Ali est un opéra en quatre actes créé au Théâtre royal de la Monnaie (de Munt) de Bruxelles le 21 avril 2024. L’histoire est celle d’Ali Abdi Omar, un Somalien qui a dû fuir son village en 2016 pour fuir les milices armées qui l’avaient envahi, et a suivi un périple de deux ans, en passant par l’enfer libyen et en traversant la Méditerranée sur des embarcations de fortune, avant d’arriver à Bruxelles. Ali a eu l’occasion de raconter son histoire au librettiste Ricard Soler Mallol, qui a décidé d’en faire un opéra. Ali a tout de suite accepté, souhaitant que son histoire soit connue du plus grand nombre.
L’opéra a bénéficié d’un appel à projets de l’ENOA (European Netwwork of Opera Academies).
La musique a été composée par l’Américain Grey Filastine, familier des musiques du monde, épaulé par l’Anglais Brent Arnold, de formation plus classique et qui a traduit les idées de Filastine en orchestration plus « classique ». Le duo a été rejoint par le Marocain Walid Ben Selim pour l’écriture vocale et pour les parties chantées en arabe. En effet, une des particularités du livret est qu’il est écrit en trois langues : le somali pour les scènes qui se passent en Somalie et celles où Ali parle avec sa mère au téléphone, en arabe pour l’acte II qui se passe en Libye, et en français.
Le rôle-titre est écrit pour une voix de contre-ténor.
Prologue : Qui est Ali ? Ali Abdi Omar, du clan Shekhal, est né en Somalie, dans la ville de Qoryooley. À douze ans, il doit fuir son village pour échapper au groupe islamiste Al-Shabaab.
Acte I – le départ. La mère d’Ali lui apprend que des membres d’al-Shabaab veulent l’enrôler, mais Ali refuse, car les islamistes ont tué son père. Il n’a pas d’autre choix que de fuir sa famille et son village.
Ali part sans rien emporter d’autre que les vêtements qu’il a sur lui. Il ne sait pas ce qui l’attend, mais il repense au conseil de son père : « Il faut accepter les choses qui arrivent ».
Arrivé à Mogadiscio, Ali est pris en charge par un trafiquant qui lui fait passer une première frontière. À Nairobi, il retrouve quatre amis de son village, Amina, Ashim, Khadra et Mohammed, en fuite comme lui. Ils s’entassent dans la voiture d’un autre trafiquant.
Ils marchent durant trois nuits pour passer la frontière du Soudan. Ils dorment le jour et marchent la nuit mais Ali, à qui un trafiquant a donné du khat, n’arrive pas à trouver le sommeil malgré sa fatigue.
Acte II – Koufrah. Les cinq amis sont retenus prisonniers à Koufrah, en Libye, dans un bâtiment qui évoque une porcherie. Walid, le trafiquant qui règne sur ce lieu, fait régner la terreur. Trois fois par jour, les prisonniers doivent appeler leurs familles pour obtenir l’argent de la rançon exigée par Walid. Ils sont régulièrement frappés par Walid et ses sbires. Ali rencontre Leïla, une amie de son village avec qui Ali jouait quand ils étaient enfants. Ali découvre le sentiment amoureux. Les amis d’Ali arrivent à quitter Kouffrah, laissant Ali derrière eux.
Après un an passé à Koufrah par Ali, sa mère a réussi à trouver l’argent de la rançon, en vendant ses terres. Ali peut poursuivre sa route, laissant derrière lui Leïla.
Acte III – vers la mer. Ali traverse le désert avec d’autres migrants, entassés dans un pick-up, avec la peur d’être repérés par la police libyenne qui les renverrait à la frontière. Ali retrouve ses amis à une halte dans une oasis. Khadra s’enfuit et part seule dans le désert pour éviter le sort que les trafiquants réservent aux femmes.
Le groupe a été repéré par des Libyens et doit s’enfuir. Un pick-up emporte les femmes et un gardien, à cause de l’aspect juvénile d’Ali, lui dit de partir avec elles. C’est la dernière fois qu’Ali voit ses amis Ashim et Mohammed.
Les fugitifs arrivent au bord de la mer. Ali a peur, il ne sait pas nager, mais il embarque avec les autres. Ils sont entassés à cent quinze sur une petite embarcation. La nuit, personne n’ose dormir par crainte de tomber à l’eau. Heureusement, la barque est repérée par un bateau d’une ONG « SOS Méditerranée » qui secourt les réfugiés.
Acte IV – Welcome to Europa. L’Europe rêvée est représentée au travers d’une scène de cabaret surréaliste, avec paillettes et frous-frous. Aucun des pays sollicités, l’Italie, l’Espagne, la France, n’accorde l’autorisation d’accoster. Seule Malte le permet et les passagers débarquent. On répartit les réfugiés dans différents pays européens, mais Ali reste. Personne ne veut d’un mineur, parce que « c’est plus difficilement expulsable ».
Ali rencontre un compatriote dans un restaurant. Celui-ci lui fournit un passeport et un billet d’avion. Ali arrive à Bruxelles.
Épilogue – l’entretien pour le droit d’asile. Qui est Ali ? « Je m’appelle Ali Abdi Omar, je suis né à Qoryooley. J’ai dix-huit ans. Je suis étudiant en services sociaux. J’habite à Schaerbeek ».
(Source principale : les représentations de 2025 à la Monnaie / de Munt et le programme associé.)








































