Alors que le film Les Amandiers de Valeria BRUNI-TEDESCHI vient d’être présenté à Cannes, film où il est question de la promotion d’acteurs sous la direction de Patrice CHÉREAU, il m’a semblé intéressant de raconter quel grand metteur en scène d’opéras Chéreau a été.
Patrice CHÉREAU (1944 – 2013) était un homme de scène complet. Acteur, metteur en scène de théâtre et d’opéra, scénariste et réalisateur de films.
Son goût pour le théâtre s’est manifesté très tôt puisqu’il date de ses années de lycéens où, jouant dans la troupe du lycée, il se met très vite à la mise en scène et à la direction d’acteurs.
Il prend la direction du théâtre de Sartrouville en 1996, à seulement 22 ans. C’est à Sartrouville qu’il rencontrera le décorateur Richard PEDUZZI, avec qui il signera quelques-uns de ses plus beaux spectacles.
En 1969, il part au piccolo théâtre de Mila, où il a l’occasion de travailler avec Giorgio STRELER, en qui il reconnaîtra un maître.
De 1971 à 1977, il dirige le TNP de Villeurbanne avec Roger PLANCHON.
De 1982 à 1990, il dirige le théâtre des Amandiers à Nanterre.
Il réalise son premier film, la Chair de l’orchidée d’après J.H.CHASE, en 1974. Suivront d’autres films comme la Reine Margot (1994) ou Ceux qui m’aiment prendront le train (1998).
Son travail de metteur en scène d’opéra commence dès 1969 avec l’Italienne à Alger de ROSSINI, suivi quelques années plus tard par les Contes d’Hoffmann. Mais son grand « truc », celui qui le fera connaître dans le monde entier, c’est le Ring de WAGNER, monté à Bayreuth en 1976, pour le centième anniversaire du festival voulu par Wagner pour la représentation de ses œuvres. C’est Pierre BOULEZ qui l’a appelé pour cette production, où Chéreau transpose l’action dans l’Allemagne industrielle du début du XIXe siècle. Cette production a causé un immense scandale dans le milieu plutôt conservateur qui fréquentait le festival. Au lever de rideau du dernier acte du Crépuscule des dieux, le public s’est mis à siffler et à hurler, couvrant complètement l’orchestre ! Boulez ne s’est pas démonté, et a continué à diriger, et au bout de quelques minutes, on a pu entendre la musique qui s’élevait de la fosse d’orchestre. (Il m’en souvient parfaitement, j’assistais en direct à ce brouhaha qui était retransmis dans le monde entier, et sur France Musique pour la France.) En raison des coûts importants, les productions sont souvent jouées plusieurs années de suite. C’était le cas pour le Ring, qui a été monté de 1976 à 1980. Cinq ans plus tard, le public s’était habitué à cette mise en scène, certes non conventionnelle, mais très respectueuse du texte, et en 1980, pour la dernière représentation, l’équipe artistique a eu droit à 101 levers de rideau et 85 minutes de rappel !
Cliquez sur Chéreau racontant son expérience à Bayreuth
Cliquez sur le prélude de l’Or du Rhin
En 1979, l’Opéra de Paris confie à Boulez la direction de la version intégrale de Lulu de BERG. (Lulu est une œuvre laissée inachevée à sa mort par son auteur, et c’est un autre compositeur, Friedrich SERRA, qui a terminé le 3e acte.) Tout naturellement, c’est à Chéreau que Boulez pense pour cet événement.
Cliquez sur le prologue de Lulu
En 1992, il monte Wozzeck de Berg sous la direction de BARENBOÏM pour le théâtre du Châtelet à Paris, production qui sera reprise à Berlin et à Tokyo.
Cliquez sur Wozzeck et le capitaine
De MOZART, il monte Don Giovanni, toujours avec Barenboïm et un Cosi fan Tutte extraordinaire d’intelligence avec Daniel Harding à la direction pour le festival d’Aix-en-Provence.
En 2007, il travaille de nouveau avec Boulez pour de la Maison des morts de JANACEK à Vienne et Aix, et avec Barenboïm pour Tristan und Isolde de Wagner à la Scala de Milan.
Sa dernière mise en scène (last but not Liszt comme disent les musiciens) est celle d’Elektra de STRAUSS à Aix-en-Provence.
Pour être un peu plus complet, Chéreau a également mis en scène l’opéra de jeunesse Lucio Silla, de Mozart, mais je n’en ai pas trouvé trace sur le net.
Une boulimie d’opéra, peut-on dire ça ? merci Jean-Louis
J’aimeAimé par 1 personne
On doit pouvoir dire ça !
Bon début de ouikènde, Hélène.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Jean-Louis, avec 30° à 18h dans la maison ça rame un peu dans le Sud 😦 bon ouiquende à toi aussi
J’aimeAimé par 1 personne
Ah oui, 30°, c’est beaucoup !
J’aimeAimé par 1 personne
à 18h (bien évidemment)
J’aimeAimé par 1 personne
Les amandiers, sans doute un très bon film, mais je crois que je me sens plus attiré par Triangle of sadness.
J’aimeAimé par 1 personne
C’est quoi « Triangle of Sadness » ?
Bonne journée, John Duff.
J’aimeJ’aime
Palme d’or du festival de Cannes 2022.
J’aimeAimé par 1 personne
Ah bah si ils donnent la palme d’or avant que le festival ne commence, maintenant !
(ou peut-être est-ce que je ne vois pas le temps passer.)
J’aimeAimé par 1 personne
J’aimais beaucoup Patrice Chéreau comme cinéaste depuis « L’homme blessé ». Je l’avais vu aussi dans la pièce « la solitude des champs de coton » de Bernard-Marie Koltès (à la télévision), c’était génial. Ca fait bizarre de le voir à côté de Boulez dans cette interview… un beau moment. Merci Jean-Louis bonne soirée 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Chéreau, je l’ai découvert à la radio, en 1976, pour le Ring du centenaire qui était retransmis en direct sur France Musique.
En 1979, la création de la version complète de Lulu à l’Opéra de Paris avait été retransmise à la télévision. À cette occasion, j »étais allé chez ma sœur pour la voir. Et je me souviens, pour le cinéma, de « La Lune dans le caniveau » en 1983.
Bonne journée, Marie-Anne.
J’aimeAimé par 1 personne
Pas vu « la lune dans le caniveau » par contre. Il me semble que ça avait fait scandale à la cérémonie des césars. Mais j’ai vu « la reine Margot » et « ceux qui m’aiment prendront le train »… les deux, très bien.
Bonne soirée Jean-Louis 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
La reine Margot, avec Adjani ! Sanglant !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, pour les scènes de la Saint-Barthélémy j’ai fermé les yeux… mais tout le film n’est pas aussi sanglant que cette séquence…
J’aimeAimé par 1 personne
(C’est bien à cette scène que je pensais).
J’aimeAimé par 1 personne