On le sait, le philosophe Wladimir JANKÉLÉVITCH était également musicologue (et pianiste averti). Aussi n’hésite-t-il pas à convoquer ses compositeurs préférés quand il s’agit de donner des exemples sur, par exemple, la notion d’ineffabilité. Un de ses auteurs de prédilection était Gabriel FAURÉ, et on peut relever, au fil de la lecture de la trilogie Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien les citations suivantes :
Lu dans Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien :
« Cette divine éternité d’un quart d’heure » qui s’appelle Ballade en fa dièse de Gabriel Fauré.
« Ce désir de choses inexistantes » par lequel Gabriel Fauré caractérise la divine phrase de l’adagio de son 2e quatuor.
« Le « message » que le Sanctus du Requiem nous transmet, Fauré ne le formule ni ne l’exprime, mais il le dit en arpèges. » (Ailleurs, il écrit : « celui qui n’a pas entendu à l’orchestre ses pianissimos surnaturels, le murmure de ses harpes, la sereine et stellaire effusion de ses chœurs et l’apaisante cantilène de ses archets, et ses feintes modulations, et tout ce je-ne-sais-quoi qui est en sourdine… celui-là ne sait même pas le commencement du premier mot d’un charme que seuls les butors peuvent écrire à l’avance. »)
« L’essence est capable de se faire invisible… comme la très secrète splendeur de la musique de Fauré parmi les roucoulements des cantatrices » (à propos de son opéra Pénélope).
« La musique de Fauré représente à la fois le verbe immédiat et le chiffre complexe, et toute interprétation est méprise qui lui fait exprimer ceci ou cela; car elle suggère un état d’âme en général sans rien exprimer en particulier. Et de là que tous les commentaires imagés qu’on donne d’un Nocturne sont vrais ensemble ou faux ensemble. »
La Musique est l’Ineffable s’ouvre sur la question suivante: « Qu’est-ce que la musique? se demande Gabriel Fauré à la recherche du « point intraduisible », de la très réelle chimère qui nous élève « au-dessus de ce qui est ». »
Et plus loin, il nous parle du mystère de la mélodie fauréenne.
« Dans la pièce appelée Tendresse, les deux pianistes de Dolly dialoguent canoniquement sans échanger des idées précises, on dirait une âme silencieuse qui monologue avec elle-même. »
Sources : Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien tome I La manière et l’occasion, éditions du seuil, 1980
Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien tome 2 La méconnaissance, le malentendu, éditions du seuil, 1980
La Musique et l’Ineffable, éditions du Seuil, 1983.
Merveilleuses musiques. Ce Nocturne est l’un des morceaux de Fauré que je préfère, et cette version de Michel Dalberto est particulièrement belle. C’est vrai que la musique est ineffable, inexprimable avec des mots, mais celle de Fauré s’harmonise bien avec les tableaux choisis comme illustration (Vallotton et Maurice Denis, si je ne m’abuse). Bonne journée Jean-Louis 🙂
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Merci Marie-Anne.
Il est vrai que de toutes les musiques, celle de Fauré est une des plus délicates, tellement elle semble venir d’un ailleurs lointain !
Des morceaux que j’ai choisis, j’ai personnellement un gros faible pour l’adagio du deuxième quatuor avec piano, que je pourrais écouter en boucle…
Très belle journée à toi.
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J’aime aussi beaucoup cet adagio ! J’ai un coffret de la musique de chambre complète de Fauré et ses quatuors sont parmi mes oeuvres préférées.
Belle journée Jean-Louis 🙂
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Belle journée à toi aussi.
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Belle journée Jean-Louis
Une de plus. Quand la philo rencontre la musique : c’est tout simplement la vie.
Merci Jean-Louis
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Belle journée à toi aussi, John. 🌞🎼📚
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