Le « poème mis en musique » de ce mois est un poème de Louise Labé, dite « la Belle Cordière », née avant 1524 et morte en 1566.
(Rappel du principe de ces « mises en musique » : je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport [pour moi] avec ces images.)
Ô beaux yeux bruns, ô regards destournez,
Ô chaus soupirs, ô larmes espandues,
Ô noires nuits vainement atendues,
Ô jours luisans vainement retournez :
Ô tristes pleins, ô désirs obstinez,
Ô temps perdus, ô peines despendues,
Ô mile morts en mile rets tendues,
Ô pires maux contre moy destinez :
Ô ris, ô front, cheveux, bras, mains et doits :
Ô lut pleintif, viole, archet et vois :
Tant de flambeaux pour adre une femmelle !
De toy me plein, que tant de feus portant,
En tant d’endrois d’iceus mon cœur tatant,
N’en est sur toy volé quelque estincelle.
Citations musicales :
ô larmes espandues : Donizetti, l’Élixir d’amour, air « Una furtiva lacrima ».
Ô jours luisants : Gounod Roméo et Juliette, air « Ah, lève-toi soleil ».
Viole : Jordi Savall, improvisations sur les Folies (extraites du film Tous les matins du monde).
Quelque estincelle : Wagner Siegfried, air « Notung, Notung, neidliches Schwert ! ».
Et si vous voulez lire ce texte sans supporter mes illustrations musicales, retrouvez-le cidsous :




