Agenda Ironique, littérature, Maria Callas

LA PASSE-MIROIR, de Christelle DABOS

Ce mois-ci, c’est chez moi que se tient l’Agenda Ironique. Les consignes sont les suivantes:

Le thème principal sera « ce qui se passe de l’autre côté du miroir ».

Comme contraintes supplémentaires, histoire de mettre un peu de sel dans votre récit, je vous demande de le saupoudrer d’un peu de coriandre et d’une pincée de poudre de perlimpinpin. Et puis, si vous pouviez placer un petit oxymore, ça me ferait plaisir tant j’adore cette figure de style.

Il n’y a pas d’autre contrainte, sinon celle de nous surprendre et de nous faire sourire. Votre texte pourra être un poème, une nouvelle, une recette de cuisine, une uchronie steam-punk… Ce que vous aurez envie d’écrire, en bref.

Je ne sais pas comment je fais, mais tout me ramène toujours à l’opéra. Alors que j’ai enfin commencé la série de la Passe-miroir, de Christelle DABOS, une passionnante uchronie steam-punk, et histoire de me purger un peu le cerveau de tous ces opéras, je tombe dès le premier chapitre sur un vieux gramophone où un disque rayé bégaye : « Si je… Si je… Si je… » avant que la soprano du disque ne proclame triomphalement « Si je t’aime, prends garde à toi ». Ça commence bien, m’exclamé-je alors en mon for intérieur !

Bizet Carmen habaneraCliquez sur l’image

L’héroïne de ce roman s’appelle Ophélie, comme l’Ophélie d’Hamlet (et de l’opéra d’Ambroise THOMAS) et entre au service d’une noble d’une autre famille, Dame Berenilde (dont le nom « sonne » comme Brünnehilde.)

Thomas Hamlet Des larmes de la nuitCliquez sur Ophélie

Un accord entre les deux familles veut qu’elle devienne l’épouse de Thorn, le neveu de Berenilde. Thorn a une demi-sœur, Freyja, qui devient vite l’ennemie d’Ophélie. Freia est un des personnages de l’Or du Rhin, c’est la déesse de la jeunesse qui assure l’immortalité aux dieux en leur faisant manger de la compote de pommes assaisonnée d’un zeste de coriandre et d’une pincée de poudre de perlimpinpin.

Une des scènes les plus importantes du tome I est le chapitre intitulé « l’Opéra », où Berenilde doit interpréter le rôle d’Isolde devant le chef tout puissant de ce monde.

Wagner Tristan und Isolde mort d'Isolde (Norman)Cliquez sur Brünnehilde chantant la mort d’Isolde

Tome II : Le journal de la cour s’appelle Le Nibelungen (et le directeur de ce journal s’appelle Tolstoï). Ophélie est mise sous la protection de personnages appelées Valkyries.

Wagner Die Walküre la chevauchée (MET 2019)Cliquez sur l’image

Un peu plus tard, il y a un conteur qui raconte l’histoire d’un nain qui forge une épée dans sa caverne, puis l’histoire du voyageur borgne qui modifie le destin de personnages. On se croirait dans du Wagner !

wagner walkyrie Leb wohlCliquez sur le voyageur borgne qui modifie le destin des personnages

Un peu plus tard encore, Berenilde chante dans son bain le dernier air d’opéra à la mode. Christelle Dabos ne nous précise toutefois pas s’il s’agit d’un air de l’occis Maure, Otello.

otello ave mariaCliquez sur Desdémone

Un lieu s’appelle le Clairdelune, comme la sonate de Beethoven du même nom.

Beethoven Sonate 14 Clair de lune Adagio sostenutoCliquez sur la sonate de Beethoven qui porte le même nom

Il y a un comte Harold, comme l’œuvre de Berlioz Harold en Italie inspirée par l’œuvre de Lord Byron.

Berlioz HArold en Italie marche des pélerinsCliquez sur Harold (en Italie)

Et à la toute fin du tome IV, on retrouve Bizet et sa Carmen, puisqu’on peut entendre :

L’oiseau que tu croyais surprendre

Battit de l’aile et s’envola

L’amour est loin, tu peux l’attendre

Tu ne l’attends plus, il est là.

Bizet Carmen Habanera (Callas)Cliquez sur Carmen Callas

(sources principales : les quatre volumes de la Passe miroir, de Christelle Dabos, éditions Gallimard, se trouvent chez Gallimard Jeunesse et en Folio).

27 réflexions au sujet de “LA PASSE-MIROIR, de Christelle DABOS”

  1. Comme c’est astucieux ! Voici une bien jolie façon de traiter le sujet de juin. Et le coup de la compote coriandée pour vieillir sans pépins, très rigolo ! Pas très douée, j’ai pas -encore- lu l’oxymore mais je retente ce soir, après le boulot.
    🙂

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  2. Quand j’ai lu toute cette série romanesque, dès sa sortie en librairie, je n’ai pas été sensible à cet aspect mais comme j’avais dévoré la série, que je la conserve quelque part et que ton article me la rappelle… Je vais peut-être bien la relire. Merci!

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  3. Je viens de prendre le temps de lire et écouter ton billet JL: c’est un véritable feu d’artifice que tu nous offres là!
    J’ai vu que toi aussi tu t’inspires d’Eric 😉Chhhuutt!
    Un bon moment gràce à de grands airs (j’adore Wagner et je trouve la mise en scène de la chevauchée très originale 👍).

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      1. oups, confus je suis ! je ne suggérai pas que tu avais manqué la référence dans la Passe-Miroir, mais que tu avais évité le sujet « évident » de l’air des bijoux dans Tintin et le Sceptre d’Ottokar.
        (mais tu as évidemment déjà fait un billet là dessus il y a presque pile cinq ans (un lustre !)

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  4. Bon jour Jean-Louis,
    J’allais écrire : inoxydable dans la narration à chaque billet mais celui-ci est particulièrement efficace car transposer un livre en opéra c’est un bel hommage mais aussi une qualité rare. Bravo !
    Belle journée soleil à toi 🙂
    Max-Louis

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