Cent mille milliards de poèmes (1961) est le titre d’un des recueils de poèmes les plus connus de Raymond QUENEAU, un des fondateurs de l’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle).
Il est basé sur l’écriture de 10 sonnets dont tous les premiers vers ont la même rime, tous les seconds vers ont la même rime, …, tous les quatorzièmes vers ont la même rime.
Ainsi, en faisant un tirage aléatoire du premier vers, puis du second, …, puis du quatorzième, on obtient la constitution de 10 puissance 14 poèmes différents, soit Cent mille milliards de poèmes.
Je vous ai donc concocté à partir du matériau poétique laissé par Queneau un des cent mille milliards de poèmes possibles, en cherchant dans chaque vers un rapport, parfois éloigné, avec l’univers de l’opéra.
Lorsqu’un jour exalté l’aède prosaïse
Pour consommer un thé puis des petits gâteaux
La critique lucide aperçoit ce qu’il vise
Il chantait tout de même oui mais il chantait faux
Quand on prend des photos de cette tour De Pise
Le vulgaire s’entête à vouloir des vers beaux
Aller à la grande ville est bien une entreprise
Les Grecs et les Romains en vain cherchent leurs mots
L’esprit souffle et resouffle au-dessus de la botte
Le touriste à Florence ignoble charibotte
Lorsque Socrate mort passait pour un lutin
Les rapports transalpins sont-ils biunivoques?
Exaltent l’espagnol les oreilles baroques
Si la cloche se tait et son terlintintin.
L’aède en question pourrait être HOMERE dont les chants ont inspirés bien des opéras, en commençant par Le retour d’Ulysse dans sa patrie, de MONTEVERDI.
Par les petits gâteaux, je pense évidemment à l’opéra, une de mes pâtisseries préférées.
Pour la critique, je ne détaille pas, mais avec le vers suivant, on peut penser à Cantatrix Sopranica L. de Georges PEREC, ce grand ami de Queneau. Cantatrix Sopranica L. est une étude scientifique de l’influence du lancer de tomate sur les sopranos.
Le quatrain suivant et le début du premier tercet sont centrés sur l’Italie, patrie de l’opéra.
La Mort de Socrate est le titre d’une œuvre de SATIE d’après PLATON.
Ah ! Ces rapports transalpins biunivoques n’illustrent-ils pas le fait que pendant plus de deux siècles, toute la production d’opéra en Europe était faite soit en français, soit en italien ?
Les oreilles baroques espagnoles peuvent évoquer la zarzuela, cette forme ancienne de théâtre chanté en espagnol.
Quant à la cloche et son terlintintin, il s’agit de la musique, tout simplement.
Et… je m’incline. Tout simplement. Chapeau ! »
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