Compositeurs

Pierre BOULEZ (1925-2016)

S’il n’a pas écrit lui-même d’opéra, le compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez, qui a pourtant déclaré « il faut dynamiter les opéras », a joué un rôle très important pour l’évolution de cet art dans la deuxième moitié du XXe siècle.

Pierre Boulez est né le 26 mars 1925 à Montbrison, dans la Loire. Il apprend le piano à l’âge de 7 ans. À l’âge de 16 ans, il entre en math sup à Lyon, mais arrête vite ses études scientifiques pour préparer le concours d’entrée au Conservatoire national de musique de Paris, où il est admis en 1943. En 1944, il entre dans la classe d’harmonie d’Olivier Messiaen.

Ses premières œuvres à être jouées en public sont les Douze notations et les Trois psalmodies, en 1946. Le jeune Boulez a alors 25 ans.

Cette même année 1946, il travaille avec Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, et devient vite le directeur de la musique de scène de cette prestigieuse compagnie. Dans ces années 47-48, il compose deux cantates sur des poèmes de René Char, le Visage nuptial et le Soleil des eaux, ainsi que sa deuxième sonate pour piano, une des œuvres marquantes du piano du XXe siècle.

En 1947 encore, il découvre l’œuvre du peintre Paul Klee, ce qui alimentera sa réflexion sur la modernité en art, en dressant un parallèle peinture/musique.

En 1953, pour faire entendre la musique contemporaine dans de bonnes conditions, Boulez fonde les concerts du Petit Marigny et, faute de trouver des chefs d’orchestre capables de défendre cette musique, prend lui-même la baguette. En 1954, il exécute la création de Déserts d’Edgar Varèse au Théâtre des Champs-Élysées. Entre 1953 et 1957, il compose le Marteau sans Maître, toujours sur des poèmes de René Char.

Toujours influencé par les poètes, il compose entre 1957 et 1960 Pli selon pli, sur 3 poèmes de Mallarmé.

En 1957, il écrit la musique de L’Impromptu chez la duchesse de Windsor, de Ionesco.

En 1958, Boulez quitte la France pour l’Allemagne où il devient l’assistant de Hans Rosbaud à Baden-Baden. En 1959, il remplace ce chef au pied levé pour une série de concerts à Donaueschingen. C’est le début d’une carrière internationale et Boulez dirige le prestigieux Concertgebouw d’Amsterdam.

En 1963, il enregistre pour le cinquantième anniversaire de sa création le Sacre du Printemps de Stravinsky, signant là une version de référence. Il dirige également Wozzeck de Berg, et est invité en 1966 à Bayreuth pour y diriger Parsifal de Wagner.

Boulez traverse l’Atlantique et prend les rênes de l’orchestre de Cleveland, puis celles de l’orchestre philharmonique de New York, où il succède à Léonard Bernstein.

Pour le centenaire du Festival de Bayreuth en 1976, il est invité à diriger la Tétralogie. Il fait équipe avec le metteur en scène Patrice Chéreau. Leur production provoque un énorme scandale, mais pour la dernière année de cette production, en 1980, l’enthousiasme est tel qu’ils ont droit à 85 minutes d’applaudissement et 101 levers de rideau !

À la demande du président Georges Pompidou, Boulez crée l’équivalent musical du Centre Pompidou Beaubourg avec la fondation de l’IRCAM (Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique), ainsi que de l’ensemble Intercontemporain, qui a vocation à exécuter la musique contemporaine. C’est à l’Ircam qu’il compose Répons, une œuvre spatialisée informatiquement, c’est-à-dire dont le son est réparti dans la salle au moyen de hauts parleurs.

En 1975, Boulez dirige Moïse et Aaron de Schönberg et en 1979, il dirige la version complétée de Lulu de Berg à l’Opéra de Paris, avec son complice Chéreau à la mise en scène. En 1992, il dirige Pelléas et Mélisande de Debussy.

En 2007, il dirige De la Maison des morts de Janacek, là encore avec Chéreau comme metteur en scène.

Boulez meurt le 5 janvier 2016 à Baden-Baden, à l’âge de 90 ans.

Dans son abondante discographie, on trouve essentiellement des œuvres du XXe siècle, dont celles de la seconde école de Vienne (Schönberg, Berg, Webern), mais aussi, outre les compositeurs déjà cités dans ce billet, Ravel ou Bartok.

À titre personnel, je garde de très bons souvenirs des concerts où j’ai pu entendre Boulez diriger, notamment le Et Expecto resurectionem mortuorum de Messiaen, ou les concertos pour piano de Bartok.

6 réflexions au sujet de “Pierre BOULEZ (1925-2016)”

    1. Ici comme ailleurs, il en faut pour tous les goûts, Christine.
      Si le côté cérébral de la musique de Boulez peut en empêcher la perception (sa musique parle au cerveau plus qu’au cœur), j’ai quand même quelques bons souvenirs de concerts où elle était programmée, notamment sa 2e sonate pour piano intérepétée par Maurizio Pollini.
      Le but initial de mon billet était surtout de parler de Boulez dirigeant des opéras, entre sa tétralogie légendaire à Bayreuth, sa création de Lulu ou des choses moins connues comme De la Maison des morts de Janacek.
      Bonne journée.

      Aimé par 1 personne

  1. Bonjour Jean-Louis, J’avais assisté au « Sacre du printemps » dirigé par Boulez et ça avait été un magnifique moment. J’ai aussi chez moi le CD du « Marteau sans maître » et on l’écoute assez souvent, ça nous change les idées… tellement différent de ce qu’on écoute d’habitude ! Je vois ça comme des paysages sonores nouveaux.
    Merci, bonne fin de journée !

    Aimé par 1 personne

  2. J’ai écouté avec assiduité ce billet. J’adore Boulez chef d’orchestre mais j’ai toujours du mal avec le compositeur.
    Si j’analyse mon incompréhension. je pense que le problème est que, comme je ne comprend pas cette musique, elle ne provoque pas d’émotion en moi.

    Aimé par 1 personne

Répondre à toutloperaoupresque655890715 Annuler la réponse.