait en Italie, part s’installer à Paris, capitale européenne de l’art lyrique.

Il commence une collaboration avec l’incontournable Scribe, d’où proviennent : La Fille du régiment et La Favorite (1840), ainsi que Don Pasquale (1843).

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Malheureusement, les successeurs de Veron sont moins habiles pour gérer l’Opéra, qui est à nouveau acculé à la faillite. Devant cette nouvelle ère de déficit, l’empereur Napoléon III décide de revenir à une organisation administrative voisine de celle choisie par son grand-père Napoléon Ier.

Il fait monter à Paris Tannhaüser de Wagner en 1861. Pour répondre au cahier des charges du GOf, Wagner devait introduire une scène de ballet. Wagner place cette scène entre l’ouverture et le premier acte, scène représentant une bacchanale chez Vénus. Mais les membres du Jockey Club qui avaient l’habitude d’arriver au deuxième acte, après avoir soupé, sont furieux de ne pas voir leurs petites amies du ballet danser, et montent une cabale contre lui, et font chuter l’œuvre.

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Verdi, lui, écrit pour l’Opéra de Paris les Vêpres siciliennes en 1855, sur un livret de Scribe, et Don Carlos en 1867. Le demi-échec de Don Carlos marquera la fin de la période glorieuse du GOf, d’autant que la défaite de 1870 ne fera rien pour redorer le blason français.

En 1860, Napoléon III décide la construction d’un nouvel opéra et lance le concours du « Nouvel Opéra », qui sera remporté par Charles Garnier, qui proposera un écrin pour les fastes de l’empire.

La palais Garnier sera inauguré le 5 janvier 1875, et vous pouvez le visiter virtuellement en cliquant sur le lien suivant (c’est magnifique !).

Visite virtuelle en 3 D du palais Garnier.

Retrouvez la suite des aventures de l’Opéra de Paris, pour la période allant de 1875 à 1939.

3 réflexions au sujet de “HISTOIRE DE L’OPÉRA DE PARIS (2 – DE LA RÉVOLUTION AU PALAIS GARNIER)”

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